31 mai 2008

POLYPHONIC SIZE : Nagasaki mon amour


Acquis chez New Rose à Paris le 25 février 1982
Réf : RAD 001 -- Edité par Radical en France en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Nagasaki mon amour -/- Kyoto (Version)

Sur mon agenda, à la date du 25 février 1982, je n'ai pas noté que j'avais acheté ce disque. Juste quelques mots sur les événements importants de cette journée passée à Paris avec Philippe C. : l'achat de l'album pirate de Cure, le spectacle de Lewis Furey et Carole Laure au Théâtre de la Porte Saint-Martin (nous étions tombés par hasard sur le soir de la Générale, je ne savais pas vraiment ce que c'était une générale, mais on l'a vite compris à l'entracte quand on s'est retrouvés entourés de vedettes dans le hall du Théâtre, dont Depardieu, Souchon et Brigitte Fossey !) et le retour galérique après le dernier train pour Reims, bloqués à Epernay de 1h46 à 5h13, avant de finir le trajet à pied jusqu'à la résidence universitaire (plus d'une heure)... et de trouver mon lit squatté par un pote à l'arrivée !
Le lendemain, on comprendra que j'ai noté un laconique "Sommeil".
Le samedi, je suis rentré chez moi, là où se trouvait mon tourne-disques, mais j'ai passé la soirée avec mes potes du Ouane Brothers Band, ce n'est donc que le dimanche que j'ai dû avoir le temps de finir d'écouter mes achats du jeudi 25 février 1982. D'où ce que je découvre aujourd'hui dans mon agenda à la date du 28 février 1982 : "Tube du jour Nagasaki mon amour de Polyphonic Size. Dimanche serein."
Si j'ai acheté ce premier disque paru en France de Polyphonic Size, six mois avant la sortie de leur premier album, c'est obligatoirement parce que j'avais dû entendre la chanson au préalable. Et si je l'avais entendue, c'est évidemment à Feedback, l'émission de Bernard Lenoir.
Cette édition française de Nagasaki mon amour est sortie, avec une face B différente de l'édition belge de 1980, sur un label indépendant qui débutait. Ils étaient très rares à l'époque. Je crois me souvenir que Radical Records était basé à Bordeaux et je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un deuxième disque sur ce label.
Ce 45 tours est placé sous le signe du Japon.
Nagasaki mon amour est l'une des grandes réussites de la new wave synthétique. C'est la première collaboration entre Jean-Jacques Burnel et Polyphonic Size. Basse au synthé, boite à rythmes, piano sur le refrain, choeurs, on a en quatre minutes une histoire d'amour de l'ère atomique, de la rencontre à la naissance d'un enfant mort-né, avec un bombardement nucléaire entre-temps et la présence énigmatique de la Joconde. Les paroles très elliptiques de Dominique Buxin font beaucoup pour la magie de cette chanson, à l'exception d'un couplet que je trouve complètement raté : "L'avion est retourné sans même se retourner. Nous sommes tout retournés"...
Nous avons la grande chance de disposer, grâce à Philippe Doro, d'un site excellent et très complet consacré à Polyphonic Size, sur lequel on trouve notamment :
En face B, la version de Kyoto, du nom de la ville japonaise largement épargnée par les bombardements américains de la seconde guerre mondiale, est agréable, mais on n'est pas dans la même catégorie qu'avec Nagasaki, bien que ce titre bénéficie de la participation d'une chanteuse japonaise.

25 mai 2008

SUMMER FACTORY : Little pad


Acquis chez Parallèles à Paris vers 2006
Réf : SUM*04 -- Edité par Summer Factory en France en 2000
Support : CD 12 cm
Titres : Concrete block -- Take your clothes off ! -- All the trendy people -- La patée pour femmes -- Une boite bien cachée sous la terre

Un CD gravé avec le nom du groupe écrit au feutre, une date (septembre 2000) et un n° de téléphone. En général je n'achète pas ce genre de disque, même soldé à 1 €. Mais là c'est pas pareil. Déjà, bien que le disque soit plus que fait maison (j'imagine qu'il a été envoyé par le groupe à un journaliste ou à un organisateur de concerts), la pochette et le dos CD sont imprimés comme pour un CD commercialisé. Et puis, le nom du groupe Summer Factory me disait quelque chose. Et quand j'ai ouvert le livret et que j'ai lu, à la fin des trois lignes de remerciement, dans l'ordre, Brian Wilson, Dan Treacy, Jonathan Richman, je n'ai pas hésité plus longtemps.
J'ai bien fait. Je ne sais pas combien de temps ce CD-R tiendra avant de se désintégrer, mais en attendant je peux écouter cinq excellents titres, avec des éléments sixties marqués mais bien digérés, associés à de l'énergie, de la technologie et des influences de toutes les décennies qui ont suivi, ce qui donne un composé original des plus réjouissants. Allez, en fonction de ce que je connais, et pour rester dans l'hexagone, disons qu'on peut penser aux Dum Dum Boys d'X-perimental zebra phonic ou aux Juanitos d'Exotica, mais en un peu moins exotique justement.
Par exemple, le premier titre, Concrete block, comprend des samples de voix, de la guitare électrique, de l'orgue, un rythme saccadé, des effets sonores. On trouve ce titre sur le premier album de Summer Factory, Put your clothes back on !, sorti en 2001. J'imagine d'ailleurs que le titre éponyme de cet album (Rhabille-toi !) a quelque chose à voir avec le second de ce disque, Take your clothes off ! (Déshabille-toi !), un rock trash jazzy avec saxophone et tout.
Les autres titres ne semblent pas du tout être sur l'album. Ils sont pourtant du même acabit et surtout d'une qualité au moins aussi bonne. Un seul petit regret : que derrière un titre aussi intrigant que La patée pour femmes ne se cachent pas des paroles en français aussi géniales que le titre. N'empêche, c'est mon morceau préféré du disque. Une boite bien cachée sous la terre n'a pas non plus de paroles en français, mais est bien quand même.
Summer Factory a sorti au moins un autre album, A bad workman blames his tools, en 2003 et est désormais séparé. Son membre principal, JFG, multiplie depuis les projets sous divers noms, le dernier en date étant JFG and the High Cheekbones, un groupe qui a déjà plusieurs disques à son actif, dont l'un, Leaving it all behind, a même reçu l'onction de l'ami Bob Morlock.
Summer Factory a aussi figuré, avec une version énergique de Look back in anger, sur I would write a thousand words, le volume2 des albums hommage aux Television Personalities. Attention, pour le volume 3, c'est votre serviteur qui devrait s'y coller, sur le disque bonus en édition limitée !

