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28 novembre 2015
COCOROSIE : Rainbowarriors
Acquis chez Salvation Army à Deptford le 13 novembre 2015
Réf : tg318pr -- Edité par Touch and Go aux Etats-Unis en 2007 -- For promotional use only - Not for sale
Support : CD 12 cm
Titres : Rainbowarriors (Radio edit) -- Rainbowarriors (Album version) -- Promise (Album version)
Avant de chroniquer La maison de mon rêve plus tôt cette année, j'avais essayé de voir si je ne pouvais pas plutôt me trouver un single ou un disque promo de CocoRosie. Je lorgnais notamment le trois titres promos avec By your side et Terrible angels, plus une version de Beautiful boyz sans Antony, mais je n'en avais pas trouvé d'exemplaire en vente, alors je m'étais rabattu sur l'album.
Et là, chez l'Armée du Salut, entre deux averses de crachin, dans la grande rue de Deptford qui sera bientôt mangée par les programmes de réhabilitation urbaine en cours, voilà que je tombe sur ce CD-R promo à 50 pence. Super !
Il n'y a pas de pochette recto, mais je pense qu'il n'y en a jamais eu car Touch and Go semble avoir eu l'habitude de procéder ainsi pour des disques promo. Par contre, il y a un insert couleurs imprimé recto-verso comme pour un disque du commerce, en plus des autocollants de la boîte chargée des relations presse.
Rainbowarriors est le titre qui ouvre Ghosthorse and stillborn, le troisième album de CocoRosie. Je n'ai pas l'album, j'ai eu l'occasion de l'écouter, et il est clair que cette chanson est l'une des grandes réussites du disque et un titre très accrocheur, comme il y en a en général au moins un sur les albums du groupe après le premier. Cependant, même si une vidéo a été réalisée, il n'y a pas eu de single commercialisé.
Il y a tout ce qu'on aime chez CocoRosie dans cette chanson. Un rythme comme du hip-hop bancal, les voix des deux soeurs qui se contrastent et se complètent, plein de bruits bizarres, d'animaux, de jouets, de jeux vidéo, et une mélodie portée sûrement par une sorte de synthé, mais qui aurait aussi bien pu être jouée à la cornemuse. La version Radio edit se contente de couper les vingt-cinq dernières secondes de la chanson.
Promise est le deuxième titre de l'album et c'est déjà du CocoRosie plus ordinaire.
Je suis certain d'avoir vu CocoRosie interpréter Rainbowarriors sur scène car, la deuxième fois que j'ai vu le groupe en concert, c'était dans la grande salle de La Cartonnerie à Reims, le 2 juin 2007, dans le cadre de la tournée qui a suivi la sortie de l'album.
CocoRosie a sorti il y a quelques semaines à peine son sixième album, Heartache city.
27 novembre 2015
MARC STECKAR : La joie
Acquis sur le vide-grenier de la Rue de l'Hôpital à Epernay le 15 novembre 2015
Réf : HO 1019 -- Edité par Homère en France vers 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La joie -- Spirit sound (La fille et l'oiseau) -/- Jojo le mérou -- Entre chien et loup
On n'avait pas prévu de sortir ce dimanche, mais le temps était étonnamment beau et ensoleillé alors, passées quatorze heures, on est parti faire un petit tour sur la broc à Epernay, plus pour la balade que pour les bonnes affaires.
Et pourtant, outre une intégrale en quatre CD de La Bolduc au prix imbattable de cinquante centimes, j'ai acheté trois disques intéressants à un vendeur semi-professionnel. Il avait notamment un carton de 45 tours à cinquante centimes les trois où je n'ai malheureusement rien vu d'intéressant pour moi, et un autre avec des disques plus recherchés, sans prix indiqué. Ça commençait mal car le bonhomme m'a dit de faire mon choix et qu'il me donnerait son prix ensuite, libre à moi d'accepter ou pas. Pour ma part, je préfère avoir un prix de base avant de faire mon choix car je marchande très mal. Mais j'ai quand même pris le temps de tout regarder car un autre gars était en train de payer vingt euros seulement une poignée de disques 45 tours et 33, "comprenant des Elvis" apparemment. Au bout du compte, j'ai sélectionné trois 45 tours, un bel EP d'Yma Sumac des années cinquante en très bon état, le tube psyché-pop Je reviens au pays de Sullivan et ce disque-ci. J'étais prêt à payer jusque cinq euros pour le lot et j'ai été bien content que le vendeur ne m'en réclame que trois !
