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29 septembre 2017

DEPECHE MODE : Pleasure little treasure (Live)


Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 10 septembre 2017
Réf : SA 1246 -- Édité par Mute en France en 1989 -- Échantillon promotionnel - Vente interdite
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pleasure little treasure (Live) -/- Pleasure little treasure (Live)

A Athis, avant d'acheter le disque d'Audrey, j'étais tombé à un autre stand sur ce 45 tours de Depeche Mode. Je me suis arrêté dessus parce que la pochette ne me disait rien. Aucune indication particulière au dos, mais j'ai décidé de le prendre quand j'ai sorti le disque et que j'ai vu qu'il s'agissait d'une édition promotionnelle (en plus de la mention sur la rondelle, la pochette a été marquée au tampon sec "Vente interdite - Échantillon gratuit"). Enfin, je l'ai surtout acheté parce que le vendeur m'avait annoncé un prix de 50 centimes. Je crois que je ne me serais pas embêté à mettre plus cher ou à négocier le prix.
La chanson de ce disque (la même sur les deux faces) est extraite de l'album 101, enregistré en concert le 18 juin 1988 à Pasadena, en Californie.
Pleasure little treasure est une chanson que je ne connaissais pas bien. Et pour cause, elle est sortie en face B du 45 tours Never let me down again, disque que je ne connais pas. Elle n'était pas sur le 33 tours Music for the the masses, sorti il y a pile 30 ans, mais une version remixée figurait en bonus sur les éditions originales de l'album en CD et en cassette. Ce même Glitter mix a été inclus sur la bande originale du film Bright lights, big city et là, je sais que j'avais déjà écouté (et oublié) cette version car j'ai l'album.
Je n'en attendais rien de spécial, mais à l'écoute, j'ai été très agréablement surpris par cette version live de Pleasure little treasure. Il y a un gros son de séquenceur bien grave, de la guitare, et le chant, surtout dans les couplets, associé à la musique m'évoque assez fortement le Devo synthétique et déjà aseptisé de 1981-1982, époque New traditionalists / Oh, no ! It's Devo. Il s'avère que cette version en public est très proche de la version originale en 45 tours.
Le seul single commercialisé extrait de 101 est Everything counts. Il n'y a qu'en France qu'il y eu une édition promo de Pleasure little treasure (dont 200 exemplaires ont été envoyés en Espagne pour être diffusés sur les radios de la chaîne 40 Principales). Mais le seul titre gravé sur le disque est très largement disponible, et la pochette est très quelconque. Elle n'a même qu'un rapport indirect avec Depeche Mode puisqu'on n'y voit que le logo du label Mute dans sa version assez industrielle de l'époque, sur lequel sont posées deux branches de chêne qui lui donnent un fort accent totalitaire. C'est pourquoi j'ai du mal à m'expliquer pourquoi des obsédés du groupe ont déboursé plusieurs dizaines d'euros chez Discogs (de 80 à 297)pour se procurer ce 45 tours, et tout autant pour l'édition maxi qui a aussi été diffusée.
En tout cas, heureusement que j'ai écouté le disque lui-même avant de visionner l'extrait correspondant du film 101. Outre que le son sur cette vidéo YouTube est très poussif, voir Dave Gahan se pavaner et se déhancher tout au long de la chanson est à vous en dégoûter pour de bon !



24 septembre 2017

TOP COMPAS D'HAÏTI - STAR COMBO


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 13 août 2017
Réf : MT 001 -- Édité par Magic' Tirelir en France probablement dans les années 1970
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