24 mai 2008

HENRI GENES : La vaca maladiva


Acquis sur le vide-grenier du quartier de la Goësse à Epernay le 18 mai 2008
Réf : 90.044 B -- Edité par Pacific en France en 1955
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La vaca maladiva -- Sidi Bel Abbes -/- Hector -- Tantina de Burgos

Mon principal souvenir lié à Henri Génès concerne l'un de ses succès, Le facteur de Santa Cruz, que Lamy Vincent et son groupe Au Bonheur Des Dames avaient repris en version reggaeifiée dans son émission L'écho des bananes en 1982 ou 1983 (on peut en voir une grosse minute ici, rediffusée lors de la dernière de l'émission fin 1983). Anne B. et François B. avaient magnétoscopé l'émission et se régalaient tellement de la chanson que "Hého les muchachos" est devenu pour un temps un cri de ralliement entre nous. C'est ainsi que nos amis les Muchachos se virent attribuer leur nom de baptême...
En fait, Henri Génès est profondément inscrit dans l'inconscient collectif d'une bonne partie de la population française la moins jeune. Pas tellement en tant que chanteur, mais en tant qu'acteur. Des petits rôles le plus souvent, mais sa filmographie est impressionnante. Outre des grands classiques comiques (la série du Gendarme à Saint-Tropez, La grande vadrouille, Le corniaud, La soupe aux chous, Mon curé chez les nudistes,...) on a l'impression à la lecture de cette liste impressionnante qu'il choisissait les films dans lesquels il jouait en fonction de leur titre : Touch' pas à mon biniou, La ferme du pendu, Plume la poule, Au diable la vertu, La rue des bouches peintes, Prends ta Rolls et va pointer, Le champion du tiercé et même Le facteur de Saint-Tropez ! Impressionnant, je vous dis.
Il y a quelques temps, j'ai acheté le 45 tours qui contient Le facteur de Santa Cruz, et avant ça un autre 4 titres, mais dimanche, sur le très familial et sympathique vide-grenier du quartier de la Goësse à Epernay, quelques heures avant l'orage de l'après-midi, j'ai acheté celui-ci, pour faire un lot à négocier à 2 € les trois avec un 45 tours d'Elvis Presley de fin 1969 et un EP de Léo Ferré.
Côté chanson, comme au cinéma, le terrain d'Henri Génès c'est le comique, comique troupier d'abord (et même néo-comique troupier à la télé dans les années 60) et comique exotique satirique le plus souvent. C'est ce côté exotique et léger qui permet à ses disques de m'être agréables à plus de cinquante ans d'écart, là où des chansons sérieuses ou réalistes, à la Armand Mestral par exemple, peuvent m'être assez insupportables.
La recette est simple et ancienne donc pour ce type d'humour : des stéréotypes ou pseudo-stéréotypes (tics de langage, traits culturels, folklore musical local,...) exagérés ou moqués. Ici, ça donne la vache malade mexicaine, le tango oriental de Sidi Bel Barbès, l'ivrogne et Hector, son bulldog anglais bavard, et la mésaventure de l'espagnol et de la nombreuse famille de sa femme, dont la tantine de Burgos.
Léger, très léger, mais agréable. La vache laitière mexicaine assise sur son derrière qui regarde passer les avions en l'air car plus aucun train ne passe sur la voie depuis que les cheminots sont en grève m'a bien plu. La chanson la plus connue ici est probablement l'excellent tango Tantina de Burgos, dans la version qu'en a donné Annie Cordy l'année suivante, en 1956.
Du point de vue discographique, ce qui est intéressant c'est de se rendre compte que ce disque, pourtant loin d'avoir été un énorme succès je crois, a eu au moins trois pochette différentes.
Je pense que celle-ci a été la première. Ensuite il y en a eu une autre, très proche, avec simplement du jaune qui remplace le rose, le chiffre 2 rajouté (c'est le deuxième 45 tours d'Henri Génès) et la mention "Chansons" à la place de "Chant", ce qui fait une sacrée différence ! La maquette de la troisième pochette est très différente. Il s'agit probablement de la réédition des deux premiers disques avec une photo plus grande d'Henri, et surtout, Tantina de Burgos est mentionné comme le titre principal, probablement parce que le disque d'Annie Cordy était sorti entre-temps.

19 mai 2008

ORANGE JUICE : Texas fever


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Londres vers 1990
Réf : OJMLP 1 -- Edité par Polydor en Angleterre en 1984
Support : 33 tours 30 cm
6 titres

