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18 février 2008

SNAKEFINGER : Chewing hides the sound


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne fin 1979 ou début 1980
Réf : SNK 7909 -- Edité par Ralph aux Etats-Unis en 1979
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Voici un album excellent de bout en bout, le premier en solo de Snakefinger, qui réussit l'exploit d'être, et de loin selon mes goûts, le meilleur disque de Snakefinger, mais aussi le plus réjouissant et le plus accessible des Residents, qui l'ont co-écrit et co-produit et qui jouent dessus de bout en bout.
Snakefinger n'est pas un chanteur né, mais il est tout à fait compétent. Au moins autant, par exemple, que Nick Lowe, qui l'a accompagné sur au moins un des albums de son groupe Chilli WIlli and the Red Hot Peppers dans la première moitié des années 1970. Par contre, Snakefinger est, ou plutôt était puisqu'il est mort en 1987, un intrumentiste remarquable, violoniste et surtout guitariste.Outre sa folie maîtrisée et ses excellentes chansons, c'est d'ailleurs ce qui fait la particularité de ce disque, l'originalité du jeu et du son des guitares.
L'album s'ouvre avec une reprise de The model de Kraftwerk. Aujourd'hui, ça pourrait paraître un peu bateau de reprendre cette chanson, après Big Black, le Balanescu Quartet et tant d'autres. Mais quand ce disque est sorti en 1979, l'année suivant la parution de The man machine, c'était le premier à contenir une reprise de cette chanson, par ailleurs pas encore sortie en single et pas encore un tube (ce sera fait seulement en 1982). D'ailleurs, même si j'avais acheté The man machine au moment de sa sortie, c'est bien Snakefinger qui a attiré mon attention sur The model. Au départ, je ne l'avais pas remarquée sur le disque de Kraftwerk et j'écoutais plutôt We are the robots et Neon lights.
Je me souviens d'avoir lu une interview de Snakefinger à l'époque de la sortie du disque (probablement dans Actuel, qui l'avait beaucoup soutenu et avait organisé une tournée française en 1981 avec Tuxedo Moon et Indoor Life) dans laquelle il expliquait comment il obtenait ce son de guitare si particulier que beaucoup prenait pour un synthétiseur : il disait qu'il enregistrait un grand nombre de fois de suite ses parties de guitare en décalant à chaque fois d'une fraction de ton les notes pour obtenir cet effet sonore. Pendant des années, j'ai donc imaginé Snakefinger assis sur une chaise en studio et enregistrant prise sur prise des mêmes séquences en décalant très légèrement ses doigts à l'agilité de serpent sur les frettes.
En visionnant aujourd'hui une vidéo live de The model enregistrée à Chicago en 1986, j'ai obtenu une explication supplémentaire qui saute aux yeux, mais qui aurait dû me sauter aux oreilles depuis longtemps : Snakefinger utilise aussi une guitare slide posée qu'il joue avec une barre d'acier, une steel guitar quoi. Et ça explique pas mal de choses.
Chewing hides the sound est un album parfait, donc. Les reprises sont bien choisies (il y a aussi Magic and ecstasy, composée par Ennio Morricone pour L'exorciste 2, et un traditionnel joué en instrumental, I love Mary, que je verrais bien joué aussi par Comelade). Les originaux sont excellents, des titres (Pique-nique dans la jungle, Jésus était un farfadet, Les vautours de Bombay,...) aux paroles en passant par la musique et l'interprétation. L'alchimie est ici parfaite.
Malheureusement, la formule magique sera égarée par Snakefinger dès l'album suivant, Greener postures, pourtant produit avec la même équipe et dans les mêmes conditions. Mais là, la voix n'est pas aussi bien mise en valeur, la guitare est moins folle et moins mise en avant, les compositions sont moins percutantes. On y trouve quand même de très bons titres, comme Golden goat, ou The man in the dark sedan, dont je vous conseille de regarder le très bon clip, qui permet en plus de voir Snakefinger en gros plan (EuroRalph a édité en 2004 un double CD reprenant Chewing hides the sound et Greener postures, mais il semble s'épuiser et je viens de constater qu'en quelques semaines les prix ont beaucoup augmenté).
Quand j'ai vu Snakefinger en concert le 8 novembre 1983 au Dingwalls de Londres, le répertoire n'avait rien à voir avec cet album, puisqu'il s'agissait de sa tournée History of the blues et que le spectacle c'était ça, un historique du blues au vingtième siècle, superbement interprété et chanté. Différent, mais bien aussi. Et dans le blues, il y a aussi de la guitare slide.

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