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27 octobre 2013
BAKERSFIELD BOOGIE BOYS : Okie from Muskogee
Acquis chez Parallèles à Paris probablement à la fin des années 1980
Réf : RNEP 507 -- Edité par Rhino aux Etats-Unis en 1980
Support : 33 tours 30 cm
Titres : Okie from Muskogee -- Get off my cloud -/- I get around -- Flying tigers
Bakersfield Boogie Boys est un groupe éphémère et mystérieux, apparu en 1979 sur le légendaire Devotees album, édité par Rhino Records, qui compilait des reprises de Devo envoyées par des auditeurs de la station KROQ FM. Enfin, des reprises de Devo, à l'exception justement de la contribution des Barkersfield Boogie Boys, qui était une reprise du Okie from Muskogee de Merle Haggard, interprétée en pastichant parfaitement le style de Devo, à tel point que, comme il est indiqué dans les notes de pochette de ce maxi, la rumeur a couru qu'il s'agissait bel et bien de Devo sous pseudonyme.
Ce n'était apparemment pas le cas, en tout cas c'est ce qu'affirme Rhino Records, qui a publié quelques mois plus tard ce seul et unique disque des Bakersfield Boogie Boys, groupe constitué de trois petits gars de Bakersfield, Billy Joe Conrad (basse), Jimmie Lee Grabert (guitare) et Gary Hoffmann (batterie). Et peut-être bien que, même s'ils apparaissent masqués sur la pochette, tout ça est vrai et que ce sont leurs vrais noms. En tout cas, j'ai trouvé la trace du batteur Gary Hoffman, qui était membre de Big Daddy, un groupe justement spécialisé dans les reprises (des titres contemporains des années 1980 joués façon fifties), qui enregistrait aussi chez Rhino. En fait, les BBB ont enregistré leur disque dans le studio ouvert par Bob Wayne, l'un des membres de Big Daddy.
On retrouve ici l'excellente version d'Okie from Muskogee, ce fameux tube anti-hippie de Merle Haggard, écrit en soutien aux combattants américains au Vietnam, que j'adapterais bien en français en Pécore du Périgord !
On trouve ensuite deux autres reprises, chantées par une invitée, Shari Famous, et là l'inspiration n'est plus tant Devo que, clairement The Flying Lizards, tant le "chant", plutôt parlé qu'autre chose, distancié et monocorde, est calqué sur celui de Deborah Evans-Stickland pour The Flying Lizards. Je ne dirais pas que la version de Get off my cloud est mauvaise, mais elle ne fonctionne pas car il ne reste pas assez de ce qui accrochait dans la chanson originale des Stones. Par contre, la version d'I get around des Beach Boys est excellente, et là on croirait vraiment avoir affaire à un titre perdu des Flying Lizards.
L'unique chanson originale du disque, Flying tigers, laisse plus transparaître d'autres influences citées par le groupe (Vanilla Fudge, Frank Zappa), avec quand même un son new wave marqué. C'est agréable, mais loin d'être renversant, et ça explique peut-être pourquoi le groupe n'a pas persévéré au-delà de cet énigmatique maxi.
On peut télécharger ce disque chez Wiel's Time Capsule.
18 octobre 2013
JULIAN COPE : Trampolene
Acquis chez Rough Trade à Londres le 24 avril 1987
Réf : ISW 305 -- Edité par Island en Angleterre en 1987 -- n° 006257
Support : 33 tours 17 cm
Titres : Trampolene -- Disaster -/- Mock turtle -- Warwick the kingmaker
J'ai déjà eu l'occasion de raconter comment, le 23 avril 1987, avec Philippe R., nous avons été placé devant un choix cornélien : aller voir comme prévu Julian Cope en concert au Town and Country Club à Kentish Town, ou aller à quelques centaines de mètres de là au concert "secret" de Felt sous le nom de Scarlet Servants, avec Momus en première partie. Nous avions maintenu notre projet d'aller voir Cope, sachant que, dès le lendemain soir, nous avions la possibilité de voir Felt en tête d'affiche, au King's College, avec House of Love et The Wishing Stones en première partie. Avant ça, avec Philippe, nous avions passé une bonne journée ce 24 avril 1987, en partie à faire du shopping dans le quartier de Notting Hill. Au rayon collector du Record & Tape Exchange, nous avions eu la bonne surprise de tomber nez à nez avec Monsieur Lawrence et nous étions ressortis de Rough Trade avec chacun un exemplaire de ce 45 tours de Julian Cope en édition limitée et numérotée.