La pochette de ce disque de Marc Steckar est suffisamment drôle et surprenante pour qu'on s'intéresse ce disque, mais même sans ça il m'aurait intéressé car j'ai eu l'occasion de voir Marc Steckar en concert il y a bien longtemps, le 13 mai 1983, dans le cadre du quatrième Festival des Musiques de Traverses de Reims. Ce n'est pas ma journée la plus mémorable sur ce festival, mais elle a quand même été bien pleine avec des concerts souvent aux limites du jazz de Pinski Zoo, Nasmak (des hollandais), Un Drame Musical Instantané, Zila (un projet jazz/musique africaine avec Dudu Pukwana) et Steckar Tubapac, un orchestre fondé par Marc Steckar.
Je n'ai pas vraiment de souvenirs de ce concert. A chaque fois que j'y repense, c'est le Willem Breuker Kollektief qui me revient à l'esprit, des hollandais jazzeux qui, l'année précédente sur la même scène, ne dédaignaient pas les pitreries.
Dans les années 1960, Marc Steckar jouait plutôt du trombone que du tuba. Il a joué dans de nombreux orchestres et accompagné de nombreux chanteurs, et a sorti au moins deux 45 tours sous son nom sur le label Homère et sous la bannière "Trombone new sound". Celui-ci est le deuxième, et ce qui est bizarre c'est que des paroliers sont indiqués pour chacun des quatre titres, dont le romancier Louis C. Thomas, alors que le disque est entièrement instrumental ! Je n'ai pas trouvé trace de disques avec des versions chantées alors je me demande si le crédit donné aux paroliers n'est pas une façon de faire un clin d’œil à des potes...
Le disque a des accents jazz, mais pas trop marqués, et il est enlevé. La joie, qui commence par du trombone glou-glou façon Ron Capone, et Jojo le mérou (super titre !) avec ses effets de sirène de navire, ont des accents sud-américains dans le rythme et les percussions. Spirit sound est très bien aussi. Il n'y a que Entre et chien et loup qui me plaît moins. Le rythme est plus lent, mais ce n'est pas surprenant avec un titre pareil.
Marc Steckar est mort au début de l'été, à quatre-vingts ans. La Gazette des cuivres lui a rendu hommage et propose notamment un extrait de Tubapassion, un documentaire de 2000 de Béatrice et Patrick Reynier sur les vingt ans de Steckar Tubapac.
D'écouter le trombone de Marc Steckar m'a fait penser à un tromboniste qui vient de mourir, Rico Rodriguez, qui accompagnait les Specials sur A message to you, Rudy en 1979.
Et si on voulait écouter des cuivres ce mois-ci, la meilleure chose à faire c'était de suivre la procession funéraire d'Allen Toussaint à la Nouvelle-Orléans.
Marc Steckar : La joie.
Marc Steckar : Spirit sound.
Marc Steckar : Jojo le mérou.
22 novembre 2015
JONATHAN MANN : Paris was made for love
Consulté la première fois sur YouTube le 16 novembre 2015
Réf : [sans] -- Diffusé par Jonathan Mann sur YouTube le 14 novembre 2015
Support : 1 fichier FLV
Titre : Paris was made for love (Give Paris one more chance)
Parmi toutes les réactions aux fusillades et explosions du 13 novembre à Paris, j'ai particulièrement prêté attention à celle de Jonathan Mann, signalée par le JojoBlog.
En effet, il s'agit d'une reprise modifiée de Give Paris one more chance, une chanson de Jonathan Richman qui lui a été inspirée par la vision d'un groupe de jeunes gens qui chantaient en chœur des chansons des Bee Gees sur les marches de Montmartre en 1978. Elle a été éditée sur disque pour la première fois en 1983 sur l'album Jonathan sings ! et il l'a très souvent interprétée en concert, notamment en France. Une deuxième version a même été publiée en 2001 sur Her mystery not of high heels and eye shadow.