La seule fois où j'ai vu Orange Juice en concert, j'ai été particulièrement injuste avec eux. C'est pourtant un groupe que j'aimais beaucoup, particulièrement Blueboy, découvert sur les compilations Rough Trade et qui reste l'un de mes titres préférés de ce groupe, et aussi le premier album You can't hide your love forever, que j'ai beaucoup écouté à sa sortie et que j'apprécie encore, même si je lui trouve maintenant beaucoup plus de défauts qu'avant, notamment le chant d'Edwyn Collins, tellement limite qu'il en est parfois insupportable.
Mais j'ai une excuse pour avoir payé pour voir un groupe et l'avoir ensuite sifflé et hué pendant près d'une heure. Cette excuse, c'est le contexte.
Au printemps 1984, l'album Jonathan sings ! n'était pas encore sorti en Angleterre, le label américain Sire ayant lâché Jonathan Richman avant qu'il sorte dans ce pays, mais Rough Trade s'apprêtait à prendre la relève fin juin. Côté concerts, rien ou presque depuis 1978, sauf une tournée en solo en 1982, sans disque à soutenir, passée également par la France (Lyon notamment, et je pense que les enregistrements télé de Abdul & Cleopatra et Tahitian hop datent de cette tournée et sont extraits de l'émission Houba Houba d'Antoine de Caunes).
J'étais assez accroché à l'époque pour avoir écrit à Jonathan Richman à l'adresse figurant au dos du disque pour m'inquiéter de la non-disponibilité du disque en Angleterre. Il m'avait répondu, sur une carte représentant Ayers Rock mais envoyée des Etats-Unis, en annonçant la sortie chez Rough Trade et une tournée à venir.
Autant dire que, quand le concert de Jonathan Richman a été annoncé à Londres pour le 21 juin 1984, j'étais plus qu'impatient et j'en ai fait la publicité autour de moi, auprès des connaissances que j'avais commencé à me faire, à la Living Room notamment. Au départ, le concert devait être à Camden, à l'Electric Ballroom je crois, mais le même jour était annoncé un concert d'Orange Juice en tête d'affiche à l'Hammersmith Palais. Après discussion entre les promoteurs, j'imagine, le concert de Jonathan Richman a été déplacé au Palais, plus grand, mais avec toujours Orange Juice en tête d'affiche, sur la lancée du succès de Rip it up.

L'association Orange Juice/Modern Lovers n'était pas une mauvaise idée, si l'on s'en tient aux influences qu'ils partagent et à la voix parfois très nasale des deux chanteurs, mais du coup on se retrouvait avec une soirée à quatre groupes, les premières parties de chaque concert ayant été maintenues.
Ce soir-là, c'était vraiment la fête. J'avais l'impression que tous les gens que je connaissais, au moins de vue, dans le coin étaient présents. Joe Foster m'a présenté à Ana da Silva des Raincoats, que j'avais déjà reconnue une fois dans le magasin Rough Trade.
Les irlandais de Blue In Heaven ont joué en premier. Je n'ai aucun souvenir de leur prestation. Par la suite, j'ai acheté quelques-uns de leurs disques, mais ça fait bien longtemps que je ne les ai pas écoutés.
J'ai un bon souvenir par contre du concert de James King & the Lone Wolves. Pas dans le détail, mais je me souviens d'un bon son rock avec une guitare twang.
J'étais évidemment aux anges pour tout le concert de Jonathan Richman & the Modern Lovers. La formation du groupe ce soir-là comprenait Ellie Marshall à la guitare et aux choeurs, Greg "Curly" Keranen à la basse et Michael Guardabascio aux percussions. Ils ont joué quelques vieux titres (Affection, Here come the Martian Martians, Ice cream man), deux extraits du nouvel album (This kind of music et Give Paris one more chance), quelques instrumentaux et des inédits (The beach, Vincent van Gogh, Let's get wild) et puis, et puis c'est tout !
Après moins de 35 minutes, le groupe a quitté la scène... et n'est pas revenu. Au bout de quelques minutes d'une ovation du diable, Jonathan Richman est venu saluer le public, sans chanter, et il a expliqué qu'il fallait maintenant laisser la place au groupe suivant.
Ce n'est pas très positif, mais je crois que je n'ai jamais autant sifflé et hurlé à un concert. Ce n'est pas un hasard si les deux articles ci-dessous qui en font le compte-rendu expliquent :
"Est-ce qu'Orange Juice savaient ce qu'ils faisaient quand ils ont invité les Modern Lovers à l'affiche de leur concert Jeudi au Palais ?" et "Ils n'étaient que la première partie. Je n'ai pas chronométré mais l'ovation qui a suivi les Modern Lovers au Hammersmith Palais il y a quelques semaines aurait pu durer toute la nuit. Orange Juice, théoriquement la tête d'affiche, bien qu'ils aient fait une prestation brillante, ne sera probablement plus jamais pareil. Cela a dû être la démonstration d'une appréciation la plus inquiétante qui soit pour un set d'une demie-heure d'un obscur groupe américain de première partie dont le dernier tube anglais remonte à cinq ans".
On a sifflé, tapé des pieds et des mains et hurlé pendant tout le temps que les roadies installaient le matériel d'Orange Juice, et on a continué, c'est ça qui est injuste, pendant tout le début du concert d'Orange juice, en sifflant et en réclamant les Modern Lovers.
Orange Juice a continué vaillamment son concert, avec juste un signe d'énervement et une remarque agacée d'Edwyn Collins au bout d'un moment. Il a notamment expliqué qu'une équipe de télé filmait leur concert ce soir-là et qu'il y avait donc des délais à respecter.
Quand j'ai eu fini de siffler, je n'étais absolument pas dans l'état d'esprit d'apprécier Orange Juice. Je suis monté sur la mezzanine et, je ne sais plus si je l'avais repéré avant ou s'il s'est installé près de moi ensuite, mais je me suis retrouvé à côté de Jonathan Richman.
C'était notre première rencontre. Nous avons échangé quelques mots pendant que le groupe jouait. Je lui ai dit à quel point j'avais apprécié le concert, mais combien j'étais déçu et en colère qu'il ait été si court. Lui était tout sauf en colère. Très aquoiboniste. Il était content du concert et de la réaction du public à sa prestation, mais chacun son tour de jouer. Et puis, il y aurait d'autres occasions...
Ce concert d'Orange Juice servait notamment à faire la promotion du dernier single What presence ?!, sorti en avril, et de leur mini-album Texas fever, sorti en mars. Début 83, ils avaient connu leur plus grand succès avec Rip it up et leur deuxième album, mais après la moitié des musiciens avait quitté le groupe et, après une pause d'un an, ils étaient revenus avec un nouveau producteur, Dennis Bovell, et le single Bridge, qui avait moins bien marché.
What presence ?! n'est pas sur Texas fever (il sera sur le dernier album, The Orange Juice, paru en novembre 1984), mais on retrouve Bridge en ouverture, accompagné de cinq autres titres. C'est une chanson agréable, mais pas remarquable. J'aime beaucoup mieux Craziest feeling, avec ses choeurs et sa grosse deuxième voix grave, un titre qui fait un peu penser à l'Edwyn Collins solo et à succès des années 90. Étonnamment, Craziest feeling est le seul des six titres de Texas fever qui n'a pas été repris en 1992 sur le best-of The esteemed Orange Juice.
Je n'aime pas du tout les deux titres suivants, vaguement funkysants, The day I went to Texas et Punch drunk.
Par contre, dès les premières notes de A place in my heart, c'est autre chose. On est dans du bon et de l'excellent. La ligne de basse, les notes de guitare qui tournent en intro et le solo. La voix d'Edwyn Collins passe bien sur ce titre, surtout avec les choeurs sur le refrain, qui aurait presque pu être signé Richman : "Il y aura toujours une place dans mon coeur pour toi". Franchement, ce titre au tempo moyen aurait sûrement très bien marché en single.
Le tout dernier titre du disque est lui aussi excellent. A sad lament tire du côté du Velvet Underground façon troisième album et du Joy Division d'Atmosphere pour les percussions. Une chanson qu'on pourrait s'étonner de trouver si mal placée sur ce disque si, en fait, elle n'avait pas déjà été sortie précédemment, en face B du maxi Rip it up.
L'ironie de tout ça c'est que je viens de découvrir à quoi avaient servi les images d'Orange Juice tournées le 21 juin 1984. J'avais compris qu'il était question d'une émission télé, et il y en a eu unevu que les images sont copyrightées 1984, mais surtout ce tournage forme le gros de la cassette vidéo Dada with juice, sortie en 1986, épuisée depuis longtemps mais visible en intégralité sur YouTube. Je n'ai pas pris le temps de tout regarder, et je pense que les techniciens ont réduit le son d'ambiance, mais sachez que les sifflets qu'on doit y entendre ne sont pas tous là pour saluer Orange Juice !
En tout cas, en repensant à ce premier jour de l'été 1984, la colère de voir un concert écourté me semble bien loin et je suis bien plus sujet à That Summer feeling, une certaine nostalgie pour d'agréables souvenirs d'été...
Quant à Orange juice, je ne pense pas que la remarque de la journaliste y soit pour quelque chose, mais moins d'un an après ce concert ils n'étaient tellement plus pareils qu'ils étaient séparés !


Chronique du concert par Bill Black (= Bill Prince de The Loft) dans Sounds, le 7 juillet 1984 (cliquer pour agrandir).


Article de Penny Kiley paru pendant l'été 1984, probablement dans Melody Maker ou le NME (cliquer pour agrandir)

18 mai 2008

HARPO : Moviestar


Acquis probablement à Châlons-sur-Marne en mai 1976
Réf : 2 C 010-35236 -- Edité par EMI en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Moviestar -/- Teddy love

Philippe R. s'est fait offrir la semaine dernière le 45 tours Motorcycle Mama et il m'a demandé si je connaissais Harpo. Harpo ? Mais bien sûr que je connais Harpo. Moviestar est l'un des premiers disques que j'ai acheté tout seul comme un grand. J'en étais tellement fier, je suppose, que j'ai marqué mon nom et la date d'achat au dos (sans penser que ça me serait utile un jour pour faire ce blog !). La pochette du disque porte également au recto la trace de l'étiquette avec mon surnom que j'avais eu la mauvaise idée d'y apposer, sur celui-ci comme sur tous mes disques, un jour qu'une étiqueteuse Dymo m'était tombée sous la main ("Annick" a fait exactement la même chose avec son disque des Four Tops). Quelques temps plus tard, j'ai eu la mauvaise idée de retirer cette étiquette, ce qui a arraché la pochette, bien sûr. Aujourd'hui, il me faudrait un sacré paquet de rouleaux d'étiquettes pour marquer tous mes disques, ce que je n'ai aucune intention de faire. Seules quelques très rares étiquettes Dymo subsistent, notamment sur l'album Autobahn de Kraftwerk.
J'ai acheté ce 45 tours parce que j'aimais beaucoup Moviestar, qui était un gros tube qui passait beaucoup à la radio. Je ne pense pas qu'à l'époque j'avais réalisé que l'illustration de la pochette représentait James Dean, et que Harpo ne figurait que sur la photo en petit à droite ! Jusqu'à ce que je le lise aujourd'hui sur un site, j'avais aussi oublié que Sacha Distel avait repris cette chanson sous le titre Baby star !
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas écouté mon disque, mais cette chanson est bien trop ancrée en moi pour que je sois capable de la juger avec le moindre semblant d'objectivité. C'est de la pop, c'est sûr. Ça me plaît toujours beaucoup, c'est sûr, mais je suis bien incapable de faire la moindre comparaison avec d'autres artistes ou chansons.
La face B, Teddy love, que je n'ai quasiment jamais écoutée à l'époque, est quelconque. Comme beaucoup de titres de Harpo, apparemment, elle est assez rétro, avec une ambiance fifties et des choeurs doo-wop affadis.
De Harpo, je ne sais pas grand chose de plus que ce qu'il y a d'écrit sur la page de Wikipédia qui lui est consacrée, mais j'en retiens qu'il a fait un mois de prison en 1977 pour avoir refusé de faire son service militaire.
La grande différence entre 1976 et aujourd'hui, c'est qu'à l'époque j'ai très sûrement vu Sacha Distel chanter Baby star à la télé et peut-être une fois Harpo, mais aujourd'hui, en quelques clics, je peux voir autant que je veux deux clips différents de Moviestar ici et .
C'est vite pénible, exactement comme une véritable session d'enregistrement, mais voici un document précieux : des images des sessions d'enregistrement de Moviestar, avec un ingénieur du son en débardeur, un batteur torse nu, Frida de Abba, un joueur de triangle, un chanteur aux pieds nus,... :

