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25 février 2008
THE MONOCHROME SET : Jacob's ladder
Offert par Rob Dickins à Londres à Londres le 15 février 1985
Réf : NEG 4-T -- Edité par Blanco Y Negro en Angleterre en 1985
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Jacob's ladder -- Andiamo -/- Le boom boom -- Yo ho ho (and three bottles of wine) -- Starry nowhere
Dans mon parcours, j'ai eu l'occasion de visiter un nombre restreint de locaux de maisons de disques. Ceux de Creation, quand ils se réduisaient au living-room d'Alan McGee puis aux bureaux de Clerkenwell Rd, ceux de Rough Trade, dans leurs locaux historiques de Blenheim Crescent puis dans ceux étendus de Collier St près de King's Cross avec le succès des Smiths, et ponctuellement ceux de Mélodie en France.
Je n'ai visité qu'une seule fois le bureau d'un ponte d'une major, le 15 février 1985, dans des conditions un peu particulières. J'accompagnais Alan McGee en sa qualité de manager de Jesus and Mary Chain. On allait ou on venait de retrouver le groupe à Londres mais nous sommes allés sans eux chez Warner, la maison mère de Blanco Y Negro, tout simplement parce que, quelques semaines plus tôt, le groupe avait un peu mis le chantier chez Warner alors qu'ils étaient venus conclure leur contrat avec Rob Dickins. Une fois doublement amplifié par Alan puis par la presse, leurs enfantillages étaient devenus : ils ont piqué dans le portefeuille de Rob Dickins, tout saccagé et sont interdits de séjour dans leur propre maison de disques !
Plus qu'exagéré, bien sûr, mais apparemment ils étaient quand même effectivement persona non grata chez Warner à ce moment-là. Avec Alan, nous nous sommes donc présentés à l'accueil et, après des formalités assez simples, nous sommes montés dans le bureau de Rob Dickins, une personnalité importante du show-business anglais, que Bill Drummond décrit comme ceci dans son livre 45 :
"Est devenu directeur artistique de Warner Brothers Music à l'âge 24 ans. Vingt ans plus tard, il était le patron de l'industrie musicale britannique. Un homme qui n'a jamais ressenti le besoin de douter. Né pour charmer. Né pour gagner. Il fait les deux."
Rob et Alan ont discuté de leurs affaires, je ne sais plus trop lesquelles, mais il était sûrement question de Never understand, le premier disque de Mary Chain pour le label qui allait/venait de sortir. Au moment de partir, voyant que je m'intéressais à une pub ou à un disque de Monochrome Set, Alan s'est souvenu que j'étais fan du groupe, l'a dit à Rob, et c'est comme ça que j'ai quitté Warner avec ce maxi et avec une grosse poignée de cartes postales promotionnelles. Pendant des années, j'ai utilisé ces cartes, pas très belles d'ailleurs, pour écrire à des potes fans de musique. Je suis sûr que j'ai conservé une ou plusieurs de ces cartes, mais impossible de mettre la main dessus depuis plusieurs semaines. Heureusement, on en trouve depuis peu une reproduction sur le site du Monochrome Set :
Blanco Y Negro a été fondé par Geoff Travis, de Rough Trade, Mike Alway, de Cherry Red et Rob Dickins, de Warner. L'idée était de permettre à des groupes indépendants à fort potentiel de passer à une autre échelle question succès commercial. Ça a parfaitement fonctionné avec Everything But The Girl, plutôt bien avec The Jesus and Mary Chain et pas du tout avec The Monochrome Set qui, il faut le préciser, détient peut-être le record du nombre de signatures sans grand succès chez des labels (Rough Trade, Dindisc, Pre, Cherry Red, Blanco Y Negro).
Il faut dire que, une fois de plus, le groupe n'a pas eu de chance : il y a visiblement eu un gros effort de promotion de fait pour ce disque, avec un clip, un poster gratuit avec le maxi et une grosse promotion médias et, selon Bid, Jacob's ladder est le titre qui a été le plus programmé sur les radios anglaises pendant trois semaines consécutives. Sauf que, à ce moment-là, suite à un "problème technique", le disque n'était pas disponible dans les bacs ! Ce décalage malheureux semble être confirmé par le fait que le matériel de promotion était encore bien visible chez Warner le 15 février, alors que Jacob's ladder a toutes les apparences d'un disque de Noël, avec par exemple la référence à la dinde sur la carte postale.
