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13 février 2011

FELT : Bubblegum perfume


Acquis au Big Sound System Primitif à l'Appart Café à Reims le 8 janvier 2011
Réf : CRE LP 069 -- Edité par Creation en Angleterre en 1990
Support : 33 tours 30 cm
20 titres

C'est ce qui s'appelle boucler la boucle, ou ravaler sans la faire éclater la grosse bulle de chewing-gum qu'on a fait gonfler au maximum.
Pour Felt, quelques mois après sa séparation, il s'agissait de mettre un point final à son parcours avec cette première compilation des années Creation. Pour ma part, tomber sur ce disque après plus de vingt ans, au même endroit où j'ai "retrouvé" mon exemplaire d'un autre compilation Creation, Sunset des Jasmine Minks, ça donnait également l'impression de refermer un chapitre. Même si cela fait bien longtemps que je ne suis plus un membre actif de La Radio Primitive, ça m'a fait tout drôle de tomber sur des disques que j'avais souvent passer à l'antenne, et encore plus de savoir que c'est pour contribuer à assurer sa survie financière que l'association s'est résolue à les vendre.
J'ai longtemps protesté contre la légende, créée par Lawrence au moment de la séparation du groupe, qui voudrait qu'il ait eu comme projet de départ de sortir dix albums et dix singles de Felt avant de s'arrêter. La première objection étant que ce décompte omet sciemment Index, le premier disque de Felt, enregistré par Lawrence seul. Sur ce point j'avais tort, puisque j'avais moi-même négligé le fait que cette affirmation, qu'on retrouve en très gros au recto de la pochette de ce Bubblegum perfume, est assortie de la restriction "during the eighties". Le compte est bon, donc, même si l'idée du grand projet mené de bout en bout reste évidemment une légende auto-fabriquée, qui a bien plu aux journalistes.
Si j'en crois la bio glissée dans cet exemplaire du disque envoyé en radio, les journalistes français ne risquaient pas trop de reprendre cette légende : Virgin France, qui distribuait Creation à l'époque, s'est contenté de photocopier sur son papier à en-tête la bio d'une page et demie rédigée en anglais par Creation. Sauf que cette bio ne date pas de 1990, mais de 1988, au moment de la sortie de The pictorial Jackson Review, l'album précédent paru chez Creation et diffusé par Virgin. Il n'y est du coup évidemment pas précisé qu'il s'agit d'une compilation posthume !
Lawrence a soigné la pochette. Pour la première fois, mais pas la dernière (voir Tearing up the album chart ou une photo diffusée dans la presse en 2010), il utilise son torse pour nous communiquer de l'information (Ici, un choix de quatre des titres de l'album). Au dos, il s'amuse bien en écrivant, en très gros encore, "Regardez la tranche pour la liste des titres". Et effectivement, on retrouve, en tout petit pour le coup, la liste des vingt titres de l'album sur la mince tranche de la pochette ! Je trouve la pochette du CD encore un peu plus réussie : comme il y a moins de place, il y a un gros plan sur la photo, avec le texte qui est tronqué, et surtout il y a un jeu de couleurs sur le rose et le vert qui me plait bien (Pour le vinyl, le contraste rose-vert n'est utilisé que pour les étiquettes du disque).
C'est en partie parce que j'avais moi aussi tourné la page Felt que je n'ai pas acheté ce disque à sa sortie. L'autre bonne raison, c'est que, contrairement à Gold mine trash, la compilation équivalente pour la période Cherry Red, qui contenait deux démos inédites, celle-ci ne comporte que des titres précédemment publiés, et j'en avais déjà dix-neuf sur vingt (Il ne me manquait que Book of swords, le seul extrait de l'album sans Lawrence Train above the city).
Mine de rien, et malgré le manque de budget pour enregistrer, un drame pour Lawrence, Felt a été très prolifique chez Creation. En à peine trois ans, de 1986 à 1988, ils ont sorti quatre singles plus ou moins maxis et cinq albums plus ou moins minis et plus ou moins instrumentaux. Je trouve le dosage des vingt titres proposés très équilibré et très à mon goût. Assez logiquement, la priorité semble avoir été donnée aux titres sortis hors albums, qui comptent pile pour la moitié du total. Les faces A sont toutes là (Ballad of the band, Space blues, The final resting of the ark), mais aussi les meilleures faces B, comme I didn't mean to hurt you, Be still des Beach Boys, la seule reprise publiée sur disque par Felt (Il leur arrivait d'en jouer d'autres sur scène. A Reims, notamment, ils ont repris Hyacinth House des Doors et Outdoor miner de Wire), There's no such thing as victory. Il y a aussi, stratégiquement placées au début et à la fin de la première face, les deux faces B du maxi Rain of crystal spires, I will die with my head in flames et Sandman's on the rise again. Plus j'écoute ces deux titres très courts et très rapides et plus ils me plaisent ! En plus, deux des trois titres extraits de Forever breathes the lonely word sont les faces A du maxi, qui se trouve donc être le seul des disques de Felt chez Creation à être intégralement repris ici.
Côté instrumentaux, le dosage est bon aussi. Il y en a cinq, plutôt courts, répartis habilement sur tout le disque. Mes préférés sont Ferdinand Magellan, au piano, et Voyage to illumination, extrait de Let the snakes crinkle their heads to death.
S'il y a une chose qui reste mystérieuse, c'est le titre de la compilation. "Bubblegum perfume" ne semble pas être extrait des paroles d'une chanson de Felt et j'ai du mal à associer un parfum de bubblegum, quel qu'il soit, à ce groupe. Par contre, ce parfum et ces couleurs rose et vert constituent comme un avant-goût de Denim, le nouveau projet dans lequel Lawrence s'était déjà plongé au moment de la parution de cette compilation.
Il y a eu d'autres compilations de Felt publiées depuis. Mon conseil serait d'éviter Stains on a decade, pourtant le seul disque qui couvre l'ensemble du parcours de Felt, mais en seulement quinze titres, ce qui n'est pas assez. Il me semble plus judicieux de combiner Goldmine trash et Bubblegum perfume ou les deux volumes des Absolute classic masterpieces. Le problème étant que, si Cherry Red a bien réédité en 2003 et garde disponible l'ensemble du catalogue album de Felt, les compilations du catalogue Creation, Bubblegum perfume et Absolute classic masterpieces II, ne sont actuellement plus disponibles.