12 mai 2008

MAX'S KANSAS CITY - NEW YORK NEW WAVE


Acquis aux Puces (de Clignancourt ?) à Paris fin 1979 ou début 1980
Réf : CBS 82670 -- Edité par CBS en Angleterre en 1978
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Assez paradoxalement, vu le très grand nombre de disques d'occasion que j'ai achetés, je ne suis que très rarement allé aux Puces. Trois fois au maximum je pense, par manque d'opportunités et aussi peut-être parce que je n'ai pas trop goûté l'ambiance que certains marchands aigrefins y faisaient régner.
Reste que, de ma première visite je crois, je suis revenu avec cet album, dont l'étiquette datée du 11 septembre 1979 m'apprend que je l'ai payé 17,50 F chez Discophilie, un stand ou une boutique des Puces.
Ce disque est la réédition anglaise d'une compilation de groupes jouant régulièrement au Max's Kansas City à New-York, parue chez Ram Records en 1976. L'original avait une pochette en noir et blanc, mais comportait une pochette intérieure avec des crédits et des infos sur les groupes, tout ce qui manque cruellement dans cette édition.
L'album s'ouvre avec l'ode à Max's Kansas City 1976 de Wayne County and the Back Street Boys. Grosso modo, il s'agit d'une version de Sweet Jane qui cite au fil de ses cinq minutes, les New-York Dolls, Patti Smith, Lou Reed, Iggy Pop, Blondie, les Ramones, les Heartbreakers et plein d'autres à la fin. Ce n'est pas mauvais (difficile de rater un titre basé sur Sweet Jane, non crédité évidemment), sans être génial, mais ça sert surtout à donner une idée de ce que contient l'album : il n'y est pas vraiment question de new wave ni de punk, mais de rock new-yorkais. Et globalement, c'est pas très bon ! Les deux autres titres de Wayne County sur ce disque sont nuls.
Outre, Max's Kansas City 1976, je ne sauverais que trois titres de ce disque. Boys will be boys de The Fast tout d'abord, un titre pop-rock nerveux qui, avec son riff de synthé, est pour le coup assez new wave et même en avance sur son époque. L'autre titre de The Fast sur le disque, Wow pow bash crash, est nul.
Restent ensuite les deux gros poids lourds new wave du disque, ceux qui m'ont sûrement décidé à l'acheter vu que je n'avais aucun titre d'eux dans ma collection avant ça, j'ai nommé Pere Ubu et Suicide.
Pour Pere Ubu, on a droit à un classique, leur single Final solution.
Pour Suicide, il s'agit carrément, sauf erreur de ma part, de leur tout premier titre gravé sur disque, un classique également, Rocket U.S.A., qu'on trouve sur leur premier album en 1977, mais là il s'agit d'une version différente ! Par rapport à la version de l'album, la boite à rythmes est plus primitive et plus en retrait et il y a beaucoup moins de claviers. Ils sont remplacés pour le riff principal par ce qui sonne comme une boucle d'instrument à corde (guitare ? violon ?). Un document, quoi, mais sans notes de pochette je ne peux pas en dire plus.
Pour le reste, si vous tenez absolument à savoir comment sonnent Harry Toledo, Cherry Vanilla and her Staten Island Band ou le John Collins Band, libre à vous d'essayer de trouver ce 33 tours, ou son édition CD (déjà épuisée) d'il y a une dizaine d'années... mais vous avez bien compris que je ne vous le conseille pas forcément !

10 mai 2008

IDOL FODDER : Bäbytalk


Offert par Alig Fodder/Jungle Records en avril 2008
Réf : PREGNANCY SERIES VOL. VI -- Edité par Slender Means Society & States Rights Records aux Etats-Unis en 2008
Support : CD 12 cm
7 titres

Plus de 25 ans après la sortie de son premier Greatest hits et près de 10 ans après la première édition en CD d'un best-of, Savoir faire, Jungle Records vient d'éditer More great hits, un double-CD plein à craquer de titres de Family Fodder, qui comprend des versions alternatives et des inédits. Je ne saurais trop vous conseiller l'investissement. Il est à noter que, parmi les 42 titres de la compilation qui couvrent toute la carrière du groupe de 1978 à 2002, on retrouve la majorité de ceux que j'avais imaginés en 1999 devoir figurer sur Laissez-faire, un hypothétique best-of volume 2 de Family Fodder.
Mais, comme Alig, le seul membre permanent de Family Fodder, est toujours actif musicalement, intéressons-nous à son travail récent.
L'an dernier, le label allemand Tomlab a édité à la lettre Q de sa collection alphabétique de 45 tours un disque d'Alig Fodder qui comprenait les titres Death and the maiden et Infamy.
Il y a quelques semaines, ces deux titres, accompagnés de cinq autres, sont réapparus aux Etats-Unis sur ce CD, édité dans le cadre d'une autre collection, Pregnancy (Grossesse).
Ce disque est sorti sous le nom d'Idol Fodder. Pourquoi Idol Fodder et pas Family Fodder ? Je ne sais pas. Peut-être parce que Dominique Levillain, la chanteuse présente sur la majorité des disques de Family Fodder, ne participe pas à ce disque... En tout cas, Bäbytalk reste une affaire de famille puisque, cette fois-ci, la chanteuse qui accompagne Alig est Darlini Singh-Kaul, l'une des filles de Dominique Levillain ! Et la famille est bien présente tout au long du disque puisqu'Idol Fodder a choisi de prendre au pied de la lettre le nom de la collection et a produit ue série de chansons sur le thème de du bébé, de la grossesse à son arrivée et à sa relation avec ses parents.
Comme sur toutes ses productions, Alig réussit l'exploit de concevoir des morceaux très élaborés, fouillés, plein de trouvailles sonores, mais qui restent toujours très accessibles. Le parfait équilibre entre l'innovation et le don mélodique du compositeur pop.
Le premier titre, The onliest thing, donne très bien le ton du disque. Pendant les deux premières minutes, sur un rythme donné par un violoncelle, Alig et Darlini chantent à l'unisson. Pour le premier refrain, on a droit à des samples, de la boite à rythmes et de la guitare électrique. Il y a quelque chose d'oriental dans ce premier titre, un élément présent sur tout le disque, notamment sur Strangest games, et pas seulement parce que l'un des instruments de prédilection d'Alig ces temps-ci est le oud. L'instrumental Earlimusix pourrait d'ailleurs sortir tout droit d'un disque de musique indienne traditionnelle. Sur Analyse my life ?, les sons de violon et la guimbarde et le chant de Darlini font un peu penser aux Raincoats.
Avec The onliest thing, mes deux titres préférés du disque sont ceux du 45 tours. Infamy est le seul morceau ici qu'on aurait pu s'attendre à trouver tel quel sur un disque de Family Fodder de 1979-1980 : rythme un peu reggae, Alig au chant. Une grande réussite.
D'après les crédits, il n'y a pas d'instruments à corde sur Death and the maiden, ceux que j'entends doivent être samplés, donc. Ces cordes constituent là encore la colonne vertébrale du morceau, sur laquelle se pose le chant d'Alig. Pour le coup, on est plus proche de Street hassle que d'une ambiance à la Family Fodder, mais ça fait encore un titre à ajouter au prochain best-of d'Alig !!
Greed and fear, un titre actuellement en écoute sur la page MySpace d'Alig, avec ses sons de bébé, son refrain "I'm having a baby", son violoncelle et sa voix féminine, est une version complète et chantée de 5 mn de l'instrumental Full term de moins de 3 mn qui, sur Bäbytalk, sonne comme une très belle introduction à Death and the maiden. Dommage que ce titre ne figure pas sur le disque d'Idol Fodder... mais comme décidément il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre Idol et Family Fodder, sachez qu'on retrouve Greed and fear sous le titre Hippy chick sur More great hits de Family Fodder : il s'agit de l'un des quelques inédits qui figurent sur cette compilation !

