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02 janvier 2013
BUDDAH BOOM VOL. 1
Offert par Philippe R. à Bouilly le 26 décembre 2012
Réf : 0920 038 -- Edité par Barclay en France vers 1969
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Voilà un très beau cadeau de Noël que m'a fait Philippe, un disque qui a appartenu un temps aux collections de l'ORTF/Radio France, avant d'échouer en 2012 dans un Emmaüs de l'Ouest de la France.
Cet album contient quelques raretés des années 1967-1968, mais il est particulièrement intéressant, comme d'autres disques dont j'ai eu l'occasion de parler ici, pour ce qu'il nous raconte des pratiques de l'industrie du disque.
Il s'agit au départ d'une compilation du catalogue de Buddah Records, un label qui, signalons-le au passage, a été fondé par les patrons de Kama Sutra pour se sortir d'un contrat de distribution avec MGM.
En France, c'est Barclay qui était chargé de distribuer Buddah. Vers 1968-1969, Barclay a édité dans sa série Panache une compilation Buddahrama, qui présentait un échantillon des publications du label. Une bonne partie des titres (mais pas tous) était aussi disponible en 45 tours en pressage français. Voici la pochette de Buddahrama :
Quelques temps plus tard,Barclay a réédité cette compilation et l'a rebaptisée, vous l'avez deviné, Buddah boom. Enfin, quand je dis "réédité", c'est un abus de langage car en fait, l'album initial a été re-commercialisé avec la même référence et une nouvelle pochette, mais le disque lui-même est le disque original : l'étiquette indique Buddahrama et pas Buddah boom.
Mais pourquoi ce nouveau titre et cette nouvelle pochette ? Ceux qui connaissent les disques de la collection Formidable rhythm and blues l'auront instantanément compris en voyant la deuxième pochette : pour tenter de récupérer quelques miettes du succès phénoménal de cette collection et des quelques autres (Surboum rhythm and blues, Incroyable, Terrible et Remarquable...) qui l'ont accompagnée dans ces années où le rhythm and blues s'est d'un seul coup trouvé très en vogue en France. J'ai déjà eu l'occasion de parler ici de la collection Formidable, et on trouve une présentation détaillée de ces albums là et là.
Il ne faut pas commettre l'erreur de penser que Barclay s'est livré ici à un acte de parasitage commercial, voire de pure contrefaçon, comme par exemple Polydor l'a fait avec l'album Rythm and blues show. En effet, même si par la suite les disques Formidable du label Atlantic ont été réédités par Filipacchi, c'est bien Barclay qui a lancé ces séries de disques avec une face lente et une rapide et des titres enchaînés, proposant ainsi "un programme tout fait pour votre boîte de nuit ou vos surboums". Barclay, qui avait à l'époque en distribution, outre Atlantic, Stax, Atco, Chess et Jubilee, les labels qui ont fourni la matière à ces différentes compilations.
Le verso de Buddahrama est le même celui de Buddah boom, à l'exception du titre. C'est à dire que la maquette est identique à celle des disques Formidable à partir du volume 3 : encres noir et bleu, grosses flèches bleues pour indiquer les "50% rapide" et les "50% lent", slogan "Enchaînés sans interruption... Comme dans une discothèque... 12 tubes formidables" en haut. Visiblement, quelqu'un chez Barclay a pensé que ça ne suffisait pas, et ils se sont attaqués au recto pour la deuxième édition : lettrages avec les grosses initiales, indication du volume en noir, liste des artistes et, élément essentiel, une photographie en couleur prise par Jean-Pierre Leloir.
En fait, il n'y a qu'une chose qui manque, et Barclay n'a pas osé aller jusqu'à l'utiliser, c'est la mention "Rhythm and blues". Et pour cause, contrairement à Atlantic, Stax ou même Chess, il est assez difficile d'appliquer cette étiquette à Buddah, qui était avant tout un label pop, dont les plus grands succès étaient même carrément du bubblegum (en français : de la guimauve).
Les compilateurs ont malgré tout essayé de contourner cet obstacle en plaçant en début de disque les deux titres les plus soul/r'n'b du lot, Soul is takin' over
d'Henry Lumpkin et If I didn' t love you de Toni Lamarr. C'est sûrement pour ça que le seul vrai tube présent sur l'album, Green tambourine des Lemon Pipers, classé numéro 1 des ventes aux Etats-Unis, est relégué en fin de face A. Ça fait pluisieurs bons titres, si on y ajoute une autre sucrerie pop psychédélique (Land of Oz par Le Cirque) et Sure 'nuff 'n yes I do, un des meilleurs titres du tout premier album édité par Buddah, le Safe as milk de Captain Beefheart and his Magic Band (mon exemplaire s'appelle Dropout boogie), dont on se demande comment il a pu se retrouver signé sur le même label que tous les autres ici présents.
Si la face rapide passe encore à peu près, la face lente, après les deux premiers titres, Baby baby please de Timothy Wilson et le slow de Beefheart, I'm glad, ne propose que de la soupe tiède et indigeste.
Plusieurs des artistes ici présents ont eu une très courte carrière, réduite à un ou quelques disques, et je pense que certains des titres de cette compilation ont rarement été réédités. Cette compilation a dû très peu se vendre et, à ma connaissance il n'y a jamais eu de volume 2. Au bout du compte, c'est quand même l'histoire éditoriale du disque qui me parait la plus intéressante ici. Et si vous voulez me faire un cadeau, pour rester dans les objets promotionnels étranges, il y a ce 45 tours promo de Green tambourine diffusé par Barclay sous le nom d'artiste Les Citrons Pressés qui me fait bien saliver !
Les Citrons Pressés et leur tambourin vert s'en prennent à un gros nounours sur un plateau télé à Cincinnati !
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