Au vide-grenier du Jard le mois dernier à Épernay, outre le Wilson Pickett acheté à un vendeur professionnel pas particulièrement avenant, j'ai acheté trois disques à une vendeuse particulière très sympathique.
Ce disque antillais était le seul de ce style dans sa petite pile de 33 tours qui contenait plutôt de la variété. Ma théorie dans ce genre de cas, c'est que le disque "exotique" est un souvenir de vacances. Et j'ai souvent l'occasion de me réjouir que les gens aient longtemps eu l'habitude de revenir du bout du monde avec un disque dans leurs valises, car ça a permis de disséminer ces disques dans nos contrées, où on les retrouve sur les vide-greniers quelques décennies plus tard.
Initialement, j'ai cru avoir affaire à un album intitulé Top compas d'Haïti par un groupe nommé Star Combo. Mais, en retournant la pochette et en regardant les rondelles du disque, on se rend compte qu'il y a un groupe différent par face sur ce 33 tours, Top Compas d'Haïti sur la face A et Star Combo sur la face B.
Ce disque est visiblement le premier produit et distribué par une maison nommée Magic' Tirelir Disques, qui a édité des groupes comme Les Vautours, Les Milords, Les Gipsons ou Les Princes Noirs. Le siège était au 56 boulevard Rochechouart.
Si j'en crois la pochette plastique dans lequel le disque était glissé, mon exemplaire a été acheté, comme beaucoup des disques antillais que j'ai, notamment ceux achetés à Mairy-sur-Marne il y a deux ans, chez Anvers Musique, au 35 boulevard Rochechouart.
Mon disque antillais est donc très parisien, et je pense même que les deux maisons étaient liées car, à côté du nom d'Anvers Musique, il y a le logo de Guérardisques, label sûrement lié à Claude Guérard, qui a produit plusieurs disques de Magic' Tirelir...
C'est du très classique dans son genre, mais l'ensemble de ce 33 tours est de très bonne tenue.
J'ai remarqué à l'écoute des cinq titres de Top Compas que l'orgue était proéminent dans les arrangements. Pour les quatre premiers titres, la partie instrumentale débute par une partie d'orgue, avant que les cuivres prennent leur tour. Ca s'explique quand on sait que le maestro du groupe était Wagner Lalanne, également organiste et sûrement de la famille des Lalanne du groupe Les Loups Noirs. Le Super Ensemble "Top Compas" est le dernier groupe pris en charge par le créateur du compas direct, Nemours Jean-Baptiste, pendant une bonne partie des années, comme cela est indiqué dans la biographie du site officiel de Nemours Jean-Baptiste.
Ces quatre premiers titres sont des compas. J'ai choisi de vous faire écouter Suspen' couri, mais j'aurais aussi bien pu prendre le premier titre, Hélène, ou un des deux autres.
Le dernier titre de la face, Destin, est plus court et plus lent. Il est chanté en français sur une musique qui m'évoque les cortèges funèbres de La Nouvelle Orléans.
Star Combo, le groupe qu'on entend sur la face B, est un groupe, sûrement originaire de la Guadeloupe, dont le maestro était le trompettiste Amédé Dinart. On peut voir sur Discogs la liste de ses membres, quand est paru l'album La lutte des grands en 1976.
Je ne sais pas précisément quel est le style musical de leurs chansons, mais pour moi c'est aussi du compas. Les quatre chansons de la face sont très bonnes et font cette fois-ci, plus classiquement la part belle aux cuivres. Je regrette bien de ne pas être en mesure de comprendre les paroles de José le mouchard !
Une fois de plus, voilà une trouvaille intéressante, dont aucun titre n'a jamais été réédité à ma connaissance. Aucun n'était disponible en ligne non plus. J'ai vu un exemplaire du disque en vente à 70 € sur Ebay. Faut quand même pas pousser...

A écouter :
Top Compas d'Haiti : Suspen' couri.
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23 septembre 2017

AUDREY : Getting ready for a heartache


Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 10 septembre 2017
Réf : 2C 006-92979 M -- Édité par Trend en France en 1971
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Getting ready for a heartache -/- M.Y.O.B. Leave me alone

