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05 avril 2015

COCOROSIE : La maison de mon rêve


Acquis par correspondance via Discogs en mars 2015
Réf : tg253cd -- Edité par Touch And Go aux Etats-Unis en 2004
Support : CD 12 cm
12 titres

Je ne m'amuse pas trop à ce genre de jeu, mais si je devais faire la liste de mes albums préférés de la décennie 2000, La maison de mon rêve, le premier album de CocoRosie, y figurerait en bonne place. C'est pourquoi, alors que depuis 2004 je m'étais contenté de quelques extraits en MP3 et de l'exemplaire de la Médiathèque, je me suis enfin décidé à m'offrir le disque.
Cet album est un grand disque parce que, un peu à la manière de Colossal youth de Young Marble Giants, c'est un O.S.N.I., un objet sonore non identifié qui crée son propre univers et se suffit à lui-même.
On le découvre dès les premières notes de l'album, avec l'intro de Terrrible angels : de la guitare acoustique et une sorte de mugissement électronique, avant les deux voix féminines accompagnées de grincements et autres sons bizarres. Ça y est, on est entrés dans ce monde où les anges sont effroyables. Alors, pourquoi les accueille-t-on ? Parce qu'ils nous plaisent. Au deuxième titre, By your side, la boite à rythmes fait son apparition. Là, la voix semble sortir du crin-crin d'un 78 tours. Un peu comme si Moby avait enregistré Play sans utiliser de synthétiseurs ni échantillonner des disques. Pour Jesus loves me, à l'ambiance gospel, on a l'impression que la guitare aurait pu être jouée par Elizabeth Cotten la première fois où elle a tenu cet instrument entre ses mains. Good Friday est tout aussi excellent et la séquence magistrale qui ouvre l'album se clôt avec le tout court Not for sale, l'un de mes titres préférés du disque.
Par la suite, La maison de mon rêve entre dans une phase paradoxale plus débridée, parsemée de bruitages et de sons de jouets électroniques qui nous rappellent le Beck bricolo des débuts ou, pour rester en France, la production d'Areski et Brigitte Fontaine dans les années 1970. On y rencontre un Tahiti rain song, mais aussi des Haitian love songs, dont un choix de couplets est égrené, mais seul Madonna me marque autant que les premiers titres.
L'album aurait suffi à nous marquer. Très vite, on en a su un peu plus sur l'histoire de Coco et Rosie, Bianca et Sierra Casady, deux sœurs américaines qui se sont retrouvées à Paris, où elles auraient enregistré l'album dans la salle de bains d'une chambre de bonne de Montmartre. A part un "Merci Stéph" et un "18ème" inscrits façon broderie sur la photo d'un tissu au dos du livret, aucune référence n'est faite dans les crédits du disque à l'anecdote française de la création de ce disque.
Avec Philippe R., on a eu la chance d'en découvrir plus sur ce groupe intriguant et enthousiasmant : il était hors de question qu'on rate le concert du 17 novembre 2004 à Nantes, dans la petite salle du Lieu Unique, loin d'être pleine si je me souviens bien.
La première vision qu'on a eu des deux sœurs, c'est à la fin du concert de première partie, quand elles sont venues rejoindre
Antony and the Johnsons sur scène pour You and your sister. Antony lui-même, encore peu connu à l'époque, est venu chanter au moins deux chansons pendant le concert de CocoRosie.
Le groupe pour cette occasion était un trio, avec un gars dont on a su plus tard qu'il s'appelait Spleen. Et là, ce fut la révélation. Ces boites à rythmes décalées et une partie des sons bizarres qui parsèment le disque, ils ne provenaient pas de machines au son trafiqué mais étaient tout bonnement produits par une "boite à rythmes humaine", Spleen (Si c'est bien lui qu'on entend sur le disque car il n'est crédité nulle part), qui nous a scotché à nouveau un peu plus tard quand il s'est levé pour rapper en français sur Madonna. On a aussi découvert à cette occasion que, si Sierra jouait régulièrement de la guitare ou du piano, les principaux instruments de Bianca, outre quelques percussions, étaient ses fameux jouets électroniques et on a eu à plusieurs reprises confirmation de la complicité qui unissait les deux soeurs.
Nafoute a mis en ligne sur YouTube ce concert de CocoRosie à Nantes dans son intégralité ou presque. Ça fait bizarre de revivre partiellement après plus de dix ans un concert auquel on a assisté. J'en ai sélectionné mes passages préférés ci-dessous.
Il y a de bons et même d'excellents titres dans chacun des quatre albums sortis par CocoRosie depuis La maison de mon rêve, mais la magie de la découverte ne se vit qu'une fois, c'est pourquoi j'estime particulièrement ce premier album.




1 commentaire:

  1. Ce premier album des Cocos Girls, sans Stéphane Collaro mais rosies pour l'occasion est, en effet, une sorte d'écho tardif, échappé des années 2000, au "colossal youth" des Young Marble Giant de 1980. Et, tout comme les anglais de ces lointaines années, l'histoire des Meufs Communistes pouvait (devait) s'arrêter là, les disques suivants pondus par ces Cocco Rosacées n'étant plus qu'une pâle décalque du précédent... Pourquoi insister quand tout a été dit de façon évidente, parfaite quasi géniale ?
    Elles auraient mieux fait de retourner à l'usine, au néant, à leurs chères études, chez leurs parents plutôt que de radoter ad vitam aeternam ainsi qu'elles le font désormais.

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