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29 décembre 2016

PASCAL COMELADE : Stranger in paradigm


Acquis chez Musique Action à Vandoeuvre le 26 mai 2006
Réf : 0630 -- Édité par Vand'Oeuvre en France en 2006 -- n° 179/1000
Support : 33 tours 25 cm
6 titres

La simultanéité des parutions est apparemment accidentelle, mais l'heure est au bilan pour Pascal Comelade en cette fin d'année 2016, avec la sortie d'un coffret, Rocanrolorama, et d'un livre de Pierre Hild, Pascal Comelade : Une galaxie instrumentale.


Rocanrolorama est sous-titré Le luna-park métaphysique. Deux coffrets de quatre CD avaient déjà été publiés en Espagne, Bar electric en 2006 et La catedral d'escuradents en 2009, mais Rocanrolorama fait encore plus fort. Pour ce "résumé de l'intégrale revisitée", Pascal Comelade a, sur une période de plusieurs années, réécouté l'ensemble de sa foisonnante production depuis 1974. Il a sélectionné 165 titres, parmi lesquels de nombreuses raretés et quelques inédits en studio ou en concert. Quand il l'a jugé nécessaire, certains titres ont été retravaillés, voire au moins en partie réenregistrés.
Le tout est un régal, pour le fan de longue date de Comelade aussi bien que pour celui qui souhaiterait découvrir son parcours. Avec six CD pour moins de quarante euros, ce coffret en édition limitée à 1000 exemplaires est aussi d'un rapport qualité-prix imbattable !
Le livre de Pierre Hild, un beau cadeau de mon ami Philippe C., accompagne parfaitement l'écoute du coffret et complète les propres Écrits monophoniques submergés de Pascal Comelade. Mieux qu'une biographie, c'est un regard complet sur son parcours musical, sur la base d'un traffic d'entretiens entre les deux hommes, dont de nombreux extraits sont donnés en verbatim.
Pascal Comelade a l'habitude de réfléchir sur son propre travail et il le fait généralement d'une façon clairvoyante, sans forfanterie ni pédanterie. Ça donne une lecture réjouissante, avec de nombreux éclairages sur les multiples projets d'un musicien paradoxal. Je crois que c'est l'une des choses qui me fascine et continue de m'étonner chez Pascal Comelade, rocker revendiqué et fin connaisseur des musiques de populaires de Catalogne. Quelqu'un qui explique qu'il préfère enregistrer seul chez lui, mais qui au bout du compte multiplie les collaborations et les projets, avec des peintres, des musiciens, des poètes, qui peuvent l'amener un jour à jouer dans une institution parisienne, un autre dans le foyer laïque ou l'église d'à côté, voire sur une estrade de la Fête de la Musique laissée trop longtemps libre ou dans un musée ou une galerie d'art contemporain.
Il a aussi un sens de la formule très marqué, repéré de longue date dans le choix de ses titres, et qui s'exprime très souvent ici : à propos de El Sordo (Le Sourd), mystérieux vocaliste sur You're never alone with a schizo, un titre de l'album enregistré avec The Limiñanas Traité de guitarres triolectiques (à l'usage des portugaises ensablées), il explique que c'est "un imitateur de The Phantom qui chanterait du braille en yaourt".
A ce propos, un contributeur sur Discogs note que Marche funèbre pour les funérailles d'un grand homme sourd est noté dans le livret du coffret, mais absent sur le disque correspondant. Il n'a pas dû suffisamment tendre l'oreille, sinon il aurait perçu l'hommage à Alphonse Allais ainsi rendu.
Ces deux publications constituent bien sûr une sorte de bilan, mais un bilan provisoire car le feu follet Comelade poursuit ses aventures, avec des concerts dessinés, un projet de disque avec Pau Riba, un album inédit qui devrait contenir Ze Bob Birman Sinfonia, fruit d'une collaboration autour de Bob Dylan avec les birmans de Saing Waing,...
L'une des dernières aventures contées dans le livre est celle de l'inauguration de la rue Jimi Hendrix à Passa, dans les Pyrénées Orientales, en présence de la sœur du musicien. Pascal Comelade a joué pour l'occasion Purple haze avec une fanfare et il précise modestement que, dans ce lotissement dont les rues portent toutes le nom de musiciens, il y a aussi une rue Pascal Comelade, une "petite artère en impasse".
