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25 juin 2017
TELEVISION PERSONALITIES : People think that we're strange
Acquis par correspondance via Ebay en décembre 2016
Réf : ER-269 -- Édité par Elefant en Espagne en 2009
Support : 45 tours 17 cm
Titres : People think that we're strange -/- A glimpse of my genius
Rock & Folk, dans son numéro 599 daté de juillet 2017, consacre à Television Personalities une pleine page de sa vénérable rubrique Érudit rock. Cela permet de retracer fidèlement le parcours du groupe et d'en raconter les anecdotes les plus juteuses, à l'occasion de la réédition prochaine par Fire des quatre premiers albums du groupe.
Sur le site de Fire, on trouve plusieurs textes sur Television Personalities et même, je viens de le découvrir, une annonce de la sortie de mon livre sur le groupe. Sympa !
Ce livre, Television Personalities : Journal d'un fan de chambre, au-delà du résumé clinique de R & F, permet de revivre quelques-unes de mes expériences de première main de fan du groupe. Il est disponible gratuitement en téléchargement et ceci est la dernière de la série de chroniques que je fais pour accompagner sa sortie.
Pour compléter, vous pouvez réécouter l'émission Bam Balam de Radio Cité Vauban d'avril dernier, pour laquelle j'étais l'invité de Papy Bam :
Venons-en au disque.
Après le désastre qu'a été pour moi l'album Are we nearly there yet ?, sorti en 2007, je me suis quelque peu désintéressé du groupe, dont les disques sont de toute façon sortis de façon très confidentielle. Eh bien, j'ai eu tort. En effet, quatre 45 tours ont été publiés de 2008 à 2010 (The good anarchist, People think that we're strange, My new tatoo et You're my Yoko), sur lesquels il y a de très bonnes choses.
Cinq des huit faces des 45 tours ont été reprises en 2010 sur A memory is better than nothing, l'ultime album du groupe, tant et si bien que j'ai cru pendant un temps que ce disque était une compilation. Mais non, c'est bel et bien un album studio (salué par l'ami Alan McGee dans le Guardian au moment de sa sortie), et plusieurs des titres de singles sont modifiés : You're my Yoko est devenu She's my Yoko; The good anarchist est chanté par Dan Treacy en plus de l'auteur de la chanson Johanna Lundström; My new tatoo est en version complète et People think that we're strange est dans un mixage différent.
A la fin de l'an dernier, au moment où je bouclais la rédaction de mon livre, j'ai entrepris de compléter ma collection, même si je me suis refusé à acheter My new tatoo, pas tant parce que les deux titres sont sur l'album, mais à cause de sa pochette vraiment très moche !
J'ai finalement sélectionné ici People think that we're strange, parce que j'aime beaucoup la face A, et parce que, pour le coup, la pochette est très réussie, parfaitement dans l'esprit enfantin/psychédélique assez typique du groupe.
Sur une base assez simple et répétitive, avec boite à rythmes et basse, plus quelques riffs de guitare par-ci par-là et une montée d'un quart de ton à l'occasion, il me semble, People think that we're strange est donc à mon sens une réussite et le chant de Dan passe tout à fait bien sur ce titre.
Ce n'est pas le cas il faut bien l'avouer de pas mal de chansons de sa dernière période et notamment sur la face B ici, A glimpse of my genius, où sur une rythmique rock, il parle de ses relations avec les fans à l'époque d'internet, d'une voix un peu pâteuse et plus approximative qu'à l’accoutumée. Mais il réussit à mentionner Jonathan Richman pour se moquer de la fan en question ("- Now, I don't suppose you've heard of Jonathan Richman - Oh yes, I love him! - Well, they all say that don't they, babe").
En plus des disques du groupe et de mon livre, les fans de Television Personalities peuvent se régaler avec la production d'un autre passionné, Wally Salem, qui vient de publier sur son label The Beautiful Music le quatrième volume de reprises-hommages aux TVPs, Holding hands under a cloudless sky.
24 juin 2017
FREDDIE BELL ET LES "BELLBOYS" : Giddy up a ding dong
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 11 juin 2017
Réf : 10095 -- Édité par Mercury en France en 1956 ou 1957
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Giddy up a ding dong -/- Rockin' the Polonaise
L'autre dimanche, la communauté Emmaüs de Tours-sur-Marne organisait toute la journée une vente spéciale et avait annoncé que, pour l'occasion, elle sortirait son stock de vinyls, qui malheureusement n'est plus proposé à la vente en-dehors des quelques événements de ce genre.