Il avait fait moche toute la semaine et on était en plein dans les vendanges. Il ne pleuvait pas mais il faisait quand même super frais. Tout ça explique sûrement pourquoi il y avait beaucoup moins de camelots et beaucoup moins de chineurs que d'habitude à la broc d'Athis cette année.
J'y ai quand même acheté deux fois deux 45 tours sur deux stands. A la dame qui vendait celui-ci, j'ai aussi pris le 45 tours, Calypsos de Rico's Creole Band, a priori alléchant mais qui s'est avéré décevant, ne serait-ce que parce qu'il s'agit de calypsos instrumentaux.
Je ne sais pas quelle serait votre réaction si, en fouillant dans une boite à chaussures en carton contenant une grosse vingtaine de 45 tours à 50 centimes, vous tombiez sur un disque avec une pochette de ce style. Pour ma part, j'ai envisagé deux options :
  • Jamais entendu parlé de cette Audrey. Je ne connais aucun nom sur le disque, même pas celui du label. Il y a une chance sur deux pour que ce soit de la soupe tendant vers le disco. Je vais être raisonnable et ne pas m'encombrer avec ça.
  • Cette photo a vraiment de la classe. C'est années 1970 (tampon SACEM) mais, sur les apparences, je parierais que c'est assez tôt dans la décennie pour être de la soul sophistiquée plutôt que du disco ou de la soupe. Jamais entendu parlé de cette Audrey mais, à cinquante centimes je ne vais surtout pas laisser passer ce disque.
La première option n'a que fugacement traversé mon esprit avant que j'opte pour la seconde. Et, si je chronique ce disque ici, vous vous doutez bien que je ne regrette pas mon choix et que ce disque s'est avéré être une excellente pioche !
Getting ready for a heartache, en face A, débute par quelques notes de cuivres très bienvenues. Audrey enchaîne ensuite sur le refrain de la chanson qui, sans surprise, est dans un style soul, avec un arrangement intéressant, grâce notamment à ces cuivres. La voix semble un peu fine, mais ça passe bien. Il y a un break au milieu, et ensuite il y a quelque chose qui se passe - avec l'arrivée d'un saxophone et des chœurs, notamment, et une rythmique d'enfer - qui fait que la chanson décolle et d'un seul coup on se rend compte dans les quarante dernières secondes (d'une chanson qui n'atteint pas les trois minutes), qu'on est irrésistiblement en train de se trémousser.
La face B, M.Y.O.B. Leave me alone (pour "Mind your own business, leave me alone", "Occupe-toi de tes fesses, laisse-moi tranquille") est tout aussi bonne. On est entre le jazz et la soul. Introduction à la flûte, puis chanson assez classique qui démarre, soutenue par de l'orgue et du saxophone. Mais, là encore, il y a un break instrumental, à la batterie d'abord puis encore la flûte, on entend même les musiciens qui s'encouragent, et la chanson prend vraiment une autre dimension.
Je n'ai trouvé aucune de ces deux chansons en ligne, je vous fournis donc les MP3 (en suivant les liens sur les titres ou ci-dessous). Je n'ai trouvé qu'un seul exemplaire en vente en ligne de cette édition française du disque, à 40 € s'il vous plaît, mais il est clair que le vendeur vise les DJs car il s'est dit, comme moi, que les breaks de ce disque pourraient faire le bonheur des échantillonneurs.
J'étais persuadé qu'Audrey était une parfaite inconnue. Ce n'est pas du tout le cas !
Audrey Hall est jamaïcaine et elle a une discographie bien fournie. Elle s'est fait connaître à la fin des années 1960 en chantant en duo avec Dandy Livingstone. En tant que Dandy and Audrey, ils ont notamment eu du succès en 1969 avec Morning side of the mountain, et ont sorti deux albums en 1969 et 1970.
Audrey a ensuite beaucoup travaillé comme choriste dans les années 1970 et 1980, notamment avec sa sœur Pam Hall. Elle a fini par avoir du succès commercialement sous son nom au milieu des années 1980, notamment avec One dance won't do, qui lui a valu de passer à Top of the Pops en 1985.
Getting ready for a heartache est son premier disque solo après l'arrêt du duo avec Dandy. Il est sorti sur un label indépendant anglais, Trend, dont la fabrication et la distribution étaient alors assurés par Philips. Apparemment, seuls deux des disques de Trend ont été diffusés en France, l'autre étant un 45 tours de Consortium.
Trend a été actif de 1968 à 1972. Le label a été fondé par un disquaire londonien, Barry Class, qui a aussi managé les Foundations. Le label donnait plutôt dans le jazz-rock, mais ce disque prouve que sa production pouvait être versatile. La face A est due à deux habitués du label, David Myers et John Worsley, mais la face B est due à Audrey Hall elle-même et, une fois qu'on le sait, on peut en deviner les racines reggae. Je ne serais pas surpris que des musiciens comme ceux du groupe Swegas, alors signé chez Trend, aient participé aux sessions de ce 45 tours.
Un excellent disque jamais réédité. Dans ce genre de cas on se demande toujours comment il a fait pour atterrir à Athis, plus de 45 ans après sa sortie. Mais je ne m'en plains surtout pas ! Au contraire, j'espère continuer à faire d'aussi bonnes découvertes dans les quelques brocs qu'il reste d'ici la fin de cette année.

Audrey : Getting ready for a heartache.
Audrey : M.Y.O.B. Leave me alone.

17 septembre 2017

TRAMEL... LE BOUIF : Que faire ?... Que faire ?...