Chez lui, avec une mise en scène minimale (des rideaux qui font un effet bleu-blanc-rouge aux fenêtres), Jonathan Mann interprète la chanson avec beaucoup d'émotion. Ça m'a rappelé l'hommage de Dogbowl à Lou Reed d'il y a deux ans.
Pour l'occasion, il a retitré la chanson en Paris was made for love, une expression qui figure dans les paroles originales, mais il a aussi, de manière très subtile et intelligente, adapté les paroles à l'actualité (les vers en gras-italique sont les siens) :
If you've been to cities but you've had enough
Have you been to Paris, France?
And if you doubt that Paris was made for love
Give Paris one more chance
Even on the darkest of days
Love will always shine to the hate
And if you doubt that Paris was made for love
Give Paris one more chance
Now there are those that can't see past terror and fear
Give Paris one more chance
But from the steps of Montmartre this morning is clear
Give Paris one more chance
And if you don't think Paris was made for love
Maybe your heart needs a telegram from up above
And if you doubt that Paris was made for love
Give Paris one more chance
Now there are those that will try to keep us apart
Give Paris one more chance
But the harder they try the more we'll open our hearts
Give Paris one more chance
The home of Piaf and Chevalier
Must have done something right to get passion this way
And if you don't think Paris was made for love
Give Paris one more chance
There are those already calling for war
Give Paris one more chance
Well it won't help now, it didn't help before
Give Paris one more chance
And the home of Piaf and Trenet too
Must have done something right, must have something for you
And if you don't think Paris was made for love
Give Paris one more chance
Well if you've been to cities but you've had enough
Have you been to Paris, France?
And if you doubt that Paris was made for love
Give Paris one more chance
When your heart is broken and you can't go on
When your faith and your hope and your music is gone
If you doubt that Paris was made for love
Give Paris one more chance
J'ai pensé initialement que Jonathan Mann était l'un des anonymes intéressants de YouTube, comme on en découvre toutes les semaines, mais il s'avère qu'il a un parcours particulier puisque, depuis 2009, il a entrepris d'enregistrer et diffuser une chanson par jour ! Si on fait le compte, il en est aujourd'hui à plus de 2500 et il continue, d'autant qu'il essaie d'en vivre en proposant de composer des chansons sur commande, pour des particuliers ou en tant que "troubadour des conférences" quand il intervient pour des entreprises ou autres organismes.
Retrouvez Jonathan Mann en ligne :
Site officiel - Bandcamp - YouTube - Tumblr - Twitter
21 novembre 2015
LAMBCHOP : Lambchop presents...The "Speak up" musical - Up with people !
Acquis chez Oxfam à Dalston le 11 novembre 2015
Réf : 20159-2 -- Edité par City Slang en Angleterre en 2000
Support : CD 12 cm
Titres : Up with people (Edit) -- Up with people (Zero7 remix) -- Miss Prissy
J'ai acheté l'album Nixon à sa sortie, puis assez vite la compilation Tools in the dryer, qui contient Miss Prissy. Je n'ai donc pas cherché particulièrement à acheter le single Up with people !, mais j'ai été bien content de tomber dessus pour pas cher dans une boutique de charité à Londres la semaine dernière.
N'ayant pas le disque, je n'avais jamais remarqué que le titre du single n'était pas tout simplement celui de la chanson principale mais, de façon plus élaborée, Lambchop presents...The "Speak up" musical - Up with people !. J'ai commencé à comprendre pourquoi quand j'ai découvert que Up With People (Debout Avec Le Peuple), c'est d'abord le nom d'un organisme ultra-conservateur appelant à la compréhension entre les peuples qui, depuis les années 1960, monte des comédies musicales avec des étudiants et les fait tourner dans le monde entier. Un truc entre les Poppies et les Scouts, formant une belle jeunesse surtout pas hippie.
