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19 mars 2009

A mega-mental-message from THE LAST POETS


Acquis probablement chez Parallèles/Gilda à Paris vers la fin des années 1990
Réf : BRCD 9475 -- Edité par Bond Age en France en 1994 -- Pressage limité à 2000 exemplaires -- Interdit à la vente
Support : CD 12 cm
Titres : Reasoning -- Minority of one -- [Interview]

En 1994, je devais vaguement connaître la réputation de proto-rappeurs des Last Poets mais je n'avais rien entendu de leur musique. C'est alors qu'on a reçu à La Radio Primitive soit ce disque, soit l'album Scatterap / Home dont il faisait la promo. J'ai tout de suite accroché sur le titre Reasoning et, quelques années plus tard, j'ai sauté sur ce disque quand je suis tombé dessus.
Autant l'extérieur sur fond blanc de la pochette de ce disque est tout tristos, autant, quand on l'ouvre et le déplie, on découvre sur fond noir (ça ne peut pas être un hasard) un design bien travaillé avec un découpage finement ouvragé des visages des deux principaux poètes du groupe à l'époque, Jalal Nuriddin et Sulieman El-Hadi. Chacun des deux a écrit un des titres de ce CD.
Pour Jalal Nuriddin, c'est Reasoning, un titre que je ne peux définir musicalement que comme un reggae, mais un reggae des plus purs : il est construit sur la basse et les percussions, la guitare rythmique est très discrète et l'interprétation vocale en groupe ne peut que rappeler les trios vocaux jamaïcains, comme les Wailers originaux ou Culture. Sauf qu'il y a là il me semble au moins quatre voix, dont une intervient en contrepoint dans une technique qui rappelle le doo-wop. En tout cas, le résultat est hypnotique, le corps de l'auditeur se retrouvant contrôlé par la basse et la tête captivée par les vocaux.
Franchement, Minority of one (under the shadow of the gun) ne pourrait guère démarrer plus mal pour moi : les dix secondes d'intro instrumentale, c'est du jazz, dans un style que j'ai du mal à supporter. Heureusement, le choeur arrive très vite avec sa phrase qui se transforme vite en mantra, "Keeping the black man on the run". Là-dessus, Suleiman El-Hadi, qui est décédé en 1995, peu de temps après la sortie de ce disque, entame son rap de plus de cinq minutes et on peut entrer en transe en oubliant vite l'impression du début. Au bout du compte, avec la phrase musicale répétée en boucle, la batterie sèche, les références jazz et le chant rappé, je finis à l'écoute par penser à Soul Coughing, un groupe a priori très éloigné des Last Poets, sauf que les deux sont originaires de New-York et que Soul Coughing a également sorti un excellent album en 1994, son premier, Ruby vroom.

Les Last Poets se sont reformés en 2008 à l'occasion du festival Banlieues Bleues. A cette occasion, Claude Santiago a réalisé le documentaire Made in AmeriKKKa, dont on peut consulter un extrait de six minutes ici et, cette année, Radio France Internationale a réalisé un reportage d'une demie-heure en deux parties sur le groupe, en écoute ici et .

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