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24 septembre 2010
THE POP PARADERS : Pop time
Acquis chez Emmaüs à Essey-les-Nancy le 18 septembre 2010
Réf : G-348 -- Edité par Gala des Variétés en France vers 1964
Support : 33 tours 17 cm
7 titres
Parmi tous les disques glanés chez Emmaüs à Nancy la semaine dernière, je ne pensais pas initialement que j'aurais envie de dédier une chronique à celui-ci. J'aime bien la collection Gala des Variétés (probablement une étiquette de la Guilde Internationale du Disque), notamment ce format d'un disque 17 cm (comme un 45 tours) qui s'écoute en 33 tours et compte trois à quatre titres par face. Mais les disques sont soit des compilations de gens très connus (de Ray Charles à Maurice Chevalier), soit des disques de reprises de grands succès, instrumentales ou chantées, par des gens plus ou moins connus (Il y a au moins trois disques chantés par Dominique, la partenaire de Georges Jouvin).
Bref, des disques souvent sympathiques mais rien d'exceptionnel. J'en ai déjà une grosse douzaine mais je ne connaissais pas ce Pop time à la pochette sympathique et au générique appétissant (deux tubes des Beatles et d'autres succès du Merseybeat ou non remontant à fin 1963-début 1964). Il faut dire le nombre de ces demi-albums Gala des Variétés est beaucoup plus important que ce que je pensais : Encyclopédique en liste rien moins que 63, sortis moins de dix ans.
La version anglaise de cette collection s'appelle Pop Parade. Il y a des disques qui sont strictement identiques d'un pays à l'autre mais il y a surtout un beau méli-mélo de titres de disque, de photos de pochette et d'interprètes qui doit constituer un beau casse-tête pour les collectionneurs. Par exemple, Dance with me... a la même pochette que Dansez avec moi..., mais le disque anglais est interprété par les Roland Shaw Strings alors que le français est crédité à l'Orchestre des Champs-Elysées avec la chanteuse Dominique...
Pop time est lui crédité aux Pop Paraders, comme le nom l'indique un orchestre maison anonyme, accompagnés par trois chanteurs, Herbie Coleman, Travers Crawford et Hugh Bryant.
On trouve ici des versions tout à fait compétentes, avec souvent un bon son de guitare de She loves you et I want to hold your hand, Glad all over du Dave Clark Five, 24 hours from Tulsa de Gene Pitney, Hippy hippy shake (repris par les Swinging Blue Jeans fin 1963), You were made for me de Freddie and the Dreamers et Needles and pins, créé par Jackie DeShannon en 1963 et repris par les Searchers en 1964.
J'étai en train d'écouter le premier titre, She loves you, plus ou moins distraitement, quand tout d'un coup j'ai dressé l'oreille. Une voix impressionnante, très basse et très profonde, venait d'entonner "And you know that can't be bad" d'une façon qui sort immédiatement l'interprétation de l'ordinaire. Du coup, je me suis mis à chercher des informations sur les trois chanteurs et j'ai vite découvert que, pour le coup, ce sont loin d'être des anonymes.
En effet, Herb Coleman, Traverse Crawford et Hugh Bryant constituaient avec Lee Gaines la formation des Delta Rhythm Boys au moment où ce groupe vocal américain s'est installé en Europe à la fin des années 1950. Et à ce moment, le groupe avait déjà une sacrée carrière et un immense succès derrière lui puisqu'il s'est formé en 1934 (Gaines et Crawford étant deux des membres fondateurs) et a débuté sa carrière discographique en 1940 ! Il s'agit de l'un des plus grands groupes vocaux pré-doo wop qui a été très populaire sur scène, au cinéma (quinze films de 1940 à 1956) et à la radio. Malheureusement pour eux, leur postérité est handicapée par le fait qu'ils n'ont eu qu'un tube aux Etats-Unis, Just A-Sittin and A-Rockin. Un autre de leurs titres populaires est Dry bones.
Une fois installé en Europe, le groupe a poursuivi sa carrière, principalement en France, où ils ont sorti un bon paquet de disques (dont un au Gala des Variétés, sorti chez Pop Parade avec une pochette différente). Je ne connais pas du tout les disques des Delta Rhythm Boys, mais si j'en crois le sublime scopitone de Come softly to me, ils étaient encore à leur meilleur niveau pendant leur carrière européenne.
La suite de l'histoire est malheureusement tragique. Herb Coleman s'est fait tirer dessus à Paris en 1974 et est mort dans les bras de Lee Gaines. L'année suivante, c'est Traverse Crawford qui est décédé. En 1987, Lee Gaines est mort à Helsinki à 73 ans. A son enterrement, Hugh Bryant a chanté He will understand and say well done... avant de s'effondrer et de mourir sur le coup, apparemment d'une crise cardiaque ! C'est cet événement, filmé par NBC, qui a ponctuellement remis les Delta Rhythm Boys à la une aux Etats-Unis.
She loves you est en écoute dans le radio-blog ci-contre.
A lire chez Perfect Sound Forever, une interview passionnante de 2001 avec Carl Jones, membre des Delta Rhythm Boys des années 40 à la fin des années 50.
L'édition anglaise de Pop time. Cette photo a été utilisée en France pour un autre disque Gala des Variétés, Beat time !
J'étais sur que tu avais toi aussi le 17 cm des DRB avec 6 titres paru chez gala des....On le voit de temps en temps en broc.
RépondreSupprimerQuant à la fin: Tu parles d'une sortie! Ca a quand même plus de gueule que n'importe quelle rock star étouffée dans son vomi!
Et bien non je ne l'ai pas, mais je pense que c'est à cause de lui que le nom Delta Rhythm Boys ne m'était pas inconnu.
RépondreSupprimerA la prochaine occasion, je ne le laisserai pas passer !