31 octobre 2009

NEW ORDER : Everything's gone green


Acquis probablement à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne en 1982
Réf : FBNL 8 -- Edité par Factory Benelux en Belgique en 1981
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Everything's gone green -/- Mesh -- Cries and whispers

Ça fait un moment que je tourne autour du pot, hésitant à sélectionner un premier disque de New Order pour en parler ici. Autant commencer par les débuts. Alors, le tout premier single, Ceremony ? Pourquoi pas, mais on verra plus tard. Le deuxième, Procession ? Oui, je l'aime bien, mais c'est ballot, j'ai toujours préféré Everything's gone green, sa face B. OK, ben alors, autant prendre directement le maxi Everything's gone green, l'un des deux parus exclusivement chez Factory Benelux (avec titres inédits et pochette spécifique), l'autre étant Murder en 1984.
Enregistré en même temps que ou juste après Movement, Everything's gone green, présenté ici dans une version un peu plus longue que celle de la face B de Procession, marque une étape importante dans la maturation de New Order : on entend pour la première fois un séquenceur de façon proéminente qui, combiné avec la batterie de Stephen Morris, donne un côté musique de danse à l'ensemble. Peter Hook tricote une ligne mélodique avec sa basse, comme à son habitude. La guitare, elle surprend, on dirait une guitare acoustique au son hyper trafiqué.
L'ambiance est donc clairement à la danse, façon Giorgio Moroder ankylosé, sauf que, quand le chant arrive, les paroles sont encore assez dans l'ambiance Joy Division : "Help me, somebody help me, I wonder where I am, I see my future before me, I'll hurt you when I can".
Vers 1982-1983, j'ai échangé de façon régulière des cassettes avec au moins deux correspondants, l'un allemand et l'autre belge je crois. Le pire, c'est que, j'ai beau chercher, je n'arrive pas à me souvenir par quel moyen j'étais entré en contact avec ces gens que je n'ai jamais rencontrés. Toujours est-il que l'un d'entre eux m'avait mis sur une cassette un enregistrement studio pirate de New Order avec une version d'Everything's gone green qui durait environ un quart d'heure et qui prouve une chose : le groupe était en train de tâtonner pour trouver sa voie, celle qui lui permettrait d'évoluer en sortant de l'ombre de son passé. Et ils allaient la trouver assez rapidement puisque, rétrospectivement, on sait que, si Everything's gone green était déjà très bien, Temptation aurait en plus un refrain accrocheur et, bien sûr, avec Blue Monday en 1983 le groupe allait finalement trouver la formule magique.
Pendant longtemps, les deux faces B de ce maxi n'ont été disponibles que sur ce disque. Elles datent des sessions de Movement et il se trouve que le nom des deux chansons ont été inversés : la première devrait s'appeler Cries and whispers et non Mesh et vice-versa pour la seconde. Mais ça, on ne le savait pas à l'époque et on s'en tape un peu. Ce qui compte, c'est que ce sont deux excellents titres.
Je n'ai pas réécouté Movement en entier depuis un moment, mais franchement, je crois bien que, en-dehors de mes quatre titres préférés (Dreams never end, Truth, Senses et ICB, les quatre de la Peel session sortis en 45 tours pirate qu'un autre copain, de fac celui-là, m'avait copié), n'importe lequel des quatre autres aurait pu être avantageusement remplacé par la première de ces faces B. C'est un titre enlevé, bien chanté, excellent musicalement, chaudement recommandé à tout fan de New Order.
Le deuxième titre n'est pas mauvais non plus, mais je comprends mieux pourquoi il a été écarté de l'album : de l'intro à la basse au break après les couplet sjusqu'à certains effets sonores, on entend plein de plans "à la Joy Division", tant et si bien que, hormis la voix, on n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'il s'agissait d'un inédit des sessions de Closer.

Ces trois titres figurent tous sur la réédition "collector" en double-CD de Movement parue en 2008.


Everything's gone green live à New-York en décembre 1981, pile au moment de la sortie de ce disque.

30 octobre 2009

MARIO BUA ET SON ORCHESTRE TYPIQUE : Les derniers succès du Père Duval pour la danse


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 11 octobre 2009
Réf : 211157 -- Edité par Bel Air en France en 1964
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Chanson d'amour -- Fils de la terre -/- A Bilbao -- Au coin de ma rue

Mario Bua ? Jamais entendu parler avant de voir ce disque. Mais Le Père Duval, je l'ai toujours connu.
Si sa collègue religieuse chanteuse Soeur Sourire est désormais connue de toute une nouvelle génération grâce au film biographique qui lui a été consacré cette année, Le Père Duval, qui l'a précédée dans la gloire et accompagnée dans les déboires, est en passe, vingt-cinq ans après sa mort, de tomber dans l'oubli.
Grâce aux milieux qu'elle fréquentait dans sa jeunesse, ma maman a dû connaître les chansons d'Aimé Duval dès ses premiers succès dans la deuxième moitié des années cinquante. Ses disques étaient déjà dans la maison quand je suis né et ses chansons nous ont accompagnés même jusqu'au mariage de ma soeur en 2000.
Je me souviens au moins d'un 33 tours et de deux 45 tours, dont l'un, sûrement celui de 1972, était même autographié : Le Père Duval l'a signé pour ma mère sur la scène de la Salle des Fêtes de Châlons. Je l'ai interrogée à ce sujet, et il n'est pas impossible j'ai été présent dans la salle ce jour-là. En tout cas, le Père Duval connaissait bien notre région puisque, à peine ordonné prêtre en 1949, il a dirigé la chorale d'une école de Reims où il enseignait le français.
Très honnêtement, je ne me souviens d'aucun des airs du Père Duval, et je ne savais pas que Mario Bua avait été son accompagnateur et son chef d'orchestre pendant des années, mais franchement, un disque de versions "pour la danse" des succès du Père Duval ça sonne tellement incongru que je m'en suis emparé presque aussi avidement que si j'étais tombé sur le EP français de 7 & 7 is de Love, d'autant plus que ça complétait bien ma récolte après le Aimable joue Françoise Hardy.
Musicalement, on nous annonce un orchestre typique, trois chansons sur des rythmes différents de samba et une en cha cha. Au bout du compte, c'est ce qu'on a et rien de plus, avec de l'accordéon sur au moins deux titres et une guitare électrique bien en vue sur A Bilbao. Franchement, si ce disque s'était appelé Mario Bua a bu à Rio ou quelque chose de ce genre, il n'y aurait pas eu tromperie sur la marchandise. Mais il se trouve que ces compositions sont bien du Père Duval et que Mario Bua était bien son chef d'orchestre. Logique donc, que l'association avec le Père Duval soit mise en avant.
Du coup, l'esthétique de la pochette est tout à fait pertinente. Pour un disque typique de base, on aurait eu des sombreros ou des bikinis sur une plage. Là, on a deux ados propres sur eux qui dansent. On imagine très bien la surprise-partie très sage du jeudi après-midi dans salle paroissiale après le catéchisme, mais attention : ils dansent le slow et avec le slow il est difficile de rester sage très longtemps !
Mon oeil a été attiré par le crédit photographique de cette pochette : [Agence] Rapho, mais surtout Janine Niepce. Vérification faite, Janine Niepce est bien une cousine éloignée du pionnier de la photographie Nicephore Niepce, mais ça c'est anecdotique. Surtout, résistante et féministe, elle fut l'une des premières femmes photo-reporters en France.

Georges Brassens et Le Père Duval s'entretiennent avec Robert beauvais pour Le magazine de la chanson (29 février 1960)
Georges Brassens chante en se marrant bien Les trompettes de la renommée, chanson qui cite Le Père Duval (parue sur disque en 1962)
Des sermons et des chansons, reportage sur Le Père Duval dans Cinq colonnes à la une (6 octobre 1961)

26 octobre 2009

LONEY, DEAR : I am John


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate le 24 septembre 2009
Réf : CDREGDJ 139 -- Edité par Regal en Europe en 2007 -- For promotional use only, not for resale
Support : CD 12 cm
Titres : I am John -/- Warm, dark, comforting night

Ce principe semble immuable dans les Record & Tape Exchange (d'où les petites cases sur les étiquettes) : si un disque n'est pas vendu, au bout d'un certain temps on baisse le prix et ainsi de suite tant que le disque est en rayon, même pour un collector censé être très rare. Ce n'est pas vraiment le cas de ce CD promo, mais ce qui est sûr c'est qu'à 4 £ je ne l'aurais même pas regardé, alors qu'à 10 pence, même si je n'avais jamais écouté auparavant Loney, Dear, je l'ai pris sans hésitation. En fait, à ce prix là, une pochette sympa, un label à bonne réputation, un nom connu au dos de la pochette suffit pour décider d'acheter un disque complètement inconnu. C'est comme ça qu'on arrive, dans le lot, à faire des découvertes intéressantes.
Pour Loney, Dear, j'avais peut-être même déjà eu l'occasion de les écouter. En tout cas, j'avais vu passer ce nom (sur La Blogothèque par exemple) et j'avais sûrement lu quelques chroniques.
Derrière ce pseudonyme de Loney, Dear, on trouve un suédois, Emil Svanängen, qui a auto-produit quatre albums de 2003 à 2005. Le quatrième, Loney, Noir, sorti à l'origine en 2005, a ensuite été réédité en 2007, chez Sub Pop aux Etats-Unis et chez Regal en Europe. C'est de cette époque que date ce CD promo, également disponible en 45 tours dans le commerce, avec I am John extrait de l'album en face A et en face B un titre du tout premier album, The year of River Fontana.
I am John semble raconter l'histoire de John et Johnny, qui fuient on ne sait trop quoi (des chiens, des diables,...), d'où sûrement le rythme effréné : Emil prend sa respiration au tout début, et c'est parti pour trois minutes et quelques, parti dans tous les sens avec une base de guitare saturée, des choeurs. Pour le chant et l'accent nordique on pense à St. Thomas. Pour la profusion d'instruments et de voix, on peut plutôt penser à Sufjan Stevens. En tout cas, c'est excellent. Le clip, très beau mais très noir, met en scène un chasseur plutôt que des fuyards. S'il avait été filmé avec de vrais personnages plutôt que dessiné, je ne suis pas sûr que les télés l'auraient accepté...
La face B, comme tout le premier album, a été enregistrée en solo dans la cave des parents d'Emil. Warm, dark, comforting night est moins luxuriant et entraînant qu'I am John, mais ça reste agréable.
Le cinquième et dernier album en date de Loney, Dear, qui s'appelle Dear John (décidément, à reprendre des bouts du nom de son groupe dans les titres et à multiplier les John, il va finir par nous perdre !), est sorti un peu plus tôt cette année.

25 octobre 2009

MICKEY BAKER : Adagio d'Albinoni


Acquis sur le vide-grenier d'Ecriennes le 18 octobre 2009
Réf : EP 1090 -- Edité par Disc'AZ en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Adagio d'Albinoni -/- Love is strange -- Camp meeting

Un petit vide-grenier familial, dans le "parc du château" d'un village d'une campagne qui ne m'est pas trop familière, par un beau temps d'automne, frais, clair et sec. La ballade se suffirait à elle-même. Cerise sur le gâteau, j'en suis revenu avec quelques disques intéressants, dont un album de l'Orchestre Petiot de Tahiti de 1979 pas mauvais du tout et surtout ce 45 tours de Mickey Baker.
A 84 ans, il semble que Mickey Baker, né aux Etats-Unis, vit toujours dans la région toulousaine. Il s'est installé par chez nous au début des années soixante, où il a rejoint d'autres musiciens comme son ami Memphis Slim. C'est pour sa réputation de bluesman et jazzman que j'ai d'abord connu Mickey Baker. Il n'est d'ailleurs pas impossible que j'ai eu l'occasion de le voir en concert vers 1979 ou 1980, soit sous nom à la salle des fêtes de Châlons dans le cadre d'une de ces tournées "blues festival", soit avec Memphis Slim à Châlons ou à Reims.
Mais ce n'est là que l'un des aspects du très riche parcours musical de Mickey Baker, qui débute dans les années 40 comme guitariste de session et artiste solo, et pas de la petite bière puisque, ayant sorti son propre Guitar mambo dès 1952 et ayant joué sur la version originale de Shake, rattle and roll par Big Joe Turner, il est de fait un pionnier pas assez reconnu du rock and roll. Il a connu cependant une période de succès assez fort aux Etats-Unis dans la seconde moitié des années cinquante, grâce notamment au tube Love is strange du duo Mickey & Sylvia. Autre grand moment, le It's gonna work out fine d'Ike & Tina Turner, sur lequel Mickey Baker donne la réplique vocalement et tient tête à la tigresse.
Parmi les autres facettes de la carrière de Mickey Baker, il y a l'arrangeur, producteur et musicien de tout un pan des yé-yés français, après son arrivée en France en 1962 avec, de Ronnie Bird à Sylvie Vartan et des dizaines d'autres, de bonnes et de moins bonnes choses. Il y a aussi le pédagogue de la guitare, qui a produit des méthodes d'apprentissage dans différents genres, mais même la version allégée pour les lecteurs de Salut Les Copains n'a pas réussi à faire de moi un guitariste !
Avec tout ça, j'ai donc été bien content de tomber sur ce 45 tours à la superbe pochette, très rock'n'roll, avec cette photo noir et blanc pleine de mouvement et le lettrage "Mickey Baker" orange qui claque. L'excellent label de réédition Rev-Ola ne s'y est d'ailleurs pas trompé, qui a repompé cette pochette, en un peu moins réussie, pour sa compilation sûrement indispensable d'enregistrements années cinquante de Mickey Baker, Hit, git & split.
Malgré tout, et sans surprise, avec une version de L'adagio d'Albinoni, en fait une reprise de Remo Giazotto plutôt que de Tommy Albinoni, la face A de ce disque n'est pas très rock. En fait, c'est même carrément de la soupe, un slow baveux à la A whiter shade of pale, en moins bien, avec orgue pompeux façon église de rigueur en intro. Certes, le jeu de guitare, auquel répond le vibraphone, est sûrement excellent, mais dans le style naufrage d'un guitariste virtuose du rock, ça vaut bien le Love is blue de Jeff Beck.
Heureusement, la face B est d'un tout autre calibre et fait honneur à la pochette du disque.
Elle s'ouvre avec Love is strange. Il s'agit là au moins de la troisième version éditée par Mickey Baker. La première, celle de 1957 par Mickey & Sylvia, a une histoire compliquée. Elle était co-signée par Mickey, Sylvia et Ethel Smith pour la musique. Derrière le nom d'Ethel Smith se cachait en fait son mari Bo Diddley, sûrement pour des raisons contractuelles, mais le véritable créateur du riff si distinctif de cette chanson serait le guitariste de Bo, Jody Williams, qui a d'ailleurs porté plainte à ce sujet.
La deuxième version a été enregistrée en France et en français. Je donnerai bien quelques centimes d'euro pour avoir la chance d'écouter L'amour est étrange par Mickey et Monique, sorti sur disques Versailles en 1963 ! Je ne sais pas ce que Monique est devenu par la suite, mais Sylvia a eu elle un très beau parcours, avec une carrière solo sous le nom de Sylvia Robinson, qui lui a notamment donné le tube Pillow talk en 1973, amis surtout, en tant que co-fondatrice de Sugar Hill Records en 1979, elle est l'une des pionnières et un personnage clé de l'histoire du hip hop.
La version instrumentale de Love is strange proposée ici, dans laquelle j'ai du mal à reconnaître le riff original distinctif, débute avec un coup d'harmonica à la Antoine. Par la suite, l'association guitare-vibraphone-orgue rappelle certaines productions de Mickey Baker pour Ronnie Bird. Cette fois-ci, la guitare électrique a de l'attaque, et c'est encore plus vrai pour Camp meeting, un autre instrumental (sauf qu'on entend Mickey galvaniser ses musiciens de la voix) où la guitare perçante rivalise avec l'orgue Hammond (La boutique French Attack propose en écoute un extrait de Camp meeting suivi d'un bout de Love is strange).
En tout cas, autant la face A est molle, autant la face B chauffe et swingue. Je veux bien ramasser des rondelles comme ça dans les champs tous les dimanches à la campagne !

18 octobre 2009

LAURA VEIRS : Riptide


Acquis chez Gibert Joseph à Lyon le 14 octobre 2009
Réf : BELLACD84 -- Edité par Bella Union en Angleterre en 2004
Support : CD 12 cm
Titres : Riptide -- Raven marching band -- Cliff driver

Les dernières fois que j'ai eu l'occasion de visiter Joseph Gibert à Lyon, je n'y ai pas fait de bonne affaire géniale, à part le Nature anthem de Grandaddy. Cette fois-ci, par contre, j'ai trouvé plusieurs CD très intéressants dans les quatre ou cinq caisses bien pleines posées sous les bacs. Avec neuf disques pour moins de 15 €, ça vaut le coup de passer trois-quarts d'heure assis par terre à remuer des disques !
Si Carbon glacier reste sûrement mon disque préféré de Laura Veirs, celui avec lequel jai fait sa connaissance également, je ne l'ai jamais acheté car la Médiathèque l'avait et j'ai préféré du coup investir dans deux des albums précédents, dont l'excellent Troubled by the fire.
Logiquement, le label anglais de Laura Veirs avait choisi The cloud room comme premier single extrait : c'est le titre qui a la rythmique la plus marquée et donc le plus de chances de passer sur les radios commerciales. Comme deuxième choix, Riptide est un peu moins évident. C'est l'un des bons titres du disque, mais pas l'un de mes préférés (Ils 'agit de Icebound stream et de Lonely angel dust). Le tempo est assez lent, comme sur quasiment tout le disque, la guitare acoustique domine et, après la partie chantée, le titre (et l'album aussi avec puisque Riptide était placé à la fin) se termine sur une assez longue partie instrumentale avec des violons.
J'ai eu le plaisir de voir Laura Veirs en concert deux fois dans les tournées qui ont immédiatement suivi la sortie de Carbon glacier. A Nantes d'abord, le 3 octobre 2004, en duo avec Karl Blau, puis à Reims le 11 mars 2005, en trio, pour mon premier concert à La Cartonnerie. Les deux fois, j'ai été entendu par Laura quand elle nous a sollicités pour proposer un morceau : elle a joué Icebound stream à ma demande à Nantes et, puisque cette chanson avait déjà été jouée avant, Ohio clouds à Reims.
Les deux fois, la chanson Raven marching band a été un moment important du concert. C'est d'ailleurs un titre qui doit compter énormément pour elle puisqu'elle l'a choisi pour nommer son propre label et qu'elle l'a enregistré au moins deux fois, en 2001 d'abord pour l'album The triumphs and travails of Orphan Mae, et ensuite pour la version qu'on trouve ici, datant probablement des sessions de Carbon glacier. Fondamentalement, les deux versions ne sont pas très différentes, sauf que pour celle-ci Laura est accompagnée du seul violoniste Eyvind Kang et que nous sommes dispensés de la minute trente bruitiste qui concluait la version originale.
J'imagine que Cliff driver, le dernier titre, a été écarté de l'album car il est un tout petit peu inférieur au reste. Pourtant, cette histoire d'un gars qui conduit comme un fou au bord d'une falaise, conclue par un mouvement de cuivres, est d'un très bon standing. Avec le style propre à Laura Veirs, et donc une ambiance complètement différente, cette chanson raconte exactement la même histoire que Stop this car de Jonathan Richman !

Laura Veirs sortira dans quelques semaines son septième album, July flame (Overture). Après deux disques sortis par Nonesuch, une filiale de Warner, elle est de retour pour l'occasion chez Bella Union pour l'Europe et diffusera elle-même le disque aux Etats-Unis via Raven Marching Band. Pour l'instant, seule une tournée anglaise est annoncée, pour janvier 2010, mais je ne doute pas que des dates suivront par chez nous : des concerts qui mériteront le déplacement...

17 octobre 2009

B.B. KING : The soul of B.B. King


Acquis chez Emmaüs à Epernay vers le milieu des années 2000
Réf : US-7714 -- Edité par United aux Etats-Unis dans les années 1970
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

A bientôt 85 ans, B.B. King est l'un des grands survivants du blues. Bizarrement, mes oreilles n'ont quasiment jamais croisé son chemin. J'ai pourtant écouté et acheté de nombreux disques de blues, dont beaucoup de compilations, mais au bout du compte je ne connais quasiment rien de ses enregistrements et, avant d'acheter cet album, les titres que j'avais de lui se comptaient sur les doigts de la main.
N'empêche, quand je suis tombé sur ce disque américain en parfait état, avec une pochette aux couleurs presque aussi flashy que celles de mon site Vivonzeureux!, je n'ai pas laissé passer l'occasion de l'acheter. C'est en rangeant l'album de George Thorogood l'autre jour que je suis retombé dessus.
Ce disque a une histoire éditoriale assez compliquée. Il a été sorti fin 1963 par Crown, le premier label de B.B. King, qu'il avait quitté en 1962. A l'époque le disque s'appelait tout simplement B.B. King et, puisque l'artiste avait quitté le navire depuis longtemps, il s'agissait bien sûr d'une compilation de fonds de tiroirs, inédits quand même, enregistrés entre le début des années cinquante et le début des années soixante (B.B. King enregistre depuis plus de soixante ans maintenant !).
Très vite, le disque a été réédité par deux sous-labels du même groupe, Custom et United, mais au passage il a été retitré The soul of a B.B. King, ce qui permet de le retrouver un peu plus facilement dans la discographie pléthorique du King (Sauf que, l'imagination n'étant pas au pouvoir chez United, une autre compilation de fonds de tiroir sortie plus tard s'est appelée The incredible soul of B.B. King !).
La discographie détaillée du label United m'indique que mon disque, avec son rond central violet, a été pressé dans les années 1970. La pochette doit aussi dater de cette époque, car visiblement ce disque a autant de pochettes différentes que d'éditions, tant et si bien que je n'ai trouvé la mienne nulle part en ligne.
A l'écoute de Going home, le premier et sûrement le meilleur titre de cet album, je me suis dit qu'il aurait presque pu être enregistré chez Stax. Sauf que le son est moins bon (globalement, le son du disque est très moyen et le mixage brouillon) et que, étant donné que les enregistrements datent de 1962 ou avant, il s'agit plutôt d'une anticipation du son Stax : du rhythm and blues cinglant à base de guitare électrique, de cuivres et d'orgue. Les autres titres avec les mêmes ingrédients, probablement issus des mêmes sessions, sont parmi mes favoris du disque (You never know, You won't listen, Sundown, The letter). Les blues électriques plus classiques, sûrement les enregistrements les plus anciens, sont d'une excellente facture également, notamment You shouldn't have left, et l'album se termine avec un instrumental endiablé qui porte bien son nom, House rocker, et un titre très jazz, Shake yours.

Ace Records a réédité cet album en 2003, actuellement disponible en CD et MP3. Pour ne pas simplifier les choses, ils lui ont redonné son premier titre, B.B. King, mais ils l'ont aussi agrémenté de huit titres rares en bonus.

16 octobre 2009

AIMABLE : Aimable joue Françoise Hardy


Acquis sur le vide-grenier de Magenta le 11 octobre 2009
Réf : EPS. 1334 -- Edité par Vogue en France en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : L'amour s'en va -- Tous les garçons et les filles -/- C'est à l'amour auquel je pense -- J'suis d'accord

Chaque année, la brocante d'automne de Magenta prend de l'ampleur. En plus, ce dimanche il ne pleuvait pas, il ne faisait pas trop froid, il y avait donc énormément de monde.
Au bout du compte, j'en ai ramené peu de disques, mais ils étaient presque tous d'une curiosité rafraîchissante. A commencer par celui-ci, que j'ai trouvé au tout début de mon périple, dans un état parfait.
Si ce disque existe, c'est uniquement parce qu'Aimable et Françoise Hardy étaient signés sur le même label, Vogue. D'ailleurs, les notes de pochette au verso le précisent et Daniel Lesueur y fait allusion, les deux se sont rencontrés en studio lors de la toute première séance d'enregistrement de Françoise Hardy pour Vogue, avant même qu'elle ait signé son contrat.
Alors que Tous les garçons et les filles était devenu un énorme succès, Aimable en a d'abord sorti sa version sur un EP (réf. EPS. 1332) fin 1962. J'imagine que c'est le succès confirmé et grandissant de la jeune Françoise qui a incité Aimable et Vogue à remettre le couvert presque aussitôt avec ce disque, sorti en 1963, cette fois-ci entièrement consacré à des reprises de ses premiers succès.
Au bout du compte, ces versions sont beaucoup moins musette que ce à quoi je m'attendais, sûrement parce qu'Aimable joue de l'accordéon, certes, mais aussi de l'orgue, et il y a même quelques motifs de guitare presque dans le style du petit train rébus. C'est tout autant easy listening que musette !
Ce disque fait partie de la série "spécial danse" de Vogue, mais côté danse c'est un peu monotone : trois slows et un fox à peine plus rapide ! Il faut dire qu'associer Françoise Hardy à la musique de danse, c'est sacrément osé ! Côté choix des titres, il n'y avait évidemment pas trop de marge, ce disque étant sorti grosso modo après le quatrième EP de Françoise, mais quand même, j'aurais bien aimé y trouver Le temps de l'amour, sur une musique de Dutronc, que je préfère et de loin au classique des classiques Tous les garçons et les filles.
Bizarrement, j'ai vécu jusqu'à 17 ans sans connaître du tout cet énorme tube. Malheureusement, il a fini par me rattraper, au moment où je m'y attendais le moins, pendant un stage de préparation du B.A.F.A. Je ne me souviens plus des choses dans le détail, et je ne veux surtout pas trop raviver mes souvenirs, mais disons que les responsables du stage nous avaient sorti cette chanson - ils étaient tout surpris qu'on soit plusieurs à ne pas la connaître - et on s'était retrouvés, dans le cadre de je ne sais quel exercice, à devoir danser dessus et peut-être même à la chanter au micro ! Beurk. Avant ça, je ne connaissais pas ce tube, depuis, je ne le supporte pas !
Sinon, en observant la pochette du disque, outre que la typographie reprend bien évidemment celle du EP correspondant de Françoise, L'amour s'en va, je me dis, avec ce fond bleu, qu'il n'est pas sûr du tout que les deux artistes aient posé ensemble. Je pense plutôt qu'il s'agit de deux photos détourées placées côte à côte. Par contre, en la regardant de trop près, cette pochette, je finis par avoir des hallucinations : j'ai l'impression de voir Carla Bruni sur le point d'abandonner la guitare pour prendre des leçons d'accordéon avec Jean-Luc Fonck de Sttellla !!

11 octobre 2009

PIL : Plastic box


Offert par Philippe R. à Nantes le 24 août 2006
Réf : PILBOX 1 -- Edité par Virgin en Europe en 1999
Support : 4 x CD 12 cm
64 titres

Après la séparation des Sex Pistols vint la formation de Public Image Limited. Ainsi, après les reformations des Sex Pistols vient la reformation de PIL.
Ostensiblement, il s'agit de marquer le 30e anniversaire de la sortie de Metal box, le deuxième album de PIL. Dans les faits, le groupe se reforme pour la seule et unique raison que John Lydon en a envie, comme il l'explique dans le Mojo de ce mois-ci (n° 192 daté de novembre) et il aurait tort de s'en priver.
Une des ironies de cette situation est que, bien que les membres de PIL présents lors de l'enregistrement de Metal box soient tous encore vivants (Jah Wobble, Keith Levene, Richard Dudanski et pour un titre Martin Atkins), Lydon n'a fait appel à aucun d'entre eux, tout simplement parce qu'il n'a aucune envie de retravailler avec eux (Ceux qu'ils a choisi sont sûrement tout aussi estimables et compétents, notamment Lu Edmonds, qui fut notamment l'Oncle Patrel des 3 Mustaphas 3, et Bruce Smith, ex-Pop Group et Rip Rig & Panic parmi beaucoup d'autres groupes, mais ils ont rejoint PIL bien plus tard dans sa carrière).
La Metal box originale, je l'ai souvent eue en main au moment de sa sortie mais je ne l'ai pas achetée parce que ces trois maxis étaient un peu chers pour moi, même distribués en import par le label français. Et puis, quelques mois plus tard je suis tombé sur Second edition, la version en double-album "normal" de la Metal box, à un prix tout à fait correct et après la question ne s'est plus posée.
En tout cas, cette actualité me donne l'occasion de ressortir cette Plastic box, un coffret rétrospectif des enregistrements studio de PIL de 1978 à 1992. Coffret, c'est vite dit, puisque qu'il s'agit d'une de ces boites horribles utilisées pour les double-CD, sauf que là elle en contient quatre et est recouverte d'un étui plastique, le tout faisant écho bien sûr à la boite de film en métal de 1979. D'ailleurs, ce coffret était peut-être sorti à l'occasion des vingt ans de la box originale.
L'ironie en tout cas c'est que cette compilation qui n'a que dix ans n'est plus disponible depuis quelque temps et que, au moment même où Philippe me l'a offerte après l'avoir dégottée en solde à la FNAC de Nantes, elle était déjà en vente à prix prohibitif en ligne (Ça reste valable aujourd'hui avec des prix qui s'étalent de 85 £ à 250 $).
Tous différents, les trois premiers albums de PIL sont des incontournables de la new wave, présentés ici quasiment dans leur intégralité. Le premier, Public Image/First issue, associe d'excellents titres rapides, qui auraient pu se retrouver sur un deuxième album studio des Pistols si le groupe avait duré assez longtemps (Public Image, Low life, Attack) avec des titres créant un style PIL plus original, qui pose les bases de Metal Box (Theme, Religion I et II, Annalisa).
Le coffret comporte quelques raretés, principalement des faces B rarement transcendantes, et les seuls inédits sont deux sessions enregistrées pour la BBC en 1979 et 1992. Ces enregistrements de 1979 pour la BBC sont de bonne qualité et proches des versions studio, mais du coup ça signifie que nous sommes privés des versions originales de trois titres importants de Metal box, Chant, Careering et Poptones. Rien de grave, mais ça me chagrine surtout pour Poptones, peut-être bien mon titre préféré de PIL, dont je trouve la version studio plus incisive.
Sinon, tous les titres que j'aime beaucoup sur cet album sont bien présents, de Bad baby à Memories, en passant par Swan Lake (dans sa version maxi single intitulée Death disco) et surtout Socialist (un instrumental qui est une sorte de disco robotique accéléré) et The suit, que Lydon chante avec une voix grave et dont je connaissais les paroles par coeur à l'époque.
Je me rends compte d'ailleurs en réécoutant que j'ai aussi vraiment beaucoup écouté le troisième album Flowers of romance au moment de sa sortie en 1981 car je connais encore beaucoup de paroles. Comme beaucoup, j'ai été surpris aux premières écoutes par le son de ce disque, sans Jah Wobble et du coup sans basse du tout, avec par contre la batterie très en avant. Mais il y une grande majorité de l'album que j'aime beaucoup : Banging the door, Phenagen, Flowers of Romance, Under the house, Hymies him...
Par contre, les CD 3 et 4 correspondent à des disques de PIL que je n'achetais plus au moment de leur sortie (même s'il y en a quelques-uns que j'ai récupérés depuis) et franchement j'ai du mal à y trouver quelque chose que j'ai envie de sauver.
Encore, sur le CD 3, qui correspond aux disques This is what you want... This is what you get et Album/Cassette/Compact disc, j'aime encore bien le tube This is not a love song (mais ici c'est un remix), l'enchaînement 1981/The order of death et aussi l'autre tube Rise (même si le première partie de la phrase essentielle du refrain "I could be wrong, I could be right" était déjà utilisée de façon proéminente pour un autre single du groupe, Memories, en 1979).
Du dernier CD, je ne garderais, pour me moquer gentiment, que Selfish rubbish, car le titre me semble moins mauvais que le reste et c'est une bonne façon de décrire la fin de parcours du groupe. La fin provisoire, puisque PIL va attaquer sa nouvelle étape en cette fin d'année. Comme pour les autres reformations, qu'on ne compte pas sur moi pour me précipiter au concert, et je n'attends rien non plus d'un nouvel album studio, dont il est éventuellement question.

A lire : une chronique très détaillé de la Plastic box sur le site Fodderstompf.
A voir et écouter : un billet rétrospectif de R J Dent.

10 octobre 2009

DAVID THOMAS AND THE ACCORDION CLUB : We have the technology


Acquis par correspondance chez Hearpen.com aux Etats-Unis le 10 octobre 2009
Réf : extrait de Hearpen 144 -- Edité par Hearpen aux Etats-Unis en 2009
Support : 1 fichier MP3
Titre : We have the technology

Si jamais je risquais d'oublier Pere Ubu (ce qui ne risque pas d'arriver...), la fidélité à ce blog de Charlie Dontsurf, à qui l'on doit le site francophone Ubu Dance Party, et ses commentaires réguliers m'en empêcheraient.
Encore récemment, je pensais ressortir mon maxi de We have the technology pour en parler ici. En 1996, j'avais utilisé le titre de cette chanson, l'une de mes préférées de Pere Ubu, pour un article du fanzine Vivonzeureux! qui parlait surtout de l'album Ray gun suitcase et de l'utilisation par David Thomas des technologies.
Le maxi, on en parlera sûrement plus tard car hier j'ai reçu la lettre d'information du label Smog Veil, qui diffuse les productions du propre label de Pere Ubu Hearpen. Cette lettre annonçait la diffusion d'un nouvel album live inédit de David Thomas, enregistré en octobre 1992.
En 1975, Pere Ubu utilisait la technologie à sa disposition pour diffuser sa musique, en créant son label Hearpen pour sortir ses premiers 45 tours. Les disques se sont retrouvés chez les disquaires qui comptaient à l'est et à l'ouest des Etats-Unis, à Londres, à Paris. Ils ont permis au groupe de se lancer et de trouver son public.
Dans les années 80 et 90, le groupe diffusait des programmes sur disquette, des CD-Rom et était parmi les premiers à créer son site internet. De 1981 à 2000, Pere Ubu a édité quatre albums live "pirates officiels", mais presser un disque et le distribuer dans le monde entier pour un public relativement limité, ça coûte cher. Alors depuis quelque temps Hearpen propose des enregistrements inédits ou rares en téléchargement payant, le plus récent étant ce Let's visionate!, un enregistrement de concerts à la Knitting Factory de New-York par David Thomas accompagné par la version 4.0 de l'Accordion Club, un groupe informel qui l'a accompagné très ponctuellement de 1982 à 1993 avec presque à chaque fois des formations différentes. Là, le club était constitué d'Ira Kaplan de Yo La Tengo à la guitare (Tiens, je n'avais jamais entendu parler de cette collaboration Kaplan/Thomas...) et de Garo Yellin au violoncelle. Garo a accompagné Pere Ubu et They Might Be Giants, notamment. Il a été membre des Ordinaires et est maintenant l'un des Chauds Lapins !
Ce concert tombait entre l'enregistrement et la sortie de l'album Story of my life de Pere Ubu, un disque qui s'ouvre avec le mélodéon de David Thomas pour l'excellent Wasted. David Thomas jouait justement du mélodéon pour ce concert. Je n'avais pas l'intention d'acheter les 17 titres, mais si Wasted avait été dans le lot je l'aurais inclus dans ma sélection.
Pour l'heure, mon choix s'est porté sur We have the technology, le tout dernier titre du concert, un rappel. Je me suis dit qu'une version de ce titre de The tenement year au mélodéon, ça devrait valoir le coup. En fait, il n'y a pas de mélodéon sur cette chanson précisément, mais je ne suis pas déçu pour autant. Même en fin de concert, David Thomas chante superbement. Il est accompagné par la guitare rythmique d'Ira et le violoncelle de Garo, et surtout il produit au milieu de la chanson un solo de métronome qui amuse tout le monde, le public et lui aussi, au point qu'il doit réprimer un fou rire au moment de reprendre le chant. On n'a pas l'image pour apprécier pleinement le moment, mais voilà un bon exemple d'utilisation d'une technologie particulière...
Pour en savoir plus, rendez-vous chez Hearpen, avec notamment au programme de ce concert Nobody knows, My town et une version de plus de huit minutes de Sloop John B.

04 octobre 2009

GEORGE THOROGOOD AND THE DESTROYERS : Move it on over


Acquis probablement à Châlons-sur-Marne vers 1979
Réf : STO 8506 -- Edité par Sonet en France en 1978
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Lorsque je faisais chambre commune avec mon frère, et dans la période qui a immédiatement suivi, ce disque était l'un des seuls sur lesquels nous étions d'accord. C'est révélateur du peu de goûts musicaux que nous avions en commun, mais ça montre aussi à quel point une interprétation pêchue et inventive de rock and roll, de blues et de country (il n'y a que des reprises ici) peut rassembler très largement.
Je ne sais plus comment nous avions découvert ce disque. Des chroniques dans Best et Rock & Folk, et aussi sûrement des copains qui avaient ce deuxième album de George Thorogood, ou bien le premier ? Ce qui est sûr en tout cas c'est qu'un voisin avait en 1979 l'album Better than the rest qui reprenait des démos de 1974.
A partir de là, mon frère a continué à s'intéresser notamment à des guitaristes virtuoses, quand à moi, parmi d'autres pistes, j'ai exploré celle du blues électrique, en commençant par Elmore James, dont deux titres sont repris ici.
Ça fait bien longtemps que je n'avais pas réécouté Move it on over, mais comme pour des centaines d'autres, il n'est pas oublié pour autant : la musique est autant gravée dans mon cerveau que dans les sillons du disque et la moindre écoute, même à des années d'écart, le confirme et ravive des souvenirs. La grosse différence avec les années qui passent, cependant, c'est que ma culture musicale n'est pas la même. La plupart des chansons présentes ici, c'est avec ces reprises par George Thorogood que je les ai écoutées pour la première fois. Depuis, bien sûr, j'ai eu l'occasion d'écouter d'autres reprises et les versions originales de classiques comme Who do you love ? de Bo Diddley ou Move it on over de Hank Williams, du coup je ne réécoute pas ce disque aujourd'hui avec la même oreille. Et j'ai même des surprises, car on oublie beaucoup quand même, par exemple en redécouvrant qu'il y a ici une version de Cocaine blues, alors que je n'avais pas fait du tout le lien quand j'ai découvert Cocaine blues/Transfusion blues dans les versions de Johnny Cash vers la fin des années 1990.
Pour moi à l'époque, Thorogood était surtout réputé comme grand guitariste de blues spécialiste de la slide guitar au bottleneck. Lui disait plutôt, c'est dans les excellentes notes de pochette de cet album, qu'il faisait dans le rock'n'roll traditionnel. C'est sûrement plus juste car ça englobe l'ensemble des influences concentrées ici et amplifiées pour proposer un album sans temps mort qui a une énergie d'enfer.
La face A enchaîne sans sourciller Move it on over de Hank Williams, dans une version qui confirme le caractère proto-rock de ce classique country, Who do you love ?, avec à chaque fois des envolées transperçantes de guitare slide, un titre lent à l'origine, The sky is crying d'Elmore James (cette version puissante et énergique reste ma préférée), le Cocaine blues popularisé par Johnny Cash donc et It wasn't me, un titre de 1965 de Chuck Berry !
Il ne faut pas espérer souffler une fois le disque retourné. Sur la face B on trouve That same thing (The same thing de Muddy Waters, un titre signé Willie Dixon), So much trouble de Brownie mcGhee, I'm just your good thing, en fait I've been a good thing for you de Slim harpo (Comme souvent dans les musiques populaires, Thorogood fait varier les titres). Les Rolling Stones ont repris plusieurs titres de Slim Harpo mais pas celui-ci je crois, pourtant cette ballade est tout à fait digne des Stones à leur sommet du milieu des années 1960. L'album se termine avec Baby, please set a date de Homesick James Williamson et New Hawaiian boogie de son cousin Elmore James.
Outre les Stones des débuts, auxquels les notes de pochette font aussi référence, le point de comparaison qui me parait le mieux convenir, dans un domaine de tradition proche et avec une énergie similaire, c'est le Dr Feelgood époque Wilko Johnson.
Les notes de pochette dont j'ai parlé nous révèlent entre autres que ce disque, comme le premier, est sorti à l'origine aux Etats-Unis chez Rounder, le label indépendant connu avant tout pour son travail sur le folk. Ils expliquent d'ailleurs qu'ils ont longtemps hésité à éditer Thorogood, justement parce que son style de rock stonien correspondait peu à leur catalogue. Une fois qu'ils ont eu rencontré et vu sur scène Thorogood et ses Delaware Destroyers, leurs doutes ont immédiatement disparu. Ce qu'ils disent de Thorogood et de sa réaction au succès inattendu de son premier album (non affecté, volontaire, attitude saine vis-à-vis du show-business, importance de la scène, têtu, pas de road manager ni d'équipe technique), tout cela, additionné au fait que cet album a été enregistré à Boston, ne peut que me faire penser à un certain Jonathan Richman, qui a aussi enregistré plus tard pour le label Rounder pendant presque dix ans, ça ne peut pas être un hasard !

