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16 juillet 2014

BOURVIL : Le "bougie"


Acquis sur le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Épernay le 11 novembre 2013
Réf : PA 2380 -- Edité par Pathé en France en 1947
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Le "bougie" -/- Prends mon bouquet

Contrairement à la plupart des années précédentes, je n'ai pas fait de bonnes trouvailles le 11 novembre dernier sur la brocante de la rue Chaude-Ruelle. A tel point que, après en avoir fait le tour, je me suis arrêté avant de repartir sur le stand d'un professionnel repéré dans la montée, qui avait quelques 78 tours que j'avais regardés rapidement, sans demander le prix. Finalement, le prix était correct (1 €) pour ces disques qui avaient pour point commun d'avoir été achetés initialement au Maroc. Les deux que j'ai sélectionnés portent des marques d'Au Ménestrel à Casablanca et d'Au Clavecin, qui commerçait également à Casablanca, mais aussi à Rabat et Meknès.
Sur le coup, j'avais pensé faire un beau coup double : l'autre disque acheté, par Ray Ventura et son Orchestre, contient sur une face Boogie yoghi, un titre prometteur, tandis que "Le bougie" de Bourvil est présenté comme un boogie-woogie. L'écoute de Boogie yoghi m'a quelque peu déçu mais, ce que je ne savais pas, c'est que cette chanson de l'opérette Le Maharadjah a justement été créée sur scène par Bourvil le 19 décembre 1947 (Cette information, et d'autres reprises ici, figurent notamment dans les notes de pochette rédigées par Dany Lallemand pour le disque Bourvil 1946-1953 chez Frémeaux et associés).
Mon autre disque, celui de Bourvil, a été enregistré l'année précédente. Ce n'est que le septième 78 tours d'une discographie démarrée en 1946.
Les paroles des deux chansons sont signées Bourvil (avec la collaboration de Steervel pour la face B) et la musique est du compère Etienne Lorin, accordéoniste, dont Bourvil a fait la connaissance dans le cantonnement de son régiment à Pau en 1939.
En 1939, c'était la drôle de guerre. Le 13 novembre 1946, quand ces chansons sont enregistrées, c'est l'après-guerre. L'armée allemande d'occupation n'est plus là, mais de nombreux militaires alliés sont stationnés en France, dont des américains, qui sont arrivés avec les jeep, les chewing-gum, le coca-cola, le corned-beef, leur langue anglaise, et tant de choses qui ont marqué l'imagination des français.
"Le bougie" fait partie des nombreuses chansons qui en rendent compte. Les paroles sont entièrement basées sur le rapprochement entre le mot français "bougie" et le "boogie" anglais prononcé à la française. Comme d'habitude, Bourvil se donne le mauvais rôle, lui qui tombe en panne de moto (un problème de bougie), se fait raccompagner en jeep par Jimmy, un GI qui profite qu'on s'éclaire à la bougie pendant une panne d'électricité pour danser le boogie-woogie et le jitterbug avec sa femme, avant de repartir avec elle. La vidéo ci-dessous, non datée mais sûrement récente, rend bien justice à cette chanson.
Prends mon bouquet est annoncée comme une rumba. Pour les paroles, c'est un grand classique, une enfilade de jeux de mots sur le thème des fleurs, dont certains sont soulignés ou commentés par Bourvil dans le cours même de la chanson. Dans le lot, j'ai bien aimé "Donne-moi ta clé ma p'tite" et "J'erre ici et géranium".
Deux bonnes chansons, donc, et l'impression confirmée, comme avec mes précédents 78 tours, que ces disques sont tout autant des capsules d'histoire que de musique.


Bourvil, Le "bougie" (boogie-woogie). Une belle réalisation vidéo par Mulder200001.


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