Je me suis bien gardé d'arriver à l'ouverture et, comme prévu, quand je me suis pointé une grosse demie-heure plus tard, il y avait cinq-six requins installés à l'une des tables en vente à côté du rayon disques, en train de passer en revue des piles de 33 tours qu'ils venaient de rafler dans les étagères, afin de les trier et de finaliser leur choix.
De ce que j'ai vu du coin de l’œil, ils n'y avait là rien de vraiment rare ou intéressant. Du Neil Young, du Beatles, du Pink Floyd; rien qui ne se soit pas vendu par millions d'exemplaires et qui ne soit pas réédité cent fois. Mais tout ça se revend très bien...
J'ai donc passé très vite en revue les tranches des albums, avant de me concentrer sur les 45 tours, qui visiblement n'intéressaient pas grand monde.
Il faut dire qu'il y avait là-dedans surtout de la variété, de Rika Zaraï à Tino Rossi, mais j'ai quand même réussi dans ce fatras à dénicher ce disque sans pochette, avec la mention "Rock 'n roll" sur l'étiquette".
Je ne connaissais pas Freddie Bell et les "Bellboys", mais je me doutais bien que j'étais tombé sur un disque rock des années cinquante.
Et effectivement, même s'ils n'ont sûrement jamais vraiment été à proprement parler des rockers, Freddie Bell et les "Bellboys", ont apporté leur pierre à l'histoire du genre, dans le sillage de Bill Haley et ses Comets.
Leur carrière n'a pas été très longue, mais on en retiendra deux faits marquants :
- Là où Bill Haley avait repris le titre rhythm and blues de Joe turner Shake, rattle and roll, Freddie Bell et les Bellboys se sont attaqué pour leur premier single au Hound dog de Big Mama Thornton, en en limant largement les crocs des paroles. Elvis Presley les a vus interpréter cette chanson à Las Vegas en avril 1956, et c'est là qu'il a eu l'idée de l'inscrire à son répertoire. Elle est sortie en juillet 1956 et, même si elle n'était qu'en face B de Don't be cruel, les deux ont été d'énormes succès.
- Suite au succès de la chanson Rock around the clock grâce à son inclusion en 1955 dans le film Blackboard jungle (Graine de violence), le film Rock around the clock a été tourné en janvier 1956 (j'espère que vous suivez). On y retrouve Bill Haley, bien sûr, les Platters, Tony Martinez et, vous le savez car c'est indiqué sur l'étiquette du 45 tours, Freddie Bell et les Bellboys qui interprètent Giddy up a ding dong.
En face B, on trouve un exercice qui deviendra assez courant, une version rockifiée d'une musique classique, Rockin' the polonaise.
Rien d'absolument renversant dans tout ça, mais je suis bien content d'avoir déterré ce tout petit bout d'histoire du rock 'n' roll. Et je préfère toujours ça à un disque plus connu, plus réputé ou recherché, même si le mien "cote" moins.
Freddie Bell et les "Bellboys", Giddy up a ding dong, dans le film Rock around the clock, dont la bande annonce française est ci-dessous.
Deux pochettes pour l'EP français qui contient les deux titres de ce 45 tours.
18 juin 2017
MOUSE ON MARS : Cache cœur naïf
Acquis par correspondance via Discogs en mai 2017
Réf : PURE65CDS -- Édité par Too Pure en Angleterre en 1997
Support : CD 12 cm
Titres : Cache-cœur naïf -- Schnick-schnack -- Lazergum -- Glim
Il y a quelques temps, j'ai réécouté la compilation promo Wow! & flutter et je me suis fait la réflexion que c'était doublement paradoxal que le titre de la compilation vienne d'une chanson de Stereolab (sortie en single, j'ai chroniqué le 45 tours, et sur l'album Mars audiac quintet) alors que le groupe n'y figure pas mais que plusieurs titres donnent l'impression d'être chantés par Lætitia Sadier. C'est même effectivement le cas pour Schnick-schnack, un titre de Mouse on Mars sorti sur ce maxi Cache coeur naïf, que j'avais déjà bien aimé à l'époque en 1997.
Vers le milieu des années 1990, les anglais de Stereolab et les allemands de Mouse on Mars ont collaboré, sur scène et en studio. Cela s'est traduit sur disque par la participation de Mouse on Mars à la production et à l'interprétation sur cinq titres de Stereolab en 1997 (trois sur l'album Dots and loops et deux sur le maxi Miss Modular), tandis que l'on retrouve Lætitia Sadier au chant sur trois des quatre titres de ce disque, et aussi sa complice de Stereolab Mary Hansen aux chœurs sur le premier titre.
Le fil rouge des paroles semble être l'électricité, mentionnée dans les trois titres et au dos de la pochette, avec le slogan "Aujourd'hui c'est l'électricité".
Le son de Mouse on Mars, c'est surtout des bidouillages électroniques et une basse énorme, façon dub. Les deux sont parfaitement associés au chant de Lætitia sur Schnick-Schnack. J'aime particulièrement les passages où elle chante "Il est parti et je m'en fous. Je fais la fête et deviens fou". J'ai l'impression que ce court passage aurait pu figurer dans une chanson d'Elli et Jacno, de Mikado, ou même de Brigitte Fontaine, avec qui Stereolab a collaboré en 1998 sur le titre Caliméro.
On retrouve Schnick-schnack dans une version dite Meltmade sur l'album Autoditacker de Mouse on Mars, sorti également en 1997, où "Le grand soleil électrique" est mentionné dans les paroles. Malheureusement, on n'y entend pas mes deux vers préférés. Ils ne sont pas non plus dans Schnick schnack part 2, une version enregistrée pour une session John Peel le 18 juin 1997, où il y a des "Ouïe ouïe" et des "Aïe aïe" samplés en plus du "grand soleil électrique".
Le titre principal de ce maxi est Cache coeur naïf. Pas mal, mais moins accrocheur que Schnick-schnack à mon sens. Lazergum est bien aussi ("Électricité, un exercice des plus périlleux aujourd'hui, que certains exécutent sans filet électrique"), et le disque se conclut avec l'instrumental Glim.
Le disque entier est en écoute sur YouTube.
17 juin 2017
CONTRESENS
Acquis chez Royer à Epernay le 5 avril 2014
Réf : 661 001 -- Édité par Fnac Music en France en 1991
Support : 33 tours 30 cm
18 titres
J'ai participé récemment au projet Les essentiels de Pascal Blua sur son site Stereographics.
En voyant cette contribution, Philippe Lavergne (Je le connais comme ex-membre des Freluquets et je recommande le Punk Punk Punk ! d'un de ses projets récents, Country Club. Pour en savoir plus sur lui, lisez l'entretien publié par Requiem pour Un Twister, parties 1 et 2) s'est souvenu d'une anecdote me concernant : j'avais interviewé Les Freluquets dans leur chambre d'hôtel avant leur concert à Reims et ils avaient découvert que j'étais JC Brouchard. Grands fans de Biff Bang Pow ! et de Creation, ils n'en revenaient pas de découvrir que JC Brouchard n'était pas (tout à fait) un mythe et les rôles avaient été renversés : d'interrogateur j'étais devenu l'interrogé !
Fort bien ! Je me souviens de ce concert le 8 mars 1991 à L'Usine. Je me souviens que Chelsea était à l'affiche et que j'avais eu l'occasion de retrouver Emmanuel Tellier. Je crois me souvenir que Dorian Gray était un groupe ardennais et je me souviens des rémois Happy Droopy Boys. Mais, si on m'avait posé la question à brûle pourpoint, je ne suis pas sûr que j'aurais affirmé avoir vu Les Freluquets en concert. Et surtout, si j'ai le souvenir de plusieurs rencontres avec des gens contents/surpris de se trouver face à JC Brouchard, j'ai beau me triturer les méninges, je n'arrive pas à faire remonter de vrais souvenirs de cette entrevue à l'hôtel !
Philippe a remué la couteau dans la plaie en précisant que, n'ayant pas été attiré par les excès du rock and roll, il se souvenait de presque tout. Mais moi c'est pareil, je n'ai jamais bu d'alcool ni pris d'autres drogues (en dehors du chocolat, du café et des disques), et pourtant je me rends compte chaque jour que des pans entiers de ma mémoire sont effacés, notamment pour certains concerts.
