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07 septembre 2013

MAURICE CHEVALIER : Qu'auriez-vous fait ?


Acquis sur le vide-grenier de Fagnières le 1er septembre 2013
Réf : K-6574 -- Edité par Gramophone en France vers 1932
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Qu'auriez-vous fait ? -/- Oh ! Cette Mitzi !

J'étais assez morose dimanche dernier vers la fin de mon tour sur le vide-grenier de Fagnières. Non seulement j'avais été privé de balade en brocante les deux dimanches précédents pour cause de pluie, mais là j'avais l'impression de vraiment perdre mon temps car je n'avais absolument vu aucun disque intéressant, rien qui me donne un petit coup au coeur. A tel point que, lorsque que j'ai vu un petit paquet de quatre ou cinq 33 tours posés contre le pied d'une table de camping, avec un album de Gérard Lenorman visible sur le devant, j'ai hésité à me baisser pour voir les autres. J'ai bien fait de faire l'effort puisque, glissés entre les 33 tours, il y avait deux 78 tours en très bon état. L'un d'Albert Préjean, qui n'était pas Amusez-vous, je l'ai donc laissé, et l'autre ce disque de Maurice Chevalier, avec deux chansons du film Une heure près de toi d'Ernst Lubitsch. Et là, on peut dire que j'ai été content de ma trouvaille qui, avec plus de quatre-vingts ans d'âge, se trouve être le plus ancien de mes disques chroniqués ici.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, si elles ont déclenché en moi une première curiosité pour le bonhomme, ce ne sont pas les interprétations sur scène par Jonathan Richman de ses chansons qui m'ont fait supporter, et même apprécier, Maurice Chevalier. Non, ce qui m'a fait vraiment évolué dans mon appréciation, c'est la projection de One hour with you à laquelle j'ai assisté le 14 juin 2005 à l'Institut Lumière de Lyon, dans le cadre d'une soirée sur le thème des films français made in Hollywood.
D'abord, j'ai beaucoup apprécié cette comédie musicale de 1932 adaptée d'une pièce de théâtre (par chez nous on dirait "de boulevard") de Lothar Schmidt, et notamment les chansons de Maurice Chevalier. Et surtout, cette projection a déclenché chez moi un intérêt jamais démenti depuis pour le cinéma d'Ernst Lubitsch, qui avait déjà adapté cette pièce en 1924 dans une version muette, The marriage circle (Comédiennes).
En plus de la projection elle-même, la soirée avait été marquée par l'intervention de Martin Barnier, auteur du livre Des films français made in Hollywood, à propos des films en versions multiples produits au tout début de l'expansion du cinéma parlant. En effet, le cinéma parlant était, à cause de la langue justement, moins facilement commercialisable à l'échelle mondiale que le muet. Les améliorations du son optique permettant d'ajouter des pistes sonores, et donc permettant le doublage, n'ont été mises au point que dans le courant de la première moitié des années 1930. Dans l'intervalle, comme ce fut le cas pour One hour with you, la parade trouvée par les studios américains fut d'enregistrer à la chaîne plusieurs versions du même film, dans les mêmes décors, avec les mêmes acteurs, ou pas, suivant qu'ils étaient plus ou moins polyglottes. Pour Une heure près de toi, la version en français de One hour with you, tournée à la suite ou en même temps que l'autre à Hollywood, on retrouve à l'affiche Maurice Chevalier, bien sûr, et son épouse dans le film en anglais, Jeanette Mac Donald, mais les autres rôles principaux sont tenus par Lili Damita, Pierre Etchepare et Ernest Ferny, qui ne figuraient pas dans le film en anglais. Malheureusement, ce soir-là à Lyon, c'est le seul film en anglais que nous avons vu. La comparaison avec celui en français aurait été intéressante, mais apparemment il en reste très peu de copies, projetées très ponctuellement dans des festivals ou à la Cinémathèque. Les éditions en DVD de ce film, que je vous conseille vraiment de voir, proposent One hour with you avec des sous-titres en français, mais pas Une heure près de toi, quoi que dise la jaquette.


L'affiche d'Une heure près de toi.

Ce disque 78 tours reprend mes deux chansons préférées du film, ici chantées en français, puisqu'il s'agit d'un disque édité en France. L'étiquette du disque m'apprend que Chevalier était un baryton (et qu'il est accompagné par un orchestre). Les partitions publiées à l'époque précisent que Qu'auriez-vous fait ? est un fox trot chanté, tandis qu'Oh ! Cette Mitzi ! est une marche fox trot chantée. De quoi je déduis que le fox trot était très en vogue dans les années 1930.
Depuis 2005, j'avais eu l'occasion de me procurer un CD où l'on trouve ces deux chansons, disponibles également sur l'Internet Archive dans une collection de chansons de film des Maurice Chevalier des années 1929-1934. On y trouve aussi les mêmes chansons dans leur version en anglais, What would you do ? et Oh ! That Mitzi !, ce qui permet de constater que les orchestrations des versions anglaises et françaises sont très différentes l'une de l'autre : en anglais (les versions semblent être celles du film), les violons sont très présents, tandis que les versions françaises sont plus rythmées et plus cuivrées.
Surtout, j'ai eu une très bonne surprise en écoutant le 78 tours sur mon beau Teppaz : après quelques mesures de Qu'auriez-vous fait ?, la musique s'est arrêtée, et voilà que Maurice Chevalier s'est mis à me parler pour présenter la chanson ! Pareil au début de l'autre face. La suite de l'enregistrement correspond exactement à la version d'Internet Archive, mais ça m'a tellement saisi que je vous ai mis en écoute ci-dessous la version du 78 tours (en très basse fidélité).
Et, même si ce n'est pour trouver qu'un seul disque de ce calibre par semaine, je veux bien continuer à arpenter les vide-greniers le week-end...!


Qu'auriez-vous fait ?, dans la version avec monologue d'introduction de mon 78 tours.


Oh ! Cette Mitzi !, dans la version avec monologue d'introduction de mon 78 tours.


Qu'auriez-vous fait ?, un MP3 de bonne qualité disponible sur Internet Archive, mais sans monologue d'introduction.


Oh ! Cette Mitzi !, un MP3 de bonne qualité disponible sur Internet Archive, mais sans monologue d'introduction.


La couverture d'une partition pour Qu'auriez-vous fait ?.




Les premières minutes de One hour with you.

2 commentaires:

  1. Comment ne pas être bon dans un lubitsch?
    Hélas Chevalier fait partie de toute la clique de l'époque (avant et après guerre) dont on nous rebattait les oreilles à la radio et à la télé jusque dans les 60's. Pour moi et (je pense un tas de gens de mon âge) qui voulait du rock,Chevalier c'était l'horreur, la france cocorico. Alors on a le droit d'aimer mais ne pas oublier le contexte c'est bien aussi . Ph

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  2. Je comprends bien Philippe, et je ressens les choses de la même façon, mais précisément, le contexte ici c'est un disque de 1932 avec des chansons d'un film de Lubitsch, pas un twist en Chaussettes Noires. Et là, j'arrive à apprécier...

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