Pour fêter tout ça, j'ai pioché dans mes étagères ce beau 25 cm qui a déjà presque dix ans. C'est aussi une façon de rendre hommage à Dominique Repécaud, qui dirigeait le festival Musique Action à Vandœuvre-lès-Nancy et qui est mort en novembre dernier. Musique Action a démarré en 1984, à la suite du Festival Musiques de Traverses de Reims. Une bonne occasion de proposer une deuxième date pendant le long week-end de l'Ascension aux groupes qui se déplaçaient à Reims. Mais le festival nancéen a largement survécu à son grand frère rémois et s'est développé au fil des années, proposant une programmation à la fois expérimentale et aventureuse, suffisamment variée pour que je m'y rende par deux fois, voir Pascal Comelade, Pere Ubu et aussi Eugene Chadbourne le 26 mai 2006 et Howe Gelb puis Giant Sand les 4 et 5 juin 2011.
C'est le Centre Culturel André Malraux, qui organise le festival, qui a aussi lancé le label Vand'Oeuvre pour le documenter discographiquement. Il n'est pas étonnant que, à l'occasion de sa venue au festival en 2006, Pascal Comelade ait ajouté son nom au catalogue du label : en plus d'avoir longtemps publié ses disques sur un label nancéen, Les Disques du Soleil et de l'Acier, il a enregistré des titres par dizaines au studio du Centre Culturel André Malraux, et s'est sûrement produit plusieurs autres fois au festival, notamment le 7 mai 1992 (on retrouve dans Rocanrolorama une version d'Egyptian reggae enregistrée ce soir-là).
Je suis revenu ce week-end là  de Nancy avec non pas un exemplaire de ce disque, mais trois, puisque les amis Olrik et Dorian Feller m'avaient passé commande avant mon départ.
Stranger in paradigm est un disque très rocanrol, même si ce mini-album n'a rien à voir avec la piste du même titre sur l'album de 2007 Mètode de rocanrol.
I love Joan Jett est le seul des titres qui avait été précédemment édité en France, mais c'était sur un livre-CD à diffusion très limitée, à l'occasion des dix ans du Festival International du Disque et de la Bande Dessinée de Perpignan, en 1999. C'est un medley de tubes de rocanrol (je vous laisse essayer de les reconnaître). Comelade y revient régulièrement, notamment lorsqu'il fait ses grands Rififi avec plein de guitaristes. Une version complétée en 2015 avec The Limiñanas, créditée à La Metropolina del Riff, est sortie en édition limitée.
Le seul original du lot est The blank invasion of schizofonics bikinis, un excellent titre de l'album Psicotic music' hall. Pascal Comelade y joue de tous les instruments sauf de la batterie, y compris donc une ligne de basse élastique et peut-être synthétique et de la guitare saturée.
Avant ça, on a droit à une version de 2003 de Sheena is a punk rocker des Ramones, différente de celle qu'on trouve sur Rocanrolorama. Comelade y est à l'accordéon, et étonnamment c'est un certain Ben Bolt qui est censé être au piano. Après avoir lu le livre, je pense bien qu'il s'agit là de l'un des multiples pseudo farfelus revêtis par Pascal dans les crédits de ses enregistrements.
Sweet little sixteen de Chuck Berry est ici dans une version enregistrée en concert à Barcelone en 1991. 
Mother of Earth, à l'origine sur l'album Miami de The Gun Club, et Russian roulette, de The Lords of the New Church, sont deux titres que le Bel Canto Orquestra a souvent interprétés en concert. Ils ont d'ailleurs tous les deux été joués lors à Musique Action en 2006.
La version de Mother of Earth qu'on trouve ici est tirée de l'album Espontex sinfonia, édité uniquement en Espagne. Pour Russian roulette, il s'agit d'une version en concert de Pascal Comelade et le Bel Canto Orquestra, au Théâtre Gérard Philipe de Frouard, près de Nancy, le 5 mars 2005, avec pour l'occasion Dominique Répécaud à la guitare électrique.

