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21 avril 2017
JEAN CONSTANTIN : Tango de l'esquimau
Acquis d'occasion probablement dans la Marne vers le début des années 2000
Réf : EPL 7 617 -- Édité par Vogue en France en 1959
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Che sbadato -- Le tango de l'esquimau -/- Le cha cha de Charley -- Comment voulez-vous ?
Dimanche dernier, à l'invitation de Papy Bam, je me suis rendu à Lille pour participer à son émission Bam Balam sur la radio RCV.
En chemin, j'ai fait quelques étapes suivant la brocacarte du jour et, comme l'âne qui change de pré, j'ai constaté que l'herbe dans les Hauts de France n'était peut-être pas meilleure, mais à tout le moins différente, ce qui m'a permis de faire quelques achats intéressants.
Parmi ceux-ci, j'ai acheté à Cambrai à un brocanteur qui avait quelques disques sur son stand deux 45 tours, My way / Angel of the morning de Nina Simone, que je pensais déjà avoir, mais non, mais qui n'est pas très emballant, et une "pièce", la bande originale du film Les quatre cents coups de François Truffaut :
Le disque et sa pochette sont en bon état. Il y a encore peu, je ne m'y serais guère intéressé, mais j'ai récemment visionné pour la première fois (et apprécié) la série des Antoine Doinel et là, à cinquante centimes, je n'allais pas laissé passer l'occasion.
Cette musique composée et dirigée par Jean Constantin vaut surtout par son thème principal, qu'on retrouve à plusieurs reprises dans diverses orchestrations sur ce disque.
Il est à noter que, dans le chapitre Musique et chansons de l'exposition virtuelle Truffaut par Truffaut de la Cinémathèque française, Truffaut regrette amèrement son choix de compositeur pour ce film : "Pour Les 400 coups, j'ai commis la sottise de faire appel à un compositeur de chansons, Jean Constantin. Tout le monde a dit : « Ah ! la musique des 400 coups est merveilleuse », alors que tous les gens qui s'y connaissent un peu, et surtout les musiciens, étaient indignés, et ils avaient absolument raison. Quand je revois le film, j'entends toutes les fausses notes, tous les contresens. C'est une musique désinvolte et bâclée, qui souvent abîme l'image. Sur le vol de la machine à écrire, il y a une musique de jazz absolument déplacée. D'ailleurs, le jazz est presque toujours inadéquat dans les films, parce qu'il fausse les durées. Privée de ligne mélodique, votre image double de longueur. Je suis convaincu que toute musique improvisée devant l'image est une chose néfaste, à rejeter, sauf si le film est purement décoratif, comme Sait-on jamais de Roger Vadim.".
Truffaut n'est pas tendre, et en profite pour donner au passage un coup de griffe à Vadim. Quoi qu'il en soit, je m'apprêtais à chroniquer ce 45 tours quand je suis tombé sur cet extrait de l'émission Discorama du 5 juin 1959 :
Et là, je suis tombé de ma chaise. Constantin joue au piano l'air des Quatre cents coups, mais c'est une version chantée. Il y a bien une plage intitulée Comment voulez-vous ? sur le 45 tours de la BO, mais elle est instrumentale. Là, c'est une version pleine d'émotions, avec un Constantin qui s'excuse presque de son interprétation ("Je préfère la chantonnner").
Un document précieux. Dommage qu'on n'ait pas dans cet extrait en ligne l'entretien avant et après la chanson, on aurait pu y glaner des informations précieuses.
Je me suis mis aussitôt en quête d'un enregistrement chanté sur disque. J'ai vite vu qu'on trouvait Comment voulez-vous ? par Jean Constantin sur une compilation de Chansons..., sur un 25 cm en public A Bobino, mais il m'a fallu plus d'une demi-journée pour découvrir que j'avais depuis une bonne quinzaine d'années dans mes étagères ce 45 tours de Jean Constantin, son troisième paru chez Vogue, sur lequel on trouve la publication originale de Comment voulez-vous ? !
Je me souvenais pourtant très bien de ce disque, avec sa pochette très réussie où il est transformé en otarie par (j'ai eu du mal à déchiffrer la signature mais j'ai réussi) Georges Bastia, qui s'était spécialisé dans le Zoo des vedettes.
Quand je l'avais acheté, je m'attendais à quelque chose à la Dario Moreno, pas seulement à cause de la ressemblance physique, mais Constantin n'était pas que fantaisiste, il est aussi l'auteur, entre beaucoup d'autres, de Mon manège à moi.
J'avais en tout cas été agréablement surpris à l'écoute de ce disque et je l'ai ressorti plusieurs fois depuis, en hésitant à le chroniquer ici. Simplement, ne connaissant pas le film, et n'ayant pas vu l'extrait de Discorama, j'avais oublié le lien avec Les quatre cents coups.
Jean Constantin présente en quelques mots les chansons au verso de la pochette. Il est clair encore une fois qu'il a interprété Comment voulez-vous ? à regret : "Comment voulez-vous ? est une chanson que je ne devrais pas chanter moi-même mais comme les autres n'en veulent pas non plus, je l'ai donnée à François Truffaut pour son film Les quatre cents coups".
La version en studio de cette valse lente est complète. Elle est très bien, mais je lui préfère la version télévision.
Le vœu de son auteur a finalement été réalisé puisque, avec le succès du film de Truffaut, au moins trois chanteuses ont enregistré Comment voulez-vous ? en 1959, Juliette Gréco, Colette Renard et Paola.
L'autre titre de la face B est la chanson d'un autre film de 1959, La marraine de Charley, une pochade avec Fernand Raynaud. Le cha-cha charleston que Constantin a composé pour l'occasion est au diapason.
Sur la face A, Constantin a adapté en français deux chansons.
Che sbadato a été enregistré à l'origine en 1958 par les italiens I Campioni. Quant au Tango de l'esquimau, également interprété un peu plus tard par Petula Clark, la version originale date de 1955. Elle était interprétée par Alma Cogan sous le titre Never do a tango with an eskimo.
Il existe des rééditions CD pas chères des chansons de Jean Constantin, mais je n'ai trouvé en ligne qu'un seul de ces quatre titres pourtant désormais du domaine public.
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