J'ai la réputation autour de moi d'avoir une excellente mémoire car je fais souvent référence ici à des détails très précis concernant l'achat de mes disques, mais je sais très bien que cette réputation est usurpée, ne serait-ce que parce que, pour raviver mes souvenirs, j'utilise les béquilles mémorielles que sont les disques eux-mêmes, mes carnets et agendas, des photos, internet, les souvenirs des copains... De plus en plus, pour les événements musicaux depuis la fin 2005, ce blog lui-même me sert de périphérique de stockage de mémoire !
Du coup, je suis allé rechercher cette compilation Contresens, l'un des rares disques où l'on retrouve ensemble les deux groupes compagnons de label chez Rosebud qu'étaient Chelsea et Les Freluquets.
J'ai connu et diffusé cet album sur Radio Primitive au moment de sa sortie en 1991, mais je ne l'ai acheté qu'assez récemment, lors de l'un des ultimes déstockages de vinyl chez Royer, au prix imbattable de 50 centimes.
Cette compilation est l'aboutissement d'un projet mené par Emmanuel Tellier, avec Bernard Lenoir comme consultant, et le soutien des Inrockuptibles, de France Inter et des labels.
Il s'agit d'un projet caritatif, réalisé au bénéfice de la Fédération Hospitalière de France, dans le cadre de projets de coopération inter-hospitalière entre hôpitaux de France et d'Europe de l'Est. Mais musicalement, Contresens est un portrait très détaillé et très réussi de la scène pop française du début des années 1990, avec vingt titres majoritairement inédits ou rares.
On y trouve mon titre préféré de Chelsea, L'ange que j'étais, une chanson de leur premier album Réservé aux clients de l'établissement également sortie en single, et un inédit des Freluquets, Les amants, enregistré lors d'une session pour Bernard Lenoir.
Côté têtes d'affiche, Stay with me, la reprise des Comateens par Etienne Daho, était sortie en 1988 sur l'album Pour nos vies martiennes. Par contre, le titre en public de Jean-Louis Murat est inédit par ailleurs, tout comme ceux de Passion Fodder (une recréation azimutée de You keep me hanging on des Supremes, transformée en I swear I'll see you hung) et de Gamine (Monsieur Question Mark, avec des touches psychédéliques façon Five minutes in the life of Greenwood Goulding de Biff Bang Pow !. Malheureusement, ça devrait plutôt s'appeler Mister Question Mark car c'est chanté en anglais). Le titre de Kid Pharaon Merry Go Round est réapparu plus tard sur une face B de 45 tours.
Mais le disque vaut surtout par tous les inconnus qui font ici plus ou moins leurs premiers pas discographiques. Certains en resteront là, ou presque, mais d'autres auront un beau parcours, comme Les Objets ou Dominique Dalcan.
C'est le cas de plusieurs de mes préférés de l'album : Little Rabbits avec The daily train, un titre de leur première cassette Waiting for a neverendind train, qui me plaît plus que le souvenir que j'ai de leur premier album; Forguette Mi Notte avec Petite bouteille, aussi extrait d'une cassette; et surtout le lumineux haïku musical qu'est Comme Jeannie Longo de Katerine, qui serait quelques temps plus tard, mais dans une version différente, le titre phare de son premier album Les mariages chinois.
En réécoutant ce disque, j'ai foncé à contresens sur l'autoroute de ma mémoire morte. Cela n'a pas pour autant ravivé tous mes souvenirs...
11 juin 2017
SURPRISE-PARTIE CHEZ MES VOISINS
Acquis sur le vide-grenier de Vermand le 16 avril 2017
Réf : CLVLX 140 -- Édité par Vogue en France en 1967
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Après la compilation Rock of the 80's, voici un autre des cinq 33 tours achetés pour 2 € à Vermand en avril dernier.
J'ai déjà plusieurs compilations Vogue dans cette veine, dont Voulez-vous venir en surprise-partie avec moi ?, achetée il y a déjà presque dix ans, mais je n'avais pas encore celle-ci, qui était en parfait état, avec un programme assez alléchant. On va en faire le tour.
