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31 octobre 2021

FRANÇOIS DE ROUBAIX : Bande originale du film "Les novices"


Offert par Jean-Guillaume B. à Reims le 20 octobre 2021
Réf : 71455 -- Édité par Barclay en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : BRIGITTE BARDOT ET ANNIE GIRARDOT : Chacun son homme -- LES FIRE EXIT : Just be cool -/- NANCY HOLLOWAY : My world is you -- FRANÇOIS DE ROUBAIX : Les novices

Mon collègue Jean-Guillaume a pris l'habitude de nous amener au bureau des paquets de disques qu'il récupère par-ci par-là pour que ceux qui sont intéressés se servent.
La dernière fois, il y avait une grosse poignée de 45 tours qui venaient de chez ses parents. Initialement, j'ai fait involontairement une sélection "spéciale bonnes sœurs", puisque j'ai pris Dominique de Sœur Sourire (une chanson avec laquelle j'ai grandi, mais je n'ai jamais pris la peine d'acheter le disque) et cette bande originale d'un film avec Brigitte Bardot et Annie Girardot. Ce n'est qu'au deuxième passage que, pris de remords, j'ai pris un des deux exemplaires disponibles d'une association dont je n'avais jamais entendu parler, André Verchuren et La Bande à Basile qui interprètent On va faire la java. Un disque sorti pour le Bicentenaire de la Révolution !

Cet EP de 1970 coche toutes les bonnes cases : Pochette en bon état avec Bardot et Girardot, qui chantent aussi une chanson; musique du très réputé François de Roubaix; un titre chanté par Nancy Holloway; une chanson créditée à un groupe, Les Fire Exit, qui promet car il se cache parfois des petites pépites dans la musique des films français de cette époque. Je n'ai donc pas été surpris de constater que ce disque est très recherché par les collectionneurs.

Le film lui-même, Les novices, est disponible en ligne (voir ci-dessous; je n'ai pas été suffisamment motivé pour le visionner intégralement avant de faire cette chronique...). Son principal argument de vente était, probablement, d'avoir Brigitte Bardot (sulfureuse, par définition) en religieuse qui s'émancipe et se lie d'amitié avec une prostituée, qui tente de l'initier à son métier (enfer et damnation !). Ça ne va pas au-delà et ce film mineur n'a pas laissé beaucoup de traces. Quand on voit la liste des derniers films que Bardot a tournés ensuite (Boulevard du rhum, Les Pétroleuses, Don Juan 73 ou si Don Juan était une femme et L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise), on comprend qu'elle en ait eu marre et ait décidé d'arrêter définitivement le cinéma.

Je pensais que le disque serait bien plus intéressant que le film, mais j'ai quand même été déçu à l'écoute. Surtout par Chacun son homme. On a eu la preuve au moins avec Bonnie and Clyde que Bardot peut chanter excellemment en duo, mais pour Annie Girardot, ce n'est pas si sûr. Là, sur un accompagnement à l'ancienne façon charleston, rien ne passe, tout est bancal. La chanson n'est sûrement pas très bonne et le chant, surtout au début, tombe complètement à plat.
En comparaison, My world is you par Nancy Holloway passe mieux. Rien de vraiment bien ni d'original, mais cette ballade, avec son arrangement d'époque, remplit son office.
Idem pour l'instrumental Les novices. De la musique d'accompagnement typique pour film. On a quand même du mal à repérer les étincelles du talent qui a fait la réputation de François de Roubaix...
Le seul titre vraiment intéressant du disque, c'est Just be cool, et surtout son introduction, avec des cuivres, une accroche funky puis un break de batterie. La chanson est créditée à un groupe, Les Fire Exit, qui n'a apparemment jamais rien sorti d'autre. C'est probablement une invention pour faire anglais/américain et les musiciens sont probablement ceux de l'orchestre du directeur musical Tony Rallo. Ce n'est pas non plus la pépite inconnue des pépites inconnues, mais au moins ce titre passe très bien et donne envie de bouger. Pas étonnant que l'américain Bocafloja l'ai sélectionné en 2012 comme piste d'accompagnement sonore pour son Fuego.

A voir :
Un reportage de Vingt-quatre heures sur la deux le  17 juillet 1970 sur le tournage du film.




23 octobre 2021

THE JIMMY CASTOR BUNCH : Troglodyte (Cave man)


Acquis par correspondance via Discogs en août 2021
Réf : AMH0-0120 -- Édité par RCA/Victor aux Etats-Unis dans les années 1970 ou 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Troglodyte (Cave man) -/- Luther the anthropoid (Ape man)

Quand j'ai commandé le 45 tours des Satellites à un vendeur au Canada, le port était bien sûr très cher mais j'avais la possibilité d'ajouter un autre 45 tours pour le même prix. J'ai donc fouillé dans les bacs virtuels du gars et j'ai fini par y dénicher ce 45 tours du Jimmy Castor Bunch, qui est une réédition de la fin des années 1970 ou du début des années 1980 de deux de leurs faces A de 1972.