C'est presque étonnant, mais il reste des exemplaires de cette édition originale limitée de Stranger in paradigm, en vente sur le site du Centre Culturel André Malraux.

23 décembre 2016

OENIX : Ils veulent coucher avec Bip Bip


Acquis chez Dorian Feller à Villedommange le 18 décembre 2016
Réf : 101563 -- Édité par Virgin en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ils veulent coucher avec Bip Bip -/- Mélodie qui sonne

Lorsque j'ai chroniqué le 45 tours Michael de France Angleterre, qu'on m'avait offert, j'avais écrit que j'étais tout prêt à accueillir en cadeau d'autres 45 tours de groupes rouennais, comme Les Olivensteins ou Oenix.
Pour Les Olivensteins, faut pas trop rêver, mais je suis bien content d'avoir trouvé à prix d'ami ce 45 tours d'Oenix dans les cartons du sieur Dorian Feller. Certes, il s'agit de la deuxième édition "censurée", mais c'est déjà très bien, et l'édition originale doit être beaucoup plus rare.
A l'époque, certains à Rouen jouaient aux petits rigolos, cherchaient un peu la merde et l'ont trouvée. Le parcours des Olivensteins a été largement contrecarré par l'animosité de Claude Olievenstein. Quant à Oenix, ils se sont méchamment attaqués à une gloire nationale et leur Ils veulent coucher avec Sheila a vite fait long feu. Mais le petit scandale leur a sûrement permis de signer chez Virgin et de ressortir le 45 tours avec une pochette retravaillée et un nouveau titre, Ils veulent coucher avec Bip Bip.
Je me souviens très bien d'avoir lu une chronique du 45 tours dans Best ou Rock and Folk à l'époque et j'ai aussi entendu le disque à la radio. Je n'en suis plus certain, mais dans les deux cas je pense qu'il s'agissait de Ils veulent coucher avec Bip Bip plutôt que de Ils veulent coucher avec Sheila. Ça m'avait bien fait rire, mais pas au point d'acheter le disque quand même, à une époque où chaque franc comptait.
Le disque original n'est pas sorti chez Mélodies Massacre, mais il est produit par Lionel Hermani, des Dogs et des Calamités.
Les paroles sont bêtes et méchantes, mais y a pas de quoi tuer un coyote.
Musicalement, on est plus dans le rock-twist rétro à la Au Bonheur des Dames que dans la New Wave. Je n'aurais pas saisi la référence moi-même car je ne connais pas bien la chanson, mais il semble bien que la musique soit dérivée de l'un des premiers tube de Sheila en 1963, Papa t'es plus dans le coup. Avec cette histoire de fille qui est en fait un gars et les chœurs (même si ce ne sont pas des "Bidou-Bidets"), cette chanson peut tout à fait être considérée comme un précurseur de Non ! Non ! Jean-François de Sttellla.
La face B, Mélodie qui sonne, a plus un son pop-rock à la Buzzcocks. Les paroles ont beau être en français,je ne les comprends pas toutes, mais suffisamment pour saisir qu'il y est question de sexe. Elle a valu au groupe un passage sur FR3 Normandie (ci-dessous), où l'on apprend surout qu'Oenix fait "de la New Wave avec de l'humour".
Un peu plus tard en 1980, il y a eu un deuxième 45 tours, Pauvre et moche, également produit par Lionel Hermani et passé complètement inaperçu il me semble.
Le groupe a dû se séparer ensuite. On peut identifier ses quatre membres d'après les crédits : Anne-Marie Monville, Alain Mercier, William Foyé et Richard Alexandre. En 1982, on trouve la trace de deux d'entre eux associés à un autre groupe rouennais, Gogol 1er et La Horde. Anne-marie Monville le manageait et Richard Alexandre était un des musiciens.
Oenix aura laissé une trace anecdotique dans l'histoire du rock français, mais je suis bien content que cette trace ait rejoint mes étagères. Et maintenant, reste le cas des Olivensteins...!



