Pages

08 février 2014

DEVO : The day my baby gave me a surprize


Acquis probablement à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1979
Réf : 2097 993 -- Edité par Virgin en France en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The day my baby gave me a surprize -/- Penetration in the centrefold

Je me suis intéressé à Devo en 1978, après avoir lu des articles sur eux dans Best et Rock & Folk, et surtout après les avoirs vus un dimanche midi dans Chorus. J'ai donc acheté mes premiers disques d'eux, Q : Are we not men ? A : We are Devo ! et Satisfaction un peu de temps après leur sortie. Mais pour la suite, que j''attendais de pied ferme, il m'a fallu patienter. Dans mon souvenir, l'attente a été longue, mais en fait il ne s'est passé que quelques mois avant que le deuxième album, Duty now for the future, ne s'annonce, et il a même été précédé de six semaines par ce premier extrait en single. J'avais donc du nouveau Devo à me caler entre les oreilles à peine le bac français passé. Je crois me souvenir qu'on l'a écouté un après-midi d'été chez Pascal P. à La Croix Jean-Robert.
A l'époque, je trouvais que ce 45 tours revêtait une certaine aura de mystère. Près de trente-cinq ans plus tard, ce mystère est loin d'être dissipé et ce disque m'intrigue toujours !
Prenons la photo de pochette d'abord. Certes, elle n'est peut-être pas aussi bizarre que celle de Satisfaction, mais quand même. Qu'est-ce qu'ils font assis sur ce lit (d'une chambre d'hôtel ?), ce mec habillé en pantalon de tergal et chemisette et cette nana avec la robe relevée sur les cuisses ? Et pourquoi ces masques rigolards ? On ne serait pas surpris qu'il y ait du sexe joyeux dans l'air...
Bon, maintenant la chanson. J'ai eu un peu tendance à l'oublier au fil des années, mais il y a encore de vrais sons de guitare sur Duty now for the future, et The day my baby gave me a suprise est l'une des chansons qui a un bon gros son de guitare saturée en arrière-plan. Elle a surtout un rythme biscornu très surprenant, qu'on doit sûrement à feu le batteur Alan Myers. Autre particularité pour un disque visant les passages en radio et les hit parades, les paroles du refrain consistent uniquement en "Whaou, hou hou hou, hou hou hou". Pas facile de faire un tube de l'été avec ça ! On se concentre donc sur les paroles des couplets, et là encore c'est très mystérieux. Ainsi donc, le narrateur a reçu un message de sa chérie, griffonné sur son lit d'hôpital, elle annonce qu'elle va quitter sa chambre toute blanche et froide, revenir vivre avec lui, et à nouveau le regarder. Il est aussi mentionné que, le visage tremblant, elle essaie d'ouvrir les yeux. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais analysé les paroles à ce point et je m'étais toujours demandé ce que pouvait être cette surprise. J'avancerais bien l'hypothèse que c'est le fait qu'elle puisse à nouveau voir. Pendant des années, à cause de la vidéo (vue guère plus d'une fois à la télé au moment de la sortie du disque), qui montre les membres du groupe se passer un bébé de main en main, avant de l'envoyer en l'air pour qu'il retombe dans une piscine gonflable, j'ai pensé que la surprise c'est que la chérie est enceinte, qu'il y a eu un "accident heureux", comme dans la chanson de Martin Circus. Je me plantais, bien sûr. Le WikiDevo avance que cette chanson continue l'histoire de Space junk sur le premier album. Je pense qu'il se plante aussi. S'il y a un rapport avec une chanson précédente de Devo, je voterais clairement pour Sloppy (I was my baby gettin'), la face B de Satisfaction, aussi présente sur le premier album : la chérie a acheté une voiture la veille, qui ne l'a pas menée loin car elle a "raté le trou". On aurait les suites de l'accident dans The day my baby gave me a surprise... Je trouve que ma théorie se tient ! Il y a aussi une référence qui semble bien vue, trouvée chez SongMeanings, aux paroles de St James Infirmary de Louis Armstrong : "I went down to St.James Infirmary, Saw my baby there, She was stretched out on a long, white table".
Pour Penetration in the centrefold, même sans comprendre les paroles, on savait d'emblée que le sexe était bien présent. C'est plutôt le "centrefold" qui posait question. Je ne savais pas que cette "pliure centrale", c'est la page centrale d'un journal ou d'une revue et que, par extension, c'est aussi la photo de fille à poil que les magazines érotiques avaient pris l'habitude d'y mettre. La chanson a été inspirée à Devo par un numéro de Hustler, qui a été le premier de ces magazines à grande diffusion à y faire figurer une pénétration. La chanson vaut surtout pour la façon qu'a Mark Mothersbaugh de hurler "Penetration !" sur le refrain. Elle a été enregistrée pendant les sessions pour le premier album à Cologne.
Si Devo a tourné une vidéo pour The day my baby gave me a surprise, projetée dans certains concerts, ils n'ont jamais interprété ce titre sur scène. Il existe par contre une version démo, publiée sur Recombo DNA, qui est très bonne, et peut-être même supérieure à la version officielle. Pour ma part, j'ai quand même un excellent souvenir de cette chanson en concert, grâce à l'excellente version qu'en ont donné Dogbowl et Poney à La Comédie de Reims le 22 février 2002.




Devo dans l'émission de télé allemande Rock Pop le 13 octobre 1979.

4 commentaires:

  1. Bon d'avance excuse moi mais qd même je ne peux pas résister: quelles sacrés têtes devo! Je suis condamné à ne pas commenter les 10 prochains posts? Ph

    RépondreSupprimer
  2. Là, je reste sans voix ! Tu éclaires tout le concept de la dé-évolution. Sommes-nous des hommes ? Nous sommes des veaux ! D'une évidence folle.

    RépondreSupprimer
  3. Plus je repense à ce (pas si mauvais) jeu de mots, plus je me dis qu'on l'a déjà fait à l'époque, nous les fans de base ou les journalistes. Et je vois en ligne, que le Dr Faustroll l'a inscrite dans son blog en 2010, en omettant comme moi de transposer la forme interro-négative : "Ne sommes-nous pas des hommes ?".

    RépondreSupprimer
  4. Enorme. je ne connaissais pas ce titre. Faut dire qu'à part le premier album et quelques titres par ci, par là, je n'ai jamais vraiment fouillé la disco. Chronique super sympa, comme d'hab.
    Thanx.

    RépondreSupprimer