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10 mai 2014
SIR LANCELOT : Sélection d'airs du "Carnaval du Calypso"
Acquis à Ay le 9 mai 2014
Réf : LPAX-3 -- Edité par Concerteum en France dans les années 1950
Support : 33 tours 25 cm
8 titres
C'est le genre d'aventure dont le collectionneur de disques se surprend souvent à rêver, mais qui ne lui arrive pas toutes les semaines. Jeudi dernier à Avize, comme c'est la tradition depuis quelques années, le vide-grenier coïncidait avec les cérémonies du 8 mai, ce qui nous a valu une agréable aubade pas trop martiale par l'Harmonie municipale dans les allées entre les stands.
Je ne m'attendais pas à faire des trouvailles aussi variées et intéressantes qu'à Thibie, et effectivement je finissais les derniers mètres de la brocante avec juste une poignée de 45 tours sympas mais pas renversants dans ma musette. C'est alors que j'ai avisé un vieux sac sous un stand, plein à ras bord de 33 tours, dont un seul était visible, de Coupé Cloué. C'était déjà suffisamment intéressant, mais j'en avais à peine remué deux ou trois autres que je tombais sur un album de Linval Thompson de 1978 ! Je me suis alors décidé à demander son prix au monsieur qui tenait le stand. Tout fier de son effet, il m'annonce alors "33 centimes". J'ai fini de regarder le sac, non sans le prévenir que j'étais prêt à lui donner 1 € entier si je trouvais trois disques pour moi. J'en ai trouvé plus que ça, mais surtout le vendeur m'a expliqué qu'il avait chez lui deux caisses à vendanges d'albums (et des 45 tours aussi) qu'il était en train de trier et que je pouvais venir les voir chez lui à Ay si je voulais. Ay étant à 2 km de chez moi, je n'ai pas hésité un instant à noter son contact et on a convenu que je l'appellerais pour passer le lendemain en fin de journée, sachant que quelqu'un d'autre s'était déjà aussi montré intéressé.
"Premier arrivé, premier servi" avait dit le vendeur, et l'histoire serait encore plus belle si j'étais arrivé le premier, mais la fin de journée commençait quelques minutes plus tôt pour l'autre acheteur et je n'ai donc pas raflé absolument toutes les belles pièces que contenaient les deux-trois caisses d'albums et les piles de 45 tours. Mais je suis reparti de là avec plus de soixante disques et, même si j'ai quelques regrets, je ne m'autorise pas à me plaindre !
Ce superbe 25 cm est l'un des premiers disques sur lesquels je suis tombé. Juste à côté, mais en moins bon état, il y avait un 30 cm du même label Concerteum, avec la même très belle illustration de pochette (due à Robert Planet). Il s'agit de musique de Haïti par l'Ensemble de danse et Orchestre Emy de Pradines :
Après avoir examiné les choses à tête reposée, il me parait clair que l'illustration a dû être créée initialement pour l'album de musique vaudou. Concerteum, une étiquette que je ne connaissais pas, et qui notamment diffusait en France les productions du label de Don Gabor Remington, déjà évoquées ici à propos du disque Aloha - Hawaiian favorites.
Pour sortir ce disque de calypso en France, Concerteum ne s'est pas trop foulé : ils ont donc retravaillé la pochette vaudou en calypso et ils ont glissé dedans... le disque américain original, édité par Discos Crest et intitulé Calypso carnival, complet avec son enveloppe en cellophane imprimé. Cette pratique n'était pas rare dans les années 1950. La première édition de ces chansons était parue sous la forme d'un album de plusieurs 78 tours.
Je ne le connaissais pas du tout, mais Sir Lancelot fait partie des artistes qui ont contribué à rendre le calypso très populaire aux Etats-Unis dans les années 1940 et 1950. Il fait une carrière notamment à Hollywood, où il est apparu dans une quinzaine de films. Si les chanteurs de calypso ont un fonds de répertoire commun de chansons traditionnelles, dans lequel Sir Lancelot puise lui aussi, son plus grand fait d'armes est d'avoir créé en 1943 pour le film I walked with a zombie la chanson devenue un classique sous le titre Shame and scandal in the family (à écouter ici).
Sur ce disque, Sir Lancelot est accompagné par des sérénadeurs caribéens, Chino Ortiz, et par des chanteurs-percussionnistes, les Volunteers. Dans l'ensemble, je préfère peut-être le style de calypso de mon disque de Géraldo La Viny et Cobra Man, mais il y a d'excellentes choses ici. On n'y trouve pas Shame and scandal, mais Sweet like a honey bee est tout à fait dans le même style. Mon titre préféré est sûrement Mary Ann, où l'accompagnement instrumental et les choeurs sont très présents. Ugly woman et Matilda sont deux autres chansons très connues et j'apprécie toujours d'en écouter des versions, surtout quand elles sont de cette qualité. La chanson quasi-publicitaire pour la compagnie aérienne Pan American (Pan American way) est amusante, mais l'autre chanson la plus intéressante du disque est sûrement Oken karange. Les notes de pochette en français nous expliquent que c'est la chanson la plus ancienne du lot, qu'elle est typique des tribus montagnardes de l'île La Trinité. J'ajouterais même que ça ne semble pas être un calypso mais que ses racines africaines sont très apparentes.
Bon, je vous laisse, j'ai tout un paquet de disques à écouter. Il est probable que certains d'entre eux apparaitront ici dans les prochaines semaines.
Décidément vous avez la main verte pour le calypso ais je me demande combien de personnes écoutent-elles encore du calypso de ce côté ci de l'univers ?)
RépondreSupprimerLe reste des achats (à Ay) sera-t-il détaillé ici par la suite ?
mais je me demande....
RépondreSupprimerPour le calypso, avant je n'en écoutais quasiment pas en-dehors de Harry Belafonte ou Marcel Amont, mais maintenant je me mets vraiment à apprécier ce style.
RépondreSupprimerPour le reste du lot, je maintiens volontairement un peu de suspense. Deux disques ont déjà été présentés en une seule chronique. Comme je l'ai écrit à la fin, il y aura sûrement d'autres chroniques, qui me donneront l'occasion de mentionner d'autres disques du lot, qui est très varié.
belle prise l'ami. Qui écoute encore du calypso demande Debout? C'est vrai que c'est pas tendance mais ça laisse de la place à de bonnes trouvailles à des prix corrects, la preuve ce disque que j'aimerais bien avoir (je me demande plutôt comment ce disque a atterri dans le bled champenois!)ph
RépondreSupprimerIl est vrai que si l'on a beaucoup commenté le disque (ses esthétiques, ses fabrications, ses productions, ses publics, ses distributions, etc.), on a peu étudié ses parcours "psycho-géographiques" (comme disait Guy Debord qui s'intéressait fort peu voire pas du tout au disque d'ailleurs).
RépondreSupprimerHarry Belafonte et Robert Mitchum furent sans doute les "révélateurs" du calypso pour beaucoup des habitants situés de ce côté ci de l'univers... mais Marcel Amont ? Alors là, bon sang, vous nous damez le pion ! Je le vois bien en mexicain basané avec son sombrero sur le nez mais à Trinidad ?????
Eh oui, surprenant. Pourtant c'est bien avec l'album Chansons des îles et d'ailleurs de Marcel Amont que j'ai connu une chanson comme Mathilda, pas avec Harry Belafonte...!
RépondreSupprimerBen faut pt être aussi tenir compte de l'age du capitaine chers amis jeunots car Belafonte a été une grosse vedette (comme on disait autrefois) en France et le calypso était joué dans les boites à orchestre depuis très longtemps et dans les bals.
RépondreSupprimerMarcel arrive loin derrière malgré toute la sympathie qu'inspire le monsieur.
Ph
J'ai vérifié via you tube, où l'on trouve quelques titres de ces "chansons des iles et d'ailleurs", l'existence des cette version marcelamonesque de "Mathilda"... reconnaissons (lui ?) qu'elle a le mérite d'exister mais constatons aussi, qu'à l'époque, Marcel chaloupe comme un fer à repasser et, souvent, cale ipso facto !
RépondreSupprimerde cette...
RépondreSupprimerMarcel cale ipso facto. Bravo !
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