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16 juin 2012
HOWARD WERTH : Six of one and half a dozen of the other
Acquis sur le vide-grenier de Roches-sur-Marne le 10 juin 2012
Réf : SIXOF 1 -- Edité par Metabop en Angleterre en 1982
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Comme prévu, j'ai pris la route dimanche dernier pour aller voir à Chaumont l'exposition White noise : Quand le graphisme fait du bruit.
J'étais tout à fait disposé à faire ces plus de 150 km pour voir exposées plus d'une centaine de productions de Barney Bubbles, mais il n'y a pas de mal à amortir ses frais d'essence alors, aidé du calendrier des brocantes, je m'étais fait un programme serré de vide-greniers égrenés à rebours de la vallée de la Marne. Coup de chance, la météo était de la partie, mais ma première étape fut un fiasco : le vide-grenier de quartier annoncé à Châlons avait visiblement été annulé. A Vitry-le-François, la brocante prévue sous et autour de la Halle avait bien lieu. J'y ai fait quelques achats, mais mes meilleures emplettes du jour c'est passé Saint-Dizier, dans le rural vide-grenier qui fait le tour du lotissement de Roches-sur-Marne, que je les ai faites.
Là aussi, j'ai d'abord trouvé quelques disques isolés assez intéressants, mais le gros de mes achats je l'ai fait à un stand qui proposait plusieurs caisses de 33 tours à 1, 2 ou 4 €, plus des maxis 45 tours à 50 centimes, des 45 tours à 10 centimes et même des CD singles à 50 centimes les 10 !!!
Tous les prix n'étaient pas affichés, alors j'ai commencé par les 33 tours à 1 €. J'en ai sélectionné quatre, Kris Kristofferson, Raôul Duguay, Henry Kaiser Band et celui qui m'a vraiment mis en joie, cet album de 1982 de Howard Werth.
Je crois que, en furetant dans le bac, j'ai abordé cette pochette par la face verso, celle où le nom de l'artiste est bien lisible. Elle n'est pas des plus caractéristiques, mais mon attention a tout de suite été éveillée. Ça m'a peut-être fait penser à certaines pochettes de Nick Lowe. J'ai retourné la pochette, et j'ai vu l'illustration sur fond bleu, le Howard Werth épelé dans des petits ronds rouges étoilés, la façon d'écrire "6ix" et "1ne", et surtout l'indication que Metabop Records était une filiale de Demon, un label co-fondé par le manager d'Elvis Costello. Là, plus aucun doute : même s'il était réputé pour rarement signer ses productions, sauf sous des pseudonymes des plus improbables, je savais que je venais de mettre la main sur une pochette réalisée par Barney Bubbles, la vedette de l'exposition qui était le but ultime de mon voyage ! Il s'agit d'un disque plutôt rare, j'imagine, par un chanteur dont je n'avais absolument jamais entendu parler.
En pochette intérieure, le portrait en gros plan de Werth avec des mains à la place de grandes oreilles et l'inscription "CRAZY/U=LOVE" dans la bouche, est lui aussi caractéristique du travail de Barney Bubbles.
Muni de ce viatique, j'ai repris la route pour Chaumont. Le Festival de l'affiche et du graphisme de la ville a beau être "international" et j'avais beau avoir pris mes précautions en consultant un plan au préalable, il m'a fallu plusieurs tentatives pour aboutir au lieu de l'exposition White noise, l'ancien entrepôt militaire des Subsistances. Certes, on était en tout début d'après-midi un dimanche, le dernier jour du festival, mais il est clair qu'en-dehors des week-ends d'inauguration et des visites en groupes, le festival passe à peu près inaperçu en ville. Les Silos, maison du livre et de l'affiche, étaient déserts à faire peur. Je n'ai vu absolument aucun panneau indiquant le chemin vers les Subsistances, situés dans un quartier un peu à l'écart et, malgré les indications données, je m'y suis pris à deux fois pour enfin accéder au but de ma visite, dans un lieu à peu près aussi déserté que le premier.
Heureusement, je n'ai pas été déçu par l'exposition White noise elle-même. Je me suis surtout concentré sur la partie dédiée à Barney Bubbles et j'y ai notamment retrouvé, dans les vitrines, la pochette de Six of one and half a dozen of the other, ainsi que celle de 4D man, le 45 tours qui a été extrait de cet album. On trouve des photos de l'exposition sur le site de Paul Gorman, l'auteur du livre sur Barney Bubbles Reasons to be cheerful et l'un des commissaires de l'exposition.
