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02 mai 2009
TRINI LOPEZ : Surf n° 7
Acquis sur le vide-grenier de Mareuil-sur-Ay le 1er mai 2009
Réf : RVEP 60 046 -- Edité par Reprise/Vogue en France en 1964
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Cotton fields -- This little girl of mine -/- Irresistible you -- What have I got of my own
Trini Lopez, c'est avant tout le succès de If I had a hammer. If I had a hammer en français c'est Si j'avais un marteau. Si j'avais un marteau c'est Claude François. Claude François c'est l'horreur, donc il n'y a aucune raison de s'intéresser à Trini Lopez. C'est quoi ça comme type de raisonnement ? Un syllogisme ? Un sophisme ? Les deux à la fois si c'est possible ? On s'en fout, mais en tout cas c'est le raisonnement auquel je me tiens depuis des années.
Et puis cet hiver, lors de l'un des vide-greniers du Jard à Epernay, j'ai acheté le premier album de Trini Lopez, Live at PJ's. La petite vieille du stand était sympa. Il n'y avait quasiment rien d'intéressant sur toute la place et, même s'il était en assez mauvais état, c'était un album sixties à 1 €, alors j'ai tenté le coup. Et j'ai été plus qu'agréablement surpris, tellement d'ailleurs que j'ai bien failli chroniquer cet album ici. Son producteur de l'époque a vraiment bien fait de préférer un enregistrement live au studio pour conserver l'énergie et la qualité de showman de Trini Lopez. Le choix de chansons est excellent, la prestation du trio énergique et précise et le disque est enthousiasmant. J'ai particulièrement apprécié d'entendre ce chicano jouant devant un public probablement huppé d'Hollywood lui balancer à la figure des versions incendiaires non seulement de America (de West Side story) mais aussi du This land is your land de Woody Guthrie. Sans parler de sa version de If I had a hammer, celle-là même qui a fait le tour du monde en single. Mais la version de Trini Lopez est encore l'hymne quasi-communiste écrit par Pete Seeger et Lee Hays en 1949, tellement que dans le dernier couplet, on pourrait presque remplacer "cloche" par "faucille" : "J'ai un marteau et j'ai une cloche et j'ai une chanson à chanter dans le pays tout entier. C'est le marteau de la justice, c'est la cloche de la liberté, c'est la chanson sur l'amour entre mes frères et mes soeurs dans le pays tout entier". Seulement, une fois passée à la moulinette de l'adaptation française, la fraternité, celle qui figure dans la devise française, se réduit d'un coup à celle de la cellule familiale nucléaire, et la chanson devient l'hymne monstrueux à la famille modèle des sixties que l'on connait : "C'est le marteau du courage, c'est la cloche de la liberté, mais la chanson c'est pour mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs, Oh oh, pour moi c'est le bonheur, c'est ça le vrai bonheur.".
Hier, 1er mai, c'est traditionnellement la date du vide-grenier de Mareuil-sur-Ay, celui où je joue à domicile. La manifestation est assez réputée, tant et si bien qu'il est difficile d'y faire de bonnes affaires. L'an dernier, j'étais tombé sur le disque des Maxel's et ça avait suffi à mon bonheur du jour. Hier j'ai assez vite trouvé un EP de Marcel Bianchi et je m'en serais largement contenté. Mais au bout du compte, ce fut une bonne cuvée car j'ai encore trouvé des disques intéressants à deux autres stands : le 45 tours du Soul Clan et deux albums Formidable rhythm and blues d'un côté, et dix 45 tours pour 1 € de l'autre, dont deux EP de Trini Lopez.
Les titres de ce disque sont tous extraits du troisième album de Trini Lopez, On the move. Pour exploiter le filon, et parce que visiblement c'est là qu'il était dans son élément, les deuxième et quatrième albums de Lopez sont des live. Pour celui-ci, je n'ai pas réussi à trouver de crédits, mais il est aussi au moins en partie enregistré en public, et c'est tant mieux : ça empêche les producteurs et arrangeurs de chez Reprise d'intervenir, de rajouter leurs cordes ou leurs cuivres et de ramollir l'ensemble.