4 commentaires:

  1. Monsieur Dodu, avez-vous vu ces 3 vidéos où Lawrence échange avec les 2 types de Girls (pour moi auteurs d'un premier LP fort moyen mais ensuite d'un mini LP "Broken Dreams Club" que je trouve particulièrement réussi) :

    http://www.magicrpm.com/artistes/girls/videos/girls-meet-lawrence-premier-episode

    http://www.magicrpm.com/artistes/girls/videos/girls-meet-lawrence-deuxieme-episode

    http://www.magicrpm.com/artistes/girls/videos/girls-meet-lawrence-troisieme-episode

    On y voit un Lawrence physiquement assez décharné, mais à l'esprit très vif, drôle et lucide sur son parcours.
    Un entretien fort touchant ...

    Salutations,

    ludo

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  2. Ludo,
    J'ai foncé sur ce document mis en ligne par Magic dès que j'ai eu vent de son existence.
    J'ai vérifié, et j'ai bien pensé à signaler son existence en commentaire d'un de mes billets, ce qui m'a permis de constater que c'était un billet que toi aussi tu avais commenté l'an dernier !

    PS : J'aime aussi beaucoup Howard Fast, surtout quand il écrit des policiers comme "Sylvia" sous le pseudonyme d'E.V. Cunningham...

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  3. Ah Pol ! ... merci de me rafraîchir la mémoire ! Je radote, et l'internet n'est qu'une grande boucle qui tourne sur elle-même !

    L'édition que je possède de Sylvia est attribuée à Howard Fast, parue en 1990 chez Rivages/Noir. Il est vrai qu'il le signa de son pseudo.
    Ce bouquin m'a profondément touché, coeur tendre que je suis ...

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  4. Ludo,
    Fast ou Cunningham sur la pochette, c'est pas un problème. Ce que je voulais dire, c'est que je préfère chez Fast ces policiers écrits sûrement très vite et quelques autres "petits" livres; ses romans américains historiques m'intéressent moins. Mon préféré est sûrement "Shirley", sorti en France en Série Noire sous le titre "Tu peux crever !", surtout pour le personnage de Shirley justement.
    Son autobiographie "Mémoire d'un rouge" est passionnante.

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