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06 novembre 2022
JUAN CATALAÑO : Les grognards
Acquis à la bourse BD Disques d'Épernay le 22 février 2022
Réf : 460.567 -- Édité par Fontana en France en 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les grognards -- Ses baisers me grisaient (Kisses sweeter than wine) -/- Symphonie d'un soir (Silhouettes) -- Demain la quille (The teen-age march)
Juste après le Mexicano, voici le Catalaño !
En quelques mois, j'ai acheté trois disques de Juan Catalaño. D'abord un 25 cm en état superbe, Les Gitans, qui contient deux des titres du 45 tours qui nous intéresse aujourd'hui, que j'ai acheté ensuite. Et enfin, je me suis offert un EP de Jan et Rod, parce qu'il contenait une version de La java des bombes atomiques, sans savoir que Jan et Juan ne font qu'un.
C'est chez Amour du Rock 'n' Roll qu'on trouve le plus d'informations sur le parcours de Juan Catalaño et Rodolfo Licari, ensemble depuis leur rencontre en tant que voisins de palier à Casablanca jusqu'à leur arrivée à Paris en 1956 avec leur duo de chant et guitare burlesque, et séparément avec la carrière ensuite de Juan sous son seul nom. Signés par Jacques Canetti chez Philips avant de passer chez Fontana, avec Boris Vian comme directeur artistique et Alain Goraguer à la direction d'orchestre, ils ont publié des reprises, de Boby Lapointe notamment, et des chansons originales.
Sur ce disque, le quatrième de Catalaño sous son nom, ce sont les reprises qui dominent, mais le seul original, Les grognards, signé Hubert Giraud et Pierre Delanoë, est le titre principal. C'est de la chanson française la plus classique possible. Rien d'humoristique là-dedans. Ce n'est pas vraiment ma tasse de thé.
Parmi les reprises, il y a d'abord Ses baisers me grisaient. La chanson originale est intitulée Kisses sweeter than wine. Elle a un parcours intéressant, qui associe le folklore irlandais, Leadbelly, Pete Seeger et les Weavers ainsi que Jimmie Rodgers ! C'est peut-être le succès qu'en a fait Jimmie Rodgers en 1957 qui a inspiré cette version. L'adaptation française est signée Boris Vian. Je pense qu'il s'agit là de la première version publiée de cette adaptation, qui a continué à se diffuser au-delà de la mort de Vian, puisque, parmi d'autres, Hugues Aufray en 1961 et Nana Mouskouri en 1965 ont interprété cette chanson avec son texte.
Pour Demain la quille, on reste après Les grognards dans la thématique militaire. J'ai trouvé la trace de la chanson originale The teen-age march en face B d'un 45 tours par Carlson's Raiders qui proposait en face A des chansons du film Le pont de la rivière Kwaï. Un film qui a fort inspiré Juan puisque, sur le disque précédent, il reprenait déjà Hello ! Le soleil brille..., la marche du Colonel Bogey.
Si j'ai eu envie de chroniquer ce disque, c'est parce qu'on y trouve Symphonie d'un soir, une adaptation de la chanson américaine Silhouettes.
La version originale par The Rays est très bien. J'aime beaucoup moins le traitement rock qu'Herman's Hermits a appliqué à la chanson en 1965, avec beaucoup de succès. C'est certainement la version la plus connue. Claude François l'a aussitôt décalquée pour sa propre adaptation française.
Je ne connaissais aucune de ces versions les plus diffusées quand j'ai découvert et apprécié Silhouettes. C'était vers le début des années 1990, sur une compilation de Dennis Brown. Il en a publié au moins deux versions, produites par Derrick Harriott, l'une en 1972 et l'autre en 1978, peut-être bien avec la même prise vocale, mais avec une orchestration différente. Ça reste, avec l'originale, ma version préférée de cette chanson.
L'histoire racontée dans Silhouettes est simple. Un gars se promène le soir en ville et croit voir la fille dont il est amoureux à sa fenêtre, enlacée avec un autre. Il est malheureux. Sauf que, il finit par découvrir qu'il s'est trompé de fenêtre. Alors il monte l'escalier quatre à quatre, rejoint la fille et tout est bien qui finit bien !
Symphonie d'un soir est une chanson très particulière. On a d'un côté une chanson aux origines doo-wop. Il en reste le balancement d'origine et un arrangement intéressant qui associe des cuivres et des cordes. Mais il y a un contraste avec l'interprétation de Juan Catalaño. Il a une belle voix de basse, digne d'un chanteur d'opéra, et une élocution de l'époque, très chanson française traditionnelle. L'association de la musique et du chant provoque un effet saisissant, qui est double pour moi : d'un côté c'est involontairement comique, mais de l'autre ça reste une reprise que j'apprécie sincèrement.
Comme ça se faisait beaucoup à l'époque, Fontana a publié quelques temps plus tard une autre version de Symphonie d'un soir, jazz et instrumentale, par Michel de Villers et son Orchestre, avec des notes d'Anna Tof (alias Boris Vian) au verso de la pochette.
Pour la version des HH, ça n'a pas été un tube en france si ma mémoire est bonne. Qt à Rodolfo j'ai herché si il y avait une relation avec Danielle Licari mais reste fort marri. Une figure importante dans les voix féminines en france dont on ne parle que rarement, pourtant elle accompagne un tas de productions des années 70, 80 et 90. ph
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