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08 novembre 2020

MC SOLAAR : Victime de la mode


Acquis par correspondance via Discogs en novembre 2020
Réf : 877 673-2 -- Édité par Polydor en France en 1991
Support : CD 12 cm
Titres : Victime de la mode -- Western modern -- Raggadget -- Love supreme

Il y a quelques années, j'ai eu envie de chroniquer ce disque. Je suis allé le rechercher dans mes étagères et j'ai été tout surpris de ne pas l'y trouver. Il y avait bien le premier album d'MC Solaar, Qui sème le vent récolte le tempo, sur lequel on trouve Victime de la mode, mais pas de single, ni en CD (que je pensais avoir), ni en 45 tours.
Pendant longtemps, j'ai pensé que j'avais dû bêtement revendre le single car j'avais l'album. Aujourd'hui, après avoir décidé de me l'offrir, ne serait-ce que pour me consoler du fait que je ne risque pas de chiner des disques d'occasion dans les prochaines semaines, et alors que je n'ai pas de souvenirs des différentes faces B du CD single, je me dis que je n'ai jamais dû avoir ce disque. J'ai sûrement confondu avec les exemplaires de Radio Primitive, que j'ai régulièrement passés à l'antenne à l'automne 1991, après avoir déjà bien accroché au premier single et premier tube Bouge de là.
Le 6 décembre 1991, on avait dû arriver trop tard de Reims et je n'ai vu que la fin du concert d'MC Solaar aux Transmusicales de Rennes. J'ai juste eu l'impression que Solaar n'était pas trop à l'aise sur la scène, qu'il arpentait la main dans la poche. Il faut dire aussi que ce type de concert rap est très particulier, avec la musique sur bandes enregistrées, et juste les voix, les scratches de Jimmy Jay et la danse en direct (on peut voir un extrait de ce concert ici).
En tout cas, près de trente ans plus tard, j'apprécie toujours autant Victime de la mode, qui reste ma chanson préférée d'MC Solaar.
La différence aujourd'hui, c'est qu'il m'a suffi d'un clic pour apprendre que la base musicale de la chanson provient de quelques secondes d'introduction mises en boucle de Hey hey baby, un titre de Ben Sidran de 1974.
Ce qui m'a toujours surpris dans cette chanson, c'est le choix du prénom de l'héroïne, Dominique. C'est sûrement pour des questions de sonorité, mais ça fait tellement années cinquante-soixante... En tout cas, les paroles sont l'une des grandes réussites de cette chanson. Le refrain est tout simple mais reste bien en tête, et on peut passer des heures à chanter en rythme des phrases comme "Maso, à l'assaut de ses formes rondelettes, elle était occupée à couper du PQ car on lui piquait les fesses" !
Il me semble que le single Victime de la mode a eu beaucoup moins de succès sur le moment que Bouge de là, mais c'est bien cette chanson qui est en passe de devenir un classique, au sens propre d'ailleurs puisque, apparemment, l'étude de ses paroles de sa vidéo a figuré pendant plusieurs années au programme de français dans les collèges.
Il y a aussi des reprises, comme celle de Tryo en 2014 sur l'album Né quelque part. Et puis, après les reprises de Caroline, autre grand morceau du premier album d'MC Solaar, par le père Marka en 1998 et 2004, il y a les diverses interprétations de Victime de la mode par sa fille Angèle en 2017, par son fils Roméo Elvis avec M en 2019, par le fils et la fille ensemble en 2018 et enfin par les deux ensemble avec MC Solaar en invité vedette sur la Grand Place de Bruxelles en 2019.
Les trois faces B sont intéressantes.
Western modern est une chanson complète, sûrement un titre écarté de l'album. MC Solaar continuera d'exploiter ces thématiques avec ses singles suivants Gangster moderne (1997) et Nouveau western (1998).
Love supreme est un titre court et sympathique, principalement instrumental, dû à Pigalle Boom Bass. Eh oui, j'ai pris la peine de vérifier, la ligne de basse vient bien du titre de John Coltrane.
Comme son titre l'indique, Raggadget est bien un ragga, sur l'insécurité. Je suis un grand fan de ragga de manière générale, mais celui-ci est particulièrement réussi.
Les artistes qui attaquent en justice leur maison de disques sont nombreux, mais ceux qui gagnent sont évidemment plus rares. C'est pourtant ce qui s'est passé après que Polydor n'ait pas respecté la volonté de l'artiste (ni le contrat) en sortant en deux fois à un an d'écart plutôt qu'en un double album les titres qu'on trouve sur Paradisiaque et MC Solaar. En conséquence de quoi, Polydor ne peut plus exploiter commercialement les quatre premiers albums et, faute d'accord entre les deux parties, ils ne sont pas réédités ni disponibles sur les sites de téléchargement.
Vu ce contexte, je préfère ne pas mettre en ligne moi-même Raggadget, que je n'ai pas trouvé sur YouTube. Je vous suggère à la place de réécouter l'excellent Ragga jam, un titre de Qui sème le vent récolte le tempo, avec Raggasonic et Kery James en invités.
J'ai cessé de suivre l'actualité d'MC Solaar après Le bien, le mal, sa collaboration avec Guru de Gang Starr pour l'album Jazzmatzz volume 1. Ce qui s'est passé, c'est un peu la même chose qu'avec les interventions de Raymond Devos à la télé. A chaque fois, je me dis au début que c'est vraiment bien et qu'il est fort, et au bout d'un moment je trouve que c'est vraiment trop systématique. Avec MC Solaar aussi, j'ai fini par faire une indigestion de jeux de mots et d'allitérations.




MC Solaar, Victime de la mode, dans l'émission The beat, en février 1993.


MC Solaar, Western modern, le 14 février 1994.

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