Les têtes d'affiche
Il y a quelques titres de Petula Clark que j'aime bien, dont sa reprise des Kinks Un jeune homme bien, mais C'est ma chanson, c'est vraiment de la variété sans intérêt.
Les cactus de Jacques Dutronc, c'est par contre un excellent classique de la chanson-rock française de ces années-là.
Je n'adore pas tout des très nombreux 45 tours de Françoise Hardy des années 1960, mais Si c'est ça, avec un accompagnement à la guitare acoustique, est très bien et donc plutôt dans le haut du panier.
Au moment de Je l'appelle Cannelle, une chanson que j'ai connue par une reprise des Lolitas, Antoine, en mode Charleston/Nouvelle Orléans, était déjà au-delà de sa bonne période, qui n'a décidément pas duré longtemps.
Il y a vingt ans, je suppose que la majorité d'entre nous ne connaissait pas Clothilde, même si l'excellente La queue du chat a eu suffisamment de succès pour que plusieurs passages télés ou Scopitone soient tournés à l'époque. Mais depuis il y a eu des compilations, et même une réédition de ses deux EP chez Born Bad, et cette chanson aux paroles drôles et cruelles, avec ses arrangements très réussis, dont un violon qui imite le miaulement du chat, est en passe de devenir un classique. Allez, "On remet ça parce que c'était joli", et parce que c'est une réussite. Un des meilleurs titres de ce disque.
Sans être génial, Je chante pour moi de Sullivan est agréable et parfaitement dans l'air du temps.
La déception
Une des principales raisons pour acheter ce disque, c'était la présence d'un titre de The Kinetic. Un obscur groupe psychédélique, dont le guitariste était Bob Weston (qui a joué plus tard avec Fleetwood Mac) et qui a eu droit à une peinture de la pochette de son EP Suddenly tomorrow dans l'Avis aux inventeurs d'épaves de Pascal Comelade. Je sais bien que ce n'est qu'une face B de cet EP, mais Time of season (rien à voir avec la chanson des Zombies) m'a déçu car c'est un titre lent qui n'est que très légèrement psyché. J'en attendais beaucoup mieux.
Les découvertes
Je n'attendais absolument rien du titre du Trio Athénée, d'autant que je les confondais avec Les Athéniens, qui ont accompagné Nana Mouskouri. Mais jamais je n'aurais pensé que Chez les grecs (Oyez-les !), une face B de leur EP Quand il fait chaud (Caliente), pourrait être ce petit bijou délirant d'humour polyglotte, avec même de la fuzz. La bonne surprise de l'album.
Je ne connaissais pas du tout Eddie Lee Mattison (Roy Edwards de son vrai nom). Son Take your time est un titre Rhythm and Blues d'excellente facture, une de ces obscures pépites recherchées par les fans de Northern Soul.
Sur Les Fauves, Cléo chante avec une diction à la Dutronc. Ce n'est sûrement pas un hasard car, sur le même EP, elle interprétait Et moi, et toi, et soie, en référence à Et moi et moi et moi bien sur et sur une musique de Dutronc. Pas mal du tout.
Les autres
Ce n'est pas vraiment mon truc, mais Muriel Boreen avec Bientôt vingt ans (son seul 45 tours, orchestre dirigé par Jean-Claude Vannier) et Liz Sarian avec On s'aime, avec des échos de Patricia Carli, font partie de ces nombreuses chanteuses que Vogue a tenté de lancer et, dans le style, ces deux chansons sont tout à fait correctes.
En résumé, ce disque est sûrement un bon reflet de la production pléthorique de Vogue en 1967. A 40 centimes c'est une bonne affaire. Chez Discogs, il faudrait dépenser en moyenne 300 € pour s'offrir les 45 tours originaux de Clothilde, Cléo, Muriel Boreen, Eddie Lee Mattison et The Kinetic !
Le disque peut être téléchargé chez Doc Over Blog.
Jacques Dutronc, Les cactus, en direct dans l'émission Rendez-vous au bowling de la Radio Télévision Suisse, en 1966.
Antoine, Je l'appelle Cannelle, avec la participation d'Henri Salvador.