Je ne suis pas absolument certain que l'exemplaire du disque que j'ai est celui-là même que nous avions il y a trente ans. Il n'est pas impossible que mon frère ait ce disque et que moi je l'ai racheté entre-temps d'occasion. Ce qui est sûr, c'est que la copie que j'ai aujourd'hui correspond à l'édition originale française que nous avions. Donc, si ce n'est pas l'exemplaire d'époque, c'est donc son frère !

A voir : le concert en Allemagne de 1980 pour l'émission Rockpalast, qui confirme les dires des gens de chez Rounder sur l'attitude de Goerge Thorogood sur scène.
A écouter : des titres de Thorogood sur Deezer, mais je ne saurais dire si cet album fait partie du lot car le système d'exploitation de mon ordinateur ne me permet plus d'accéder à ce site.

03 octobre 2009

SCOTT 4 : Your kingdom to dust


Acquis au Record and Tape Exchange de Camden le 24 septembre 2009
Réf : VVR5001813 -- Edité par Folk Archive/V2 en Europe en 1998
Support : CD 12 cm
Titres : Your kingdom to dust -/- You set the scene

Autant à Notting Hill Gate j'ai fait une moisson conséquente de CD et de 45 tours à 10 pence (pour voir, ou plutôt pour écouter : à ce prix-là, le seul fait d'avoir aperçu le nom dans une chronique, de connaître la réputation du label ou d'aimer la pochette entraîne l'achat), autant à Camden je n'ai gardé des quelques centaines de CD singles à 50 pence que j'ai passés en revue que trois disques, dont celui-ci. Et encore, je savais que j'avais déjà Kingdom to dust sur le Recorded in state LP de Scott 4, mais justement, comme c'est mon titre préféré de l'album ça m'intéressait d'avoir le single, d'autant plus que la durée inhabituelle de la face B (23'15 !) est particulièrement intrigante.
Je ne sais plus à quelle occasion j'avais acheté leur album mais je me souviens que c'est par le NME que j'avais appris l'existence de ce groupe, je pense même me souvenir d'une couverture avec un membre du groupe portant un chapeau de cow-boy, ce qui n'était pas encore si courant à l'époque. Dans le sillage de Beck, et dans la même foulée qu'Alabama 3, qui a démarré juste après eux, Scott 4 (Quelle idée d'aller chercher le titre d'un album de Scott Walker pour se baptiser ! — mais d'un autre côté, le chanteur s'appelle effectivement Scott...) associe des éléments "modernes" (boites à rythmes, synthés, samples, un peu de rap parfois) avec des influences plus traditionnelles des musiques américaines.
Sur Kingdom to dust, ça donne une chanson (qui perd ici plus d'une minute par rapport à la version de l'album) qui vaut surtout par son refrain, sur lequel le chanteur Scott Blixen s'arrache les tripes, avec un riff de guitare en accompagnement, le tout étant suivi d'une petite mélodie accrocheuse au synthé.
Je ne connais pas la version originale de quatre minutes et quelques de You set the scene, qu'on trouvait en 1997 sur Elektro Akoustic und Volksmechanik, le premier mini-album du groupe, mais comme celle-ci est aussi copyrightée 1997, je me dis qu'il s'agit peut-être de la version intégrale de l'enregistrement original, réalisé en quatre jours et en quatre pistes dans un appartement londonien. En tout cas, pour un titre aussi long, c'est étonnamment agréable à écouter. Evidemment, comme c'est avant tout instrumental et qu'on a tendance à entrer un peu en transe, certains évoqueront le krautrock. Pour ma part, le point de référence qui me vient immédiatement à l'esprit, c'est le Velvet Underground de 1969 Live.
Scott 4 a eu un succès certain à ses débuts, sauf que celui-ci a décliné au moment même où ils ont sorti le successeur du Recorded in state LP, Works project LP, sur lequel leur label misait beaucoup. Comme pour beaucoup de groupes des années 1990, trop vieux pour avoir été de la génération Internet et trop jeunes pour bénéficier de l'archéologie de la nostalgie, qui met en ligne des tonnes de clips et de chansons (Il faut une génération de vingt ans pour ça, on en reparle dans cinq ans...), on ne trouve quasiment rien d'eux sur le réseau (Mais les disques à trois fois rien pullulent !). On peut peut-être aussi attendre du nouveau matériel des fondateurs du groupe, Scott Blixen et Ed Tilley, qui étaient revenus en 2005 sous la bannière de The Scott 4 Free Rock Orchestra avec un disque intitulé E-S-P, avec un son beaucoup plus électro-funk si j'en crois les extraits qui sont en ligne.