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14 octobre 2017

WILLARD BURTON - EARL FOREST : The twistin' twist


Acquis sur le vide-grenier de Bisseuil le 24 septembre 2017
Réf : MPO. 3097 -- Édité par Pop en France en 1962
Support : 45 tours 17 cm
Titres : WILLARD BURTON : The twistin' twist -/- EARL FOREST : Memphis twist - Beale Street popeye

Il faisait tellement beau ce dimanche du mois dernier qu'on a décidé en fin de matinée de faire la balade à pied (trois-quatre kilomètres le long du canal) pour aller à la petite brocante du village d'à côté, Bisseuil.
Bonne idée et bonne balade, mais on est arrivé sur place en plein midi, et la plupart des exposants étaient en train de manger et on avait un peu l'impression de les déranger, surtout les habituels pros ronchons.
Mais les propriétaires des deux stands où j'ai acheté des 45 tours à 50 centimes étaient très sympathiques, deux dames où j'en ai pris deux, et un couple âgé à qui j'ai acheté celui-ci.
Le disque est en bon état mais la pochette a bien vécu. Il me plaît de penser, vue la date de parution et vu l'âge des vendeurs, qu'ils ont acheté ce disque à l'époque et qu'ils ont bien dansé dessus.
Je n'avais jamais vu ce 45 tours et je ne connaissais ni Willard Burton ni Earl Forest, mais j'avais plusieurs bonnes raisons d'acheter ce disque : il est sur le label Disques Pop, une étiquette de Vogue, comme mon Jack Hammer; A ce titre, il est estampillé "Strict danse tempo", un slogan réapproprié et repopularisé dans les années 1990 par l'ami Le Colonel; C'est un disque de twist, et l'avantage c'est que les disques de twist ne sont jamais que des dérivés de rock 'n' roll et ils sont rarement complètement mauvais.
Il est précisé au dos de la pochette qu'il s'agit d'enregistrements sous licence de Peacok Records, l'un des nombreux labels de l'américain à la sulfureuse réputation Don Robey. Mais en fait, les titres d'Earl Forest sont sortis à l'origine chez Duke, un autre label de Robey.
Bon, je ne vais pas tergiverser, les trois titres de ce disque sont excellents. Ce sont des instrumentaux, mais à défaut de chant il y a de l'ambiance et on entend des voix. L'orgue et le saxophone sont les instruments principaux.
The twistin' twist est sorti aux Etats-Unis en face A d'un 45 tours crédité à Willard Burton. Quand ça commence, la "foule" est déjà chaud bouillante. La batterie lance les hostilités, avant que le groove se mette en place avec l'orgue, la basse et la guitare, puis le saxo en solo, accompagné de cris d'encouragement et de claquements de mains. Sachant que le 45 tours américain dure 2'20, je me demandais pourquoi on ne trouvait pas sur cet EP sa face B, Dreaming, un titre plus lent avec orgue, guitare et saxophone, qui dure à peine deux minutes.
Eh bien, la version de The twistin' twist qu'on trouve sur ce disque Pop est plus longue de deux minutes que la version originale ! (on peut l'écouter chez Soul-in-Groove), ce qui nous vaut une dose supplémentaire de solos de saxo et d'orgue et permet de mieux se bouger sur cet excellent titre. Je pense que cette version longue n'a été éditée que sur ce disque français.
Pas de surprise sur la face B, on trouve bien les deux faces du 45 tours Duke, Memphis twist et Beale Street popeye.
Que dire ?, sinon que c'est dans la même veine que la face A, au point que ça pourrait être les mêmes musiciens, et que c'est tout aussi bon. Memphis twist est complètement instrumental, tandis que sur Beale Street popeye on a des voix qui interviennent sur les breaks.
Les premières informations que j'ai trouvées sur ce disque et ses musiciens sont dues à Mightygroove sur son site Soul-in-Groove. En plus d'y trouver ce disque chroniqué et en écoute, on y apprend que Willard Burton était le vrai nom d'un musicien plus connus sous celui de Piano Slim (à ne pas confondre avec le bluesman Robert T. Smith) et on y trouve des chroniques d'un 45 tours de Piano Slim et d'un autre de Willard Burton.
Pour Earl Forest, qui est mort en 2003, il y avait quelques mots dans la chronique de l'EP de Mightygroove, mais, en cherchant à en savoir plus sur le Caple qui co-signe les deux titres (le Malone crédité sur tout le disque est en fait Don Robey qui rançonnait ses musiciens), j'ai trouvé des informations complémentaires dans les parties 2 et 3 d'une enquête en trois parties de Soul Detective sur le musicien Clarence Nelson. J'ai notamment appris que l'organiste sur la face B du EP serait Joe Louis Hall, un ancien du Bill Black's Combo, et que les saxophonistes ténor et baryton sont Gilbert Caple, donc, et Floyd Newman. Vous ne les connaissez peut-être pas, mais vous connaissez sûrement Last night des Mar-Keys, l'indicatif de l'émission Salut les Copains dans les années 1960. Eh bien, sous l'intitulé collectif Mar-Keys, Floyd et Newman sont deux des co-auteurs de la chanson et ils jouent sur l'enregistrement. C'est Caple qui en prend le solo, tandis que Newman prononce le "Oh yeah" !
Comme quoi, on détour d'une balade bucolique, avec un disque a priori anodin, on peut quand même faire de belles découvertes.
Et pour conclure, je propose pour une fois de suivre les instructions figurant en fin des notes de pochette : "Mais pourquoi lire ce texte, écoutez plutôt et sans tarder l'enregistrement des orchestres de Earl Forest et Willard Burton, ça c'est de la musique de danse !".

Les trois titres de ce disque sont en écoute chez Soul-in-Groove.

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