N'empêche, j'ai failli rédiger cette chronique sans avoir fait le lien entre la pochette de ce single sorti uniquement en Europe et celle du premier album édité par Up With People ! en 1966 :
La maquette a été reprise, ainsi que les commentaires de soutien de trois progressistes notoires, John Wayne, Pat Boone et Walt Disney, avec un certain effet comique garanti une fois qu'on les applique à Lambchop. D'autant qu'on note que, de "Sing out" ("Chanter de tout son coeur"), on passe à "Speak up" ("Parler haut et fort"), sûrement en référence à la technique vocale de Kurt Wagner.
Je m'étonne quand même car, depuis 2000, j'ai lu des dizaines de chroniques ou de mentions de l'album Nixon et de sa chanson Up with people ! et il me semble que, même chez les américains, personne n'a jamais mentionné l'organisation en question. Et je note une fois de plus, surtout dans le contexte actuel, que derrière un slogan mobilisateur et rassembleur on peut trouver des gens bien, mais aussi d'autres avec des convictions ou des programmes politiques discutables.
Up with people ! est sûrement l'une des chansons les plus connues de Lambchop, mais c'est surtout une de leurs grandes réussites. Musicalement, on a presque une synthèse de trois excellents titres de What another man spills, l'album précédent, Give me your love (Love song), I've been lonely for so long et King of nothing never, mais ces trois-là étaient des reprises et là on a un original excellent, parfait pour résumer à lui tout seul le parcours complet du groupe.
On commence avec un riff de guitare, puis une guitare acoustique et des claquements de mains déjà entraînants. Arrivent ensuite la basse élastique et la voix de Kurt Wagner. Les cuivres font leur apparition quand Kurt fait des "Whou hou hou". La tension monte petit à petit, avec une guitare saturée et les premiers chœurs. Elle finit par se relâcher quand arrive le refrain, avec une ambiance de gospel associant les chœurs et les cuivres. Comme dans les églises du Sud des Etats-Unis ou les comédies musicales d'Up With People, arrivé là on est debout à claquer dans ses mains et à chanter ce refrain qui a l'air entraînant et optimiste, "Up our lives today" (l'expression, "Up with people" ne figure pas dans les paroles de la chanson).
Mais là aussi, les choses ne sont pas tout à fait ce qu'elles semblent. Je me garderai bien de tenter une analyse détaillée des paroles, bien trop allusives pour ce genre d'exercice. D'ailleurs, pour compliquer les choses, elles sont imprimées dans le livre de Nixon du dernier au premier vers. Il est visiblement question en tout cas de procréation et de progéniture, mais cette chanson plein d'allant cache bien son jeu. J'ai du mal à traduire le premier cri de ralliement "Come on undone", mais ça doit tourner autour de quelque chose comme "Venez défaits". Pour le fameux "Up our lives today", qui a l'air lui aussi très positif pris isolément, il faut quand même prendre la peine de se reporter au vers précédent. Kurt Wagner chante "We are screwing", qui tout seul signifie "Nous baisons", mais il n'y a pas de point et, même s'il y a un silence et un changement de partie musicale, il faut bien lire "We are screwing up our lives today", qui signifie "Nous bousillons nos vies aujourd'hui" !
Le remix d'Up with people ! par Zero7 qui est proposé ensuite n'est pas pas mauvais mais, comme la plupart des remixes, il est parfaitement dispensable. Par contre, Miss Prissy, la reprise de Vic Chesnutt qui clôt le disque, est une perle. J'ai déjà eu l'occasion de raconter l'histoire de cette chanson dans une chronique d'un concert de Vic Chesnutt de 2008, la source d'information étant le livret de Tools in the dryer : "Il enchaîne ensuite avec Miss Prissy, qu'il jouait très souvent au 40 Watt Club avant de la "mettre en retraite" au début des années 1990. Il ne l'a jamais publiée sur disque, mais Lambchop en a enregistré une version pour l'album-hommage à Vic Gravity of the situation. Leur titre n'a pas été retenu pour l'album et s'est retrouvé par la suite en face B de Up with people. L'expression "Knuckles on a cheese grater" ("Phalanges sur une rape à fromage") dans le refrain m'a toujours marqué. L'un des innombrables exemples du talent de parolier de Vic Chesnutt."
