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01 avril 2012

BILLY STRANGE ET SA GUITARE A 12 CORDES : Anthologie du folklore américain


Acquis sur le vide-grenier de Saint-Martin d'Ablois le 25 mars 2012
Réf : LD.622-30 -- Edité par GNP / Vogue en France en 1963 ou 1964
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Après mes trouvailles inespérées la veille à Emmaüs, je n'espérais pas faire aussi bien à Saint-Martin d'Ablois, mais bon, c'est traditionnellement par chez nous la première brocante de printemps en village, la météo était idéale, et puis le fouineur n'est jamais rassasié...!
J'ai quand même bien cru que j'allais revenir bredouille, puis j'ai trouvé trois-quatre 45 tours intéressants vers la fin de mon tour et, en repartant, je me suis arrêté à un stand qui était occupé à mon premier passage (par deux gars qui, soit dit en passant, à mon arrivée sur le vide-grenier étaient en train d'acheter Big hits (High tide and green grass) des Stones et un album de Crazy Horse chez Reprise, sans Neil Young).
Il y avait là deux piles d'une vingtaine de 33 tours posés à plat sur la table, ce qui n'est pratique, que j'ai vaguement passées en revue car le lot contenait visiblement et surtout de la variété et de la musique de danse de la pire espèce.
Mes yeux se sont quand même arrêtés à un moment sur les mots "folklore américain" et "guitare 12 cordes". J'ai sorti le disque et vu le nom de Billy Strange, un gars que j'ai instantanément associé à Lee Hazlewood. Au vu de la liste de titres et après avoir vérifié que le disque était en bon état, je l'ai empoché pour 1 €.
C'est à mon retour à la maison que j'ai appris que Billy Strange (c'est son vrai nom) est décédé il y a quelques semaines seulement, à 81 ans. Ce décès a encore eu peu de répercussions dans la presse en Europe (Uncut a fait une brève, Mojo n'a pas encore eu le temps d'en parler, et je ne parle pas de la presse française). Billy Strange était quand même pourtant un pilier de la musique populaire avec une discographie longue comme le bras, un guitariste de studio qui, des années 1950 aux années 2000, a accompagné des gens du calibre de Tennessee Ernie Ford (dès les années 1950, mais Strange joue également sur la version '65 de 16 tons, le tout premier disque chroniqué dans Blogonzeureux!), Elvis Presley, Ricky Nelson, les Everly Brothers et également nombre de titres importants des Beach Boys, de Surfin' USA à Sloop John B (à lire, les commentaires de Billy Strange sur les sessions de Pet sounds) !!!
Pour le lien avec Lee Hazlewood, je ne me trompais pas car Billy Strange a pris en charge l'arrangement de tous les disques de Nancy Sinatra produits par Hazlewood.
Cet album "folk" fait partie des disques peu connus mais assez nombreux que Billy Strange a sortis sous son nom, notamment chez GNP dans les années 1960. De façon assez surprenante pour un disque instrumental de guitariste mettant en vedette la douze cordes, sorti en 1963 sous le titre original de 12 string guitar, la guitare n'est pas excessivement en avant. C'est sûrement en partie dû au fait qu'il ne s'agit pas d'un enregistrement solo mais bel et bien d'une collaboration entre cinq musiciens : comme le précisent les notes de pochette "Les arrangements furent improvisés au studio par les musiciens".
Et quels musiciens, puisque Strange est ici accompagné par Hal Blaine, le batteur membre comme lui du Wrecking Crew, le guitariste Erwan "Bud" Coleman, mort dès 1967 mais qui a eu le temps de se faire remarquer avec Herb Alpert et son Tijuana Brass, le banjoïste bluegrass Don Parmley et le bassiste Bert Dodson, qui a joué des années trente à cinquante avec les Cass County Boys !
Le répertoire proposé est sans surprise, mais les interprétations sont excellentes, très dynamiques. Le folk-rock n'est pas encore né, mais il n'est pas loin. J'aime particulièrement la version de Cotton fields, un des trois titres en commun avec le répertoire de Trini Lopez (un bon point de comparaison pour l'énergie. Strange a aussi enregistré par ailleurs avec Lopez, bien sûr). Les deux autres sont Green green et If I had a hammer. Ce Si j'avais un marteau est proposé ici dans une
version détendue et avec l'excellent Walk right in / Marche tout droit, ça nous fait deux titres du catalogue de Claude François.
Il y a aussi deux très bonnes versions de chansons popularisées par la Carter Family, Wildwood flower et Wabash Cannonball, une reprise d'un titre plus contemporain, le Blowin' in the wind de Dylan, une épique Battle of New Orleans, une version d'un titre co-signé par Hazlewood (A stranger in your town des Shacklefords) et, justement, une (très bonne) version de 16 tons.
Je n'espérais pas me réjouir autant à l'écoute de ce disque, une trouvaille bien plus intéressante que je ne le pensais au moment de le payer. Ne me reste plus qu'à espérer tomber sur d'autres disques de Billy Strange, notamment l'EP avec pochette qui contient deux titres tirés de cet album et deux du suivant, Mr. Guitar, ou les disques, 45 tours ou 33, où Strange reprend notamment des thèmes des films de James Bond.

Cet album a été été réédité en CD en 1995 couplé sur un seul disque avec l'album Railroad man de 1968, toujours disponible.

2 commentaires:

  1. Cotton Fields : point commun également avec les Beach Boys qui ont repris ce titre.
    En parlant de Mojo, le 1er numéro de la version française est dans les kiosques depuis samedi. A la fois décevant, pour moi, dans son contenu et encourageant, par son existence.

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  2. J'ai découvert aussi avec plaisir l'existence d'une version française de Mojo en kiosque. Pour le contenu, je ne l'ai pas trop examiné dans le détail, mais j'ai vu que la grande majorité est constituée de traduction d'articles de la version anglaise. Les sujets pourront être plus ou moins intéressants d'un mois un l'autre, mais j'espère qu'une revue de ce type pourra trouver son public par chez nous.

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