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29 octobre 2017

BOBBIE GENTRY : Ode to Billie Joe


Acquis sur le vide-grenier du Triangle magique à Épernay le 12 mars 2017
Réf : 5950 -- Édité par Capitol aux États-Unis en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ode to Billie Joe -/- Mississippi delta

C'était une des premières brocantes de cette année. Il faisait plutôt beau et je suis tombé sur Damien R. au moment où il payait des 45 tours à 50 centimes sur un stand. On a discuté pendant que je passais en revue presque machinalement les 45 tours, presque tous de variétés. Quand j'ai repéré ce superbe logo Capitol sur un disque sans aucune pochette, j'ai regardé ce que c'était,j'ai récupéré une pochette blanche sur un autre disque et, alors qu'on se dirigeait vers le stand suivant, Damien était tout surpris de voir que j'avais payé et emporté le disque pendant qu'on discutait.
Comme souvent, on se demande comment un disque américain a pu se retrouver à Épernay mélangé à ce qui visiblement n'est pas une collection très pointue. Mais j'ai été bien content de récupérer cette Ode to Billie Joe, un tube mystérieux et envoûtant qui fêtait justement ses cinquante ans cette année.
Comme beaucoup de français de ma génération, je connais bien cette chanson. J'ai dû l'entendre souvent à la radio et à la télé dans la première moitié des années 1970, mais ce n'est pas la version originale par Bobbie Gentry que je connais, mais la reprise par Joe Dassin sous le titre de Marie-Jeanne.
Dans son arrangement et ses paroles, cette adaptation cherche, même si c'est parfois maladroitement, à rester proche de l'original et c'est son grand intérêt, car elle a permis à tous les français de comprendre les paroles de la chanson, qui sont pour beaucoup dans son succès.
En effet, musicalement Ode to Billie Joe est toute simple, même si elle est prenante, avec la guitare de Bobbie Gentry, une basse et des cordes, mais ce sont ses paroles qui focalisent l'attention depuis un demi-siècle. Elles décrivent pourtant une situation toute simple, une scène de repas familiale dans une ferme du Mississippi, où il est question de la grande nouvelle du jour, le fait que Billie Joe MacAllister a sauté du pont sur la Tallahatchie. Et les questions que tout le monde se pose tournent autour de la relation entre la narratrice et Billie Joe, de ce qu'ils auraient jeté dans la rivière quelques jours plus tôt et bien sûr des raisons du suicide.
Il n'y a pas et il n'aura jamais de réponse à ces questions. Bobbie Gentry elle-même a dit qu'elle ne les connaissait pas. Apparemment, le thème principal de la chanson pour elle est l'indifférence de la famille à l'annonce de la mort de Billie.
Il se murmure de longue date que la chanson durait initialement sept minutes plutôt que quatre et que des couplets avaient été supprimés, qui éclaireraient peut-être les choses.
J'ai cru tenir le bon bout en découvrant les paroles manuscrites du début de la chanson, qui ont été exposées en ligne par la Bibliothèque JD Williams de l'Université du Mississippi.
Figurez-vous qu'il y a un bien un couplet en plus, avec un premier vers rayé à propos d'une Sally Jane Ellison qui a quitté la ville depuis la première semaine de juin, mais non seulement ce couplet n'apporte pas de réponses aux questions communément posées, mais c'est sûrement une bonne décision de l'avoir supprimé car sinon la chanson aurait quand même été moins mystérieuse. En tout cas, et ce n'est pas courant, cette chanson a marqué les esprits au point, en 1976, d'inspirer le film du même titre, écrit par Herman Raucher et réalisé par Max Baer, Jr.



J'ai été tout surpris à l'écoute de la face B du 45 tours, Mississippi Delta. Après Ode to Billie Joe, je ne m'attendais pas à entendre un titre électrique, de très bonne facture, qui n'est ni plus ni moins que du swamp rock, à la manière de ce qui allait faire le succès de Creedence Clearwater Revival peu de temps plus tard. A l'origine, c'est cette chanson qui devait être le titre principal du 45 tours, mais très vite les radios et le public ont préféré l'autre face.
Ode to Billie Joe a eu un énorme succès. Le 45 tours et l'album du même titre ont délogé les Beatles des classements des ventes aux États-Unis, ce qui n'était pas rien en 1967.
Bobbie Gentry a enchaîné les disques dans les années suivantes, dont une album avec Glen Campbell en 1968. Elle a eu d'autres succès, notamment en Angleterre, mais qui n'ont jamais atteint celui de ce premier disque. Elle a animé ses propres émissions de télé, a monté des spectacles pendant plusieurs années à Las Vegas. Elle a joué ainsi le jeu du show business pendant toutes les années 1970, mais au début des années 1980 elle a visiblement décidé de quitter la vie publique. Elle vivrait actuellement dans le Mississippi, pas très loin de la rivière Tallahatchie. Le pont dont il est question dans la chanson a été détruit en 1972, mais Bobbie Gentry nous a laissé son ode à Billie Joe.

On trouve depuis 2012 chez Kill Me Sarah une chronique de Marie-Jeanne et Ode to Billie Joe, qui prouve au moins une chose, c'est que nous sommes de la même génération.


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