20 décembre 2016

JEAN DRÉJAC : Vous présente un nouveau jeu de société (des auteurs)


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 17 décembre 2016
Réf : V 45 P 2030 -- Édité par Véga en France en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les poils du nez -- Faut pas gamberger -/- Étire ton zinzin -- Quand on est amoureux

Faute de vide-grenier en cette saison, j'ai fait un tour chez Emmaüs samedi dernier. Coup de chance, la pièce à disques était ouverte. Il y en avait beaucoup, mais très peu de nouveaux depuis ma dernière visite. Je les ai donc passés en revue très vite, mais à un moment je suis revenu en arrière pour observer celui-ci avec plus d'attention car j'avais vu qu'il était question de présenter un jeu et je me suis dit que c'était peut-être un disque publicitaire.
Je connaissais Jean Dréjac de nom mais c'est tout. Je n'aurais pas pu dire qu'il est surtout réputé comme auteur de chansons, dont les paroles de Ah ! Le petit vin blanc, ni qu'il a aussi été interprète, mais avec une discographie limitée.
Quand j'ai vraiment regardé la pochette, j'ai eu un sursaut. Autant le disque de Dréjac d'à côté dans la pile a l'air des plus sérieux (Octobre, avec une peinture d’Édouard Pignon en pochette), autant celui-ci est complètement délirant.
"Un nouveau jeu de société (des auteurs)" ? Il y a clairement un clin d’œil à la SACEM (dont Dréjac a longtemps été vice-président par la suite), mais on n'en saura pas beaucoup plus.
Les "éléments du jeu" sont quand même présentés : un piano, une machine et un magnétophone, clairement les outils de travail de l'auteur-compositeur, plus un tube et une locomotive, une source d'inspiration, le cadre noir de Saumur (!), et, drapant l'artiste, la robe de chambre "Foskifo" !!
Le délire continue au dos. Deux des chansons du Hit Parade sont quand même titrées Les poils du nez et Étire ton zinzin !
Les notes de pochette nous présentent un ouvrage de référence fictif, Le grand Dréjac illustré, avec notamment des définitions pour Tube, Locomotive, Bide,... Je connaissais la définition, différente, de "tube" par Boris Vian. Dréjac n'est peut-être pas aussi percutant, mais il s'est visiblement bien amusé.
Tout cela ressemble au résultat d'une grosse blague potache, au gage issu d'un pari stupide et bien arrosé. Malheureusement, je n'ai aucune idée de ce qui a amené à produire cette pochette. Si quelqu'un connaît l'histoire, les commentaires sont bienvenus.
En achetant le disque, je me disais que le contenu gravé sur les sillons serait sûrement moins fou que la pochette. J'avais malheureusement raison, mais le premier titre, Les poils du nez, est quand même bien barré. Le héros en est un gamin de quatre ans qui a fait une grande découverte : "Avant qu'on ne nous vende l'air au mètre ou au poids, Messieurs je vous le demande, chantez tous avec moi : Pour bien respirer, faut se couper les poils du nez, et vas-y Gégéne, à toi l'oxygène, et vas-y Gégéne, à toi de respirer". Soit dit en passant, de nos jours on ne vend pas encore l'air, mais on a réussi à créer un marché spéculatif des quotas d'émissions de CO2 !
Jacques Courtois et ses marionnettes ont repris cette chanson en 1963:



Les trois autres titres sont bien plus sages. Ils ont tous aussi été interprétés par d'autres que leur auteur, mais dans des versions sérieuses. N'empêche, je note que, sur le tableau du Hit Parade au recto de la pochette, ils sont listés dans cet ordre : "Étire ton zinzin, faut pas gamberger quand on est amoureux". Ça ne doit pas être un hasard, même si je regrette de ne pas réussir à y associer le premier titre.
Faut pas gamberger a été interprétée par Patachou  en 1960 quant à Étire ton zinzin, sur une musique de Michel Legrand, c'est Rosalie Dubois qui l'a interprétée en 1961. Et précisons pour ceux qui ont les idées mal placées que le zinzin en question est un accordéon !
Quand on est amoureux a été interprétée également par Marcel Amont dès 1959. Les paroles originales sont de Jean Dréjac, mais la musique est reprise de Il piccolo montanaro, enregistrée par Renato Carosone. L'instrumentation de Carosone est bien plus intéressante et délirante, dommage que ni Amont ni Dréjac ne l'aient suivi dans cette voie.
En tout cas, voici une découverte étonnante, et j'espère un jour en savoir plus sur l'histoire de ce disque.

Je ne vais pas m'énerver une fois de plus, mais ce 45 tours fait partie des collections publiques de la Bibliothèque Nationale de France. Bibliothèque qui a rémunéré des sociétés privées pour numériser une partie de ses disques. Chouette, sauf que les contrats prévoient une exclusivité de commercialisation des titres numérisés pendant plusieurs années. On peut donc acheter les titres en MP3, les écouter chez Deezer (en se connectant pour avoir les titres en entier), mais pour écouter plus que des extraits sur le site de la BNF, il faudra encore attendre plusieurs années.



18 décembre 2016

JOHNNY CASH : The matador


Acquis chez Cats Protection à Finchley le 17 novembre 2016
Réf : AAG 173 -- Édité par CBS en Angleterre en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The matador -/- Still in town

Depuis une vingtaine d'années maintenant, j'ai accumulé un bon paquet d'albums et de compilations de Johnny Cash, et j'en ai écouté encore plus, mais ma réaction quand je suis tombé sur ce 45 tours c'est que je n'avais jamais entendu parler d'une chanson de lui intitulée The matador.
Bizarre, mais avec ce titre et l'année de parution, 1963, j'ai tout de suite deviné de quoi il retournait : 1963, c'est Ring of fire, le Mexique, les mariachis. Le matador, c'est la corrida, l'Espagne, le Mexique aussi. Sachant que Ring of fire avait été un tube, il y avait toutes les chances que The matador soit une sorte de suite.
Et c'est bien ça. Ce 45 tours est sorti en septembre 1963, le premier de Cash après le succès de Ring of fire. La chanson est co-signée par June Carter, qui avait aussi co-écrit Ring of fire, et Cash lui-même. Elle raconte l'histoire d'un matador qui s'apprête à livrer son dernier combat devant celle qui l'a délaissé, Anita (le prénom sonne suffisamment latin et c'est peut-être un clin d’œil à Anita Carter, la sœur de June).
Les cuivres sont bien présents et mis en avant, mais la chanson n'a pas l'accroche de Ring of fire et n'a pas eu autant de succès. Elle ne figure sur aucun album studio de Johnny Cash. Cette tentative de transformation d'une arène en anneau de feu n'a pas vraiment réussi.
Sur sa lancée, Cash a sorti un EP de quatre titres chantés en espagnol, avec Anillo de fuego en titre principal, bien sûr, mais on y trouve aussi El matador.
La face B, Still in town, est co-signée par deux grands de la country, Hank Cochran et Harlan Howard. Une chanson classique dans le style, l'histoire d'un gars qui n'arriver pas à s'éloigner de celle dont il est toujours amoureux, avec un refrain qui fonctionne bien, "Yes I'm still in town, I'm still around, and still in love with you".Cette chanson a été jugée suffisamment bonne pour être incluse sur l'album I walk the line de 1964. Elle fait partie aussi des dizaines de chansons que Bob Dylan et The Band ont enregistrées sur les Basement tapes. Mais le disque c'est avant tout du commerce et, juste après The matador et avant cet excellent album de 1964, Cash a sorti un album de saison en décembre 1963, The Christmas spirit. Sûrement l'un de ses nombreux disques qui restent à peu près inécoutables.
J'ai trouvé ce 45 tours dans la boutique d'une association pour la protection des chats. J'aurais bien poursuivi sur le même thème en choisissant un cadeau pour mon félin sur la boutique en ligne officielle de Johnny Cash, mais malheureusement, il n'y en a que pour les chiens. Dommage, car l'équivalent pour chat de la laisse I walk the line ou du distributeur de sacs à merde m'aurait sûrement fait craquer !!