Il y a du beau monde sur ce disque, presque un who's who de la bande des pub-rockeux proches des labels Stiff et F-Beat, avec des membres de The Attractions, The Rumour, Rockpile, Blanket of Secrecy, et aussi Lu Edmonds (futur 3 Mustaphas 3 et PIL) et Carlene Carter (mariée à Nick Lowe à l'époque), dont la plupart, ce n'est pas une surprise, ont eu droit à des pochettes de Bubbles qui figuraient dans l'expo de Chaumont.
Pour sa part, Howard Werth est connu pour avoir fait partie dans les années 1970 du groupe Audience. C'est un chanteur qui a du coffre et un auteur-compositeur bien mis en valeur sur la première face du disque. On est en 1982 et le son du disque comporte d'assez nombreuses touches new wave, mais c'est suffisamment léger et bien fait pour bien se marier au style pop et rock des chansons et pour avoir bien vieilli. Plus que le single tout à fait honnête 4D man, mon titre préféré est celui qui ouvre l'album, Hovering, excellent dans un style proche de celui du Jesus of cool de Nick Lowe. Astro logic est aussi très bien.
Le titre de l'album (Six de cette sorte et une demie-douzaine de l'autre) s'explique quand on constate en retournant le disque que la face B ne contient que des reprises. Là aussi, le son est un peu modernisé, mais les interprétations de titres des Isley Brothers, Howling Wolf, Marvin Gaye ou James Brown sont réjouissantes, particulièrement Respectable et Little bitty pretty one, un classique mineur créé par Bobby Day en 1957. Au total, voilà un disque plus qu'agréable, dont l'intérêt ne se limite pas à sa pochette.
En cherchant des informations pour préparer ce billet je suis tombé sur une autre pochette de disque, superbe, visiblement créée par Barney Bubbles pour Howard Werth (même si cette information n'a pas encore été "officialisée" par Paul Gorman). Il s'agit de celle de l'excellent 45 tours Obsolete, écrit en une demie-heure et sorti par le label américain Dangerhouse en 1978.
Ma journée aura définitivement été placée sous le signe de Barney Bubbles puisque, en sortant de l'exposition, je me suis rendu boulevard Gambetta à Chaumont où se trouvait le dernier vide-grenier à mon programme du jour. Et, outre un 45 tours Stax d'Albert King où il interprète deux titres d'Elvis Presley (alléchant, mais malheureusement un peu décevant à l'écoute), j'ai trouvé pour 1 € le pressage français en bon état de The Parkerilla, l'album live de 1978 de Graham Parker and the Rumour, dont la pochette est, vous l'avez deviné, due à Barney Bubbles.
Howard Werth a réédité en CD Six of one and half a dozen of the other sur son label Luminous, avec quatre titres en plus, dont une reprise du Show me de Joe Tex et les deux faces d'Obsolete.
belle pochette accrocheuse, mais il a fait plus original,ça me fait trop penser à Miro et à Rouxel.
RépondreSupprimerPh
Et ben! Quel signe du destin ! Génial.
RépondreSupprimerPhilippe,
RépondreSupprimerTouché ! La partie Barney Bubbles de l'expo était intitulée "Le passé, le présent et le possible" et je crois bien que cette pochette était dans une vitrine rassemblant des travaux faisant référence à des grands noms du graphisme.
Je trouve que c'est une bonne pioche, ce genre de truc. De mon côté, j'ai acquis sur le vide-greniers de Villiers-Saint-Frédéric (78) le dimanche 17 juin 2012, un sandwich double chipos, une barquette de frites et une bière. Peut être que je ne me lève pas assez tôt ou que je n'en fais pas assez, des vide-greniers !
RépondreSupprimerCharlie,
RépondreSupprimerTu es en grande forme !
Pour l'heure, ça ne veut rien dire : je suis passé sur ce stand passé midi...
Par contre, je pense que tu as dépensé à Villiers-Saint-Frédéric à peu près autant d'argent pour ton repas que moi pour ma cinquantaine de disques ! Mais jusqu'à preuve du contraire les disques ne nourrissent et n'abreuvent pas leur homme...