J'ai longtemps été très injuste avec la chanson Jacob's ladder, influencé négativement que j'étais par l'aspect volontairement ringard de la carte postale, les références médiévales de la pochette et du clip, les cloches en intro et le passage un peu gospel du break dans la chanson, et surtout par le poster qui ne m'a jamais semblé ironique avec Bid qui a l'air d'une star néo-romantique pour midinettes !
Mais j'avais tort. Si on fait abstraction de tout ça et qu'on se concentre sur l'enregistrement lui-même, on se rend compte qu'on a à faire à une très bonne chanson de Monochrome Set, tout à fait dans leur style, très entraînante, avec des choeurs féminins (non crédités) qui font des a-dou-dou très réussis et un petit solo de guitare bien sympa.
Parmi les quatre autre titres du disque, il y a Andiamo et Yohoho, deux instrumentaux à guitare façon Shadows-Ennio Morricone (ces deux titres ont été repris en 1992 sur la compilation What a whopper !, Andiamo étant dans une version légèrement différente il me semble), et deux chansons, un rock, Le boom boom, et un slow, Starry nowhere, qui allaient se retrouver avec Jacob's ladder sur l'album The lost weekend. Un disque qui a fait un four complet et qui a marqué la fin de la première phase du groupe avant le retour en 1990 avec Dante's casino.
Ouais, par la suite, Bid a quand même renié le disque dans les Inrocks, disant qu'ils cherchaient trop le tube et que la chanson était "d'une rare médiocrité".
RépondreSupprimerJe crois que les gars pensaient que Blanco y Negro étaient leur dernière chance d'avoir du succès, ils souhaitaient vraiment faire un 45 "commercial". Avec le recul ça fait plutôt rigoler: un truc "left-of-centre" ça peut faire le Top 40, un truc 2e degré, ça peut aussi faire le Top 40, mais les deux en même temps... ça commence à faire beaucoup.
Dommage parce que tout le monde connait le Velvet, tout le monde connait les chansons allumées des Monty Python et pour moi, le Monochrome Set du début des années 80 ça reste une incroyable symbiose des deux. Pourquoi alors est-il passé à la trappe de l'histoire de la pop?
Pour la petite histoire, il me semble que "Jacob's ladder" est l'une des deux chansons du groupe évoquant le mariage de l'ex-batteur JD Haney... L'autre étant l'inénarrable face B "J.D.H.A.N.E.Y." avec ses paroles hilarantes.
A+
Winter,
RépondreSupprimerMerci pour ces informations. Je vais rechercher cette interview de Bid dans les Inrocks, qui est peut-être bien dans l'album des 10 ans.
On comprend bien que "Jacob's ladder" parle d'un mariage, mais je ne savais pas que c'était celui de J.D. Haney.
La chanson "J.D.H.A.N.E.Y." est hilarante. L'humour est tellement féroce que je l'ai toujours comprise comme une méchante moquerie d'un traître au groupe.
Si la pochette du 45 tours n'était pas celle de l'album, et si la face A n'en était pas extraite, je l'aurais sûrement déjà chroniqué ici...
l'interview en question est dans le n°22, avril-mai 90 (nick cave en couverture)
RépondreSupprimerj.
Cherry Red vient d'annoncer la réédition de "The lost weekend" avec en bonus toutes les faces B du maxi "Jacob's ladder" plus celles du single "Wallflower".
RépondreSupprimerje regrette de n'avoir pas gardé tous ces 45, maxi, LP du Monochrome Set mais j'ai gardé ce maxi (ainsi que qu'un maxi side project de Bid, une pochette vaguement hindoue, un son psyché rigolo... il est là quelque part dans un coin
RépondreSupprimerthe Monochrome Set reste pour moi l'équivalent 80's des Kinks.
ZEV1,
RépondreSupprimerNous semblons avoir beaucoup de goûts en commun. Merci pour toutes ces remarques et infos complémentaires.
Avec le temps, j'ai appris que le plus prudent pour éviter d'avoir des regrets était de conserver ses disques...
Avec le temps aussi, j'ai appris qu'il ne fallait surtout à peu près jamais prendre Monochrome Set trop au sérieux. C'est pour ça que, si je comprends le parallèle que tu fais avec les Kinks, je me dis qu'il faudrait que ce soit des Kinks fous du roi qui marchent sur la tête, pas du tout des gars qui font de la chronique sociale.
Le titre Jacob's Ladder doit être moins détesté de nos jours par Bid puisque c'était le dernier morceau joué samedi dernier à Boulogne Billancourt.
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