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 septembre 2017
Réf : 166.456 -- Édité par Odéon en France dans les années 1930
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Que faire ?... Que faire ?... -/- Devinette musicale

L'autre samedi chez Emmaüs, en plus des 45 tours comme celui de Roger Zami, il y avait un carton de 78 tours. Je l'ai regardé vite fait, peut-être trop rapidement d'ailleurs car il y avait dedans plutôt des disques de chansons grivoises que du classique, de l'opérette ou de la musique militaire, ce qu'on trouve le plus souvent dans ce format.
En tout cas, j'ai sélectionné deux disques, celui-ci et un de 1932 de Prior, de L'Empire, avec en face B une "chanson arabe" intitulée Y en a bon en Afrique qui, vous vous en doutez bien, n'a absolument aucun relent raciste !
Une fois rentré à la maison, j'ai cherché en ligne des informations sur ces disques qui, a priori, ne sont pas particulièrement rares. Et là, on se vite compte que le patrimoine discographique français reste fortement délaissé.
Un seul disque est référencé dans le catalogue de la bibliothèque nationale, aucun à la Médiathèque musicale de Paris. Aucun son n'est en ligne sur des sites d'institutions françaises. Sur les sites internationaux, rien sur Archive.org ni Discogs, une seule des quatre faces, la A du Prior, Les filles de Marseille, est en écoute sur YouTube. Clairement, d'un point de vue numérisation et valorisation, on ne traite pas le patrimoine enregistré aussi bien que tout ce qui est imprimé...
Heureusement, on trouve des informations sur la biographie et le parcours de Tramel, alias Félicien Martel (1880-1948), notamment chez Du temps des cerises aux feuilles mortes, où l'on apprend qu'il a enregistré 96 titres, dont 36 monologues et 60 chansons, parmi lesquelles J'ai ma combine et C'est pour mon papa de Georges Milton. Sa discographie complète a été publiée dans la revue Phonoscopies de Gérard Roig, mais malheureusement elle n'est pas reprise en ligne.
Tramel a également fait carrière au théâtre dans quelques comédies musicales, et surtout au cinéma, où il a principalement interprété, en muet et en parlant, de 1922 à 1934, le personnage d'Alfred Bicard dit Le Bouif. Notons que ce personnage du Bouif a été créé dans les pages du Canard enchaîné par Georges de la Fouchardière.
Les deux chansons de ce disque, orchestrées par Albert Valsien, sont légères et très réussies. En moins de 2'30, il y a beaucoup de paroles, que je retranscris ci-dessous, mais les situations sont exposées très rapidement et efficacement, et ensuite ça peut dérouler.
Que faire ?... Que faire ?..., sur des paroles de Georgius, détaille les affres d'un fiancé qui veut plaire à sa future belle-famille. Quand il se met à dérailler devant l'ampleur de la tâche ("Épouser l'contremaître qu'est enceinte d'une moto"), on touche presque au surréaliste.
Devinette musicale, est un exercice de style avec pour trame les dépenses d'un gars pour amener une fille dans son lit. Les paroles sont de Jules Combe et René Sarvil, et chaque couplet se termine par le nom d'un instrument. J'apprécie que d'autres références à des instruments se soient glissées plus discrètement au cœur des couplets : cinq balles, Saxe, corde, diapason.
Au bout du compte, j'ai fait avec ce disque une plongée agréable dans l'histoire de la chanson. Au point que j'ai quelques regrets, et j'essaierai sûrement de voir s'il reste quelques-uns des 78 tours que j'ai laissés lors de ma prochaine visite à Tours-sur-Marne.

Tramel... le Bouif : Que faire ?... Que faire ?....
Tramel... le Bouif : Devinette musicale.

Que faire ?... Que faire ?...
(Paroles de Georgius, Musique de Tremolo)

Je fais la cour à une jeune fille dont j'espère devenir l'époux
Je suis reçu par la famille, les parents sont gentils comme tout
Le père veut me vendre sa bagnole, la mère veut apprendre le piano
La bonniche a une envie folle de s'acheter une grosse moto
Le petit frère joue au ballon, la sœur aînée adore le melon

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je épouser la fille et racheter l'auto ?
Cultiver des pastèques, apprendre le piano ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je faire du football avec le petit Toto ?
Apprendre à la bonniche à monter en moto ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est trop, c'est trop, c'est trop

Au dîner de nos fiançailles, on m'a présenté les cousins
Ils font l'élevage de la volaille et la r'production des lapins
J'ai vu aussi la tante Charlotte, une folle qui joue du saxophone
Son mari qui fait la belote, et l'grand-père qui fait le Charleston
Mon sort je le sens dépend d'eux, ils m'observent et je suis anxieux

