Pages
▼
12 avril 2015
NEW ORLEANS' SWEET EMMA AND HER PRESERVATION HALL JAZZ BAND : New Orleans' Sweet Emma and her Preservation Hall Jazz Band
Acquis chez Holidays For Heroes à Saint Clément le 25 mai 2014
Réf : VPS-2 -- Edité par Preservation Hall aux Etats-Unis en 1964
Support : 33 tours 30 cm
8 titres
Chaque année depuis 2002, le National Recording Registry de la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis sélectionne vingt-cinq enregistrements qui reflètent la richesse du patrimoine sonore et sont destinés à être conservés à long terme pour les générations futures. Il est à noter que cet "inventaire des monuments historiques sonores", pour lequel le public est invité chaque année à faire des propositions, ne se limite pas à des enregistrements américains, comme le montre la liste complète de ceux qui en font partie. On y trouve de tout, des documents sonores à du rap en passant par de l'opéra et du folk.
Dans la sélection 2014, il y a plein de choses que je ne connais pas, mais aussi des disques familiers comme Stand by me de Ben E. King, le premier album des Doors, Sixteen tons de Tennesse Ernie Ford (dont un réenregistrement de 1965 fut le tout premier disque chroniqué ici, il y a bientôt dix ans) et You've lost that lovin' feelin' des Righteous Brothers...
Mais c'est cet album de l'orchestre de Sweet Emma qui a particulièrement attiré mon attention. En effet, il y a moins d'un an, je n'avais jamais entendu parler de cette Emma Barrett, pianiste et chef d'orchestre. Puis Philippe R. a trouvé au printemps dernier un exemplaire de cet album sur un vide-grenier à Nantes. Il m'en a dit beaucoup de bien et on a notamment commenté cette photo de pochette où Emma porte les chaussettes à grelots pour lesquelles elle était réputée, qui lui permettaient de marquer le rythme tout en jouant du piano.
Quelques semaines plus tard, j'entre dans un hangar en bordure d'une plage de l'île de Jersey qui abrite un magasin d'une association de charité au profit d'anciens combattants, et je tombe, entre autres, sur l'album Merseymania et sur un exemplaire en parfait état de l'album de Sweet Emma !
Voici la présentation donnée par la Bibliothèque du Congrès pour expliquer la sélection de cet album pour le National Recording Registry :
"Cette prestation de 1964 par sept vétérans du jazz Nouvelle-Orléans, en concert devant un public de Minneapolis, illustre bien le crédo de la musique exprimé simplement : jouer la mélodie du fond du coeur et élaborer soigneusement sur cette base. La pianiste Sweet Emma Barrett, les frères Humphrey (le clarinettiste Willie et le trompettiste Percy), le tromboniste "Big Jim" Robinson, le bassiste Alcide "Slow Drag" Pavageau, le banjoïste Emanuel Sayles et le batteur Josie "Cie" Frazier jouent d'une manière que l'on a dénommé le "renouveau du jazz Nouvelle Orléans" en raison de son association avec un regain d'intérêt pour le jazz Nouvelle-Orléans, un style qui a émergé pendant les années 1940. Le style de l'orchestre, que certains pourraient qualifier de forme la plus brute des débuts du jazz, a été largement inspiré par l'orchestre mené par le trompettiste Willie "Bunk" Johnson. Johnson était soutenu par le clarinettiste George Lewis et le tromboniste "Big Jim" Robinson, qui étaient tous à la pointe de ce renouveau.
La musique de l'orchestre est simple, directe et majestueuse. La ligne avant (trompette, clarinette et trombone) contient tous les éléments nécessaires de mélodie, d'harmonie et de ponctuation rythmique pour fournir à l'oreille une image mélodique, harmonique et rythmique satisfaisante. Le support de la section rythmique fournit un solide quatre-rythmes-à-la-mesure qui pousse en avant et retient en même temps. C'est là l'essence magique du jazz Nouvelle-Orléans."
En fait, on est dans le patrimoine au carré avec ce disque enregistré il y a cinquante ans, puisque les musiciens de l'orchestre du Preservation Hall avaient alors presque tous plus de soixante-dix ans et jouaient une musique déjà ancienne, dans un style des années 1920-1930.
Le Preservation Hall venait alors d'ouvrir depuis peu et ceci est l'un des premiers disques qu'il a édités. Pour ma part, j'ai commencé à prêter attention au Preservation Hall en 2007, quand j'ai acheté et fortement apprécié l'album de Dave Bartholomew qui s'ouvre avec Preservation Hall song et est enregistré avec des musiciens de l'Orchestre du Preservation Hall (il y a un seul musicien en commun avec l'album de Sweet Emma, le clarinettiste Willie Humphrey).
Certes, il faut apprécier le jazz Nouvelle-Orléans, notamment la clarinette et le banjo, mais ce disque me plaît beaucoup. La face A est vraiment classique dans le style et mes deux titres préférés sont Clarinet marmalade et le toujours triste Closer walk with thee. La face B est elle endiablée du début à la fin, avec un enchaînement de chansons plus variées il me semble, que j'aime toutes : Little Liza Jane, I'm alone because I love you, Ice cream, de l'opéra de Kurt Weill, Elmer Rice et Langston Hughes Street scene ("Ice cream, you scream, we all scream for ice cream", ça doit rappeler quelque chose aux fans de Down by law), avant de finir avec le classique des classiques When the saints go marching in. A la fin de la face, les danseurs de jazz doivent être aussi épuisés que des danseurs de rock !
Le Preservation Hall a réédité ce disque sous la forme d'un double-CD de 23 titres qui, je suppose, doit contenir l'intégralité de l'enregistrement du 18 octobre 1964 à Minneapolis.
Sweet Emma, I ain't gonna give nobody none of my jellyroll, filmé en 1963 par Dietrich Wawzyn et Chris Strachwitz.
Un documentaire suédois de 1970 sur Sweet Emma.
Il y a de plus en plus de documents disponibles sur YouTube.
RépondreSupprimerJe viens d'ajouter deux vidéos à ce billet, qui n'étaient pas disponibles il y a deux ans.