Jimmy Castor, je n'en avais absolument jamais entendu parler jusqu'à il y a sept-huit ans, quand l'ami Dorian Feller m'a joué son 45 tours King Kong de 1975 qu'il venait d'acheter. Ce titre funky plein d'énergie m'a beaucoup plu, je l'ai mis dans une de mes compilations maison, et depuis j'ai espéré en trouver un exemplaire sur un vide-grenier ou dans un magasin d'occasion. Je n'ai toujours pas eu cette chance, mais ce Troglodyte fera très bien l'affaire !

Troglodyte est extrait du premier album du Jimmy Castor Bunch, It's just begun. C'est une réussite funk-pop, avec un rythme implacable, une accroche à la guitare fuzz et Jimmy Castor par-dessus qui nous raconte les méthodes de drague particulières d'un homme des cavernes.
Ce 45 tours a très bien marché aux États-Unis, où il s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires. C'est le premier très grand succès de Jimmy Castor, qui a dû pas mal patienter puisqu'il avait sorti son premier single, I promise to remember, en 1956, avec son groupe the Juniors. Cette chanson a été reprise par Frankie Lymon the Teenagers sur leur premier album et, en 1957, c'est Jimmy qui a remplacé Frankie  dans The Teenagers.

Après le succès de Troglodyte, Jimmy Castor a essayé de conserver une formule qui avait bien fonctionné. D'où par exemple l'excellent Luther the anthropoid sur l'album suivant Phase two. Là, l'homme des cavernes laisse la place à un homme singe, qui fréquente une discothèque préhistorique. Pas de surprise, donc, mais c'est une réussite quand même et je préfère d'ailleurs Luther à Troglodyte.
Et le groupe a poursuivi dans la même veine pendant plusieurs années, avec King Kong, donc, un autre grand singe, et aussi The Bertha Butt boogie, avec l'un des personnages présents dans Troglodyte.

Il aurait peut-être fallu se renouveler un peu plus pour que le succès dure plus longtemps, mais Jimmy Castor n'a pas fait non plus que dans la tuerie funky : sur un album de 1974, il y a une reprise instrumentale (avec chœurs quand même) de Walk on the wild side ! Il est mort en 2012 à 71 ans.


The Jimmy Castor bunch, Troglodyte, en direct à la télévision en 1973.

17 octobre 2021

こまどり姉妹 : 恋の風車 [Komadori Shimai : Koi no kazaguruma]


Acquis chez SOS Équidés à Floing le 2 octobre 2021
Réf : SAS-1298 -- Édité par Columbia au Japon en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : 恋の風車 [Koi no kazaguruma] -/- 一人ぽっちの二人 [Hitoripotchi no futari]

Chaque samedi de  mai à octobre, l'association SOS Équidés organise dans ses locaux de Floing une vente pour soutenir ses activités en faveur de chevaux âgés, malade ou maltraités.
C'est comme ça que je me suis retrouvé dans une écurie désaffectée, à écarter de la paille pour fouiller dans une caisse de 78 tours ! J'en ai ramené un bon petit paquet de disques, dont un lot de trois 45 tours japonais tous publiés en 1969-1970. On se demande bien par quels méandres ils ont bien pu atterrir là...

A cette occasion, j'ai découvert qu'à l'époque au moins les 45 tours étaient présentés d'une façon particulière au Japon : pas de véritable pochette, mais une simple feuille imprimée recto-verso accompagnant le disque dans une pochette générique du label, le tout glissé dans un sachet en plastique léger. Ça m'a rappelé les premiers disques Creation, et la pochette intérieure post-psychédélique de ce disque claque très fort.

Sur les trois 45 tours, il y en a un dont le disque et la pochette ne correspondent pas. L'autre avait une pochette très prometteuse, mais malheureusement la musique s'est révélée être plutôt de la soupe. J'ai donc porté mon choix sur ce disque de Komadori Shimai (Les Sœurs Rouge-Gorge, apparemment) un duo de deux sœurs jumelles nées en 1938, Yoko et Eiko Namiki, qui a débuté en 1959.