10 juin 2017
YANN TIERSEN : Monochrome interprété par DOMINIQUE A
Acquis le 10 juin 2012 sur le vide-grenier de Roches-sur-Marne
Réf : VISA 7076 -- Édité par Labels en France en 2002 -- Échantillon promotionnel - Interdit à la vente
Support : CD 12 cm
Titre : Monochrome
Ces derniers mois, j'ai eu l'occasion d'acheter quatre albums différents de Yann Tiersen, à des prix allant de 50 centimes à 1 €. Je les ai écoutés et appréciés et, aussi bien pour la version studio sur Le phare que pour celle en public sur C'était ici, je me suis fait la réflexion que Monochrome était peut-être ma chanson préférée à la fois de Tiersen et de Dominique A.
Je crois bien que, il y a quelques semaines, j'ai même regardé s'il existait un single commercialisé avec ce titre (la réponse était non). Et puis en début de semaine, en rangeant un des albums, sur quoi est-ce que je tombe ? Un single promo en pochette carton avec justement la version en public de Monochrome !
J'ai une bonne excuse pour ne pas m'être précisément souvenu que j'avais ce disque puisque, il y a pile cinq ans aujourd'hui, j'avais acheté pas moins de 58 disques, 45 tours, 33 tours et CD, à Roches-sur-Marne à un gars qui probablement écoulait une fin de stock d'une boutique de Saint-Dizier. Celui-ci m'avait coûté 5 centimes.
J'avais vraiment fait une bonne pioche ce jour-là, puisque c'est le cinquième disque que je chronique de ce lot, après Howard Werth, Prince of Wales Stars, Henri Salvador et Lou Reed (ça m'amuse bien d'enchaîner ces deux-là...!).
La version originale de Monochrome est donc sortie en 1998 sur Le Phare. Il y a avait déjà eu à l'époque un promo largement monochrome en pochette carton.
Le premier vers fait référence à un cercle dont il est impossible de sortir et la composition me donne l'impression d'être elle-même circulaire, mais un cercle qui monterait un peu à chaque tour, donc plutôt une spirale, qui à la fin arriverait à l'endroit d'où elle était partie, un peu comme un escalier à la Escher.
C'est Dominique A qui chante, très bien. Le seul reproche que j'ai à faire à cette chanson, c'est que les paroles sont en anglais plutôt qu'en français, mais c'est à Yann Tiersen qu'il faudrait le faire plutôt qu'à Dominique, puisque c'est lui qui est l'auteur des paroles en plus d'être le compositeur de la musique.
Une vidéo très réjouissante a été tournée pour cette version de Monochrome :
La version qu'on trouve sur mon CD, toujours chantée par Dominique A, a été enregistrée à la Cité de la Musique à Paris en février 2002, dans le cadre d'un récital co-produit avec le Printemps de Bourges.
La version de la chanson n'est pas fondamentalement différente, à la différence notable de la présence des cordes de l'ensemble orchestral Synaxis. Cette version est aussi un peu plus énergique et enlevée.
Une réussite en tout cas, et décidément je fais de belles découvertes cette année en chinant dans mes propres étagères !
05 juin 2017
THE ROLLING STONES : Les Jours Star avec Les Rolling Stones
Acquis sur le vide-grenier du Mesnil Sur Oger le 21 mai 2017
Réf : 533 773-4 -- Édité par Universal Music Projets Spéciaux en France en 2012 -- Hors commerce
Support : CD 12 cm
Titres : It's only rock 'n' roll (But I like it) -/- Start me up
C'était le seul disque du stand, posé bien en évidence sur la table, encore sous cellophane. Quand j'ai compris de quoi il s'agissait, je me suis dit que ce serait intéressant de le prendre, mais je n'aurais sûrement pas misé dessus plus que les 50 centimes que la vendeuse en demandait.
On trouve au dos de la pochette la mention "Hors commerce", assez courante, notamment pour des disques promotionnels distribués hors du circuit traditionnel de vente de détail. Mais dans ce contexte, cette expression prend une saveur particulière, car ce disque n'existe que dans le cadre d'une opération commerciale, et même publicitaire !
L'année 2012 était la cinquantième depuis les débuts des Rolling Stones, marquée comme il se doit par des concerts, l'édition d'une compilation de cinquante titres (dont deux inédits), d'un livre, etc. etc.
Un bon prétexte pour que Carrefour Market sélectionne les Stones cette année-là pour son opération Les Jours Star, une animation commerciale en magasin relayée en ligne.