Comme c'était l'habitude chez Rough Trade, il était vendu strictement au prix habituel de l'époque d'un 45 tours, soit 1,75 £. Ce qui est plus surprenant, c'est que Rough Trade en ait eu encore en stock. J'ai vérifié et revérifié, et ce single est bel et bien sorti en janvier 1987, pour annoncer en mars la sortie de l'album Saint Julian. Trois mois après, ces "collectors" auraient dû s'être volatisés depuis longtemps, et d'ailleurs, un nouveau single, Eve's volcano, était déjà sorti. L'explication tien peut-être au fait que Trampolene a succédé au single World shut your mouth (à ne pas confondre avec le premier album solo de Cope, qui porte le même titre), un vrai tube, sa meilleure vente en solo. Et si l'album ensuite s'est bien vendu lui aussi, Trampolene et Eve's volcano se sont eux plantés tous les deux. Et, comme Island avait inondé le marché de multiples éditions du single (45 tours "normal", le même avec pochette ouvrante, maxi-45 tours "normal", le même en version remixée, et donc ce 45 tours 4 titres en édition limitée), ça explique peut-être pourquoi il en restait encore lors de notre séjour. Ou, pour être plus précis, comme Philippe s'en souvient, on a sûrement eu la chance de tomber un jour où Rough Trade venait de recevoir quelques exemplaires de ce disque retrouvés dans un coin ou un autre.
Pour cette édition spéciale, Cope et son manager Cally, s'en sont une fois de plus donné à coeur joie pour l'emballage. Il y a une sur-pochette cartonnée, une enveloppe du type de celles utilisées par les labels pour envoyer leurs disques promo par la poste. A l'intérieur, on trouve le disque dans sa pochette. Il y a bien eu une pochette imprimée pour certains exemplaires de cette édition référencée ISW 305, mais Island a peut-être quand même cherché à faire des économies car mon disque est lui inséré dans une pochette du 45 tours simple IS 305. On trouve aussi dans l'enveloppe un "display poster", comme ceux qui pouvaient être envoyés aux disquaires pour afficher dans leurs boutiques mais, c'est le seul raté du projet, ce poster imprimé en noir et blanc sur du papier journal est vraiment moche.
Dans son livre Repossessed, Julian Cope explique qu'il est tombé un jour sur une cassette avec la démo d'une chanson, enregistrée un an plus tôt, qu'il avait complètement oubliée. Cope est enthousiaste et lyrique à propos de cette démo "extraordinaire — comme un train rapide avec une barbe de ZZ Top". Il mentionne Chuck Berry, Dolly Parton et 13th Floor Elevators. Idem pour la version studio, qu'il décrit notamment comme "une version cosmique du rock sudiste américain".
Je n'ai pas eu l'occasion d'entendre la version démo, mais pour ce qui concerne la version album, l'enthousiasme de son auteur me parait un petit peu exagéré quand même. Certes, c'est une bonne chanson, bien rock, mais la production eighties à fond est dure à digérer et la chanson est bien moins accrocheuse que World shut your mouth. C'est ce titre qui a été choisi pour ouvrir Saint Julian, mais il contribue à faire que je préfére la face B du disque à la A.
Les trois autres titres sont ceux qu'on trouvait sur le maxi 45 tours. Disaster est un bon exemple de chant de marin électrique et épique, mais je préfère encore la face B de ce disque.
Mock turtle (je ne sais pas si cette fausse tortue fait référence à la fameuse coquille portée par Cope sur la pochette de son album Fried en 1984) est la grande bonne surprise du disque. Le son est dépouillé et on croirait être revenu au premier album solo, voire même aux faces B de Sunshine playroom. Superbe.
Il y a aussi un petit côté folk à Warwick the kingmaker, un titre sur lequel Cope doit être seul ou presque, car Julian est crédité à la batterie et Double De Harrison (un de ses pseudonymes) l'est au piano.
Les trois faces B figurent sur le CD rajouté à la dernière édition en date de Saint Julian.
Julian Cope, Trampolene, en direct dans l'émission The Tube, en 1987.
11 octobre 2013
MIRÓ : Greetings from the Goldborne Rd
Acquis chez Gilda à Paris le 21 septembre 2013
Réf : SH 30008 -- Edité par Secret Heart en Angleterre en 1990
Support : 33 tours 17 cm
Titres : Urban dreaming -- The new American -/- I breathed out -- Primrose Hill
J'ai acheté ce 45 tours parce qu'il respirait la sympathie, et je le chronique parce qu'il est éminemment sympathique !
Comment a-t-on l'impression chez un disquaire qu'un disque est "sympa", sans l'écouter ? Eh bien, en voyant sa pochette bricolée (des feuilles de calque sérigraphiées collées sur une pochette blanche, passées individuellement au feutre fluo, avec même rajoutée au dos une image originale d'album à collectionner), en lisant le texte au dos (disque auto-produit, enregistré en direct - et en extérieur, apparemment, en fin d'après-midi par une belle et chaude journée de printemps), avec aussi la mention "On espère que ce disque vous plaira, ainsi que l'esprit dans lequel il a été fait". Et la bonne nouvelle, une fois que le disque est posé sur la platine, c'est que c'est effectivement le cas !