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je acheter la voiture, la bonne ou la moto ?
Cultiver des lapins qui apprendront l'piano ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je élever la tante qui joue du saxophone ?
Épouser une volaille qui fera le Charleston ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est trop, ma tête bouillonne

La situation se complique, car le père, un gros commerçant,
A son comptable qui trafique, sa caissière qui a deux amants,
Son contremaître qui pousse des plaintes parce qu'il perd la moitié de ses cheveux
La dactylo qui est enceinte et l'veilleur de nuit qu'est gâteux
Comme plus tard j'aurai la maison, il m'observe avec juste raison

Que faire ?... Que faire ?... Pour ne pas leur déplaire
Dois-je dénoncer l'comptable qu'a deux amants gâteux ?
Cultiver des volailles qui perdent leurs cheveux ?
Que faire ?... Que faire ?... Je voudrais tant leur plaire
Dois-je faire le Charleston, la belote ou l'piano ?
Épouser l'contremaître qu'est enceinte d'une moto ?
Que faire ?... Que faire ?... C'est fou, j'deviens dingo.

Devinette musicale
(Paroles de J. Combe et R. Sarvil, musique d'E. Gavel)

J'vais vous dire une histoire dans laquelle la musique termine chaque couplet avec un instrument.
Vous le devinerez.

Place de la République, je rencontre une jeune fille de 15 à 33 ans
Mais je me dis in petto, qui va sano va... piano

Après des pourparlers, dans un taxi j'l'emballe
Pour le 68 de la rue des Vertus
C'est un restaurant chic à prix fixe, cinq balles
D'où je croyais sortir tous les deux bien repus
Mais dans le fond de nos assiettes, on ne bouffa que des... clarinettes

Pour compléter l'menu, dehors je lui offre encore
Dix sous de cacahuètes chez un marchand de marrons
Une place à trois francs pour voir un film sonore
Mais elle dit, je ne suis pas bête à manger du thon
Puis après m'avoir dit, "Zut !"
Elle veut s'tirer des... flûtes

Je la r'pêche aussitôt et pour lui re-re-plaire
J'lui offre un p'tit café sur le zinc d'un bistrot
Puis, chez un fabricant de casseroles en terre
Un joli vase en porcelaine de Saxe [pour eau]
Mais elle demande au patron
"Voulez-vous m'indiquer où..." piston

Ça m'avait refroidi. Mais bientôt elle m'accorde
De venir avec moi jusque dans ma maison
Et comme, de son cœur, je crois toucher la corde,
Je mets le mien de suite au même diapason
En lui susurrant, mignonne,
Vraiment, vous êtes... trombone

Mais, quand ma dulcinée enfin se mit à l'aise
Quand je fis l'inventaire de ses trésors cachés
Je lui dis, non, c'est samedi, jour de semaine anglaise
Remballe ta marchandise, les bureaux sont fermés
Et je m'enfuis à mon tour
Sans trompette ni... tambour

16 septembre 2017

ROGER ZAMI - LES MAXELS : Salut champion


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 9 septembre 2017
Réf : RC 80 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : ROGER ZAMI : Salut champion -- LES MAXELS : Tumbélé -/- Biguine Roger Zami -Vini dansé tumbélé

Samedi dernier, la presse avait annoncé que les vinyls de l'Emmaüs de Tours-sur-Marne seraient de sortie, sûrement pour la première fois depuis juin dernier, quand j'avais acheté le 45 tours de Freddie Bell.
J'imagine que les voraces du disque piétinaient devant la porte bien avant l'ouverture. Pour ma part, je me suis assuré d'arriver tranquillement un quart d'heure plus tard. Évidemment, à cette heure les 33 tours étaient pris d'assaut, mais on pouvait encore se contorsionner pour accéder aux 45 tours.
L'ami Damien m'avait précédé, il a donc pu empocher le Lola des Kinks. Pour ma part, j'ai su que j'avais fait ma trouvaille du jour quand j'ai mis la main sur cette pochette très colorée, que j'ai vu qu'elle était du label Aux Ondes de René Célini, et, en la retournant, que Les Maxels étaient de la partie. Il y avait deux autres 45 tours Aux Ondes dans les bacs, qui venaient du même propriétaire, mais je les avais déjà : ils compléteront la collection de Philippe R.
Au bout du compte, j'ai trouvé aussi quelques autres 45 tours, deux 78 tours et deux CD intéressants. Bonne pioche, donc.