09 décembre 2016

VIOLENT FEMMES : Memory


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres le 15 novembre 2016
Réf : PIASR421CDSP -- Édité par PIAS en Angleterre en 2016 -- For promotional use only - Not for resale
Support : CD 12 cm
Titre : Memory

Elle est déjà bien loin  l'époque où la cave des magasins Record and Tape Exchange était pleine à craquer de disques bradés. Il en reste, mais un tout petit peu : deux ou trois cartons de 45 tours à 10 pence, quelques dizaines de CD au prix abaissé à 50 pence...
J'ai quand même été content d'y trouver ce promo de Violent Femmes édité au printemps dernier.
En 2015, j'avais été attiré par de bons commentaires sur leur maxi Happy new year, l'occasion d'un énième retour. Je m'étais renseigné, mais il n'était sorti qu'en maxi 45 tours aux États-Unis. Inabordable.
Cette année, il y a eu un nouvel album, We can do anything, sans aucun des quatre titres du maxi. Memory est le premier titre de l'album, et il est aussi sorti en 45 tours, en édition limitée à 1200 exemplaires, à l'occasion du Record Store Day.
Je n'ai pas ce 45 tours, et donc pas sa face B inédite, mais j'ai le titre principal et sa pochette, et c'est déjà très bien comme ça.
A l'écoute, on se dit que Memory est une très bonne chanson, et aussi qu'elle est vraiment typique du style Violent Femmes, au point qu'elle n'aurait pas déparé sur un de leurs disques des années 1980. Il faut dire que, après quelques expériences au fil du temps, ils se concentrent sur leur formule de rock acoustique échevelé. Mais surtout, il s'avère que Memory, ainsi que d'autres chansons de l'album, fait partie de tout un lot de vieilles idées/ébauches que Gordon Gano a déterrées pour l'occasion, comme il l'a expliqué aux Inrockuptibles.
Sinon, l'histoire du groupe est elle-même un peu violente. Après plusieurs aller-retour, le batteur Victor DeLorenzo a quitté le groupe (ou en a été éjecté) en 2013, pour de bon probablement, quelques semaines après le début d'une tournée de retour de la formation originale, notamment pour des questions d'argent. Quelques années plus tôt, c'est le bassiste Brian Ritchie qui avait attaqué en justice le guitariste-chanteur Gordon Gano pour demander un partage des droits d'auteur et un accès à la comptabilité du groupe ! Mais ça a dû s'arranger, car en 2016 les deux sont toujours côte à côte sur scène.
Pour finir sur une note plus légère : j'ai passé un bon moment à lire les nombreuses anecdotes racontées sur le site du groupe, notamment celle où Jonathan Richman téléphone en pleine nuit à Gordon Gano pour s'excuser d'avoir dit du mal du groupe dans la presse trois ans plus tôt !

We can do anything est intégralement en écoute sur YouTube. L'album édité par PIAS est en vente partout.




Violent Femmes, Memory, en direct pour la radio KINK 101.9 de Portland, en mai 2016.


Violent Femmes, Memory, une version plus électrique, en public au festival Summerfest à Milwaukee, leur ville d'origine, le 7 juillet 2016.