09 mai 2008

JONATHAN RICHMAN & THE MODERN LOVERS : Buzz buzz buzz


Acquis d'occasion à Londres vers le milieu des années 1980
Réf : BZZ 25 -- Edité par Beserkley en Angleterre en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Buzz buzz buzz -/- Hospital (Live)

De la mi-76 à début 79, Beserkley a vraiment tenté d'amplifier au maximum le succès de Jonathan Richman et de ses Modern Lovers en multipliant les sorties des disques, avec son premier album, la compilation des Modern Lovers première formule, le succès d'Egyptian reggae et de Roadrunner, les sorties des albums Rock'n'roll with the Modern Lovers, Modern Lovers 'live' et Back in your life plus, le marché anglais étant ce qu'il est, deux 45 tours extraits de l'album live (New England et The morning of our lives).
J'ai toujours associé Back in your life à 1979, l'année de sa sortie, mais en fait Abdul & Cleopatra, l'un des chefs d'oeuvre de l'album, était sorti en 45 tours dès juillet 1978, avec en face B Oh Carol, une reprise du Carol de Chuck Berry chantée par le bassiste Asa Brebner. Au dos de la pochette il était précisé que ces deux titres étaient des "Modern love songs", Modern Love Songs étant également le nom de la maison d'édition de Jonathan Richman.
L'un des intérêts de ce 45 tours Buzz buzz buzz, sorti lui en novembre 1978, c'est l'information plus précise qui figure au verso de pochette comme quoi la face A est extraite de l'album à paraître Modern love songs. Modern love songs ne verra en fait jamais le jour. L'album avec Abdul & Cleopatra et Buzz buzz buzz, paru en mars 1979, a finalement été intitulé Back in your life, du titre de l'une de ses chansons. Pourquoi ce changement de titre ? Probalement pour plusieurs raisons. L'une d'entre elles étant que, pendant l'été 1978, la formation des Modern Lovers qui avait enregistré l'album s'est séparée. Par la suite, Jonathan et quelques amis ont enregistré en acoustique quatre titres, dont la chanson Back in your life, qui ont été intégrés à l'album. Back in your life n'est donc pas tout à fait Modern love songs. Dans son livre There's something about Jonathan, Tim Mitchell émet aussi l'hypothèse que, l'évolution de l'histoire d'amour entre Jonathan Richman et sa future femme Gail faisait que Back in your life rendait mieux compte de son état d'esprit.
Contrairement aux deux autres 45 tours extraits de cet album, la pochette de celui-ci n'est pas très réussie : une photo en noir et blanc pas vraiment nette et mal éclairée, Jonathan saisi dans une pose bizarre avec son poignet droit replié... Heureusement, la musique qu'il contient est excellente.
Le plus étonnant avec Buzz buzz buzz, c'est qu'il s'agit d'une reprise (d'un tube doo-wop des Hollywood Flames de 1957) et pas d'un original. Car, comme pour toutes les reprises les plus réussies, Jonathan Richman se l'est complètement appropriée (je précise que je ne connais ni la version originale, ni aucune des multiples autres reprises qui existent de cette chanson), notamment en adaptant les paroles (un couplet en moins, quelques vers en plus). Ça sonne tellement Modern Lovers que c'est bien évidemment à cette chanson, plus encore qu'à Hey there little insect ou I'm nature's mosquito, que Les Wampas font référence dans leur chanson Les abeilles ("Quand je dors la nuit sous les étoiles avec les oiseaux et les abeilles qui chantent pour moi, O oui, j'aime la nuit au pont d'Tolbiac, J'entends la mer, les oiseaux et Jonathan qui chantent pour moi").
Avec d'autres (It will stand ou Chapel of love, par exemple), cette reprise montre que le doo-wop de son enfance, tout autant que le Velvet Underground ou les Stooges, est une influence profonde de Jonathan Richman. L'interprétation ici ext excellente de bout en en bout, de la guitare discrète à la clochette de D. Sharpe, des choeurs qui arrivent dans la seconde partie au "But I love your voice even more" qui conclut parfaitement la chanson au bout d'1'56". Je délire peut-être, mais au casque j'ai l'impression d'entendre du piano, alors que les crédits de l'album n'en font pas du tout mention.
La version d'Hospital date des concerts qui ont donné l'album Modern Lovers 'live' de 1977. Avec les 9 de l'album, plus Astral plane et Roadrunner (thrice), autres inédits sortis en face B de 45 tours anglais, cela porte à 12 le nombre de titres édités pour ces enregistrements. On sait depuis quelques années, quand Sanctuary avait annoncé prématurément et sans autorisation la sortie en double-CD d'une réédition de l'album, qu'il existe de nombreux autres titres inédits de ces concerts de 1977. Ça ne peut pas être un hasard si aucune chanson des premiers Modern Lovers interprétée lors de cette tournée n'a été autorisée à figurer sur l'album, alors que le groupe les jouait sur scène, comme le prouvent ces trois faces B.
Cette version d'Hospital est excellente, parfaitement chantée et interprétée. Le groupe tient le public en haleine alors qu'on se trouve dans une grande salle. On a du mal à croire qu'il s'agit des mêmes concerts où le groupe faisait plier de rire le public avec I'm a little dinosaur ou les huit minutes de Ice cream man.
Bizarrement, le troisième et dernier single extrait de Back in your life sera Lydia, sorti quasiment en même temps que l'album en mars 1979. Une autre reprise et un drôle de choix : ce titre sympathique est loin d'être l'un de mes préférés du disque, qui contient des joyaux comme Affection, My love is a flower (Just beginning to bloom), Back in your life, I'm nature's moquito ou (She's gonna) Respect me.