Les chansons sont agréables, dans une tonalité acoustique, avec une formation originale (guitare et percussion, mais aussi violon, violoncelle et clarinette). On pense à des collectifs comme The Band of Holy Joy ou, pour traverser l'Atlantique, Poi Dog Pondering. Tout me plait ici, avec une préférence pour Primrose Hill et Urban dreaming.
Je n'avais jamais entendu parler de ce groupe anglais Mirò (sur le coup, j'ai pensé un instant avoir affaire à un disque du chanteur français Miro) formé autour du guitariste-chanteur-compositeur Roddie Harris. Ils ont pourtant été actifs pendant plusieurs années. En lisant dans les notes de pochette que ce disque était leur "debut EP", j'ai pensé qu'il s'agissait de leur toute première parution, mais apparemment, ils avaient sorti juste avant un premier album, Angel N1 (décidément, ils étaient fascinés par le Nord de Londres : Goldborne Rd, Primrose Hill, Angel...). Dans leur discographie, on trouve deux autres singles et deux autres albums, dont The grain of the voice, sorti en 1992, qui se trouve contenir des versions studio, pas mauvaises mais perdant un peu de leur fraicheur, des quatre titres de cet EP. Ce sont ces versions de Primrose Hill, I breathed out et Urban dreaming qu'on peut écouter actuellement sur Youtube.
04 octobre 2013
RENATO CAROSONE ET SON SEXTETTE : Caro caro Carosone !
Acquis sur le vide-grenier de Bisseuil le 29 septembre 2013
Réf : 430.712 BE -- Edité par Philips en France vers 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Rusticanella -- Giacca rossa -/- Les pêcheurs de perles -- Bernardine
J'ai acheté ce disque sur le deuxième vide-grenier de l'année à Bisseuil, dans un lotissement, à un couple de personnes suffisamment âgées pour que je sois sûr qu'il s'agissait de leur propre disque.
C'est Thierry, de La Poissonnerie et de Fall Of Saigon (entre autres), qui m'a fait écouter pour la première fois Renato Carosone, en 2010, au moment de l'Estourdisco. Depuis, c'est le troisième EP de Carosone, pianiste et chef d'orchestre, que j'arrive à trouver. Sur le premier, on y trouvait justement le titre que Thierry m'avait fait écouter, Ciribiribin, un bon exemple de ce qui le distingue d'un autre italien à succès des années 1950, Marino Marini, avec qui il a beaucoup en commun, notamment une grande qualité d'interprétation et tout un pan de répertoire. Chez Carosone, ce qu'il y a en plus, c'est de l'humour, parsemé dans ses enregistrements, ce qui se traduisait là par des voix accélérées façon canard.
J'avais failli chroniquer ce disque ici au moment de son achat, avant de le remiser, je ne sais pas trop pourquoi, d'autant qu'il contenait aussi une bonne version de Bambino, mais la pochette était vraiment quelconque.
Celle de ce Cher Cher Carosone !, leur premier disque sorti en France chez Philips (les précédents l'étaient chez Pathé), est déjà beaucoup plus sympathique, et surtout, il comporte deux très bons titres.
Giacca rossa et Les pêcheurs de perles, sur un thème de Bizet, sont des chansons de bonne facture, mais sans surprise. Par contre, Rusticanella (reprise dans les années 1970 par... James Last !) est une marche endiablée, marquée par la présence incongrue d'une cornemuse. Et la perle des perles, c'est le dernier titre, Bernardine, écrit par Johnny Mercer et popularisé notamment par Pat Boone. J'ai d'abord noté le jeu excellent et surprenant de guitare, avec des passages très brusques de l'aigu au grave. Apparemment, le guitariste soliste du sextette de Renato Carosone à cette époque était Raf Montrasio, qui a joué un grand rôle dans son pays pour le développement de la guitare électrique, et je ne suis pas surpris de lire qu'il était fan de Duane Eddy et Les Paul. Mais ce n'est pas tout : cette fois-ci pas de manipulation sonore pour le chant, simplement il est dans un style... canin (pensez aux Chiens Chanteurs et au Casio Dog Band), qui ne peut que déclencher l'hilarité, au moins par effet de surprise.
L'humour de Carosone n'a pas échappé à Boris Vian : il a adapté l'un des plus grands succès de Carosone, Tu voa fa l'americano (Tu veux faire l'américain). Ça a donné Tout fonctionne à l'italienne sur un EP crédité Fredo Minablo et sa Pizza Musicale (alias Freddy Balta et André Popp) !