Pages

23 décembre 2022

THE COLOUR FIELD : Take


Acquis neuf en solde dans la Marne vers 1984-1985
Réf : 106 775 -- Édité par Chrysalis en Allemagne en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Take -/- Pushing up the daisies

J'évite de chroniquer ici des disques en réaction à des décès récents, sinon ce blog deviendrait vite une simple rubrique nécrologique : les gens, artistes compris, meurent tout le temps, et quelques heures après l'annonce de la mort à 63 ans de Terry Hall, on apprenait celle à 55 ans de Martin Duffy, le clavier de Felt et Primal Scream.

Mais pour Terry Hall j'ai un regret car, en faisant le point, je vois que je ne me suis penché jusqu'ici que sur un seul de ses disques, Specials plus. C'était il y a plus de seize ans, et depuis j'ai envisagé à plusieurs reprises de chroniquer d'autres disques des Specials (hors Special A.K.A., sans lui), ou bien Fun Boy Three (je pensais à Our lips are sealed, mais j'aurais préféré avoir le single The lunatics have taken over the asylum), The Colour Field, ou encore Terry, Blair & Anouchka (mais au bout du compte j'ai chroniqué l'original de Love will keep us together plutôt que leur reprise). Quand je l'ai acheté il y a trois ans, j'ai même pensé m'attaquer à The collection, un résumé de son parcours insensé de 1979 à 1992, des Specials à Vegas.
La preuve que sa musique continue à m'accompagner encore aujourd'hui : on trouve une version live de 1979 de Blank expression sur ma dernière compilation en date, Ta brioche est beurrée ?.

Une des chansons les plus marquantes de Terry Hall restera pour moi Well fancy that, une valse aux paroles glaçantes sur le deuxième album de Fun Boy Three, dans laquelle il s'adresse au prof qui l'a violé lors d'un voyage linguistique en France.
Mais le disque que j'ai sélectionné aujourd'hui, c'est un 45 tours de son groupe suivant, The Colour Field, avec une face B de circonstance puisque son titre signifie Faire pousser les pâquerettes, c'est à dire en bon français Manger les pissenlits par la racine.

C'est l'un de mes disques préférés de The Colour Field, avec deux faces d'excellentes qualité. Je l'avais trouvé pour 5 francs en solde quelques mois après sa sortie.
Même si la musique avait évolué, Fun Boy Three pouvait être considéré comme une suite directe des Specials, puisque le groupe avait été fondé par trois compères qui venaient de s'en échapper. Avec The Colour Field, Terry a vraiment volé de ses propres ailes pour la première fois, accompagné initialement par Karl Shale et Toby Lyons, un ancien du groupe 2 Tone The Swinging Cats.
C'est le deuxième single du groupe, produit par Hugh Jones, réputé à l'époque pour son travail avec Echo & the Bunnymen (mais aussi avec The Sound). C'est d'ailleurs Pete de Freitas des Bunnymen qui est à la batterie.

La face A, Take, fait partie de ses chansons qui mettent en avant le côté un peu triste et misérable de Terry Hall. C'est assez enlevé, mais côté paroles il n'y va pas avec le dos de la cuillère pour cette chanson de rupture. Elle est partie et en rajoute dans la souffrance. Seule lueur d'espoir, "le chat et moi on a le bail de l'appart et tu ne pourras jamais rien y faire. Le lait est toujours livré, on est assis au coin du feu, on pourrait dire qu'on a la belle vie".

Pushing up the daisies est peut-être bien tout simplement ma chanson préférée du groupe. Je me suis toujours étonné qu'elle ait été reléguée en face B de single (Take est sur l'album original anglais Virgins and philistines, pas Pushing up, mais les américains ont modifié la liste des titres et l'ont incluse).
Il y a un bon riff et les paroles sont il me semble une oraison funèbre sans compassion ("Tu manges les pissenlits par la racine et la vie continue continue continue") ainsi qu'une réflexion sur le show business.
En préparant cette chronique, j'ai découvert la genèse de cette chanson. En effet, je suis tombé sur le passage de The Colour Field en direct dans l'émission The Tube le 3 février 1984 (j'étais à Londres ce soir-là et j'ai sûrement vu l'émission). Pour le dernier titre, on reconnaît bien la musique de Pushing up the daisies, mais les paroles sont différentes. Et pour cause, car la chanson n'était à l'époque qu'une version de The trip, le premier 45 tours solo de Kim Fowley, en 1965. Quelques mois plus tard, ils ont conservé l'arrangement travaillé pour cette reprise (et donc, quelque part, un peu du riff de la chanson de Fowley) pour en faire cette nouvelle chanson.

Les choses ont assez vite mal tourné pour The Colour Field, puisque le groupe s'est désintégré en 1987, avant même la fin de l'enregistrement du deuxième album Deception, co-produit par Richard Gottehrer et sur lequel figurent des musiciens de session.




The Colour Field reprend The trip de Kim Fowley, en direct dans l'émission The Tube le 3 février 1984. Avec des paroles originales, cette reprise deviendra quelques mois plus tard la chanson Pushing up the daisies. Leur prestation complète ce jour-là, avec aussi Sorry et The colour field, vaut le coup.


Entretien de Terry Hall avec Sunie Fletcher dans une émission de la chaîne cablée Sky le 7 août 1984, suivi de la vidéo de Take.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire