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06 février 2011
LOU REED : Rock and roll heart
Acquis à la Petite Boutique Primitive à Reims à la fin des années 1980
Réf : AL 4100 -- Edité par Arista aux Etats-Unis en 1976
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Pour ce qui concerne Lou Reed, mon parcours a commencé avec Street hassle. Ensuite, j'ai refait en partie le chemin à l'envers en m'intéressant au tube Walk on the wild side, au live électrique Rock and roll animal, deux disques que pas mal de copains avaient, tout comme Berlin, que les critiques recommandaient fortement, à tel point que le disque m'a relativement déçu. Les critiques insistaient beaucoup sur le Velvet Underground, que j'ai découvert avec bonheur, et même sur Metal machine music, que j'ai commis l'erreur de m'offrir à un prix déjà collector, pour fêter la réussite à un examen je crois, et que je ne regrette absolument pas d'avoir revendu très rapidement, sauf que j'aurais dû essayer d'en tirer un meilleur prix.
Pour ce qui concerne Rock and roll heart, nos routes ne s'étaient jamais croisées jusqu'à ce jour de 1988 ou 1989, quand j'ai entendu le morceau-titre de l'album, avec le riff de guitare saturée et le piano en intro, la voix si particulière de Lou Reed et l'orgue sur le refrain. Et je me suis dit : "Mais c'est dingue, on dirait un extrait de The pictorial Jackson Review de Felt !".
Coup de chance, quelqu'un a mis en vente peu de temps après à La Primitive un exemplaire en pressage américain de l'album, en parfait état et pas trop cher. Je ne l'ai pas laissé passer...
Le morceau Rock and roll heart, le seul 45 tours extrait de l'album (ça n'a pas été un tube), reste l'un de mes préférés du disque. Dès le Velvet, Lou Reed avait chanté le pouvoir du Rock and roll. Là, il parle de lui-même et de sa nature profonde : "I guess I'm just dumb, 'cause I know that I ain't smart, but deep down inside, I got a rock 'n' roll heart. Yeah-yeah-yeah, deep down inside I got a rock and roll heart" ("Je dois être un peu béta, car je sais que je n'ai pas l'esprit vif, mais tout au fond de moi, j'ai un coeur rock and roll. Yé yé yé, tout au fond de moi, j'ai un coeur rock and roll"). Etant donné que Lou Reed se présente depuis des années comme un artiste dont la discipline est le rock and roll, j'imagine que, s'il devait écrire ou chanter cette chanson aujourd'hui, il la transformerait en Rock and roll art. Le seul problème que me pose ce titre, c'est que je me suis mis en tête que notre Monument National du Rock aurait pu la reprendre, sur le bon conseil d'un manager ou de son label. Autant que je le sache il ne l'a pas fait, mais rien que de l'imaginer chanter "Oh Yéééééé ! Yéééééé ! Yéééééé ! J'ai un coeur rock et rolleeeuuu !!!", ça me gâche un peu mon plaisir.
Il est aussi question de rock dans le premier titre du disque, I believe in love : "As everybody knows I believe in good time music. Yeah, good time rock 'n' roll. I believe in music, music, music. It'll satisfy your soul, but - Ah, I believe in love (Good time music)". Autant je marche pour Rock and roll heart, autant là j'ai vraiment l'impression que Lou se fout de notre gueule, comme son "As everybody knows" et son "but" semblent l'indiquer. Il s'amuse sur la fin à faire plein de choeurs différents sur "I believe in love" et "Good time music", mais j'ai autant de mal à prendre cette chanson au premier degré que toute la discographie de Denim.
Ce disque est le premier que Lou Reed a enregistré pour Arista après avoir quitté RCA. Il a été enregistré très rapidement avec un groupe dont plusieurs musiciens sont issus de la scène jazz. Ce sont les trois titres où ça s'entend le plus que j'aime le moins : l'instrumental Chooser and the chosen one, Follow the leader et A sheltered life. Ça ne peut pas être un hasard si ces deux derniers titres sont justement deux vieilles chansons qui figuraient déjà au répertoire du Velvet, la première était interprétée sur scène en 1969 (on en trouve une version sur The Quine tapes) et l'autre a été enregistrée comme démo en 1967 et publiée dans le coffret Peel slowly and see. Ça a dû amuser Reed de les maltraiter ainsi. Au moins, A sheltered life est sauvée par son humour, Lou interprétant un personnage de provincial qui n'a jamais quitté son trou ("Never been to England, never been to France, never really learned how to dance, I've never taken dope and I've never taken drugs, ah, I've never danced on a bear-skin rug, Guess it's true, what all those people they say, I'm gonna have to loose my hometown ways").
Mais il y a bien un titre sur cet album qui sonne comme du Velvet Underground, c'est l'épatant Banging on my drum. La courte partie instrumentale à la fin me fait même penser à certains titres pré-Velvet comme You're driving me insane.
Mes autres titres préférés du disque sont Vicious circle, assez minimal avec la voix bien mise en avant, You wear it so well, une chanson lente avec du piano et des cuivres, du Lou Reed assez typique avec Garland Jeffreys aux choeurs, et pour finir le disque Temporary thing, un titre lent et rythmé qui semble annoncer l'album suivant, Street hassle.
Je n'irai sûrement pas prétendre que cet album est un chef d'oeuvre, mais c'est un disque agréable et très cohérent, peut-être un peu trop méconnu au-delà des rares extraits qui figurent sur les compilations. En tout cas, je parierais que Lawrence a dû user son exemplaire jusqu'au fond des sillons.
Je me suis fait la même réflexion, à propos de Felt et Lou Reed. Le morceau qui clôt Street Hassle sonne vraiment comme un morceau de Felt -- voire Denim. Sur l'enregistrement du live du concert à Birmingham, du 19 décembre 1989, Felt reprend Bottoming Out, de Lou Reed. La boucle est aussi bouclée.
RépondreSupprimerAutre référence de Felt, c'est Dylan -- même si Lawrence chante qu'il n'aime pas le "early Dylan", il l'a certainement bouffé jusqu'à la rondelle centrale.
Olivier,
RépondreSupprimerJ'ai lu quelque part récemment je ne sais plus où que les trois points de référence à prendre en compte pour le chant de Lawrence sont Lou Reed, Bob Dylan et Tom Verlaine. Il faut que j'aille réécouter Television pour me faire une idée complète, mais en tout cas je mets fermement Lou Reed en tête de ce tiercé plutôt que Dylan.