04 mai 2008

LES MAXEL'S : Désordre musical


Acquis sur le vide-grenier de Mareuil-sur-Ay le 1er mai 2008
Réf : RC 50 -- Edité par Aux Ondes/Disques Célini en France probablement à la fin des années 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Désordre musical -/- Parle-lui

Contrairement au Vieux Thorax
, j'achète rarement les disques antillais sous étiquette "Deb's" ou "Aux Ondes", qu'on voit pourtant souvent sur les vide-greniers ou dans les dépôts-vente.
Pour celui-ci, j'ai fait une exception car j'aimais bien le titre Désordre musical et je me suis dit que c'est une expression qui aurait pu être utile pour décrire la musique de groupes pas comme les autres, qu'il s'agisse de musiques de traverses, d'avant-garde ou post-quoi que ce soit. Et l'illustration, avec cette partition qui part en couille, correspond tout à fait à ce que suggère le titre.
Les productions de Raymond Célini, enregistrées dans son studio Aux Ondes, ont visiblement joué un rôle très important dans le paysage de la musique antillaise dans les années 1960 et 1970. Le studio se situait en Guadeloupe et les Maxel's sont un groupe guadeloupéen important qui a sorti un grand nombre de disques dans les années 1970, mais ce 45 tours-ci, comme de nombreuses autres productions du label, semble avant tout tourné vers la musique d'une autre île des Antilles, Haïti.
Ce qui me fait penser ça, c'est qu'en recherchant des informations sur ce disque (référencé nulle part sur internet, il me semble), je suis systématiquement tombé sur la copieuse anthologie des musiques haïtiennes publiée par Emmanuel Mirtil sur son site musique.haiti.free.fr. C'est là que j'ai trouvé des références à des morceaux intitulés Désordre musical, interprétés par Jean-Baptiste Nemours, Les Pachas du Canapé Vert, le Super Ensemble "Top Compas" et Les Fantaisistes de Carrefour.
C'est aussi là que j'ai trouvé la première référence à la chanson Parle-lui d'Haïti d'Emile Volel. Hors, il est évident que la face B de ce 45 tours des Maxel's aurait pu/dû s'intituler Parle-lui d'Haïti. Le lien entre les deux chansons ne nous est pas fourni par le crédit des auteurs de la chanson (Il n'y en a pas au-delà de la mention"Droits réservés"), mais toujours par les informations fournies par musique.haiti.fr : Emile Volel s'est installé dans les Antilles françaises à la fin des années 60 ; il a publié plusieurs disques Célini, dont les références de situent avant et après la n° 50, celle de ce disque des Maxel's, et surtout il est accompagné par Les Maxel's sur au moins l'un des ses EPs 4 titres.
Muni de tous ces éléments, j'émets l'hypothèse que, sur ce 45 tours, Les Maxel's reprennent deux chansons haïtiennes, et je pense même que c'est Emile Volel lui-même qui chante sur la face B.
Les deux titres sont tous les deux très bons, mais aussi très différents l'un de l'autre.
Mon préféré est sûrement Désordre musical. Mon seul regret, c'est de ne pas réussir à comprendre les quelques paroles qui sont chantées au début. Oh, il n'y en a pas beaucoup, ce n'est pas une chanson du style couplet/refrain/couplet : juste quelques phrases qui commencent par "Maman" puis, sur un rythme de percussions endiablé, les musiciens créent une sorte de transe où les cuivres et la guitare électrique se battent pour prendre les solos. L'ambiance de ce titre est tout autant antillaise qu'africaine (je pense au highlife de Prince Nico M'barga & Rocafil Jazz).
Celle de la face B est très différente. Le titre est annoncé comme un boléro. Sans cette information, je l'aurais décrit comme un slow ou une ballade, tout simplement. Le chanteur a un côté crooner, ce qui me fait penser qu'il s'agit d'Emile Volel plutôt que du chanteur des Maxel's. Par contre, la version n'est pas celle de son album Volume 1, qui comporte, comme l'indique la chronique du blog Crud Crud, un piano qui joue vite et en fait presque trop. Ici, ce sont bien les Maxel's qui jouent, et le saxophone d'Edouard Benoit est bien mis en valeur.

