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03 novembre 2024

PIXIES : Velouria


Acquis neuf probablement à Reims en 1990
Réf : 30364 -- Édité par 4AD en France en 1990
Support : CD 12 cm
Titres : Velouria -- Make believe -- I've been waiting for you -- The thing

Je ne sais plus à quelle occasion c'était, mais j'ai récemment réécouté Velouria et je me suis dit que c'était quand même excellent. Un revirement pour moi car, j'ai beau avoir acheté fidèlement tous les disques des Pixies à partir de Surfer Rosa et jusqu'à leur séparation après Trompe le monde, j'ai toujours considéré que Monkey gone to heaven et Velouria étaient toutes les deux un ton en dessous de Gigantic ou Here comes your man et d'autres chansons de leurs albums pas sorties en single. Je pense aujourd'hui que j'avais tort, et ce single, avec ses quatre titres en 10'30, est un disque de haute tenue.

1990, ça correspond au moment où je suis passé au CD (j'ai dû acheter mon premier lecteur courant 1989). Jusque-là, j'avais tous les disques du groupe en vinyl. Je ne regrette pas ce changement, sauf pour la taille des pochettes (là, l'illustration a même été tournée d'un quart de tour pour gagner un peu en échelle). Par contre, je regrette par principe d'avoir revendu mes 33 tours de Come on pilgrim et Surfer rosa quand, vers cette époque, je les ai rachetés en doublon en CD.

Dès la guitare rythmique bien crade en intro (celle de Black Francis je suppose), avant que la rythmique solide arrive et que la guitare solo toujours aussi remarquable de Joey Santiago se lance, Velouria a un gros son, mais sur un tempo pas très rapide. Avec deux particularités remarquables, le thérémine du musicien de session invité Robert F. Brunner et le travail impressionnant que fait Kim Deal tout au long en deuxième voix.
La rime vocalement accentuée de "velouria" avec "adore ya" me fait toujours penser à celle un peu tirée par les cheveux de "Cleopatra" avec "at-ra" dans Abdul & Cleopatra. Le point de référence qu'apparemment personne n'a saisi, c'est Victoria des Kinks. Rien d'évident pour moi à l'écoute en-dehors bien sûr du "-ria", mais Frank Black lui-même s'en est étonné dans un entretien pour Q en 1990 : "Velouria : c'était Ma Victoria, pas mal, mais la chanson des Kinks... Je ne sais pas, ça doit être une bonne chanson pour que je m'en sois sorti". Il a confirmé son intérêt pour les Kinks en reprenant This is where I belong pour une face B en 1994.
Une version de Velouria a été enregistrée le 11 juin 1990 en session pour John Peel. Visiblement, Black Francis l'interprète seul à la guitare électrique.
Vu qu'il est question dans la chanson de velours ("Velouria", "Velveteen"), j'ai toujours eu naturellement tendance à associer Velouria avec la face B instrumentale du single suivant, Velvety. Mais les deux n'ont rien à voir : Velvety est une chanson que Black a écrite vers ses 15 ans et qu'il a fini par chanter en 2002 sur l'album Devil's workshop.

Make believe est un petit rock classique à la Pixies. C'est aussi une pochade chantée par le batteur David Lovering, qui fait référence à sa fanscination pour la chanteuse Debbie Gibson, dont la carrière fulgurante et assez fugace aux États-Unis a inspiré au moins une autre chanson, Debbie Gibson is pregnant with my two headed love child de feu Mojo Nixon et Skid Roper.

I've been waiting for you est une reprise, d'une chanson du premier album de Neil Young. Elle est pas mal, mais elle pâlit à côté de la version de Winterlong que le groupe avait publiée l'année précédente sur la compilation hommage The bridge : A tribute to Neil Young.

L'autre grand moment du disque avec Velouria, c'est The thing. C'est le titre que j'ai le plus écouté et diffusé depuis sa parution. C'est en fait la deuxième partie de la chanson The happening sur Bossa nova, mais elle est présentée ici dans un autre arrangement et en tant qu'entité indépendante. Elle raconte le trajet en voiture d'un gars qui se rend à Las Vegas, où l'atterrissage d'extras-terrestres a été annoncé dans l'émission de radio The Billy Goodman happening.
Le chant est "parlé" et la musique joue comme en boucle. Et, si mes oreilles ne me trompent pas, fait exceptionnel pour ce groupe, c'est un piano qui donne une partie du rythme ! Le tout est pour moi assez hypnotique.

Ce disque a beau avoir largement plus de trente ans, il tombe en pleine actualité : les Pixies viennent de sortir un nouvel album, The night the zombies came, tandis que Kim Deal s'apprête à sortir ce mois-ci un premier album sous son nom, Nobody loves you more.

Et sinon, je changerai peut-être d'avis d'ici quelques décennies, mais je trouve toujours Dig for fire et Alec Eiffel un ou deux crans en-dessous dans la discographie single des Pixies.




Pixies, Velouria, en direct en studio en 1990.


Pixies, Velouria, en concert à la Brixton Academy à Londres le 26 juin 1991.


Pixies, The happening, en concert à la Brixton Academy à Londres le 26 juin 1991.

2 commentaires:

  1. Coucou,
    Ce dont tu parles, les syllabes et les sons qui ne collent pas forcément mais qui sonnent bien malgré tout, ça s'appelle the dissonance prosodic (en anglais). J'ai découvert tout ce truc dans cette vidéo (en anglais ;) qui explique tout ça bien. https://youtu.be/5oHY-cQH_4c?si=GdEHcHiDkemXYGDN
    C'est un truc qu'on capte assez bien quand des français se mettent à écrire et à chanter en anglais, il y a quelque chose qui ne tourne pas vraiment rond. La vidéo parle des paroles en anglais mais la question se pose aussi en français -- mais étrangement, je n'ai trouvé aucun article faisant référence à une quelconque dissonance prosodique (en français). Alors que c'est un sujet plutôt pertinent pour nous, les fans de chansons, parce qu'écrire des paroles en français, c'est pas une mince affaire, surtout quand elles doivent rentrer dans les petites cases d'une mélodie déjà écrite.

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  2. Merci Viliero.
    Une chose est certaine, si j'ai fait référence à la dissonance prosodique, c'est absolument involontairement !

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