Kurt Wagner précise aussi dans ses notes de pochette que Lambchop n'avait pas perdu au change puisque, deux ans après l'album hommage pour lequel ils n'avaient pas été retenus, ils ont eu la possibilité d'enregistrer un album entier avec Vic Chesnutt, l'excellent The salesman and Bernadette. Dommage qu'on ne trouve pas sur ce disque une version de Miss Prissy jouée par Lambchop et chantée par Chesnutt, mais je je me plais à penser que j'ai eu l'occasion d'entendre une telle version lors du concert au New Morning le 13 octobre 1998.
Lambchop, Up with people !, au Royal Festival Hall à Londres, en septembre 2000.
08 novembre 2015
GEORGES BRASSENS : Les trompettes de la renommée
Acquis à la Bourse BD Disques d'Hautvillers le 1er novembre 2015
Réf : 432.902 BE -- Edité par Philips en France en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les trompettes de la renommée -- Jeanne -/- L'assassinat
En-dehors de l'épisode Denis Pépin, je n'ai jamais vraiment eu de période Brassens, mais je l'ai toujours connu, comme tous ceux de ma génération. Je ne suis pas certain que mes parents avaient des disques de lui à la maison, mais à la radio, à la télé ou en colonie, on connaissait certaines de ses chansons, comme L'Auvergnat ou Les copains d'abord.
Je n'ai jamais cherché par la suite à systématiquement combler mes lacunes, mais au fil du temps j'ai découvert et apprécié de nombreuses chansons de Brassens, et je prends ses 45 tours et ses 25 cm quand je les trouve en bon état et pas chers.
La chanson Les trompettes de la renommée, je l'avais sûrement déjà entendue, mais je n'y ai vraiment prêté attention que le jour où l'INA a mis dans l'une de ses lettres d'information un lien vers une vidéo où on le voit la jouer seul au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis, le 17 décembre 1964 :
On comprend bien que des incitations de gens bien intentionnés à accepter la rançon de la gloire et à se prêter au jeu de la célébrité ont inspiré cette chanson à Brassens. En réponse, il fait fort côté paroles, avec notamment tout un couplet sur son service trois pièces. C'est aussi avec cette chanson que le Père Duval a récolté le surnom de "calotte chantante".
Cela n'a pas empêché sa maison de disques Philips d'en faire le titre principal, de son 9e album, paru fin 1962 et de son 17e 45 tours quatre titres, au printemps 1963. Malgré son côté provocateur, cette chanson a même reçu l'accolade de la SACEM, qui lui a attribué le Prix Vincent Scotto 1963 de la meilleure chanson.
J'ai du coup pour la première fois porté vraiment attention aux paroles en regardant cette vidéo, mais surtout j'ai apprécié le fait que, même deux ans après la sortie du disque et alors qu'il avait déjà dû interpréter cette chanson des dizaines de fois, il s'amuse encore de ses propres paroles et réprime un rire au moment où il se demande "combien de Pénélopes passeront illico pour de fieffées salopes", puis encore quand il parle de "battre le tambour avec mes parties génitales". Pareil encore pour "Madame la Marquise m'a foutu des morpions". Par la suite, le sourire pointe encore à plusieurs reprises et il baisse le menton pour ne pas rire.
Voilà vraiment ce qu'on appelle du spectacle vivant, comme on l'a vu tout récemment avec Chuck Berry ou bien il y a quelques temps avec David Thomas, qui se met à rire lui aussi pendant We have the technology après un solo de métronome ou d'un autre instrument/jouet bizarre.
Cette chanson a plus de cinquante ans mais, en nos temps de télé-réalité et de célébrité qui ne repose surtout pas sur un incroyable talent, elle prend un relief particulier.
Pour la pochette, Philips n'est pas allé chercher trop loin des trompettes de la renommée. Georges est pris en photo au Jardin des Tuileries devant La renommée par Coysevox. Sur l'album, on voyait la même statue, mais c'était visiblement un photo-montage car tout était net.
En face B, on trouve deux autres titres de l'album. Jeanne, en référence à Jeanne Planche, épouse d'un Auvergnat, est un peu pour Brassens l'équivalent de la Suzanne de Leonard Cohen. Quant à la complainte L'assassinat, c'est une composition originale, pas une chanson folklorique, mais c'est tout ) fait ce que les anglo-saxons appellent une "murder ballad".