Musicalement, c'est très bien produit et interprété, dans un style dit "Group sound" au Japon, qui est un pur produit de son époque, la fin des années 1960.
Les deux chansons sont signées des mêmes auteurs, Hiroaki Kurumi pour les paroles et Toshihiro Kurumi pour la musique.
J'apprécie particulièrement Koi no kazaguruma (Moulin à vent de l'amour) avec sa basse façon Melody Nelson, des cuivres, de la guitare et de l'orgue. Ça pourrait être du Nancy Sinatra chanté par les Sœurs Etienne et ça m'évoque les fameuses scènes de danse d'Amicalement vôtre.
La face B, Hitoripotchi no futari (Deux personnes au même endroit)
démarre comme la suite de la face A, mais là le saxophone est en avant et il y a des cordes.

Les deux sœurs ont eu une vie mouvementée. En 1966, en plein concert, un amoureux a poignardé grièvement Yoko (comble de l'ironie gémellaire, c'est d'Eiko qu'il était amoureux, mais il les a confondues). Par la suite, les soucis se sont accumulés (mort de leurs parents, maladie, accidents, problèmes financiers). Le duo a pris temporairement sa retraite en 1973.
Aux dernières nouvelles, les sœurs de Komadori Shimai sont toujours actives et ont célébré leurs 60 ans de carrière en 2019.



09 octobre 2021

LES SATELLITES : Jumeaux Calypso


Acquis par correspondance via Discogs en août 2021
Réf : DIS-658X -- Édité par Dis Q Ton au Canada en 1959
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Jumeaux Calypso -/- A mort

Ça m'arrive rarement, mais cet été il m'a pris dans l'idée de fouiller dans les fichiers musicaux numériques sur mon ordinateur (près de 15000 à ce jour) pour voir quels titres de Calypso il s'y trouvait.
C'est comme ça que je suis retombé sur Jumeaux Calypso par Les Satellites, qui n'est pas à proprement parler du calypso, puis par ricochet sur l'autre face du 45 tours, A mort.
J'ai trouvé ces deux chansons très bonnes et intéressantes et il y avait sur Discogs un vendeur qui pratiquait un prix correct pour le port. J'ai donc rapidement fait affaire et je me suis procuré ce disque.

J'ai eu bien du mal à essayer de retrouver comment je me suis procuré ces MP3 à l'origine, qui ne sont actuellement pas trouvables facilement en ligne.
Je les ai depuis au moins août 2014 et je pense que je les ai téléchargés à un moment où je fouillais pas mal dans les vieux titres de rock québécois. On les trouvait alors chez C'était Hier, et j'étais peut-être arrivé là après avoir téléchargé la compilation Vente de garage vol. 3, sur laquelle on trouve l'excellent Frisette, fais pas ça par Les Rythmos, digne du meilleur Salvador.

Les deux faces sont différentes, et toutes deux très bien.
Accompagnés au piano, sur une rythmique qui rappelle quand même les îles, Les Satellites chantent en chœur l'histoire deux petits jumeaux noirs, qui étaient surnommés les Jumeaux Calypso. Comme souvent, les paroles sont au minimum condescendantes, voire limite xénophobes ("Tous ceux qui les voyaient disaient que c'était bien beau de pouvoir être heureux sans avoir [une maison ?]"), mais la chanson dans son ensemble fonctionne bien.
C'est en entendant récemment une chanson des Everly Brothers que je me suis rendu compte qu'ils étaient sûrement le modèle vocal des Satellites et de nombreux autres duos en cette fin des années 1950.
La chanson a été écrite par André Lejeune, qui à ses débuts, grâce notamment à Qu'est-ce que le rock and roll ?, était considéré comme le roi du rock 'n' roll français au Québec.

La face B, A mort, est signée Pierre Nolès. C'est une chanson originale, mais cette grande figure de la chanson québécoise, par ailleurs chef d'orchestre, était surtout réputée pour ses adaptations en français de tubes anglo-américains.
Cette fois, c'est un cuivre qui mène la danse et les paroles, qui se penchent sur une expression du "parler jeune", anticipent de quelques années le pur style Yéyé : "Connaissez-vous l'expression populaire qu'on ne peut trouver dans le dictionnaire (...) et qui se dit comme ça, ne l'oubliez pas :'A mort'", et puis "Hier je lui ai dit d'aller se pendre parce qu'elle m'disait tout le temps ces mots ennuyants : 'S'éclate à mort'". Mais ça finit bien car "Pis nous autres, on s'aime à mort".

A priori, ce 45 tours est le seul disque publié par Les Satellites sous leur nom. On les retrouve, avec Lionel et Pierre et Les Rythmos, sur la compilation Pour teenagers seulement. L'intérêt de la pochette est de nous présenter la seule photo que j'ai trouvée des Satellites, deux très jeunes garçons, qui sont soit jumeaux, soit frères avec un faible écart d'âge.
Il y a quand même trace de deux autres chansons des Satellites, publiées en 1960 sur des compilations de la collection Succès du mois, Les amants et Il faut savoir.