03 décembre 2016

TERRY REID : Superlungs


Acquis à la Foire aux Disques de Cormontreuil le 12 novembre 2016
Réf : 2 C 006-91007 M -- Édité par Columbia en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Superlungs -/- Stay with me baby

Les bourses aux disques ce n'est pas trop mon truc car je cherche la bonne affaire ou la curiosité plutôt que le collector. Mais quand il y en a une près de chez moi, j'y fais quand même un tour, en espérant dénicher quelque chose d'intéressant dans les cartons théoriquement bradés sous les stands. Mais quand que de simples CD sont annoncés triomphalement à 5 € comme si c'était l'affaire du siècle, je vous laisse imaginer le prix des vinyls d'époque, même en état moyen et peu recherchés...
A Cormontreuil, j'ai quand même trouvé deux-trois trucs à prix correct et, surtout, j'ai eu la chance que quelques vendeurs réellement amateurs se soient glissés parmi les pros et semi-pros. L'un d'entre eux avait une boite à chaussures de 45 tours en bon état à 1 € les trois. Inespéré ! J'en ai pris six, dont celui-ci, plus par curiosité et parce que je me doutais qu'il n'était pas trop courant que par intérêt musical, car a priori je ne pensais pas trop qu'il allait me plaire.
Terry Reid est entré dans l'histoire anecdotique du rock pour une raison toute simple : contacté pour éventuellement devenir le chanteur du groupe qui allait devenir Led Zeppelin, il a décliné l'invitation et suggéré à Page de s'intéresser au chanteur de Band of Joy, un groupe qui avait sa première partie, et aussi accessoirement à leur batteur. Il s'agissait bien sûr de Robert Plant et John Bonham. Plus tard, il a aussi refusé de devenir membre de Deep Purple.
Ce que je ne savais pas, c'est que sous son nom, Terry Reid avait déjà alors une carrière d'envergure non négligeable, avec plusieurs albums et des tournées américaines en ouverture de Cream ou des Rolling Stones.
En l'associant à Led Zeppelin, je pensais ne pas apprécier spécialement ce disque, mais j'ai été agréablement surpris à l'écoute. La production musicale est intéressante, claire et nette. Quant à Terry Reid, c'est un chanteur à coffre et à voix, certes, mais son style me convient mieux que celui de Robert Plant.
Ce 45 tours est extrait de Terry Reid, son deuxième album, sorti fin 1969. Il contient deux reprises, toutes les deux avec un son très différent des versions originales et toutes les deux à mon sens plus intéressantes que les originales. 
Superlungs est une reprise de Superlungs (My supergirl) de Donovan, sorti très peu de temps auparavant sur son album Barabajagal. Côté paroles, ce n'est sûrement pas ce que Donovan a fait de mieux, puisque sa "super fille" dans la chanson est une fan de quatorze ans aux "super poumons". Là où la version de Donovan a des côtés hippie et garage, celle de Terry Reid a une basse très claire, des guitares et de l'orgue qui en font un excellent titre pop-rock.
Je ne connaissais pas la version originale de Stay with me par Lorraine Ellison, qui date de 1966 mais, dès les premières notes de Stay with me baby, j'ai compris que l'original était une ballade soul/rhythm and blues. Cette version est à la fois puissante et pleine de maîtrise, très réussie.
Ce 45 tours est donc une bonne surprise pour moi. Mais, la photo de pochette étant celle de l'album et les deux titres en étant extraits, j'ai du mal à comprendre pourquoi il se vend en moyenne plus d'une trentaine d'euros chez Discogs. Pour beaucoup moins cher, je conseille à qui serait intéressé de se procurer le CD de 2004 Super lungs (The complete studio recordings 1966-1969).


Terry Reid, Superlungs, Rich kid blues et Highway 61 revisited, en direct dans l'émission allemande Beat Club le 31 décembre 1969.


Terry Reid, Superlungs, en direct dans l'émission ou sur la chaîne Detroit Tube Work en 1970.


La bande-annonce de Superlungs : A Terry Reid documentary. Le film complet n'a pas encore été diffusé.