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14 décembre 2014
LEONARD COHEN : Dance me to the end of love
Acquis d'occasion dans les années 2000
Réf : A 4895 -- Edité par CBS en Europe en 1984
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Dance me to the end of love -/- Coming back to you
Cinq ans après Recent songs, c'est avec Dance me to the end of love, aussi bien sur ce 45 tours qu'en ouverture de l'album Various positions, que le public a découvert le nouveau Leonard Cohen, c'est à dire le même qu'avant mais avec la voix toujours plus grave et des sons toujours plus synthétiques. Sur disque, Cohen n'a plus beaucoup changé de style depuis.
Après la collaboration éprouvante avec Phil Spector pour Death of a ladies' man et le succès moyen de Recent songs, cette évolution n'a pas plu à Walter Yetnikoff, le grand patron de CBS aux Etats-Unis, qui a carrément refusé de sortir l'album en Amérique du Nord. Jusqu'à sa réédition en CD, c'était le seul des disques de Leonard Cohen qui n'était pas sur CBS sur ce continent, mais chez Passport, un bien plus petit label.
Ce disque est aussi le deuxième album de Cohen produit par John Lissauer, après New skin for the old ceremony en 1974, et aussi après une collaboration avortée en 1975 pour le projet Songs for Rebecca. Autant en 1974, la production de Lissauer était très proche de son travail en collaboration avec Lewis Furey, pour son premier album notamment, autant là il abandonne ses sons préférés (instruments à vent, banjo) pour n'ajouter que du piano et des claviers aux voix et au groupe de base (Basse, batterie, guitare, violon).
Aux premières notes de Dance me to the end of love, c'est saisissant, on a l'impression que c'est un orgue avec accompagnement automatique de boite à rythmes et d'accords de basse qui joue. Les "La la la" qui viennent ensuite font office de refrain et donnent à la chanson une forte coloration klezmer. Dans un entretien à la télé australienne (voir ci-dessous), Cohen explique qu'à l'origine il voulait faire une chanson sur Berlin, mais au fil de l'écriture les couplets sur Berlin ont été écartés et c'est devenu une chanson d'amour, avec un contexte particulier car il avait en tête l'image des groupes obligés de jouer dans les camps de concentration alors que les déportés étaient mis à mort.
C'est sûrement du synthé, mais dans les deux passages instrumentaux entre des couplets, j'entends quand même un écho des arrangements typiques de Lissauer, avec un son de banjo associé au violon.
Une vidéo a été réalisée pour cette chanson en 1985, tournée en France par une amie proche de Cohen, Dominique Issermann, une photographe surtout connue ici pour sa pochette et son adaptation française des paroles de l'album de Carole Laure, Alibis. La vidéo a été tournée, pas dans un hôpital psychiatrique mais dans "un hôpital normal, où les gens sont malades et meurent", comme Cohen le précise dans l'entretien australien, avec en vedette l'actrice Susan Hauser., qu'on retrouvera dans une autre vidéo réalisée par Dominique Issermann en 1988, pour First we take Manhattan. En 2012, elle a aussi réalisée Moments of old ideas, avec des extraits de huit titres de l'album Old ideas.
En face B, on trouve le deuxième titre de l'album, Coming back to you, une belle chanson d'amour en forme de ballade, assez typique de Leonard Cohen.
Aucun des deux 45 tours extraits de Various positions ne s'est très bien vendu. L'album non plus, probablement. Et pourtant, Dance me to the end of love est devenue une chanson importante du répertoire de Cohen, figurant sur
plusieurs compilations et sur des disques en concert. Mais l'autre single extrait du disque, Hallelujah, est lui devenu carrément mythique, par le biais des reprises par John Cale, Jeff Buckley et des dizaines d'autres, à tel point qu'en 2010 Alan Light lui a consacré tout un livre, The holy or the broken.
La vidéo pour Dance me to the end of love réalisée par Dominique Issermann en France en 1985.
Leonard Cohen, Dance me to the end of love, en direct dans le Mike Walsh Show du 20 mai 1985, en Australie, suivi d'un entretien.
Leonard Cohen, Coming back to you, en direct dans une autre émission de télé australienne, en 1985.
Plutôt que klezmer c'est bien plus proche de la musique grecque populaire moderne avec tout ses tics (d'ailleurs il en a le look).
RépondreSupprimerConsternant. ph
Oui, bien sûr. J'ai dit klezmer parce que ça sonnait Europe de l'est à mes oreilles et qu'un groupe klezmer en a fait une reprise, mais ils parlent bien de ce côté grec dans l'interview australienne ("on the Greek side"), et je crois justement à la fois pour la chanson et son apparence.
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