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14 juillet 2024
NEW ORDER : Bizarre love triangle
Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : 90 286 -- Édité par Factory / Virgin en France en 1986 -- Échantillon gratuit - Interdit à la vente
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bizarre love triangle -/- Bizarre love triangle [Bizarre dub triangle]
En 1986, je suivais de très près les productions de New Order, mais je n'ai pas acheté tous leurs disques parus dans cette année bien pleine pour eux.
J'ai acheté le pressage français du maxi hors album Shellshock paru en mars, qui était bien rempli et pas cher; je n'ai pas eu besoin d'acheter l'album Brotherhood et le single hors album State of the nation parce que, si mes souvenirs sont bons, l'ami Jeff Barrett qui faisait la promo de Factory à cette époque me les a offerts; j'ai acheté le maxi de la Peel session de 1982 paru comme les deux précédents en septembre; mais pas contre j'ai fait l'impasse en novembre sur Bizarre love triangle, pour la seule raison que, même si le single était remixé, j'avais déjà le titre sur Brotherhood.
J'aurais pu avoir des regrets, mais l'année suivante j'ai acheté la compilation Substance et ainsi je suis entré en possession de la version maxi de Bizarre love triangle. Ce n'est que des décennies plus tard que, pour compléter ma collection, j'ai fini par acheter ce 45 tours, qui était pas cher, chez Emmaüs près de chez moi je pense.
Peter Saville est un grand de la pochette de disque. Pour autant, je ne dirais pas que toutes ses réalisations sont des chefs d’œuvre. Je trouve notamment que ses productions pour New Order en 1986 sont très décevantes. C'est une série de pochettes très abstraites et, si Shellshock et Brotherhood passent encore à peu près pour moi, je trouve que State of the nation et Bizarre love triangle, très proches l'une de l'autre, sont sans aucun intérêt. C'est pour cela que, dans ce cas précis, je ne ferai surtout pas le reproche au label français d'avoir trahi l'intention de Saville en ajoutant le nom du groupe et le titre au recto.
Assez bizarrement, je note que l'illustration de cette pochette française est différente de celle du 45 tours anglais (qui est beaucoup plus rouge-orange). Il semble plutôt que la pochette française est un recadrage sur la partie jaune de la pochette du maxi anglais. Il y en haut à gauche de cet exemplaire du commerce un tampon sec qui indique que c'est un échantillon promo interdit à la vente. Le communiqué de presse qui l'accompagnait devait ressembler à ça, un niveau lamentable qu'on retrouvait régulièrement dans ce qu'on recevait à l'époque à Radio Primitive.
Bizarre love triangle est l'un des nombreux excellents classiques de New Order.
D'abord, le titre est excellent. Apparemment, c'est un article de journal qui l'a inspiré aux membres du groupe. De même que le nom du groupe et le titre apparaissent rarement sur les pochettes du groupe, le titre est rarement repris dans leurs paroles. C'est le cas ici, mais pour autant les paroles de Bizarre love triangle sont une autre réussite. Ce qui est étonnant avec cette chanson, c'est que, quand je la chantonne, le refrain me revient en tête, comme souvent ("Every time I see you falling I get down on my knees and pray, I'm waiting for that final moment you'll say the words that I can't say"), mais aussi de nombreux vers des couplets, ce qui est moins courant : "It's no problem of mine but it's a problem I find living a life that I can't leave behind", "There's no sense in telling me the wisdom of a fool won't set you free", "I feel fine and I feel good, I'm feeling like I never should", "Why can't we be ourselves like we were yesterday", "I'm not sure what this could mean, I don't think you're what you seem", "I do admit to myself that if I hurt someone else then I'll never see just what we're meant to be",... C'est impressionnant. Les paroles n'ont rien d'exceptionnel et ne brillent pas par leur sens, mais elles sont particulièrement efficaces et donc réussies.
Et puis il y a la musique, qu'on pourrait qualifier de rock and roll électronique.
Je crois que la meilleure version de Bizarre love triangle est peut-être tout simplement la première, celle de l'album Brotherhood. Électronique notamment avec sa rythmique synthétique et son séquenceur au son grave, plus tous les petits synthés autour. Et rock and roll parce que Peter Hook est à la basse, et Peter Hook est toujours rock and roll, et il y aussi la guitare électrique brouillonne de Bernard Sumner vers la fin. Et même la boite à rythmes éclate bien la tête.
Cette version aurait pu sortir telle quelle en single, mais il a été décidé de faire appel à Shep Pettibone pour le remixer. On va considérer que la version de base est la version du maxi. Je trouve que l'exercice est réussi. Après la longue intro très rythmique, on retrouve l'essentiel de la chanson, sans que ses qualités soient perdues. La version de mon 45 tours, excellente et sans aucun déchet, est une version réduite de la version maxi. Idem pour la face B, qui est une version raccourcie de l'instrumental Bizarre dub triangle du maxi. Je préfère les versions chantées.
En 1988, un remix différent, par Stephen Hague, est sorti sur la bande originale du film Veuve mais pas trop (Married to the mob) de Jonathan Demme, qui avait réalisé la vidéo de The perfect kiss. C'est apparemment ce remix qui a servi de modèle à la version Bizarre love triangle '94 publiée sur la compilation (The best of) New Order.
Sauf erreur de ma part, il reste une seule autre version studio officielle, sortie en 1995 sur (The rest of] New Order. Celle-là, le Armand van Helden mix, vous pouvez tout à fait vous en dispenser. Moi-même, je n'ai pas tenu les neuf minutes de ce truc techno où, pour le coup, il ne reste plus de la chanson originale que le "Every time I see you falling".
Le single Bizarre love triangle n'a pas été particulièrement un grand succès pour New Order. Mais la chanson est rapidement devenue un classique, grâce notamment aux reprises. Les premiers à s'y coller, ce furent Devine & Statton en 1989 sur leur album Prince of Wales. Leur version est très dépouillée, juste la voix d'Alison Statton et une guitare acoustique. Clairement, leur arrangement a dû inspirer la version de Frente! en 1994 sur Marvin the album. Sortie en single et mieux distribuée, c'est sûrement la reprise de cette chanson qui a eu le plus de succès. Parmi de nombreuses autres versions, notons, toujours dans le même moule, que Bizarre love triangle a été passé à la moulinette Nouvelle Vague, dans une version à deux voix.
New Order dans l'émission Rockline des Enfants du rock en 1987, avec deux titres interprétés de Brotherhood interprétés en répétition, Paradise et Bizarre love triangle (à 10').
New Order, Bizarre love triangle, en concert en 1987 avec un chanteur particulièrement excité.
Avant la version de Devine & Statton, il y a eu une première version de très bonne facture, en 1987 par Even As We Speak, groupe australien passé ensuite chez Tata Sarah Records. Le morceau constituait la face B du 45T "Blue Suburban Skies".
RépondreSupprimerMerci pour cette précision, Phil. Je ne connaissais pas cette toute première existence.
RépondreSupprimerC'est donc Even As We Speak avec sa reprise qui a lancé cette vogue de versions à guitare plutôt pop-folk. Et comme ils sont australiens comme Frente!, c'est peut-être plutôt eux qui ont inspiré Frente!.
J'ai cru comprendre qu'ils jalousaient d'ailleurs un peu le succès de leurs compatriotes. Indie Pop, ton univers impitoyable !
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