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30 novembre 2024
CHARLES DUMONT : Les Martin, Dupont...
Acquis au Repaire du Racoon à Épernay le 25 mai 2024
Réf : 121946 -- Édité par Musidisc en France en 1998 -- Copie promo
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Les Martin, Dupont... (Groove mix) -/- Les Martin, Dupont... (Version originale)
Pauvre Charles Dumont. Il est mort le 18 novembre à 95 ans, et à l'unanimité, la presse dans son ensemble, du Monde à Libération, en passant par France Musique et même le Guardian, a choisi de résumer sa vie bien remplie à un seul fait : il est le compositeur de Non, je ne regrette rien.
Certes, c'est peut-être la seule de ses chansons qui est devenue un classique, et il n'a lui-même jamais regretté sa collaboration avec Piaf sur une trentaine de chansons, il en était même fier et reconnaissant, mais il n'y a pas à chercher loin dans un parcours discographique de plus d'un demi-siècle pour découvrir, par exemple, qu'il a composé la musique des deux derniers films de Jacques Tati, Trafic et Parade ou que, à l'époque où il a eu du succès comme interprète, il a reçu en 1973 le prix de l'Académie Charles-Cros pour son album Une femme.
Pour dire le vrai, je ne me suis absolument jamais intéressé à Charles Dumont avant d'acheter ce disque il y a six mois, alors que j'examinais les disques bradés à 50 centimes par le Repaire du Racoon, le jour où j'ai aussi acheté le Brenton Wood.
Deux choses m'ont fait m'arrêter sur ce maxi promo :
- L'incongruité de voir associer le nom de Charles Dumont à la mention "Groove mix". Un remix "dance" de Charles Dumont en plein dans les années 1990 ? J'étais assez curieux d'écouter ça.
- Le fait que le remix et les arrangements sont de Bernard Estardy, l'enregistrement s'étant fait dans son studio CBE.
C'est cette mention de Bernard Estardy qui m'a décidé à acheter ce disque. En effet, quelques semaines plus tôt, je venais de finir la lecture de Le géant : Itinéraire d'un génie du son, un livre écrit par sa fille Julie Estardy. Elle a pris des risques en choisissant de rassembler souvenirs et témoignages sur son père sous une forme romancée, mais le pari est réussi et j'ai pris grand plaisir à lire les aventures de ce père producteur et musicien (qui ajoutait souvent ses claviers magiques aux productions qu'il enregistrait), avec des anecdotes connues et d'autres que j'ai découvertes, comme la session de mai 1968 avec Lee Hazlewood.
Pour en savoir plus à ce sujet, je vous conseille l'entretien de Section 26 avec Julie Estardy, parties 1 et 2.
La version originale de Les Martin, Dupont..., ici en face B, est parue initialement sur l'album Pour une femme. Rien qu'avec les titres d'album, on voit bien que la femme était un sujet d'intérêt majeur. Les Dupont aussi (peut-être parce que, à une lettre près, Charles en était un), puisque sur son album de 1964 on trouve une chanson intitulée Les Dupont, dont les paroles sont de Michel Vaucaire. Pour Les Martin, Dupont..., c'est une auteur avec qui il a également très souvent collaboré qui les signent, Sophie Makhno.
Le travail de remixage de Bernard Estardy pour Les Martin, Dupont... (Groove mix) est assez discret. Il se traduit principalement par l'ajout d'une ligne de basse, un peu "groovy", bien sûr. La chanson elle-même n'est pas désagréable, si on fait l'impasse sur le solo de saxo final. La thématique est simple : les français moyens sont pris pour des cons, mais il y a une morale façon fable de La Fontaine : "c'est un plaisir supérieur à tout d'être pris pour un con par un plus con que vous".
Le principal problème avec cette chanson c'est que, une trentaine d'années plus tôt, Serge Gainsbourg avait déjà traité en chanson le thème du con en parlé-chanté, de manière autrement percutante et incisive. Pour ma part, j'aurais au moins fait un requiem pour un Dumont, et je ne le regrette pas !
A écouter :
CHARLES DUMONT : Les Martin, Dupont... (Groove mix)
Les rubriques nécrologiques qui tombèrent comme feuilles mortes à l'heure de son décès firent toutes l'impasse sur l'admiration que Willy DeVille portait à Dumont. Ils se sont même rencontrés à Paris, un doc curieux en témoigne.
RépondreSupprimerMerci Jacques.
RépondreSupprimerLe reportage est ici et la suite là. Je l'ai peut-être vu à l'époque, mais je l'avais oublié.
Ils ont Piaf en commun, mais la barrière de la langue limite vraiment la communication !
On entend dans le reportage des extraits de deux de mes chansons préférées de Mink DeVille, "Love and emotion" et "Slow drain".
J'y ai déjà pensé, mais je n'ai toujours pas chroniqué de disque de Mink DeVille. Ça viendra, il faut juste que je décide entre "Coup de grâce" et "Le chat bleu".