Pages

02 octobre 2016

CALIFORNIA BLUES


Acquis chez A La Clé de Sol sûrement à Reims sinon à Châlons-sur-Marne dans les années 1980
Réf : 30 AB 5603 -- Édité par Musidisc en France vers 1975
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Radio Primitive a annoncé le 13 septembre la mort la veille au soir de Gérald Aubépart, alias Gégé de Closing Time.
Depuis qu'il avait démarré son émission en 1983, il en était venu à incarner la passion pour le blues au sein de la station. Même après avoir quitté Reims pour Rouen au moment de sa retraite, il a continué à produire son émission.
Du studio du Chemin Vert à celui de la rue Flodoart, il me semble que nos émissions étaient souvent programmées le même soir. C'était j'en suis sûr effectivement le cas pendant toute une grosse moitié des années 1990, quand j'animais l'émission Vivonzeureux! (en attendant la mort...). Et j'ai aussi eu souvent l'occasion de côtoyer Gégé lors des réunions de CA et les AG de la radio, où il exprimait et défendait fortement ses opinions, à commencer par la nécessité d'augmenter la paie de nos salariés !
Gégé ne se contentait pas d'acheter des disques et de les passer à la radio. Il jouait aussi de la basse électrique (dans un style blues, est-ce besoin de le préciser ?) et il a organisé au moins huit Nuits du Blues et d'autres concert, notamment à L'Usine et à la M.J.C. Claudel. Et dès qu'il le pouvait, il se rendait aux sources du blues, aux États-Unis, pour écouter dans les clubs cette musique toujours vivante et aller à la rencontre des musiciens. On trouve sur le site de Closing Time les playlists de ses émissions, ainsi que des albums photo de ses derniers voyages.
J'ai appris dans l'annonce de son décès par Soul Bag que l'activisme Blues de Gégé ne se cantonnait pas à Radio Primitive. Il était membre du Collectif des Radios Blues et avait lancé il y a deux ans le projet d'Une histoire de blues dans 100 chansons, un projet qu'il n'aura malheureusement pas pu mener à terme, mais on peut l'écouter commenter les quatre-vingt dix premières chansons qu'il a sélectionnées.
En repensant à Gégé ces derniers jours, je me suis souvenu qu'il avait fait, involontairement et indirectement, une apparition dans la vidéo réalisée début 1987 pour Someone stole my wheels de JC Brouchard with Biff, Bang, Pow !. En effet, on voit pendant quelques secondes les images d'un spectacle de marionnettes de Barbara Mélois, avec un guitarise à l'image de Gégé.



Pour rendre hommage à Gégé, j'ai choisi dans mes étagères un disque, de blues bien sûr, qui aurait été susceptible de l'intéresser (et sur lequel bien sûr il aurait eu beaucoup plus de choses à dire que moi).
Mon choix s'est porté sur cette compilation California Blues, troisième volume de la collection Anthology of the Blues, parue au début des années 1970 sur Kent Records, qui rééditait des titres parus sur les labels des frères Bihari dans les années 1950.
Les douze volumes de la collection ont été édités en France par Musidisc au milieu des années 1970. Une édition "économique", vendue à un prix relativement bas, qui se dispensait des pochettes ouvrantes de l'édition originale mais avait la bonne idée de conserver les belles photos couleurs des pochettes.
Je me souviens que, fin 1979 ou début 1980, la FNAC Montparnasse avait un rayon Blues très fourni, avec toute la collection au prix imbattable de 23 francs (une fois et demi le prix d'un 45 tours environ). J'en étais reparti avec les deux volumes entièrement dédiés à Elmore James.
Quelques années plus tard, j'ai trouvé chez A la Clé de Sol ce volume de Blues de Californie, en solde mais malgré tout un peu plus cher que les disques de la FNAC (25 francs...).
La face A est une compilation avec Johnny 'Guitar' Watson, George Smith, James Reed et Walter Robertson.
Autant je n'aime pas trop de peu que je connais du Johnny 'Guitar' Watson des années 1970 et 1980, autant j'apprécie son jeu de guitare ici sur Three hours past Midnight, de 1956.
J'ai été saisi à l'écoute de Hey, Mr. Porter de George Smith (un enregistrement de 1956 plus connu sous le titre Down in New Orleans). C'est autant du rock 'n' roll que du rhythm and blues ! :rythme binaire, tempo très rapide qui semble encore s'accélérer en cours de morceau, piano, chant yodelé et harmonica par George Smith. Excellent !
Sur la face B, on trouve six titres enregistrés en 1954 par Johnny Fuller. De l'excellent blues, très classique. J'apprécie particulièrement Buddy, qui est presque comme une pièce de théâtre, dans laquelle Johnny interprète deux rôles, le sien et celui du pote dont il est question dans le titre. Le pote frappe à la porte et Johnny le prévient avant d'ouvrir que, s'il essaie de fricoter avec sa femme, ce sera la fin. Le pote, interprété avec une voix plus haute, dit qu'il a déjà entendu dire que sa femme traîne à droit à gauche. A la fin, Johnny dit qu'il va prendre son flingue (même si je ne comprends pas le mot qu'il emploie, qui sonne comme "John Lee Hooker") et le farcir de trous. Mais ce blues se termine sur une note d'humour, puisque Johnny dit tout à la fin "Oh flûte, je l'ai raté !".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire