25 novembre 2007

JUAN & MARIA : Juarez blues


Acquis dans l’un des Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres dans les années 1980
Réf : JJ 1 -- Edité par [Shelter] probablement en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : JUAN & MARIA : Juarez blues -/- JUAN : Katy kool lady

Pourquoi donc ai-je eu le –très bon- réflexe de choisir ce 45 tours sans pochette parmi des centaines d’autres à 10 pence dans une cave de Londres ? Est-ce que je gardais un vague souvenir de la chronique de l’édition française de ce disque dans Best ou Rock & Folk, avec une pochette qui mentionnait «JJ Cale presents» ? En tout cas, sur mon disque sans pochette, seule la référence catalogue «JJ» a pu réveillé ce souvenir. Mais même : je ne me suis jamais particulièrement intéressé à J.J. Cale
Car il s’agit bien d’un disque sous pseudo transparent de J.J. Cale (Juan) et Christine Lakeland (Maria), probablement enregistré pendant les sessions de l’album 5. Une autre édition anglaise de ce 45 tours, chez Island, est d'ailleurs créditée directement à J.J. Cale.
On peut imaginer que Juarez blues, l’excellente face A, une balade paresseuse entre le sud des Etats-Unis et le Mexique, à l’ambiance évidemment hispanique soulignée par des cuivres, a été écartée de l’album parce qu’elle fait trop ouvertement l’apologie des drogues.
Ça commence doucement par «I need marijuana to make it to mañana», puis tout un éventail de substances illégales est passé en revue, de la cocaine au reefer en passant par le speed, les qualudes et un médicament qui rime avec Phoenix dont je ne comprends pas le nom. Tout ça n’est évidemment pas à prendre au premier degré -les deux compères rigolent à la fin de la prise- mais a peut-être suffit à effrayer la maison de disques.
Katy kool lady, la face B, est créditée à Juan seul, bien que Christine Lakeland ait participé à l’enregistrement. Cette chanson, un reggae très moyen, beaucoup moins bonne que Juarez blues, figure, dans la même version, sur l’édition originale de l’album 5 de J.J. Cale sorti la même année. Mais il doit quand même y avoir quelque chose de particulier avec ce titre puisqu’il a été enlevé de certaines rééditions en CD de l’album !

La pochette française du 45 tours de Juan & Maria

ARAB STRAP : There is no ending


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : PCHEM094CD -- Edité par Chemikal Underground en Ecosse en 2006 -- For promotional use only
Support : CD 12 cm
Titre : There is no ending

Pas facile de publier un billet de blog quand on doit faire face aux défaillances techniques de son fournisseur d'accès internet et surtout à l'incompétence et au mépris de son service dit d'assistance téléphonique. Dans mon cas, il s'agit de France Télécom/Orange, mais le pire c'est que je crains que ce ne soit pas mieux ailleurs. Enfin...

A part au moment de leur premier album, je n’ai pas suivi de très près le parcours des écossais Aidan Moffat et Malcolm Middleton et de leur groupe Arab Strap. Ici et là, il y a des chansons qui m’ont plu, parmi leurs histoires d’amour glauques, noyées dans l’alcool mais qui s’apitoient rarement sur leur sort. Musicalement, les orchestrations sont devenues plus élaborées et parfois plus enjouées au fil du temps et de leur parcours discographique qui les a vus débuter chez Chemikal Underground, passer chez une major avant de revenir au bercail.
Alors qu’ils avaient déjà tous les deux lancé des projets solo depuis plusieurs années, les deux membres du groupe ont décidé en 2006 de marquer les dix ans de la sortie de leur premier album par un best-of intitulé avec leur humour habituel Ten years of tears (Dix ans de larmes), une compilation à la fois d’anniversaire et d’adieu, puisqu’ils ont annoncé leur séparation au moment de sa sortie.
Sur cette compilation, ils ont choisi d’inclure There is no ending, sorti à l’origine sur l’album The last romance en 2005. Et ce n’est évidemment pas un hasard si, pour leur toute dernière parution, Arab Strap a choisi de sortir There is no ending en single, disponible en téléchargement sur iTunes et en 45 tours limité à 1000 exemplaires, avec un design reprenant celui de leur tout premier single en inversant le noir et le blanc : vinyl blanc au lieu de noir, pochette à dominante noire au lieu de blanche (en face B, ils ont aussi mis un remix de ce premier single, The first big week-end. C'est ce qui s'appelle achever un cycle...!
L’humour est encore plus appuyé pour ce CD promo envoyé à la presse. La pochette est différente et annonce, logiquement, There is no ending by Arab Strap (Il n’y a pas de fin par Arab Strap), tandis que le verso, moqueur, laisse le dernier mot au groupe : «Actually , there is. Goodbye !» («En fait si, il y en a une. Adieu !»).
La chanson elle-même n’est pas mal, mais pas renversante. Elle est assez typique du groupe : une intro à l’ambiance enjouée, avec des cuivres, plombée par le chanteur dès qu’il entre en scène. L’ambiance s’améliore un peu par la suite et la chanson se termine par une minute d’instrumental enlevé et assez réussi.

21 novembre 2007

RODRIGUEZ : Swing like a metronome


Acquis par correspondance probablement chez Devil In The Woods aux Etats-Unis en 2001
Réf : DIW #22 -- Edité par Devil In The Woods aux Etats-Unis en 1999
Support : CD 12 cm
15 titres

J'imagine que la première fois que j'ai noté dans un coin de ma tête le nom de ce groupe, Rodriguez, c'est vers le moment de sa sortie en 1999 quand j'ai appris que leur album, comme le premier de Fiver, était en partie produit par Jason Lytle de Grandaddy. Jason Lytle a expliqué par la suite que ce type de travail de production lui servait entre autres à s'entraîner à maîtriser les nouveaux équipements de son studio personnel.
Peu de temps après, en 2000, je faisais la connaissance de M. Ward et j'ai tout de suite craqué pour son premier album Duet for guitars # 2. J'ai eu aussi la chance de le voir en concert plusieurs fois de suite à ce moment, seul ou en groupe, en première partie de Giant Sand ou Grandaddy ou en tête d'affiche. Je pense que j'ai dû à l'époque l'interroger sur Rodriguez, mentionné dans toutes les bios comme le groupe dont il faisait partie avant de se lancer sous son nom, mais il avait été assez évasif, ne souhaitant probablement pas trop s'apesantir sur le passé au moment où il se lançait dans une nouvelle aventure, d'autant plus que - je ne le savais pas à l'époque - la séparation du groupe devait être récente puisqu'elle n'était pas effective au moment de la sortie de l'album en 1999 (Duet for guitars # 2 a plus que probablement été enregistré alors que Matt jouait encore avec Rodriguez).
Malgré tout, j'ai assez vite commandé l'album de Rodriguez chez Devil In The Woods, label qui éditait aussi à l'époque l'excellent magazine D.I.W., accompagné parfois de 45 tours avec titres inédits de gens comme Jason Lytle ou Sparklehorse, mais je l'ai mis de côté trop vite après quelques écoutes, ne le trouvant pas aussi bon que les excellents disques que Matt sortaient à un rythme soutenu.
Au fil du temps, je suis revenu vers ce disque et je me suis mis à l'apprécier de plus en plus. A commencer par les meilleurs des titres chantés par M. Ward (le chant est pris à part équitable par Matt et l'autre chanteur-compositeur du groupe, le bassiste Fieldmouse; le trio est complété par un batteur, Mike Funk), dont deux au moins, Teresa et Must be waiting, auraient eu tout à fait leur place sur Duets, tout comme le très bel instrumental For Kat be true, qui me fait aussi penser aux titres acoustiques de Dearling darling, le second album des Feelings. J'appréciais aussi plusieurs des chansons chantées par Fieldmouse, en me faisant d'ailleurs la remarque que son chant n'était pas très différent de celui de Matt, au point d'avoir du mal à les distinguer sur certains titres.
En fait, cet unique album de Rodriguez n'est pas le premier disque d'un groupe débutant. Il a été composé sur cinq années, de 1992 à 1997, comme l'explique Matt ici, et, étant donné que le groupe s'est séparé peu de temps après, il a le mérite d'avoir conservé pour la postérité la production d'un jeune groupe tirant à sa fin, qui a quand même existé pendant huit ans, de 1991 à 1999.
En tout cas, en plus de la dualité de compositeurs-chanteurs et de producteurs (Jason Lytle et l'ami Adam Selzer de Norfolk & Western), le fait que ces chansons aient été composées sur une longue période explique peut-être le manque d'unité de cet album, dont mes titres préférés sont plutôt au milieu ou en fin de disque, et dont la diversité est aussi illustrée par son choix de reprises, Loretta, en hommage à Townes Van Zandt peu de temps après son décès (pas géniale) et Tom Violence de Sonic Youth (pas mal, mais je ne connais pas la version originale).
Outre les trois titres à la M. Ward cités ci-dessus, il y en a plusieurs autres que j'aime beaucoup sur ce disque, et la liste s'allonge à chaque écoute au fur et à mesure que je rédige ce billet : All night long qui fait un tout petit peu penser à Grandaddy, Fountain avec son intro à la Feelies et surtout Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub.
J'en étais resté là jusqu'à il y a quelques mois quand, au détour de mes lectures, je suis tombé sur une nouvelle bien bonne. Je n'avais pas reconnu sa voix (pourtant, quand on le sait ça devient évident), je n'avais pas fait le lien avec le Kyle qui avait fait les dessins de la pochette, mais le Fieldmouse qui chante une bonne moité des chansons de cet album n'est autre que Kyle Field, également connu sous le nom du projet musical qu'il a lancé après la séparation de Rodriguez, Little Wings !!! (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !).
Et Little Wings, même si jusque récemment je n'avais pas de disque de ce groupe, je connais et j'aime beaucoup, grâce notamment à une série de titres excellents diffusés par son label K Records pendant un temps, Faith children, What wonder, Next time, Look at what the light did now... (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !)
Alors, ne me faites pas dire que cet album de Rodriguez, parce qu'il est peu connu et pas si facile à se procurer, surtout depuis que Devil In The Woods a connu une période de difficultés, est un chef d'oeuvre négligé et qu'il faut remuer ciel et terre pour se le procurer, mais bon, un disque sympathique avec au moins une moitié d'excellentes chansons, par un groupe qui a fait éclore en son sein des talents comme ceux de M. Ward et Little Wings, ça mérite au moins que les fans de l'un ou l'autre de ces artistes tentent de s'y intéresser.

Rodriguez : M. Ward, Fieldmouse (Kyle Field), Mike Funk (Photo : Peter Ellenby)

18 novembre 2007

THE TRIFFIDS : Wide open road


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : TRIFFCD01P -- Edité par Domino en Angleterre en 2006 -- For promotional use only -- Not for sale
Support : CD 12 cm
Titre : Wide open road

Quand Domino a entamé en 2006 sa campagne de réédition du catalogue des Triffids, ils ont commencé par l'album Born sandy devotional, dont ils ont fait la promotion en distribuant ce single de Wide open road à la presse. Il a apparemment également été disponible en téléchargement, mais n'a pas été commercialisé en CD.
Plus de vingt ans après sa sortie originale, cette chanson garde toute sa force. En la réécoutant aujourd'hui, je me dis qu'elle a bien mieux vieilli qu'une autre chanson de la même époque, dont elle est proche thématiquement et musicalement, When love breaks down de Prefab Sprout.
C'est difficile à voir sur la petite image que j'ai à vous proposer, mais la pochette est une belle photo qui représente une route, bien sûr, avec ce que j'imagine être des boites aux lettres australiennes bricolées. Cette image avait déjà été utilisée pour une première réédition du single par Mushroom Records en 1998.
Les rééditions Domino se poursuivent avec la sortie toute prochaine du coffret Early singles, qui regroupe comme son nom l'indique les fac-similés de cinq des tous premiers 45 tours des Triffids.

11 novembre 2007

THE SKATALITES : Hi-bop ska !


Acquis probablement chez Rough Trade/Danceteria à Paris en 1995
Réf : SHANACHIE 45019 -- Edité par Shanachie aux Etats-Unis en 1994
Support : CD 12 cm
12 titres

Je ne suis allé au Printemps de Bourges en 1995 que pour les trois derniers jours, le week-end du 1er mai. Comme d'autres fois, j'y étais avant tout pour suivre les concerts des Découvertes du Printemps, en tant que membre de l'Antenne régionale Champagne-Ardenne, et pour participer à l'assemblée générale de la Férarock, association à laquelle je participais activement au titre de La Radio Primitive.
Comme je n'étais pas présent pendant tout le festival, je n'avais sûrement pas pu récupérer un pass intégral, ce qui explique que, parmi les gens susceptibles de m'intéresser au programme cette année-là, je n'ai vu ni P.J. Harvey, ni Vic Chesnutt, ni Kevin Coyne. J'ai quand même vu Sloy, Deus (mais j'ai été déçu et j'étais fatigué, je ne suis donc pas resté tout le concert), African Headcharge, Gary Clail et Le Maximum Kouette dans un bar, hors programmation officielle.
Mais le samedi soir, les collègues de la Féra n'ont pas eu trop de mal à me convaincre de les accompagner au chapiteau Magic Mirrors, pour le concert de minuit, inexplicablement réservé aux "professionnels" titulaires d'un badge, même si je ne connaissais pas vraiment les Skatalites à ce moment-là. Pourtant, j'étais à fond en 79-80 dans le mouvement ska 2-tone (pas au point de me déguiser, sauf pour un concours Feedback de Bernard Lenoir), mais je n'ai pas souvenir d'avoir beaucoup entendu parler des Skatalites à l'époque, et en tout cas il me semble qu'on ne trouvait aucun de leurs disques. Prince Buster, repris par Madness et pompé par les Specials, était lui tout le temps cité.
Donc, quand je suis entré dans ce chapiteau, un peu après minuit, alors que le concert était déjà commencé, je ne connaissais rien des Skatalites, si ce n'est qu'avec un nom pareil je me doutais bien qu'ils jouaient du ska !
Mais pas besoin de les connaître pour apprécier ce concert. Vu que le chapiteau pas très grand était loin d'être plein, nous nous sommes vite retrouvés juste devant la scène, à remuer et à en prendre plein les oreilles et plein les yeux (j'étais fasciné par la classe de Lloyd Brevett, le contrebassiste) pendant que les musiciens enchaînaient solo sur solo. Un très bon moment, et m'un de mes meilleurs souvenirs de concert.
Le lendemain, après la prestation de Mundane Ill, notre "découverte" de l'année (un groupe de hardcore ardennais), c'est en plein air, avec donc un son un peu délayé dans l'espace, dans une atmosphère ensoleillée et devant une foule familiale que nous avons retrouvé les Skatalites, qui ont donné un court concert sur le car-podium de la Région Centre, une scène pourtant souvent réservée aux groupes amateurs !
C'est suite à l'enthousiasme suscité par ces concerts que j'ai fait l'acquisition quelques temps plus tard de Hi-bop ska, qui était à l'époque l'album le plus récent des Skatalites, sorti l'année où ils célébraient l'anniversaire des trente ans depuis leur formation.
Le disque a été enregistré à New-York. En plus de son rythme ska effréné, c'est aussi un disque fortement marqué par le jazz, comme son titre semble l'indiquer, parce que la formation musicale des musiciens des Skatalites doit prendre ses racines dans le jazz, parce que, comme sur scène, ils enchaînent tour à tour des solos suivant une tradition jazz bien établie, mais aussi parce que plusieurs pointures jazz sont invitées sur le disque, notamment Lester Bowie, de l'Art Ensemble of Chicago.
La musique des Skatalites est majoritairement instrumentale, mais il y a quelques chanteurs présents sur l'album, dont Doreen Shaeffer, membre du groupe à part entière, qui était présente lors du concert de Bourges, Toots Hibbert, excellent sur Split personality, et Prince Buster, un peu décevant sur Ska ska ska.
Les titres se répartissent entre nouvelles compositions, dont deux sont signées par les invités jazzmen, et reprises de titres de gloire du groupe. C'est vers ces dernières que va ma préférence, avec notamment Man in the street, Guns of Navarone et You're wondering now, un titre chanté ici par Doreen Shaeffer, mais qui l'était dans sa version originale par Andy & Joey accompagnés des Skatalites et que beaucoup, comme moi, ont appris à connaitre par la reprise qu'on trouve sur le premier album des Specials.
Depuis ce concert de Bourges, plusieurs membres des Skatalites sont morts, dont Tommy McCook et Roland Alphonso, et d'autres ont quitté le groupe, comme Lloyd Brevett, mais les Skatalites tournent toujours, et je parierais que leur musique swingue toujours autant. Et surtout, on trouve désormais facilement une quantité de CDs avec les enregistrements historiques des Skatalites dans les années 60.


The Skatalites sur le podium de la Région Centre à Bourges, le 1er mai 1995 (Photos : Pol Dodu)

10 novembre 2007

IGNATUS : Les p'tits chiens


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : 10 828 - EDV 17 -- Edité par Ignatub/Atmosphériques en France en 2005 -- For promotion use only - Not for sale
Support : dvd 12 cm
Titre : Les p'tits chiens

Je suis allé voir Ignatus en concert le 24 avril 2004 à la Salle Paul Fort de Nantes sans l'avoir vraiment cherché. C'est pour les Nits que j'étais présent ce soir-là et je n'attendais rien de particulier de la prestation d'Ignatus : je n'avais suivi le parcours des Objets que de loin en loin et je ne connaissais rien de ses albums solo, dont le troisième, Cœur de bœuf dans un corps de nouille, est sorti cette même année 2004.
Si le concert des Nits a été sympa ce soir-là, bien qu'un peu convenu, celui d'Ignatus a été une très bonne surprise. Tout seul, il a tenu la scène et emballé le public avec un spectacle très drôle, grâce notamment à quelques accessoires comme les lampes synchronisées autour de son synthé, qu'il appelle des poupées de Noël, et la veste musicale à capteurs qu'il a fait endosser à un membre du public.
Il a dû jouer Les p'tits chiens ce soir-là, puisque cette chanson figure sur Cœur de bœuf dans un corps de nouille. Il y a du beau monde sur cet enregistrement : les paroles sont de Jacques Duvall (Lio), les arrangements de Joseph Racaille et Matthieu Ballet (Miossec) est à la production, pour une chanson à l'humour canin très noir.
J'étais bien content de tomber sur ce petit DVD promo chez Gilda. Il a été diffusé pour faire la promo du clip réalisé par Olivier Martin pour ce titre, un clip qui a été très remarqué. Comme il s'agit d'animation animalière, on pense à Wallace et Gromit, mais l'atmosphère de boucherie glauque est proche de celle de Delicatessen.
Dans le clip, j'aime particulièrement le moment où les deux gendarmes et le curé esquissent une chorégraphie typique de clip, juste avant que le boucher n'attaque la partie violon au couteau.
Vous pouvez choisir votre moment préféré du clip en le regardant sur le site d'Ignatus, et en plus vous bénéficierez des explications techniques sur le tournage.

04 novembre 2007

BRIGITTE FONTAINE - ARESKI BELKACEM : Les églantines sont peut-être formidables


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 27 avril 2003
Réf : RSL 1081 -- Edité par Saravah en France en 1980
Support : 33 tours 30 cm
9 titres

C'était tout au bout du vide-grenier, sur un rond-point à l'avant dernier stand. La dame avait une caisse d'albums posée sur le bitume. Je n'ai pas discuté son prix de 3 € car le disque était en bon état et j'étais à sa recherche depuis quelques temps : c'était- et c'est toujours aujourd'hui - l'un des seuls albums d'Areski et Brigitte Fontaine inédit en CD.
J'ai mis longtemps à vraiment accrocher à Brigitte Fontaine, malgré plusieurs tentatives, notamment au moment de la sortie de Genre humain. J'avais bien aimé avant ça la version originale de C'est normal, mais je ne l'avais ni en disque ni en cassette et je l'avais oubliée. Comme beaucoup, c'est avec Demie-clocharde et Kékéland que j'ai pris le train en route, avant de le remonter pour y raccrocher tous les disques-wagons que j'avais ratés.
Pourquoi donc Les églantines sont peut-être formidables est-il banni des rééditions de Brigitte Fontaine ? Pourquoi n'y a-t-il aucun extrait du disque sur les différentes compilations qui sont parues ? Est-ce une question de droits ? Probablement pas car tous les autres albums Saravah ont été réédités. Les églantines sont-elles mauvaises ? Non. En tout cas, ce disque mérite autant qu'on s'y intéresse que d'autres albums bancals et mal-fichus du duo, comme Vous et nous, Le bonheur ou French corazon.
Alors ? Alors, l'explication se trouve peut-être dans le fait que ce disque est arrangé et produit par Mimi Lorenzini, ancien de Triangle, qui accompagne Areski et Fontaine sur le disque avec son groupe Edition Spéciale, un groupe que ma Discographie du rock français classe dans le style jazz-rock. Sans vouloir offenser mes quasi-voisins du Collectif Musiseine, au sein duquel officient d'anciens musiciens d'Edition Spéciale, le jazz-rock c'est pas trop mon truc et ça détonne un peu aussi dans le parcours d'Areski et Fontaine. Ceci explique peut-être cela.
Sachant ça, on comprend que j'ai du mal à écouter les titres les plus jazz-rock de ce disque, comme La traversée, le très long et en plusieurs parties Tout le monde se rappelle peut-être de quoi il s'agit et La vache. En plus, pour ce dernier, comme pour Pif, le chant solo d'Areski, que j'apprécie dans ses duos ou dans ses dialogues, a du mal à passer pour moi. Même la curiosité que constitue Baby boum-boum, reprise en 2001 sur Kékéland avec Noir Désir, ne mérite pas le déplacement.
Alors, il serait à jeter, cet album, ou plutôt à laisser aux oubliettes ? Non. Non, car il contient au moins deux grands moments qui me réjouissent à chaque écoute.
Il y a d'abord les huit premières minutes du disque, un même thème musical divisé en deux parties. Le ménage sert de prologue pendant près de cinq minutes à L'éternel retour : Areski et Brigitte Fontaine poursuivent l'un des dialogues de sourds dont ils ont le secret, avec comme seul accompagnement un instrument probablement oriental qui joue la mélodie de L'éternel retour (elle-même identique à celle du Train deux-mille-cent-dix, merci Paulette). L'éternel retour, chanté en duo, figure à mon sens parmi les meilleures productions d'Areski et Fontaine, tout comme l'autre grand moment du disque, le plus léger La maison du café, qui est tout sauf une musique de pub !
Alors, ce disque ne mérite sûrement pas que les fans de Brigitte Fontaine s'endettent pour compléter leur collection, mais les compilateurs de la dame seraient quand même bien avisés la prochaine fois de penser à inclure dans la liste La maison du café et L'éternel retour (une version différente de L'éternel retour, probablement plus ancienne, figure en bonus sur la réédition CD de l'album Brigitte Fontaine de 1972).


Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, L'éternel retour, à la télévision en 1980.

03 novembre 2007

THE CRAMPS : Gravest hits


Acquis à La Clé de Sol à Châlons-sur-Marne vers 1980
Réf : ILS 12013 -- Edité par Illegal en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Human fly -- The way I walk -- Domino -/- Surfin' bird -- Lonesome town