02 mai 2008

LES WAMPAS : Chirac en prison


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 3 avril 2008
Réf : 11001 -- Edité par Atmosphériques en France en 2006 -- Ce CD est à usage promotionnel uniquement. Il ne peut être vendu, copié ou distribué sans l'approbation du titulaire des droits qui y sont attachés. Le titulaire des droits qui y sont attachés est libre d'engager toute poursuite à l'encontre des personnes qui n'auraient pas respecté ces conditions.
Support : CD 12 cm
Titre : Chirac en prison

Je n'ai pas suivi les Wampas à leurs tous débuts, et je n'aime d'ailleurs pas trop leur courte période psychobilly, mais j'ai été très attentif à eux dès que j'ai eu connaissance de leur référence à Jonathan Richman dans la chanson Les abeilles sur le deuxième album.
Je n'ai pas non plus fait le tour de tous leurs titres de chansons, mais ils font souvent référence à des personnalités connues. Des fois, le thème de la chanson concerne directement cette personnalité (Jalabert, Jean-Luc le Ténia, Joëlle de Il Etait Une Fois, toutes les trois sur l'album Chicoutimi, par exemple). Souvent, l'utilisation d'un nom connu n'est qu'un prétexte, un moyen d'attirer l'attention avec une référence commune à une grande majorité des auditeurs, alors que la chanson concerne en fait quelqu'un d'autre ou un souvenir. C'est le cas par exemple avec Manu Chao et Giscard complice en 2003 sur l'album Never trust a guy who after having been a punk, is now playing electro.
C'est aussi un peu le cas avec ce Chirac en prison où, sur fond de punk yéyé, il n'est pas vraiment question d'une chanson militante où le refrain serait l'équivalent d'un "Chirac en taule !" hurlé par des manifestants de la même façon que des supporters de foot gueulent "Aux chiottes l'arbitre", mais d'une vie de couple gâchée par l'obsession de voir l'alors-Président de la République incarcéré :
J’attends 2007
C’est mon seul espoir
De sortir du brouillard
C’est ma dernière chance
Faut que j’aie confiance
En la justice française

J’aimerais tellement lui faire plaisir
Mais je n’ai pas assez de relations
Car la seule chose qui lui ferait plaisir
Ce serait de voir Chirac en prison

Bon, Didier Wampas, aujourd'hui nous sommes en 2008. Tu peux continuer à avoir confiance, mais il ne faut pas être trop pressé, ni trop rêver. Jacques Chirac a bien été mis en examen une première fois six mois après son départ de l'Elysée, mais si tu veux vraiment le voir en prison, le moyen le plus sûr reste probablement de l'inviter à inaugurer ou à visiter un établissement pénitentiaire de par le monde. Mais, vu la charge symbolique qu'auraient les images d'une telle visite, je doute qu'il accepte. Reste le clip de ta chanson...
Quant à l'inspiration de Didier, sachant que sur les quatre derniers albums en date on a eu droit à Pompidou, Giscard complice et Chirac en prison, on peut s'attendre prochainement à des titres sur De Gaulle, Mitterrand ou Sarkozy, s'il veut couvrir tous les présidents de la Ve République. A suivre.

01 mai 2008

OTIS REDDING : Shake


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 27 avril 2008
Réf : ATCO 109 -- Edité par Atco en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Shake -- Wonderful world -/- I can't turn you loose -- My girl

Cette année, il aura fallu attendre le 27 avril pour avoir un temps réellement printanier pour un vide-grenier. Celui de Mardeuil reste de toutes façons l'un des plus sympatiques dans mon coin, surtout quand j'y trouve des disques intéressants, comme un très bel EP de Marcel Bianchi, un autre d'Emil Stern, un 45 tours de Fatidic Seconde et, pour finir, ce disque d'Otis Redding.
La dame, une vendeuse professionnelle visiblement, avait des livres sur sa table, divers objets, et une trentaine de 45 tours. La plupart sans intérêt. Je ne lui ai demandé le prix des disques que lorsque je suis arrivé à celui-ci et elle m'a fait la réponse que je déteste le plus : "Ça dépend". Je déteste tellement cette réponse que j'ai failli reposer le disque. Mais elle s'est approchée, a pris le disque que je lui tendais, l'a sorti de sa pochette et a prononcé d'un air pénétré le nom "Otis Redding" avant de m'annoncer le prix d'1 €. Ouf ! S'il s'était agi de Johnny Hallyday, ou si elle avait jamais entendu parler de Redding, je m'en tirai pour 3 ou 4 euros...!
J'ai plusieurs double-albums compilation d'Otis Redding, un ou deux 45 tours de la série Otis Redding Story, mais c'est la première fois que j'ai l'occasion d'acquérir un de ses EPs français, un très beau disque qui reprend la maquette de pochette de Respect, son premier album paru en France, en 1965 (je tiens toutes ces infos de l'excellent site français consacré à Otis Redding). Si j'en crois la décalcomanie qui figure au recto de la pochette, mon exemplaire a été vendu à l'origine par les disques Demorle à Laon.
Les quatre excellents titres du disque figurent aussi sur l'album. Les deux de la face A sont des reprises de Sam Cooke. Shake est un morceau de rhythm & blues des plus classiques, très bon mais à la limite c'est celui que j'aime le moins des quatre. Wonderful world est une chanson que j'aime déjà beaucoup dans la version originale de Sam Cooke et cette reprise, avec ses cuivres Stax, est largement à son niveau. Je suis d'ailleurs étonné qu'elle ne figure sur aucun de mes trois double-33 tours.
J'ai connu I can't turn you loose grâce à la version endiablée mais très fidèle qu'en a donné Was (Not Was) sur son album What up, dog ? en 1988. Je crois que c'était d'ailleurs mon titre préféré de ce disque ! Cette version originale est un peu moins rapide, mais tout aussi excellente, avec sa ligne de basse circulaire et toujours les cuivres.
Je n'ai pas assez en tête l'histoire de Stax pour savoir si on y reprenait souvent des titres du rival Motown, mais avec cette version de My girl, Otis Redding fait monter les enchères et a l'occasion de montrer le côté un peu plus tendre/crooner de son chant.