Comme l'explique Mathieu Monniot, qui a travaillé dessus, l'opération se déclinait en :
- Un jeu de cartes à collectionner (une pochette pour 20 € d'achat).
- Un juke-box (payant, apparemment) permettant de gagner des milliers de "cadeaux rock".
- Un site spécial en ligne avec des concours pour gagner des séjours à Londres, "la guitare dédicacée de Keith Richards" et une application Facebook pour gagner des lots en "tirant la langue comme Mick Jagger" !
Parait-il que la première fois que les Stones ont autorisé l'usage de leur musique pour de la pub, c'était en 1995 pour le son de démarrage de Windows 95 (Start me up, ah ah ah !), contre trois millions de dollars. Depuis, les écoutilles sont largement ouvertes et visiblement il n'y a plus de limites à la commercialisation du catalogue.
Je suppose que ce CD deux titres, avec évidemment bien en évidence le logo à la bouche qui est une marque commerciale déposée, est l'un des petits lots qui étaient offerts dans les différents concours organisés.
On y retrouve deux titres publiés après la période Decca, c'est à dire choisis dans le catalogue dont le groupe reste propriétaire. Il s'agit de deux succès qui sont devenus des classiques de la période "mâture" du groupe, It's only rock 'n' roll (But I like it), le morceau qui a donné son titre à leur album de 1974, et Start me up, le premier 45 tours extrait de l'album Tattoo you en 1981. On était dans une période où le groupe avait encore un très grand succès, mais cela faisait déjà longtemps qu'il n'était plus essentiel.
Autant leur inspirateur Chuck Berry a créé avec Roll over Beethoven et Rock and Roll music deux vrais hymnes au Rock 'n' Roll, autant on a ici une chanson longue, dont on ne retient que le refrain, un refrain qui semble justement dénigrer ce style musical : "Je sais que ce n'est que du rock 'n' roll mais j'aime bien ça".
A l'époque où Start me up est sorti, Richards et Jagger ne se parlaient pas et, pour avoir un nouvel album dans les temps, l'entreprise Rolling Stones en a été réduite à reprendre des bouts de titres entamés dans les années précédentes pour les compléter et rajouter du chant dessus. Start me up, c'est avant tout un riff de guitare. Il est conseillé de ne pas s'attarder sur les paroles ("Si tu me démarres, jamais je ne m'arrêterai. Tu fais pleurer un homme mûr."), et même le riff risque d'être gâché à vie si on regarde la vidéo, réalisée comme celle de It's only rock 'n' roll par Michael Lindsay-Hogg, avec Mick Jagger qui danse sur l'introduction, visiblement après avoir forcé sur les cours d'aérobic.
Allez, on sait bien qu'il n'est pas question ici de rock 'n' roll, mais on peut chanter tous en choeur "I know it's only big business (but I like it)" !
La page d'accueil du site de l'opération Les Jours Star avec Les Rolling Stones.
04 juin 2017
NINA SIMONE : My sweet Lord (Spécial club)
Acquis sur le vide-grenier de Dizy le 28 mai 2017
Réf : PR 005 -- Édité par RCA en France en 1972 -- Tirage limité - Vente interdite au public
Support : 33 tours 30 cm
Titres : My sweet Lord -/- My sweet Lord
Dimanche dernier, on s'est pointé à dix heures trente passées sur la broc de Dizy, sympa et pratique, installée sur les deux côtés d'une avenue qui traverse le bourg.
Autant dire que, arrivant après des dizaines de collectionneurs, je ne visais pas la bonne affaire exceptionnelle. Je m'attendais même à revenir bredouille mais, dans une caisse d'une petite quinzaine d'albums qui ne payaient pas de mine (des compilations de reprises de succès par des groupes anonymes, principalement), je suis d'abord tombé sur Rock anthology vol. 2, encore un disque a priori quelconque, sauf qu'il n'est pas crédité à un anonyme, mais au seul Albert King.