01 novembre 2015
CUSTARD : Nice bird
Acquis par correspondance via Ebay en septembre 2015
Réf : 74321493732 -- Edité par rooArt en Australie en 1997
Support : CD 12 cm
Titres : Nice bird -- Safety D.A.T. -- Piece of shit -- We have the technology
Il y a pile dix ans, j'ai chroniqué l'album Beard de COW. Ce disque fait partie des rares que j'aime sincèrement beaucoup et qui restent complètement obscurs après dix ans de YouTube et vingt ans d'internet. Il n'est même pas dans Discogs...
Au printemps dernier, je me suis mis dans l'idée de voir si je ne pouvais pas trouver un autre disque de COW, ce groupe australien de Country Or Western. Rien, juste un titre où ils accompagnent Robert Forster sur Viva Brisbane, un album de reprises d'Elvis Presley (Glenn Thompson de COW a souvent accompagné Forster et il a été membre des Go-Betweens de 2000 à 2006). Sur cet album, il y a aussi un titre de Custard, un groupe australien beaucoup moins obscur, qui a aussi fait carrière aux Etats-Unis, qui avait deux membres en commun avec COW, Thompson et David McCormack.
Si on n'a pas de lait de VACHE, qu'on boive de la crème anglaise... Je me suis donc intéressé à la production de Custard, et j'ai découvert qu'ils avaient sorti deux albums produits par Eric Drew Feldman (Captain Beefheart, Frank Black, Pere Ubu...) dont l'un, sorti en 1997, s'intitule We have the technology !
J'ai commandé l'album, un bon disque de pop-rock noisy. Aucune référence n'est faite à Pere Ubu dans les crédits de l'album, mais il paraissait évident que le titre de l'album était repris de la chanson We have the technology de l'album The tenement yard. Si j'avais eu le moindre doute, il a été effacé quand j'ai découvert que, en face B de Nice bird, l'un des trois singles extraits de l'album, on trouve justement une reprise de We have the technology ! Si je l'avais su avant, peut-être que je me serais contenté du single... Là, il m'a fallu un certain temps pour en localiser un exemplaire pas trop cher en Australie, mais ça a fini par se faire.
Parmi les singles, c'est Music is crap plutôt que Nice bird qui a apporté le plus de succès à Custard, mais pour ma part je préfère ce titre principal, avec sa basse à la Pixies au début et son petit côté haché.
Il y a un autre titre de l'album sur ce maxi, en fait l'un de mes préférés. Piece of shit n'est pas une reprise de Feel like a piece of shit de Beck, mais ça aurait presque pu puisque Custard a aussi tourné avec Beck et, sur l'album, Piece of shit vient juste après une reprise de Totally confused ! Les paroles sont surprenantes : "J'ai dit à ma nana qu'elle n'était qu'une merde. Elle a détesté ça. J'ai détesté ça. Mais ce qui est drôle c'est que maintenant tout va bien pour nous. J'espère que ça n'arrivera pas tout le temps.".
Safety D.A.T. est un court instrumental et le quatrième et dernier titre, donc, c'est We have the technology.
Pas une mauvaise version, mais ça fait partie de ces reprises dont la qualité principale est de pointer vers une excellente chanson méconnue. Le tempo est ralenti et il y a un synthé un peu pénible à l'arrière, mais sinon c'est assez proche au bout du compte des versions en direct de Pere Ubu (pour une Peel session ou sur Apocalypse now), versions sur lesquelles, là encore ça ne peut pas être un hasard, Eric Drew Feldman est présent. Le chanteur a l'intelligence de ne pas chercher à rivaliser avec David Thomas, mais les enjambements des paroles sont conservés et, sur les ponts, on entend même un tout petit peu de bruitage.
Ma chronique ne cherchait pas à être d'actualité, mais elle l'est ! : je viens de découvrir que, non seulement Custard est reformé, mais en plus le groupe sort cette semaine un nouvel album, Come back, all is forgiven !
L'album We have the technology est en intégralité sur YouTube. On peut y entendre Piece of shit à 14'05, juste après Totally confused, qui démarre à 10'52.
Custard : We have the technology.
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