Je n'avais jamais entendu parler de Roger Zami, mais je me suis bien douté qu'il y avait quelque chose de particulier puisqu'il est précisé au dos de la pochette que Salut champion, le premier titre du disque, est une interview avec lui.
Une fois rentré à la maison, j'ai écouté le disque et j'ai cherché son nom en ligne, et j'ai appris que Roger Zami était un boxeur né en Guadeloupe en 1941, devenu champion de France en janvier 1970, c'est le moment où ce disque a été enregistré, puis champion d'Europe en février 1972.
Il a perdu son titre européen en octobre 1972 et disputé son dernier combat en août 1974. il est mort, "tragiquement", en novembre 1977. A Le Gosier en Guadeloupe, sa ville natale, la rue qui le longe et le stade municipal portent le nom de Roger Zami.
Il est assez attachant dans l'interview, avec des réponses sur un ton très posé aux questions du journaliste.


Roger Zami, champion de France de boxe, photo trouvée sur le site Boxing nazairien.

Je connais et j'apprécie Les Maxels depuis 2008, quand j'ai acheté en bas de chez moi leur excellent Désordre musical. Depuis, j'ai pu acheter plusieurs de leurs disques, dont Dansez Ou-Lé-Lé.
Le nom du groupe n’apparaît pas au recto de la pochette, et il est seulement en tout petit au dos, cela explique sûrement pourquoi ce disque n'est pas répertorié dans leur discographie, ni sur Wikipedia ni sur Discogs. Pourtant, en-dehors de l'interview, cet EP nous propose bel et bien trois excellents titres des Maxels, non édités par ailleurs.
Biguine Roger Zami est un titre hommage de circonstance, qui mentionne les exploits sportifs l'année précédente d'un autre guadeloupéen, Roger Bambuck. Musicalement, c'est très bien, avec un assez long solo de saxophone suivi d'une autre partie de cuivres.
Les deux autres chansons, Tumbélé (où il est question de rendez-vous au bar à Gégé) et Vini dansé tumbélé, sont, comme leur titre l'indique je suppose, des tumbélés, concoctés avec des ingrédients similaires : une rythmique basse et percussions implacable, autour de laquelle s'enroule  un tricot d'orgue, un chant entraînant, le saxophone en instrument principal, avec les guitares électriques qui ne sont jamais loin derrière, les deux instruments se relayant pour les solos.
Les Maxels ont enregistré plusieurs albums, notamment chez Debs. Chez Célini, ils ont sorti plusieurs 45 tours sous leur nom et ils ont accompagné plusieurs autres artistes. Il y a largement la matière pour produire une excellente compilation, rien qu'en se concentrant sur leurs premières années. Ça viendra peut-être...

A écouter :
Roger Zami : Salut champion (Interview).
Les Maxels : Tumbélé.
Les Maxels : Biguine Roger Zami.
Les Maxels : Vini dansé tumbélé.

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09 septembre 2017

AIMABLE : Tainted love


Offert par Dorian Feller à Villedommange le 26 août 2017
Réf : 101619 -- Édité par Vogue en France en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Tainted love -/- Radio Montmartre