J'ai écouté les trois premiers titres, tous des reprises, d'une oreille assez distraite, mais je les ai appréciés car le son et l'ambiance restent proches de ce que j'avais aimé sur le premier album. La version de Cotton fields de Leadbelly surprend tellement elle est enjouée et guillerette : Trini Lopez pousse des petits cris, il fait participer le public, des choeurs féminins donnent un ton gospel. Trini Lopez a fait plein de reprises de Ray Charles. Il y en avait deux rien que sur le premier album. Là, il reprend This little girl of mine, un titre de 1956. Les choeurs gospel sont masculins et, Ray Charles oblige, il y a du piano.
Sur la face B, plus de choeurs et le trio semble jouer seul. Irrestible you est un titre de Bobby Darin de 1961, toujours aussi enjoué, marqué par un solo de guitare d'une simplicité et d'une efficacité telles qu'on ne peut que penser à Jonathan Richman.
C'est très bien tout ça, mais c'est dès les premières notes de What have I got of my own que j'ai vraiment dressé l'oreille. C'est une chanson écrite par John Herring et Paul Sawtell, deux pros du showbiz, et d'après ce que j'en sais, Trini Lopez en est le créateur. Ce qui est frappant dès les premières notes, c'est que toute l'ambiance musicale, la basse, la guitare rythmique, la batterie, la façon dont le chant est posé, me fait penser aux Doors, les Doors assez calmes de Riders on the storm ou de certains passages de Light my fire ! C'est saisissant, autant parce que les Doors n'étaient même pas encore formés en 1964 que parce que je n'aurais jamais pensé associer Trini Lopez aux Doors. Et pourtant, les Standells ont repris What have I got of my own sur scène, au PJ's justement, ce qui est probablement un double hommage à Trini, et leur orgue renforce encore l'ambiance Doors, si c'était possible.
Par contre, Trini Lopez devait être maudit en France. What have I got of my own, traduit par Vline Buggy comme If I had a hammer, y est devenu Le bonheur n’est-il pas fait pour moi dans la bouche d'Hugues Aufray. Je n'ai pas écouté sa version, mais c'est peut-être préférable.
Au Québec, Joël Denis aurait repris la version d'Hugues Aufray, mais en la couplant avec Ya-ya, ce qui prouve qu'il connaissait le 45 tours américain de Trini Lopez qui associait ces deux titres. Et chez Psyquébélique, on peut télécharger la version instrumentale jazzy-musak de Le bonheur n'est-il pas fait pour moi par Georges Tremblay, qui conserve quand même un petit côté Doors.
Quant à moi, je ne laisserai plus passer désormais les disques sixties de Trini Lopez que je verrai, même If I had a hammer !
L'album On the move, qui contient les 4 titres de ce 45 tours, est intégralement en écoute chez Deezer, tout comme un paquet d'autres albums de Trini Lopez.
A voir absolument sur Youtube, Chuck Berry et Trini Lopez qui s'amusent pendant 1'40 à jouer Memphis, Tennessee.
bien joué et bien vu m'sieur Pol, rien que pour cette phrase si juste sur C François je laisserai pour des années encore ce blog en page d'accueil chez moi (en fait j'ai pas besoin de cette justif), bon encore un peu de temps et pt être qu'un jour il y en aura autant pour son alter ego: johnny qui vaut guère mieux (hum j'entends déjà des hurlements. Quant aux années 60 dire que plein de gens en parlent comme des années merveilleuses: ils ont pas connu la france de de gaulle ça se voit ou alors ils ont déjà le cerveau comme une endive au jambon.
RépondreSupprimerkeep on déglinguer les mythes fumeux!ph
eh oui, il y a des bons truc, chez Trini Lopez. Je te recommande vivement le volume suivant, le EP N° 8 (mon préféré), un spécial latino, avec Quizas, quizas Quizas, Besame mucho, Perfida et Cuando caliente el sol. très bon.
RépondreSupprimer(et pour l'anecdote, l'intro de Quizas a servi de break dans mon morceau Réelle attaque en 2003... "qu'est ce que tu caches, derrière ton dos"...)
le vieux thorax