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09 juillet 2023
M : Pop muzik
Acquis d'occasion dans la Marne vers 2010
Réf : 2C 052 52834 -- Édité par EMI en France en 1979
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Pop muzik -/- The "M" factor // Pop muzik
Robin Scott est dans l'actualité ces temps-ci. Il vient de sortir un nouveau titre, Break the silence (c'est apparemment la première fois depuis 41 ans qu'il utilise le nom de M pour ce faire) et son tube Pop muzik a fait l'objet d'une énième réédition ce printemps à l'occasion du Record Store Day, avec une Latin version inédite, qui rappelle un peu Señor Coconut mais qui n'arrive pas à la cheville de l'originale. Mais c'est la lecture d'un article du Guardian dans leur excellente série How we we made qui m'a déclenché une illumination : "Mais bon sang !", me suis-je dit, "Pourquoi est-ce que je n'ai pas déjà chroniqué ce disque depuis longtemps ?".
Ce tube est sorti quand j'avais 16 ans et je l'ai toujours apprécié. Je n'ai pas acheté le disque à l'époque pour la simple et bonne raison que j'étais trop occupé à gérer mon argent de poche pour acheter tous les disques qui sortaient par Elvis Costello, Magazine, Devo ou XTC pour m'offrir un disque qui passait tout le temps à la radio, même si ça m'est quand même arrivé pour des gens comme The Flying Lizards ou Kraftwerk.
Non seulement ça, mais je n'ai jamais porté d'attention particulière à cette chanson. Elle était présente dans mon esprit comme un meuble qu'on ne regarde plus, je l'appréciais, mais il a fallu que je la réécoute enfin attentivement pour enfin me dire qu'elle est non seulement accrocheuse mais innovatrice. Et puis, je ne m'étais jamais penché sur la thématique de la chanson : on a là un des meilleurs exemples de méta-tube sur la pop musique et son ubiquité, qui fait référence en passant à Get back et Jumping Jack flash.
Et puis, une autre bonne raison de chroniquer ce disque, c'est que je me suis procuré il y a des années ce maxi 45 tours qui propose un "Enregistrement spécial - 45t double-sillons concentriques". Comme pour le Saigon de Martha and the Muffins, l'une des faces comporte en effet deux chansons : selon l'endroit où l'on pose la pointe de lecture, on entend soit Pop muzik, soit The "M" factor.
Les illustrations de pochette sont réussies et marquantes, même si je dois bien avouer que je n'ai jamais saisi le lien que le bébé et la pêche pâtissière pouvaient avoir avec la chanson.
Ce qui a fait le succès de Pop muzik, c'est sûrement le chœur des "Pop pop pop muzik" qui s'accroche dans la tête, mais toute la rythmique à base de synthés (basse et glougloutant, notamment) et de séquenceurs doit aussi y être pour beaucoup. On est dans un territoire new wave/disco également occupé par Kraftwerk, en moins dansant, Devo et, pour ceux qui ont également eu un énorme succès à la même époque, Giorgio Moroder et les Buggles. La guitare un peu twangy m'a immanquablement fait penser aux B-52's. Mais surtout, et depuis que je me suis fait la remarque je n'entends plus que ça, il me parait clair que, pour la rythmique de son Ghostbusters de 1984, Ray Parker Jr s'est largement inspiré de celle de Pop muzik.
Pour une fois, la version maxi de Pop muzik est une réussite. La chanson est allongée de plus d'une minute, mais elle n'est pas défigurée et ses éléments intéressants sont bien mis en avant.
Pop muzik et M ont un rapport étroit avec Paris, à commencer par le fait que le nom du groupe a été inspiré par les panneaux du métro parisien. C'est là aussi que la chanson a été écrite, avant d'être enregistrée entre Londres et Paris, à une époque où Robin Scott travaillait comme producteur chez Barclay (j'ai retrouvé la trace de deux disques où il est crédité, par Niko Flynn et Spions).
Et puis, si on écoute bien la chanson, on se rend compte que le "muzik" est prononcé à la française. C'est logique puisque c'est une française qu'on entend, Brigitte Vinchon, la compagne de Robin Scott (Elle a sorti plus tard deux 45 tours chez Stiff sous le nom de Brigit Novik).
Les autres musiciens sur le disque sont le frère de Robin Julian Scott à la guitare (il était membre de Roogalator), Wally Badarou aux synthés et Gary Barnacle au saxophone.
Robin Scott n'était pas que musicien et producteur : il est l'un des fondateurs en 1977 de l'excellent label indépendant Do It qui, outre Roogalator et le premier disque de M, a publié des disques d'Adam and the Ants, Yello, Anthony more, Mikey Dread et Snakefinger.
Robin Scott explique dans l'article du Guardian qu'il a essayé d'arranger Pop muzik dans différents styles (rhythm and blues, funk) avant de se lancer dans des sons synthétiques. Une version démo de 1978 est intéressante car elle nous permet d'entendre la chanson telle qu'elle a été créée, sans son habillage "moderne".
Pour ses dix ans, Pop muzik a été remixée en 1989, sans être bousillée non plus cette fois-ci. La réédition a de nouveau été un tube en Angleterre.
Pour ses 30 ans en 2009, la chanson a été confiée à d'autres artistes pour un album entier de remixes. Je n'ai écouté que celui par Devo, qui m'a déçu car il n'est pas très aventureux.
La face B, The "M" factor, se rapproche de la démo, avec un son électrique qui laisse transparaître les racines pub rock de Robin Scott.
En voyant le titre, on pense immanquablement à Max Factor. Ce n'est probablement pas un hasard puisque le père Scott était représentant en parfums. Le titre du premier album de M, New York, London, Paris, Munich, a justement été inspiré par les mentions qu'on trouve sur les emballages de parfumerie.
Et maintenant, je vous laisse chanter "Pop pop pop muzik" toute la journée...!
C'était l'indicatif de l'émission du même nom que j'ai brièvement animée sur Radio Phare. L'émission n'a pas duré longtemps mais à Radio Phare j'ai rencontré la fine équipe de "Yeah Yeah Yeah" et le vénérable Tonton Serge.
RépondreSupprimerExcellent choix de titre d'émission et d'indicatif, Jean-Pierre.
RépondreSupprimerEt ainsi, le même jour, j'apprends que tu as fait des infidélités à 93FM/Radio Primitive en animant des émissions à la fois sur Europe 2 et sur Radio Phare !
Excellente gestion de ton argent de poche à l'époque !
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