Je sais comment l'ami Dorian s'est procuré ce disque qu'il m'a très gentiment offert : il est passé avant moi chez Hervé L. et s'est souvenu que je cherchais ce disque...
J'ai découvert l'existence de ce 45 tours et j'ai eu envie de me le procurer en voyant sa pochette très bigarrée dans les documents de communication de l'exposition sur La maison Vogue montée par Zebrock en 2011, présentée à Villetaneuse et puis à la Bibliothèque Nationale de France.
Je connais depuis longtemps les incursions d'Aimable dans les tubes new wave : j'ai chroniqué ici il y a quelques années sa version de Main dans la main d'Elli et Jacno.
C'était une pratique répandue : Aimable a pendant très longtemps fait la promotion du catalogue de son label Vogue avec ses versions instrumentales à l'accordéon et à l'orgue. Dans les années 1960, il reprenait notamment Françoise Hardy. En 1981, sur son double album 28 tubes qu'on avait à la maison, outre Elli et Jacno qui étaient chez Vogue, il y avait Food (for thought), le tube d'UB 40, diffusé en France par... Vogue. Et la semaine dernière, j'ai réussi à ne pas ramener à la maison, même s'il ne coûtait qu'1 €, un autre double album d'Aimable de 1981 (!), 28 tubes pour le plaisir, sur lequel on trouvait Stop the cavalry de Jona Lewie, un grand succès de Stiff Records sorti en France par Vogue.
Et, on en vient au disque qui nous intéresse aujourd'hui, Aimable a publié, toujours en 1981 mais sur un 45 tours hors album, sa version de Tainted love.
On a déjà eu l'occasion d'en parler ici, on sait que la version originale de Tainted love est due à Gloria Jones, en 1965. Mais parfois une reprise est tellement réussie qu'elle vampirise en quelque sorte la chanson originale. C'est le cas avec la version par Soft Cell de Tainted love, surtout dans la version maxi enchaînée avec Where did our love go ?, qui pour moi comme pour beaucoup d'autres je pense est la version de référence.
Le disque de Soft Cell est paru sur le label indépendant  anglais Some Bizarre, qui avait un contrat de licence pour la France avec  le label indépendant Celluloïd qui, quand les ventes ont décollé après la sortie initiale du maxi, a fait appel à son partenaire Vogue pour diffuser largement ce disque.
L'intro de la version d'Aimable de Tainted love est frappante : on a l'impression que c'est celle du disque de Soft Cell. Ça change après, cependant, il y a beaucoup de cuivres, auxquels se mêlent l'accordéon et du synthé.
J'ai été surpris de découvrir que c'est un autre vétéran de la Radio Primitive, Golgoth The Mod, qui a mis ce titre sur YouTube. Mais après tout, Tainted love est un classique du Northern soul, et cette version lui fait honneur.
Changement d'ambiance en face B avec Radio Montmartre et du vrai musette. Ce n'est pas précisé, mais il s'agit sûrement d'une composition réalisée pour la toute jeune radio libre Radio Montmartre, un jingle ou un indicatif d'émission : il y avait beaucoup d'accordéon au programme et Aimable lui-même intervenait à l'antenne.
Le titre est co-signé Aimable et Maurice Larcange, un autre grand nom de l'accordéon, dont le père, Emile Larcanché, professeur de musique réputé, a justement eu Aimable pour élève !
Merci encore à Dorian pour ce cadeau. J'en viens presque à regretter que ce disque n'ait pas pu figurer pas dans ma Discographie personnelle de la New Wave !

03 septembre 2017

GOGUIN HOUNZINMÈ et son ensemble folklorique LE "ZINLI" D'ABOMEY : Mi djè midé si


Acquis chez Hervé L. à Épernay le 24 juillet 2017
Réf : MFD n° 24 -- Édité par Les Impressions Sonores du Bénin au Dahomey entre 1960 et 1975
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Mi djè midé si -/- Adjanou hla

J'ai ramené ce disque de chez Hervé, comme le Marie-Josée et Roger Clency. C'est le seul disque africain du lot. Il doit être relativement rare : il y a bien vingt disques des Impressions Sonores du Bénin répertoriés sur Discogs, parmi lesquels je repère le nom d'El Régo, que je connais depuis seulement quelques mois, mais ce 45 tours de Goguin Hounzinmè n'y figure pas. Et d'ailleurs c'est bien simple, je ne trouve en ligne aucune référence à Goguin Hounzinmè !
L'adresse du label à Cotonou est donnée au dos de la pochette comme étant située en République du Dahomey, le nom officiel de l'actuelle République du Bénin de 1960 à 1975. Le disque doit donc dater de cette période et, au vu de la typographie sur l'étiquette en papier, je dirais plutôt de la fin des années 60-années 1970.
Il est clairement indiqué que l'on a affaire à de la musique folklorique. Le nom de l'ensemble, Le "Zinli" d'Abomey, nous renseigne sur le style musical. En effet, le zinli est un rythme traditionnel exécuté à l'origine lors de funérailles. Mais il a évolué et a acquis un caractère plus festif.
D'un point de vue musical, je cite le site Tourisme Bénin, "Le Zinli se joue avec les Kpézin qui sont des tam-tams ayant deux formes nuancées par la taille : Kpézinnon et Kpézinvi. On leur associe un vase tambour ayant donné son nom au rythme : Zinli. Tout cela se fait accompagné des sons de gongs, de hochets et battements de mains soutenus par des chants et danses.".
Si vous voulez voir comment on joue du zinli, regardez sur cette vidéo comment les musiciens jouent du vase tambour marqué "Zodji".
Depuis les années 1980, le zinli dit "rénové" a connu une grande popularité grâce au "roi" Alekpehanhou, dont je vous propose de regarder la vidéo pour la chanson Awo mèwito.
J'imagine assez bien que, en son temps, Goguin Hounzinmè était le roi du zenli traditionnel. En tout cas, je remarque que les deux faces du 45 tours, Mi djè midé si et Adjanou hla, sont construites de la même façon que le morceau d'Alekpehanhou : une première partie avec de la voix seule, avec ou sans choeurs, avant que les instruments n'entrent dans la danse.
Si quelqu'un en sait plus sur Goguin Hounzinmè, qu'il n'hésite pas à partager ses informations en commentaire. En attendant, je vous propose d'écouter ci-dessous les deux faces du disque.