A écouter :
Les Satellites : Jumeaux Calypso
Les Satellites : A mort





01 octobre 2021

ANYTA ET SON ENSEMBLE : Caravane d'Espagne


Acquis sur le vide-grenier de Chavot le 15 août 2021
Réf : D. F. 501 -- Édité par Disco Flash en France probablement au début des années 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Caravane d'Espagne -- Tango neiro -/- La gitane -- Tango d'aloah

Il faisait chaud ce 15 août mais, sur la petite brocante de Chavot, les exposants - surtout des professionnels - étaient moroses et pas très contents de leur sort.
Je pensais quej'allais repartir bredouille quand, juste à la fin, j'ai aperçu quelques 45 tours posés sur une table. Parmi eux, il y avait deux EP d'Anyta que j'ai pris tout de suite, à 50 centimes pièce.
Anyta, je la connais depuis deux ans et la fête d'anniversaire du Vieux Thorax. J'avais été convié à y passer quelques disques, et Le Vieux en passait aussi bien sûr. L'un des titres de sa sélection, 100.000 guitares par Anyta, m'avait attiré l'oreille et on en avait reparlé ensuite. J'avais même cherché quelques informations sur son parcours.

J'avais bien entendu oublié tout ça aussi vite, mais ça m'est revenu quand j'ai vu le prénom d'Anyta et les pochettes avec sa photo et son accordéon.
Sur un rythme genre mambo ou boléro, 100.000 guitares a la particularité d'associer l'accordéon d'Anyta avec des guitares, notamment une guitare hawaïenne ! Comme le son est un peu caverneux en intro, il y a presque un côté garage.
Il n'y a rien d'aussi surprenant sur mes deux 45 tours (Lorraine-Champagne et celui-ci), mais les guitares sont quand même tout le temps bien présentes, ce qui est rarement le cas dans les orchestres de musette. C'est pourtant bien la marque de fabrique des disques d'Anyta, dont au moins un est crédité à Anyta et son Ensemble de Guitaristes (il s'agit de l'EP Double twist, sur lequel il y a aussi de la guitare hawaïenne).
Il y a quand même une perle sur mes 45 tours avec Le tango d'aloah, un mélange des genres, avec le rythme de tango, l'accordéon d'Anyta et des guitares à la Marcel Bianchi.

J'avais été marqué par l'histoire de l'orchestre quand je m'étais renseigné.
Il a été fondé au début des années 1960 par un compositeur de musique, Louis Canziani, à Claye-Souilly (dans le coin d'origine de mon père). C'était un orchestre familial, avec son épouse et ses enfants, dont Anyta, qui animait les bals et les fêtes de la région (Seine-et-Marne et Oise).
Malheureusement, en février 1968, alors que la famille retournait après un spectacle vers sa maison d'Esternay (pas loin de chez moi, dans la Marne), elle a eu un accident de voiture qui a coûté la vie à la mère d'Anyta et à une de ses sœurs. Un drame qui a brisé l'élan du groupe.
En 2010, quelques membres de la famille (mais pas Anyta) se sont retrouvés pour un concert à la salle des fêtes de Monthion.

Un groupe familial, avec un succès local, donc, mais il semble que c'est allé un peu au-delà. Le nombre de disques parus le prouve, tout comme le fait qu'on voit Anyta en couverture du numéro de septembre 1962 d'Artistes et Variétés, revue de l'accordéoniste.

J'ai essayé de constituer une discographie d'Anyta. J'ai trouvé cinq 45 tours. Trois titres figurent sur deux disques, mais je ne sais pas si les versions sont différentes :
  • Circuit musette - Star musette - Adios Anyta - Twist musette (Disco Flash)
  • Caravane d'Espagne - Tango neiro - La gitane - Tango d'aloah (Disco Flash)
  • Lorraine-Champagne - Confidence - Pourquoi me dire - Ollé Manita (Disco Flash)
  • 100.000 guitares - Circuit musette - Adios Anyta (Au revoir Anyta) - Star-musette (Mistral)
  • Double twist - Simple twist - C'est une fille comme toi - Si tu me téléphones (RCA)
Mais en plus, on voit en ligne qu'il existe de nombreuses partitions, avec des titres qui ne figurent pas sur ces disques :
Jo le pianistique; Liouba - Samba; Si vous étiez venue; Manyta - Samba; Pacific - hula; El fiorentino.

A écouter : Anyta et son Ensemble : Tango d'aloah