SOUNDFORCE : The fin du monde

Acquis par correspondance via Discogs en janvier 2022
Réf : PB 8515 -- Édité par RCA en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The fin du monde -/- Viva la dolce vita

C'est un ami qui, le 31 décembre, a suggéré The fin du monde pour animer le réveillon de la Saint-Sylvestre. J'ai écouté, je me suis éclaté, et je me suis étonné de ne jamais avoir entendu parler du groupe Soundforce, qui a quand même sorti trois albums, ni de ce titre, extrait de leur premier album paru en 1979. Et aussitôt après j'ai commandé ce 45 tours.

The fin du monde, c'est très simple. Dans une ambiance sonore de grosse foule en fête, sur une rythmique funky cuivrée, un gars au micro (un DJ ? un chanteur ?) s'exprime et s'escrime à avertir tout le monde que les avions ennemis arrivent, que la bombe va exploser, que tout le monde va mourir. Et plus il essaie de convaincre, plus il est ignoré. La foule est de plus en plus en délire, la musique s'excite. Alors, il abandonne et se met à entonner des "Lalala" et à essayer d'entraîner le public à l'accompagner pour chanter "Tout le monde va mourir, vous allez crever" !
Excellent ! Avec cette façon de regarder la mort en face, ça m'a rappelé un chef d’œuvre de la chanson française, C'est normal de Brigitte Fontaine et Areski ("On n'va pas mourir dans une minute ?"). Avec Soundforce, on n'est pas au niveau, à peu près inatteignable, de la version originale, mais on pourrait enchaîner parfaitement The fin du monde avec la version un peu funkie de C'est normal parue sur l'album Les palaces en 1997.

La guerre froide, l'apocalypse nucléaire, les euromissiles, ça assombrissait quand même bien les esprits à l'époque (beaucoup moins maintenant, alors que je ne suis pas du tout sûr que la menace est moindre...!). Sur une thématique proche et dans un esprit à la Gotainer, la même année était sorti un 45 tours de Rex Bolido, Le maître du monde, que j'avais acheté après avoir lu une chronique dans Best ou Rock & Folk et après l'avoir entendu à la radio.
Et en 1980, Jacques Dutronc avec Gainsbourg aux paroles chantait sur un rythme ska L'avant-guerre c'est maintenant...

On a de la chance, il y a un site dédié à Soundforce qui nous présente en détail ce groupe formé autour de Gaya Bécaud, fils de Gilbert.
Alors, pas besoin de chercher plus loin l'histoire du groupe et de l'enregistrement de cette chanson, voici des extraits de la bio :
"Personne ne veut nous croire et pourtant, au départ, c’était un gag, Soundforce. Un gag qui n’était pas prévu pour durer, juste : on fait un disque comme on a envie de pisser et puis voilà, on n’en parle plus."
"Comment ça se fait que ça existe ? Pourquoi est-ce qu’on les a laissés faire ? Et QUI les a laissés faire ? Mais, mesdames et messieurs, la réponse est simple : on les a laissés faire parce qu’ils étaient déjà dans le studio ! Ils étaient là, quelques jeunes musiciens au studio Davout, en train d’enregistrer pour d’autres… alors jouer un peu plus ou un peu moins, qu’est-ce que ça change ? Et c’est ainsi que Gaya Bécaud, Guy Delacroix, Basil Leroux, William Flageolet réalisèrent les premiers enregistrements de ce qui allait devenir le premier album de Gaya’Soundforce."
"Le principe : balancer n’importe quoi sur des playbacks qui tournent, et si ça fait marrer, on garde. Voilà en quelques mots, le concept de Soundforce. Du coup ça donne autre chose, et de temps en temps ça donne même un peu n’importe quoi."
"Oui mais voilà. Après avoir bien rigolé, nos amis se disent : et si on faisait un DISQUE avec ça ? Ca tombe bien car justement, Gaya, jovial barbu, travaille à l’époque chez RCA et pour rigoler (ah ah ah), il fait écouter les œuvres de Soundforce à Bob Socquet, directeur artistique. Et là, coup de théâtre, après seulement quelques secondes d’écoute, Bob Socquet s’écrie : « Ah ah ah. OK, on le sort. »"

A un moment dans The fin du monde, Gaya chante "Tout le monde crève. Ha ha ha ha. C'est une chanson ça ! Ha ha !". Et ni une ni deux, sur l'album, après un Dialogue germano-français en intermède, on a droit à Tout le monde crève ! Dans la même veine, bien sûr, mais pas tout à fait aussi réussi. D'une manière générale, le principe de délirer sur un groove instrumental peut finir par lasser assez vite. En tout cas, cette thématique au sens large se prolonge sur le deuxième album en 1980 avec Pour en finir avec tout et aussi en 1982 sur le troisième avec L'apocalypse c'est dans la tête.

Mais Soundforce savait aussi prendre la vie du bon côté, comme avec Viva la dolce vita, un autre titre du premier album, repris en face B de ce 45 tours.