Le moment était venu de demander au camelot le prix de ses disques. Il m'a répondu 20 centimes, et j'étais déjà bien content de ma journée. Précisons que ce disque est une (ré)édition d'avant 1971 (C'est un BIEM) de l'album King, does the King's things de 1969, qui est bien une anthologie du rock puisque, on l'aura compris, Albert n'y fait que des reprises d'Elvis Presley. Pas un mauvais disque, mais je n'aime pas trop le chant d'Albert, et le son typique de Stax est à mon goût trop en retrait sur cette production du label de Memphis.
Je n'imaginais pas trouver un autre disque intéressant dans la poignée qui restait dans la caisse. Et pourtant ! J'ai vu le verso d'une pochette, avec un texte imprimé en écriture manuscrite sur fond noir, et j'ai aperçu les mots Nina Simone. J'ai retourné la pochette et j'ai constaté qu'il s'agissait d'un disque que je n'avais jamais vu. J'ai sorti le disque, et j'ai vu que c'était un maxi promo avec le même titre sur les deux faces. Bingo !
Le texte au dos de la pochette est sûrement dû à un responsable commercial de chez RCA, mais je n'arrive pas à déchiffrer sa signature, qui commence par un "J" majuscule, comme le "Je" de son texte.
Il s'adresse visiblement aux DJs des boites de nuit et aux animateurs de radio qui avaient fait un succès du 45 tours My way, en leur proposant ce My sweet Lord, "enregistré lors d'un show télévisé public contre la guerre du Vietnam organisé par Jane Fonda".
Il ne m'a pas fallu trop longtemps pour apprendre que cet enregistrement a été publié en 1972 sur l'album Emergency ward.
My Sweet Lord, en medley avec le poème Today is a killer écrit par David Nelson des Last Poets, y occupe entièrement la première face. Contrairement à l'habitude, la version "club" de mon disque n'est pas plus longue que l'originale, mais plus courte puisque, à 14'37 ici, on a un titre amputé de près de 4' par rapport à la version album, minutes qui ont dû être prises au début et à la fin. Par contre, même si les crédits ne le mentionnent pas, on y entend bien Today is a killer.
Les conditions d'enregistrement de ce titre sont intéressantes à connaître. J'ai trouvé des informations détaillées à ce sujet dans le livre Nina Simone, une vie de David Brun-Lambert, dont on peut lire de larges extraits en ligne.
L'enregistrement a eu lieu dans le cadre de la tournée Free the army organisée par Jane Fonda et Donald Sutherland contre l'intervention américaine au Vietnam. Un documentaire sur cette tournée, F.T.A. (pour "Free the army", officiellement, mais tout le monde comprenait "Fuck the army"), est sorti en 1972, mais bizarrement il n'est resté en salles qu'une semaine. Il a depuis été réédité en DVD. Voici sa bande annonce.
La bande annonce pour la réédition en DVD de FTA.
Le concert de Nina Simone a eu lieu le 18 novembre 1971 à Fort Dix en l'honneur de soldats noirs de retour au pays. Apparemment, le public l'a attendue pendant des heures. Quand elle est finalement apparue sur scène, dans une ambiance folle, entourée notamment par la chorale Bethany Church Junior Choir de South Jamaica à New York, par son frère Sam et sa fille Lisa, elle leur a directement balancé cette version épique du tube de George Harrison.
My sweet Lord, c'est à la fois le premier 45 tours solo de l'ex-Beatles, son plus grand succès dans les classements des ventes et aussi le titre qui a terni sa réputation, puisqu'il a perdu un procès intenté pour la trop grande ressemblance avec le He's so fine des Chiffons.
Nina Simone met vraiment la chanson à sa sauce. Elle modifie les paroles : plus de références à Krishna ou Rama, ici, seulement des "Alléluia" pour cette version gospel/chrétienne prise sur un rythme effréné, rythmée par les chœurs, les percussions, des claquements de main et une basse énorme.
Difficile d'écouter cette chanson sans se bouger, sans chanter et sans finir quasiment en sueur.
L'insertion du poème des Last Poets, sur la fugacité du bonheur et des rêves et le caractère meurtrier du quotidien, renforce la chanson et montre à quel point Nina Simone s'est impliquée dans l'interprétation de ces deux œuvres.
Malgré les envois promotionnels (il y a aussi eu un 45 tours promo avec une version très raccourcie mais pas de sortie commerciale), je ne crois pas que l'album Emergency ward s'est particulièrement bien vendu en France, mais je suis fort content d'avoir glané cette rareté.