Goguin Hounzinmè : Mi djè midé si.
 Goguin Hounzinmè : Adjanou hla.
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02 septembre 2017

WILSON PICKETT : I found a true love


Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 13 août 2017
Réf : 650 114 -- Édité par Stax en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : I found a true love -/- For better or worse

Il y a des brocantes sur le Jard à Épernay tous les mois, voire même tous les quinze jours à certaines périodes de l'année, mais la plupart du temps elles ne rassemblent que la même grosse poignée de vendeurs professionnels locaux, et sont donc de peu d'intérêt. Mais, une ou deux fois par an, notamment à la mi-août, il y a un événement plus important, avec des vendeurs venus de plus loin, et là il y a parfois la possibilité de faire une bonne affaire.
C'est ce qui m'est arrivé le mois dernier, où j'ai acheté des disques intéressants sur quatre stands, dont celui-ci à un pro du disque arrogant, qui avait des disques très chers, mais aussi une boîte à 1 €, la seule que j'ai regardée, où j'ai bizarrement trouvé le 45 tours 2 titres "juke-box" de L'eau à la bouche de Gainsbourg, le Save me de Julie Driscoll & Brian Auger et ce 45 tours de Wilson Pickett.
Celui-là, je sais pourquoi il n'était "qu'à" 1 € : le disque est en bon état, mais il n'y a que la moitié de la pochette papier, le recto heureusement, qui a été collée sur celle d'un disque publicitaire largement diffusé, que j'ai peut-être bien quelque part, le Cosmos 70 de Grundig.
Comme beaucoup de disques Stax ou Atlantic diffusés par Barclay à cette époque, celui-ci porte le tampon de Rhythm and Blues Formidable, une excellente collection, mais les disques qu'elle contient ne sont malheureusement pas tous essentiels : j'ai récemment été déçu par le Born again de Sam and Dave, dont la photo de pochette était pourtant très sympathique.
Sur ce titre, la discographie de Wilson Pickett peut être piégeuse de prime abord.
En effet, il a sorti en 1967 sur 45 tours Atlantic 45-2394 et sur l'album The sound of Wilson Pickett la chanson I found a love, de Robert West, Willie Schofield et Wilson Pickett. Cette chanson, un slow, est très bien, mais elle n'a rien à voir avec celle qui nous intéresse aujourd'hui.
En effet, l'année suivante, Wilson Pickett a sorti sur 45 tours Atlantic 45-2558 et sur l'album The midnight mover la chanson I found a true love de Reggie Young et Bobby Womack, diffusée en France sur ce 45 tours à la pochette jaune (alors que l'album, lui, n'est pas sorti chez nous à l'époque).
Donc, I found a true love est co-signé par Bobby Womack. Je ne le savais pas avant, mais Pickett a contribué à faire reconnaître Womack comme compositeur en enregistrant dix-sept de ses chansons, de 1966 à 1968, à Memphis et Muscle Schoals. Ces chansons viennent justement d'être rassemblées pour la première fois sur la compilation Wilson Pickett sings Bobby Womack, éditée par Ace cet été.
Sur l'album The midnight mover, produit par Tom Dowd, c'est carrément six des onze titres qui sont co-écrits par Womack. Certains sont des originux, d'autres sont des reprises. C'est le cas de I found a true love, parue initialement en 1965 en face B d'un 45 tours de Bobby Womack of The Valentinos. La version originale est excellente. La version Pickett est meilleure encore, un rhythm and blues d'anthologie, avec une très bonne partie de guitare électrique et la puissance de la voix qui emporte tout.
La face B, For better or worse, qui est aussi sur l'album, est très bien également. C'est un slow blues marqué par des choeurs aux accents gospel.




Le verso de la pochette, que je n'ai pas, avec un supplément de gommettes.