Du rock'n'roll. Si on voulait jouer au jeu à la con de choisir un seul disque pour synthétriser l'esprit du rock'n'roll, plus de cinquante ans après son big bang original,celui-ci ferait l'affaire, bien mieux qu'un bon paquet d'autres.
Après tout, il a été enregistré à Memphis, la ville d'Elvis et de Sun Records, il y a trente ans, avec Alex Chilton à la production, par un groupe toujours plus ou moins en activité aujourd'hui, mais ses références (quatre reprises et un original qui ne dépare pas du tout) sont entièrement ancrées dans les années cinquante.
Les clins d'oeil à tout un pan de la culture rock sont bien présentes aussi : le groupe au look gothique qui fait penser aux films d'horreur de série Z, tout comme le titre du disque, (un jeu de mots sur Greatest hits : Les tubes les plus tombesques !, sachant que le disque compile effectivement leurs deux premiers singles, parus en 1978) et le logo du groupe qui rappelle les BD genre Creepshow.
Et il y la photo de concert au verso de la pochette, qui saisit un grand moment de rock'n'roll, au Palladium à New-York, probablement le 17 février 1979, en première partie de Clash. On met un moment à réaliser que Lux Interior, le chanteur, n'est pas sur scène, mais debout sur deux fauteuils en train de la regagner, habillé d'un superbe costume rayé. On ne sait pas ce qu'il est allé faire dans le public, mais deux filles au look propret ont l'air de se sauver en courant pendant qu'un mec avec un gilet sur son T-shirt Ramones les regarde. Un gars au look punk, avec un autre T-shirt Ramones, semble haranguer Lux Interior.
Devant la scène, une bonne partie du public a gardé un look baba. Sur scène, Ivy Rorschach à la guitare et Nick Knox à la batterie assurent le rythme, pendant que Bryan Gregory se roule part terre pour produire son solo de guitare. L'équipe technique est assez stoïque sur le côté de la scène, sauf un technicien qui s'occupe du câble de guitare de Gregory... On regrette vraiment de ne pas avoir été présent ce soir-là ! A défaut, on peut se consoler avec le live de 1978 à l'hôpital psychiatrique NAPA en Californie, édité en DVD il y a peu de temps.
Ah, j'allais oublier. Il y a aussi les notes de pochette, attribuées à un certain Docteur J. H. Sasfy, Professeur de Rockologie (!) à l'American Rock'n'Roll Institute de Washington (!!), qui contribuent grandement à construire leur légende.
Pour savoir à peu près à quel moment j'ai acheté ce disque, c'est pas dur : c'est pas longtemps après la parution de l'article historique de plusieurs pages publié par Philippe Garnier dans Rock & Folk, qui a carrément lancé les Cramps en France, et en tout cas avant la parution du premier album Songs the Lord taught us, autant que je m'en souvienne. De cet article, je me souviens surtout d'une photo pleine page de Bryan Gregory, les mains au mur, avec sa longue mèche blanche et sa guitare Flying V à pois dans le dos !
Côté musique, le disque s'ouvre avec Human fly, une chanson dans la grande tradition des "Je suis une mouche", qui va au moins de Polnareff à XTC en passant par Wire, mais là, entre la guitare principale, le fuzz de la seconde guitare et les "bzz bzz bzz" de Lux Interior, l'effet est particulièrement saisissant.
The way I walk est une reprise d'un tube de Jack Scott de 1959. Robert Gordon et Link Wray ont aussi enregistré leur version de ce titre la ême année que les Cramps, sur l'album Fresh fish special, mais je connais mieux la version instrumentale de Pascal Comelade publiée sur 33 bars/Cent regards et Danses et chants de Syldavie. Avec Domino, les Cramps s'attaquent à un tube de Roy Orbison de 1956, composé par Sam Phillips le fondateur de Sun Records.
Des bouquins entiers ont été écrits sur Papa oom mow mow/The bird's the word/Surfin' bird. Avec mon frère, on connaissait juste une version de Papa oom mow mow du début des années 70, mais la version de Surfin' bird des Cramps, un véritable tour de force, nous a littéralement éclatés.
Ce n'est que récemment, en préparant ce billet, que j'ai découvert ce film de Ricky Nelson interprétant Lonesome town pour la télévision en 1958, et j'ai été surpris de constater que les Cramps avaient été très fidèles à la version de Ricky Nelson. Ils se sont contentés de mettre encore plus d'écho sur la voix, plein de vibrato sur la guitare et d'ajouter une grosse caisse qyu fait son effet en battant au rythme d'un coeur brisé.
Les cinq titres de ce disque ont été réédités dès 1983, en ouverture de la compilation Off the bone, toujours disponible actuellement en CD.